Leroseau pensant. COURS PAR NOTION; COURS EN VIDEOS; TEXTES ; METHODOLOGIE; EXTRAITS VIDEO; VOCABULAIRE; Accueil Cours en vidéo Bac philo 2021: L' explication de texte en philosophie de A à Z. L' impératif catégorique de Kant. karl Marx, La lutte des classes: Macron et gilets jaunes. Accueil / COURS PAR NOTION / la culture la culture. D'un certain Lhomme n’est pas proportionnel à la nature. Une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part En gros l’inf est imaginable et connaissances naturelles (la raison, la Lhomme est un roseau pensant, mais il accomplit ses plus grandes œuvres lorsqu’il ne calcule ni ne pense ; il faut reconstituer « l’innocence de l’enfant » par de longues années d’entraînement dans l’art de s’oublier soi-même. Lorsque ce but est atteint, l’homme pense et pourtant il ne pense pas. Il pense, comme la pluie qui tombe du ciel ; il pense comme les houles qui Lhomme, roseau pensant "L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant Toute notre dignité consiste donc en la pensée Qu’est-ce que TexteC : Blaise Pascal, Pensée 347, Pensées (1670) : "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage . Le Roseau pensant, métaphore de la subjectivité chez Blaise PascalTable des Matières1 Le Roseau pensant, métaphore de la subjectivité chez Blaise Pascal2 Qu'est-ce que l'homme ? La conception pascalienne de la subjectivité3 Une condition humaine paradoxale Grandeur et Misère de l'homme Cette citation est la plus célèbre de Blaise Pascal, philosophe français. C'est un extrait des Pensées “L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien” Qu'est-ce que l'homme ? La conception pascalienne de la subjectivité Quelle différence existe-t-il entre l'homme et les objets de la nature ? Pascal oppose deux étants les étants naturels et les étants humains. Les premiers ne sont pas doués de conscience, ce sont des étants muets et inconscients. les seconds, les hommes, possèdent une réflexivité, la capacité de se mettre à distance d'eux-mêmes. Cette dichotomie de l'ontologie chez Pascal formera l'en-soi et le Pour-soi chez Sartre La fragilité de l'homme est double physique, l'homme est sujet à la corruption vieillesse, maladie, … et à la finitude, et surtout morale. L'homme cherche en effet à se fuir sans cesse dans le divertissement, de peur d'affronter son propre néant. Le divertissement désigne un rapport inauthentique à soi-même et aux autres rôle de l'amour-propre Une condition humaine paradoxale Grandeur et Misère de l'homme L'univers a incontestablement une supériorité sur l'homme puisqu'il peut l'écraser. L'homme est en ce sens misérable, fragile. Mais c'est dans la conscience de sa propre faiblesse que réside la supériorité, in fine, de l'homme sur la Nature. La conscience transforme la misère en misère grandiose. Etre conscient d'être misérable n'est plus tout à fait être misérable. Le drame métaphysique de l'existence peut être dépassé par cette victoire obtenue par l'éveil de la conscience. En résumé, c'est la pensée qui rend l'homme digne. Deux leçons de Pascal peuvent en être tirées, comme en témoignent ces deux phrases philosophiques Toute notre dignité consiste donc en la pensée » Travaillons à bien penser voilà le principe de la morale » Cette conception duale de la condition humaine influencera beaucoup les existentialistes Sartre, Kierkegaard et Heidegger. Pour aller plus loin sur Blaise Pascal et l'homme – Présentation de la philosophie de Pascal – Citations de Pascal – Le Coeur a ses raisons Question 1 8 points Pourquoi peut-on dire que le divertissement revêt une importance particulière dans les liasses des Pensées qui figurent à votre programme ? Question 2 12 points Une critique affirme que la lecture des Pensées s’apparente à une “extraordinaire plongée dans les ténèbres”. Vous commenterez ce jugement en vous fondant sur votre lecture des liasses figurant au programme. Corrigé de la question 1 Le divertissement pascalien Divertissement. Quand je m’y suis mis quelquefois, à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achètera une charge à l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville ; et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près. Quelque condition qu’on se figure, si l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde, et cependant qu’on s’en imagine, accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S’il est sans divertissement, et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point, il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent, des révoltes qui peuvent arriver, et enfin de la mort et des maladies qui sont inévitables ; de sorte que, s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux et plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et se divertit. Analyse Nous allons étudier le divertissement pascalien et plus particulièrement l’importance de cet aspect des réflexions du penseur dans son ouvrage, les Pensées. Il s’agit d’un essai philosophique qui met l’accent sur la notion de diversion en matière de divertissement chez l’homme, nous pouvons d’ailleurs mettre en évidence l’étymologie commune de ces deux concepts, diversion et divertissement. Ils nous renvoient à l’idée de fuite, d’évasion par rapport à une réalité trop pénible que l’on refuse d’affronter. Quelle place Pascal confère-t-il au divertissement dans son ouvrage philosophique ? La notion de diversion a déjà été analysée par Montaigne, elle avait par opposition à Pascal une connotation positive, il faut faire diversion à sa douleur affirme Montaigne, pour celui qui souffre, faire diversion à sa douleur, c’est-à-dire éviter d’y penser, permet de moins souffrir ». L’homme par la diversion trouve un semblant de repos. Mais au contraire, chez Pascal, la connotation est négative, nous en trouvons la preuve dans la partie intitulée, Misère de l’homme sans Dieu ». En effet, le divertissement est le moyen qu’a trouvé l’homme pour fuir ce qu’il devrait affronter, en fait il nous détourne de nous-mêmes et de nos obligations existentielles, car il nous empêche de regarder la réalité telle qu’elle est, l’homme chercherait une manière de se tromper lui-même dans le refus de penser, les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser ». Aucun homme selon le philosophe ne saurait regarder en face sa propre misère, de fait, le concept d’homme nous familiarise avec celui de fuite, de lâcheté et de médiocrité. Le divertissement a plusieurs visages, il peut s’agir des loisirs comme la chasse, le jeu ou la danse ou encore des activités dites plus sérieuses comme la guerre, la politique ou la recherche scientifique. Il poursuit sa réflexion en affirmant que le divertissement est une lutte contre l’ennui, l’ennui est une misère sans cause », affirme-t-il, dans le fragment 139 – 136, il ajoute, tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». La lucidité et la prise de conscience de la condition mortelle de l’homme l’empêche d’affronter la fatalité de la mort. Ainsi, le divertissement est l’expression la plus haute de la douleur existentielle de l’homme, il est le mouvement qui nous entraîne hors de nous. Il nous donne l’exemple du roi qui occupe le plus beau poste du monde » et qui peut se procurer toutes les satisfactions. Il se retrouve en fait face à lui-même et est aussi malheureux que les autres hommes. Nous retrouvons ainsi dans la cour, le lieu de tous les plaisirs et de tous les jeux, c’est le modèle de la vie humaine en général. Pascal met en évidence une contradiction dans cette idée de divertissement, en effet, l’homme refuse d’affronter la vie et ce que cela suppose, il fuit le repos mais dans l’agitation c’est encore le repos qu’il recherche. Nous avons à cet égard l’exemple du chasseur qui pense que le lièvre est le but final de sa chasse, mais l’objet ne le satisfait pas, c’est en fait la quête qui est l’objet du désir. Pascal nous dit donc que l’homme croit chercher le repos, mais c’est en fait l’agitation qui est l’objet de ses motivations les plus secrètes. L’illusion du repos est donc également liée à l’idée du divertissement. Pascal qualifie de vanité le fait de penser que la possession des choses que les hommes recherchent puisse les rendre heureux. Aux fragments 139-136, le penseur affirme Ils ont un instinct secret qui les poussent à chercher le divertissement et l’occupation au-dehors, qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles ; et ils ont un autre instinct secret, qui reste de la grandeur de notre première nature, qui leur fait connaître que le bonheur n’est en effet que dans le repos et non dans le tumulte ». Ainsi le concept de divertissement doit faire l’objet d’une attention particulière lors de la lecture des pensées, il est ce qui dévoile le mieux la nature très contradictoire de l’homme, il nous renvoie à l’idée de la précarité de la condition humaine et le bonheur procuré par le divertissement semble fragile car il dépend des mille accidents, qui font les afflictions véritables ». La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement ; et cependant c’est la plus grande de nos misères » nous explique Pascal, fragment 171-414 ; La question est purement existentielle, le divertissement nous est présenté comme la plus grande illusion de l’homme toujours lucide et conscient de sa condition de mortel et pourtant c’est le seul moyen dont dispose l’homme pour supporter sa misérable condition. Corrigé de la question 2 Une critique affirme que la lecture des Pensées s’apparente à une “extraordinaire plongée dans les ténèbres”. Devons-nous considérer cette affirmation comme la confession d’une forme de pessimisme chez Pascal, nous savons que Voltaire lui reprochait déjà dévoiler l’homme sous un jour odieux et désespéré, en outre au siècle des lumières le penseur était considéré comme fanatique. Qu’en est-il ? Comment prendre position par rapport à une telle affirmation ? Nous avons vu dans notre analyse du concept de divertissement que le philosophe met en cause la vanité de l’être humain sans pour autant être moraliste. L’homme est présenté comme un être faible, petit, médiocre ayant toujours besoin de gloire, de jeux de distractions, de divertissements et pourtant il est aussi d’après la lecture des pensées, capable de grandeur car il a la raison, l’homme est un roseau pensant », petit et grand à la fois. Il cherche seulement et désespérément le moyen le plus sûr d’affronter sa condition de mortel en la fuyant mais en vain, la vie devient synonyme de crise existentielle car nul ne peut échapper à la fatalité de la vie, sa propre mort. La finitude de l’homme est donc responsable de contradictions inhérentes à sa nature profonde, c’est pourquoi il est toujours en quête d’un bonheur illusoire et fragile, incapable de demeurer au repos, dans le silence d’une chambre. Il est agité et en proie à ses propres démons, expression de ses limites et de sa finitude. “Le silence éternel de ces espaces infinis [l]effraie”. Mais il serait faux de faire de Pascal un ennemi du genre humain. Les pensées ne font de Pascal le philosophe noir, le penseur des ténèbres, il propose ainsi la solution de la grâce, car l’homme en cherchant Dieu peut le trouver dans l’acte de la foi dévoilé par les raisons du cœur. Le monde est certes tragique mais Dieu est là invisible et pourtant accessible à celui qui le mérite. Ainsi, la foi est la solution au problème de l’homme, seul remède contre la misère, Dieu accorde son secours aux élus, on peut ainsi conclure en affirmant que les pensées sont une quête de la lumière pour l’homme. TopChrétien TopMessages Message texte "L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant… Toute notre dignité consiste donc en la pensée… Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant…" Pascal, pensées § de la connaissance de l’homme à Dieu. Vous avez aimé ? Partagez autour de vous ! S'abonner à l'auteur “” ——–> Cet article a également été publié le samedi 25 avril 2015 sur L’opinion courante tend à considérer que l’homme est en général un être rationnel ses propos comme ses comportements et ses décisions sont le fruit d’une pensée logique. S’il se met parfois à dire et agir à contresens, ce ne peut être que sous le coup d’une puissante émotion telle que peur, colère ou affection. Or depuis la fin des années 1970, les sociologues et les psychologues tendent plutôt à considérer que si des erreurs systématiques et persistantes sont commises, elles sont aussi attribuables à des déficits cognitifs dont l’homme ne se rend pas compte. En particulier, la pensée intuitive, souvent en première ligne, conduit à des raccourcis simplificateurs qui forgent des partis pris nuisibles à la capacité de jugement. Si l’homme est un roseau qu’une goutte d’eau peut terrasser, il a l’avantage, car il pense, de savoir qu’il meurt alors que la goutte d’eau n’a aucune idée de l’avantage qu’elle a sur l’homme, ainsi que nous le dit Blaise Pascal dans ses Pensées. Cependant, sans nier l’extraordinaire et exclusive faculté de penser de l’être humain, on constate que l’évolution du monde vers toujours plus de complexité fait que sa rationalité devient limitée. C’est la théorie qu’a développée Herbert Simon 1916-2001, économiste et sociologue américain titulaire du prix Turing 1975 et du Prix Nobel d’économie 1978. Selon lui, le monde est vaste et complexe tandis que le cerveau humain et sa capacité de traitement de l’information sont comparativement très limités. En conséquence, les prises de décision ne sont plus tant rationnelles qu’un constant effort pas toujours atteint vers la rationalité. Le nouveau concept de rationalité limitée mis en évidence par Herbert Simon déclencha d’abondantes recherches sur les biais cognitifs, en particulier les travaux de Tversky et Kahneman, et sur les décisions absurdes. Dans cet article, pour lequel j’ai utilisé les sources * détaillées ci-dessous, j’aimerais en présenter une sélection, mélange de phénomènes fréquents et de curiosités à connaître. Il me semble utile, au quotidien comme dans la vie professionnelle, de prendre conscience des pièges dans lesquels notre raisonnement peut tomber et de pouvoir compter rapidement sur quelques garde-fous. Parmi ceux-ci, la présence à nos côtés d’un avocat du diable » qui prend systématiquement le contrepied de tout ce qu’on dit est incroyablement irritante mais comporte l’énorme avantage de nous aider à prendre conscience de nos faiblesses argumentatives. La loi des petits nombres Nous sommes intuitivement d’assez bons grammairiens. Dès l’âge de quatre ou cinq ans, nous nous plions sans problème aux principales règles de grammaire sans même les connaître. Par contre, nous sommes intuitivement de mauvais statisticiens. N’en soyons pas trop désolés, même les personnes dont c’est le domaine d’expertise se trompent ainsi que l’a montré Kahneman suite à une petite expérience assez amusante avec des professeurs de mathématique spécialistes des statistiques. La loi des petits nombres consiste à oublier que les petits échantillons présentent des résultats extrêmes plus souvent que les grands échantillons. C’est une mise en garde vis-à-vis des sondages avant même de s’intéresser au message du sondage X serait réélu avec 60 % des voix au second tour devant Y » il importe de vérifier la taille de l’échantillon et de s’intéresser aux informations de fiabilité du sondage, chose que notre cerveau tend trop facilement à oublier face au message principal. Cette Loi des petits nombres vaut aussi dans le temps. Ce n’est pas parce qu’une crue est centennale qu’elle ne pourra pas se produire deux années de suite. Par contre, ces deux années de suite forment un trop petit échantillon pour qu’on puisse en déduire quoi que ce soit sur la périodicité de la crue. L’effet d’ancrage L’exemple donné par Kahneman est particulièrement explicite. Il demanda à des étudiants de faire tourner une roue de la fortune qui s’arrêtait uniquement sur les chiffres 10 et 65, puis de noter les réponses. Ensuite il leur posa deux questions Le pourcentage de pays d’Afrique aux Nations-Unies est-il supérieur ou inférieur aux chiffres que vous venez de noter ? Quel est selon vous le pourcentage de pays d’Afrique aux Nations-Unies ? On se doute que les étudiants auraient dû ignorer complètement les résultats de la roue de la fortune qui n’ont rigoureusement aucun rapport avec les pays membres de l’ONU. Et pourtant, ce ne fut pas le cas. Les estimations des étudiants étaient ancrées » autour de 10 et 65. Cet effet d’ancrage survient lorsque l’on considère une valeur particulière avant d’estimer une valeur inconnue. Exemple concret de la vie courante une négociation immobilière. Que vous soyez acheteur ou vendeur, le mieux est d’annoncer un montant en premier. La partie adverse aura beaucoup de mal à déplacer la négociation de ce niveau pré-indiqué. La régression vers la moyenne C’est l’histoire d’une série aléatoire de manoeuvres aériennes acrobatiques. L’instructeur a remarqué que lorsqu’il félicite un élève qui vient de faire une excellente performance, sa tentative suivante est ratée. Par contre, lorsqu’il souffle dans les bronches d’un élève qui a raté l’exercice, la manoeuvre suivante est bien meilleure. D’où il conclut qu’il ne faut pas féliciter mais réprimander. En réalité, l’instructeur n’a pas tenu compte du caractère aléatoire des séries acrobatiques réalisées par les élèves, et il donne beaucoup trop de poids à ses interventions. Statistiquement, lorsqu’un élève rate lourdement un exercice, il a toutes les chances de le réussir mieux la fois suivante. De même, lorsque la manoeuvre est parfaitement exécutée, les chances de la reproduire à l’identique à l’essai suivant sont faibles. C’est ce qu’on appelle le retour à la moyenne. Le phénomène des récompenses n’a rien à voir avec ça. Cela veut dire notamment que le talent n’est jamais un élément explicatif unique. La chance entre aussi en compte. Le phénomène de la régression vers la moyenne illustre particulièrement bien une des difficultés de notre cerveau il tend à vouloir trouver des causalités partout alors qu’il n’y a souvent rien d’autre à considérer qu’un aléa statistique. Comme pour les blâmes et les récompenses de l’instructeur ci-dessus, nous sommes pris au piège d’une contingence malheureuse. C’est triste à penser, mais si l’on tend à se montrer aimable avec les gens quand ils nous sourient et au contraire à leur faire grise mine quand ils nous snobent, la régression vers la moyenne implique automatiquement que nous seront récompensés de notre attitude hostile et pénalisés pour notre gentillesse. Le biais de la disponibilité en mémoire Il s’agit de la tendance à privilégier les évènements récents ou ceux qui nous viennent le plus facilement à l’esprit, puis de bâtir autour d’eux toute une histoire sans tenir compte d’événements plus anciens. Ce biais est renforcé lorsque l’évènement en question nous affecte émotionnellement. Nos gouvernements ne sont pas à l’abri de ce genre de biais, en tout cas ils l’utilisent volontiers pour faire passer des lois sous le coup de l’émotion des populations après un événement très perturbant. Ah tiens, je pense tout à fait par hasard au projet de Loi Renseignement. C’est peut-être une explication possible de l’adhésion assez massive des Français à cette loi inutile et liberticide. Le pont de la rivière Kwai Cette histoire de Pierre Boulle également auteur du livre La Planète des Singes portée au cinéma par David Lean avec l’inoubliable Alec Guinness dans le rôle du colonel Nicholson, est un exemple intéressant de décision absurde. On définit généralement cette dernière comme étant une action radicale et persistante contre le but qu’on veut atteindre. L’absurdité découle de la contradiction interne. Le colonel anglais Nicholson, prisonnier en pleine jungle birmane avec ses soldats dans un camp japonais, résiste héroïquement aux traitements inhumains que le colonel japonais Saïto lui inflige afin de le faire céder à ses prétentions de faire travailler aussi les officiers prisonniers sur un projet de pont enjambant la rivière Kwai. C’est interdit par les conventions internationales et Nicholson ne compte pas s’y plier. Les hommes soutiennent leur colonel et le chantier n’avance pas. Saïto finit par renoncer à enrôler les officiers, tandis que Nicholson, fort de sa victoire et fier du génie militaire anglais face aux difficultés des ingénieurs japonais, soucieux également d’occuper ses soldats, se met à concevoir un pont et un plan de travaux qu’il propose à son homologue japonais. Le pont sera construit sous les directives éclairées de Nicholson au bénéfice de l’ennemi. Le colonel anglais a tellement perdu de vu son but initial – le devoir de tout prisonnier de causer le plus de problèmes possibles aux autorités du camp – il s’est tellement investi dans la construction du pont, qu’il ira jusqu’à s’interposer contre le commando allié chargé de le faire sauter, et y perdra la vie. Vol British Midland Airways entre Londres et Belfast 1989 Quinze minutes après le décollage, le Boeing 737 qui assure chaque soir la liaison entre Londres et Belfast se met à vibrer bruyamment et de la fumée entre dans l’habitacle avec une forte odeur de brûlé. Les passagers assis à l’arrière de l’appareil voient nettement des flammes et des éclairs sortir du réacteur. Il s’agit du moteur numéro 1 situé à gauche. Dans le cockpit, les pilotes sentent l’odeur de brûlé et perçoivent les vibrations. Compte tenu du circuit d’air conditionné, le commandant fait intérieurement l’hypothèse que c’est le moteur numéro 2 situé à droite qui est atteint. Le copilote observe les instruments de navigation et à la question du commandant de savoir quel moteur est atteint il répond It’s the le…it’s the right one. » Le commandant ordonne immédiatement que le moteur 2 soit mis au ralenti. Les pilotes ont l’impression que les vibrations s’atténuent. Le commandant ordonne alors l’arrêt complet du moteur 2 situé à droite, alors que c’est le moteur numéro 1 situé à gauche qui est en train de rendre l’âme. Devant la panique des passagers, le commandant de bord fait une annonce pour les informer que le réacteur de droite a été endommagé, ce qui a produit de la fumée, mais qu’il a été arrêté et qu’ils vont atterrir dans quelques minutes. Les passagers qui ont vu les étincelles à gauche sont stupéfaits et discutent entre eux, mais aucun n’ose porter cette contradiction à l’attention générale. Les pilotes s’apercevront de leur erreur et tenteront de remettre en marche le moteur 2, mais trop tard. L’avion s’écrase, faisant 47 morts et 84 blessés graves. Cette affaire illustre non seulement une décision absurde, mais peut-être surtout l’attitude silencieuse des non-experts détenteurs d’informations vitales face à des experts en rupture de sens. On pourrait citer des histoires similaires en mer ou en montagne, dans lesquelles la notion du skipper ou du guide seul maître après Dieu » est un facteur aggravant du risque. Actuellement, les compagnies de guides, aussi bien en Suisse ou en Italie qu’en France, commencent à adopter de nouvelles règles de prise de décision dans des situations graves. Il revient au guide de faire part de ses inquiétudes à sa cordée, mais les alpinistes sont tous invités à prendre la parole pour donner leur avis sur la poursuite de la course, l’attente ou le repli. L’information doit être partagée et la décision finale prise en commun. L’exemple du vol Londres Belfast montre bien que si le processus de décision avait prévu de stimuler la remontée d’information des passagers aux pilotes, l’accident aurait pu être évité. Dans le même ordre d’idée, certaines compagnies aériennes donnent maintenant le pilotage au moins expérimenté des pilotes afin que l’autre pilote, plus gradé, n’ait pas peur de lui faire des remarques. Mais au fait, j’y pense, que dire du projet de Loi Renseignement qui vient d’entrer en examen à l’Assemblée nationale ? Les médias et les réseaux sociaux ont abondamment montré que si son objectif est bien de lutter contre le terrorisme en donnant des moyens de surveillance illimités aux services de renseignement, cette loi qui se veut fiable à 99 % est totalement inutile. Elle aboutit à faire surveiller tout le monde, à inquiéter 10 innocents pour 1000 habitants et à laisser filer les terroristes actifs qui n’auront aucun mal à passer sous les radars. La persistance du gouvernement et le soutien reçu d’un nombre non négligeable de députés de l’opposition relèvent-ils de biais cognitifs, de décisions absurdes ou de malignité volontaire ? * Sources Christian Morel Les décisions absurdes, Editions Gallimard, 2002. Christian Morel est cadre dirigeant d’une grande entreprise et mène une réflexion sociologique sur la négociation et la décision. Mintzberg, Ahlstrand, Lampel, Strategy Safari, chapter 6 the cognitive school, Pearson Education, 1998, 2009. Henry Mintzberg Mintzberg141 est un chercheur canadien en management et théorie des organisations. Daniel Kahneman Système 1 Système 2 Les deux vitesses de la pensée Thinking, fast and slow, Flammarion, 2012. Daniel Kahneman a reçu le prix Nobel 2002 pour ses théories sur le jugement et la prise de décision. Photo de couverture © Tomfry – Comment améliorer et réduire la médication en psychiatrie ? Actuellement, les traitements médicamenteux en psychiatrie sont très souvent présentés comme la pierre angulaire des soins dans les troubles dit sévères ». De plus en plus, nous assistons à un phénomène d’élargissement des indications de prescription des psychotropes. Il est courant d’entendre que la maladie mentale est une maladie comme les autres », de la comparer au Diabète par exemple, justifiant par la même, la prise d’un traitement à vie. À l’inverse, la manière de réduire ou d’arrêter en toute sécurité les médicaments psychotropes n’est pas largement discutée ou enseignée, ce qui signifie que les personnes prises en charge n’ont souvent pas accès à des conseils ou à un soutien utiles et se retrouvent seules face au sevrage. Il nous semble important de proposer un temps de réflexion et de transmission lors d’une journée UPForm’ pour faire un état des lieux des connaissances à ce sujet et de construire d’autres possibles. Cette journée se déroulera grâce à la participation de personnes directement concernées, ceux que l’on appelle les usagers, de chercheurs, de professeurs universitaires étrangers qui travaillent sur le sujet, mais aussi d’acteurs associatifs engagés auprès des personnes en soin. Nous vous y attendons nombreux avec votre curiosité, vos questions et vos expériences ! Quand jeudi 15 décembre 2022 à partir de 09h00 Où Paris en présentiel et Online

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