Lesmeilleures offres pour MATCHBOX LESNEY NÂș 64 MG 1100 VNMINT Bleu MĂ©tallique Sans BoĂźte SUPERFAST conducteur + chien sont sur eBay Comparez les prix et les spĂ©cificitĂ©s des produits neufs et d 'occasion Pleins d 'articles en livraison gratuite! Listedes conducteurs de l'AMRS; Trombinoscope des conducteurs de l'AMRS; Localisation des conducteurs agréés AMRS; Comportement du chasseur aprĂšs le tir et rĂ©actions au coup de feu; Code d'honneur du conducteur; Galerie photos; Statistiques recherches; La presse en parle; FAQ (Foire aux questions) Livre d'or Enavril dernier, l’Association mosellanne de recherche au sang (AMRS), la SociĂ©tĂ© centrale canine et le Club français du chien de rouge Du Hanovre ont organisĂ© une Ă©preuve artificielle multiraces de recherche au sang, le 11 avril sur le territoire de la forĂȘt domaniale de Zoufftgen. Cinq chiens Ă©taient engagĂ©s et ont permis Ă  leur maĂźtre d'intĂ©grer les rangs des Unincident impliquant un conducteur de chiens de sang qui a Ă©tĂ© blessĂ© Ă  l’Ɠil par l’orignal qu’il traquait lĂšve le voile sur un mĂ©tier mĂ©connu. LISTEDES CONDUCTEURS DE CHIENS DE SANG ISERE ET DEPARTEMENTS LIMITROPHES : Guy ANDRU LUMBIN 06 74 39 48 73 DES CHASSEURS DE L'ISÈRE unucr . Title: Microsoft Word - listing conducteur chiens de sang 38 Author: com Created Date: 1/13/2016 12:12:49 PM . ASSOCIATION MOSELLANE DE RECHERCHE AU SANG La Moselle, de par sa situation historique et gĂ©ographique, a toujours fait partie des dĂ©partements prĂ©curseurs pour la recherche au sang du grand gibier blessĂ©. Depuis 2008, l’AMRS est au service des chasseurs de la Moselle, les futurs projets vont s’unir autour de cette mĂȘme idĂ©e qui nous anime celle de tout mettre en Ɠuvre pour continuer Ă  dĂ©velopper cette activitĂ©. DĂšs sa crĂ©ation, l’AMRS a Ă©tĂ© reconnue par les instances dĂ©partementales et nationales, ce qui lui confĂšre un statut particulier. Aujourd’hui, elle est composĂ©e de 29 conducteurs agréés, rĂ©partis sur l’ensemble du dĂ©partement et intervenant bĂ©nĂ©volement avec leurs auxiliaires canins. Si vous avez cĂŽtoyĂ© ou suivi un conducteur, vous savez que cette passion est dĂ©vorante et chronophage et que rien ne peut arrĂȘter le binĂŽme chien-conducteur lorsqu’une recherche est engagĂ©e. Cette dĂ©votion pour cette passion est la preuve de la volontĂ© mise en Ɠuvre par des Ă©quipages de l’AMRS dans un acte ultime qui consiste Ă  abrĂ©ger les souffrances d’un animal blessĂ© lors d’actes de chasse ou collision routiĂšre. Des rĂ©sultats impressionnants Les Ă©quipages de l’AMRS ont tout au long de ces 10 annĂ©es rĂ©alisĂ©s 13 118 interventions avec 4 892 rĂ©ussites, 3 864 contrĂŽles de tir et 4 362 Ă©checs ayant permis de retrouver 370 cerfs, 3 671 sangliers et 851 chevreuils. Ces chiffres sont le reflet du travail quotidien des conducteurs agréés. La formation CĂŽtĂ© formation, le stage Jeune Conducteur » est destinĂ© Ă  fournir les rĂšgles de bases et les informations nĂ©cessaires pour que l’apprenti-conducteur rĂ©ussisse au mieux l’éducation de son jeune chien en vue de l’obtention de son agrĂ©ment. Ce stage se dĂ©roule en deux temps une partie thĂ©orique, consacrĂ©e Ă  la lĂ©gislation sur la recherche en Moselle, l’éducation des chiens, la connaissance des diffĂ©rentes Ă©preuves artificielles et le matĂ©riel du conducteur. la seconde partie propose des ateliers d’éveils pour que les Ă©lĂšves-conducteurs puissent apprĂ©hender et utiliser les bonnes mĂ©thodes d’éducations destinĂ©es Ă  la formation de leurs compagnons. Le stage Anschuss-seminar » sĂ©minaire de recherche d’indices aprĂšs fuite d’un animal blessĂ© est destinĂ© aux chasseurs de tous Ăąges afin qu’ils connaissent les rĂ©actions du gibier blessĂ© mais surtout pour qu’ils puissent donner des informations claires aux Ă©quipages qui interviennent. Une recherche qui aboutit rĂ©sulte de l’action d’une bonne Ă©quipe chien/conducteur mais aussi de la qualitĂ© des indications transmises par le chasseur. En effet, il faut savoir chercher et trouver les premiers indices d’une blessure mais aussi savoir marquer et baliser correctement un anschuss. Depuis ces derniĂšres annĂ©es se sont presque 400 chasseurs qui ont Ă©tĂ© formĂ©s et que nous retrouvons lors de nos interventions sur le terrain. Depuis sa crĂ©ation, l’AMRS et ses conducteurs agréés respectent un code d’honneur. La recherche au sang est une nĂ©cessitĂ©, le seul fait de laisser un animal en souffrance doit ĂȘtre notre principale prĂ©occupation. Ils comptent sur vous dans les prochaines annĂ©es pour les aider Ă  dĂ©velopper encore la recherche au sang dans notre dĂ©partement en faisant appel Ă  leurs services ou en souscrivant une adhĂ©sion en tant que membre bienfaiteur. Les sommes ainsi collectĂ©es seront immĂ©diatement rĂ©investies dans du matĂ©riel de recherche spĂ©cifique au profit direct des Ă©quipages, des jeunes conducteurs ainsi que dans du matĂ©riel pĂ©dagogique destinĂ© Ă  l’information des chasseurs. Bureau de l’AMRS PrĂ©sident SecrĂ©taire TrĂ©soriĂšre Gilles SINICCO Eric SCHMITT CĂ©line LANGENFELD Adresse AMRS – 1 rue de la Passotte – CS 75821 – 57078 METZ Cedex 03 Site Internet Contact Gilles SINICCO – 15 rue Gustave Soubrouard – CHEMERY - 57380 FAULQUEMONT. Port. 06 10 02 65 25 –Email Cette adresse e-mail est protĂ©gĂ©e contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. LISTE DES CONDUCTEURS AMRS 2022 Nom PrĂ©nom Code postal Ville N° tĂ©lĂ©phone mobile BICKEL Bertrand 67710 OBERBRONN BOUR Guy 57980 DIEBLING CHAUX Michel 67260 BURBACH CONREUX Jean-Marc 57510 PUTTELANGE-AUX-LACS DISSIEUX Jean-Luc 57200 BLIES-EBERSING DORBACH Edgar 57420 SIERCK LES BAINS ENTRINGER Serge 57320 SAINT FRANCOIS LACROIX FELIKSAK Emmanuel 57860 RONCOURT FRITZ Jean 57980 DIEBLING FRITZ Nicolas 57980 DIEBLING GENNESON Dominique 54700 ATTON GERBER Bernard 67290 ZITTERSHEIM GOETSCH Dominique 57670 INSVILLER GRÉGOIRE Michel 54260 FRESNOIS la MONTAGNE GREINER Pascal 67260 SCHOPPERTEN GUISEPPIN Renaud 57830 HÉMING HAAS Gilles 57550 RÉMERING HAMELIN-BOYER Jean-Christophe 57970 YUTZ HARAU Luc 57690 ZIMMING JUNG Thomas 57410 HOLBACH - SIERSTHAL LANGENFELD CĂ©line 67260 KESKASTEL LEFEBRE Thibaut 57470 HOMBOURT-HAUT LIGIER François 57100 THIONVILLE MARGUET Éric 57155 MARLY MERCY Jean 57630 HARAUCOURT SUR SEILLE MUTSCHLER Marine 57870 PLAINE-DE-WALSCH SCHMITT Eric 57340 MORHANGE SERRA Thierry 57330 HETTANGE GRANDE SINICCO Gilles 57380 FAULQUEMONT TRITHARDT Pierre 57560 VASPERVILLER WAGNER Jonathan 67290 LA PETITE PIERRE WEIBEL Christopher 57820 DANNELBOURG WELSCH Stephan 57560 ABRESCHVILLER +49 173 7283570 ZIMMER Olivier 57970 BASSE-HAM 5 conducteurs allemands autorisĂ©s Ă  pratiquer sur les territoires Mosellans jouxtant la frontiĂšre de la Sarre FERDERSPIEL Carsten 66583 SPIESSEN-EVELSBERG +49 160 4445028 SCHMIDT Andy 66424 HOMBURG +49 151 21233264 WEISKIRCHER Bernd 66346 KÔLLERBACH +49 170 5506616 WILHELM Harald 66649 OBERTHAL +49 171 1818939 CHAPITRE IV Nomenclature alphabĂ©tique et examen des noms de tribus communs aux deux rives amĂ©ricaine et africaine de l’Atlantique. AprĂšs ces notions prĂ©alables, je pais entrer dans le vif de la question et examiner successivement les noms des tribus indiennes d’AmĂ©rique qui se retrouvent en Afrique, ou tout au moins qui y ont existĂ© et l’ont traversĂ©e, car certains ont disparu. Les petites Ă©tudes fragmentaires qui suivent ne sont pas Ă©galement convaincantes; certaines pourraient mĂȘme entrainer quelque mĂ©fiance contre l’ensemble des faits que dĂ©montrent les autres. Il m’a semble nĂ©anmoins, qu’elles devaient entrer en ligne de compte pour permettre au lecteur de se faire sans parti-pris, une idĂ©e exacte de la question. J’ai groupe en gĂ©nĂ©ral au dĂ©but, lorsque c’était possible, tous les noms amĂ©ricains qui paraissaient se rapporter Ă  l’ethnique considĂ©rĂ© Comme en Afrique, ils ont subi des quantitĂ©s de dĂ©formations qui les rendent parfois assez difficiles Ă  reconnaitre, s’ils ne sont pas rapproches les uns des autres. Je fais d’ailleurs, toutes rĂ©serves sur ces noms, dont il ne m’est pas possible de vĂ©rifier l’authenticitĂ©. I. — ABADES Les Abades sont une tribu des Andes Colombiennes. Je rattacherai Ă  leur nom ceux des Abalicos ou Abaticos, de Colombie et de l’Equateur, des Apades et des Apaches du Nouveau-Mexique, ces deux derniers avec quelques rĂ©serves, des Abapinos du Chili, des Apantes et du BrĂ©sil, des Tapantos et Tapanos du Venezuela, des Tapanecas ou TapanĂšques du Mexique. Je me propose de montrer qu’il s’agit des Abazes du Caucase dont certains auraient traversĂ© l’Afrique et pour me faciliter cette identification je vais enjamber l’Afrique et examiner directement la nation caucasienne sur laquelle Klaproth en particulier nous a fourni des renseignements dĂ©taillĂ©s et intĂ©ressants. Ils sont connus aussi sons les noms d'Abkhazes ou Abkhassi, Azecjcis, Avoyctzi, Absili Arrien, Abasci, AbazcĂšques. Eux-mĂȘmes s’appellent AbsouĂ©. Ils parlent une langue voisine de celle des Circassiens leurs voisins, auxquels ils ont emprunte des quantitĂ©s de mots, bien que le fond mĂȘme du langage reste diffĂ©rent. Ces parlers circassiens et abazes se rapprocheraient des langues ouralo-altaiques. La brachycĂ©phalie habituelle de ce peuple confirme cette premiĂšre donnĂ©e de leur parente avec les touraniens, mais le passage des invasions indiennes le long de la Mer noire ou a subsiste longtemps le nom des Sindes, dans la contrĂ©e resserree entre le Caucase et la Mer noire, a modifiĂ© leur type physique primitif. Ils sont de taille moins Ă©levĂ©e, de teint plus foncĂ© que les autres montagnards caucasiens. Leurs traits sont plus irrĂ©guliers et leurs membres plus grĂȘles. Leur indice cĂ©phalique moyen est de 79,4 Deniker ce qui indique qu’un certain nombre sont mesaticephales. Leur nom mĂȘme parait venir des envahisseurs indiens comme je le montrerai un peu plus loin. Une des particularitĂ©s de leurs mƓurs signalĂ©e par Elien et mĂȘme par les auteurs modernes, consistait Ă  coudre leurs morts dans des peaux et Ă  les attacher sur des arbres. Ce ne peut ĂȘtre qu’eux qui ont apportĂ© en Afrique cette coutume des estrades funĂ©raires que l’on signale dans l’Oued Ferkla au Sud de l’Atlas marocain de Segonzac, chez les SĂ©rĂ©res nĂšgres de l'Afrique Occidentale, et chez certains Touareg Idenane du Sahara. Cette coutume leur vient manifestement des Touraniens. Mais il en est une autre signalĂ©e par HĂ©rodote et qui leur avait surement Ă©tĂ© laissĂ©e par les Indiens, celle de la circoncision. On suit qu’HĂ©rodote prĂ©tendait que les Colchidiens la tenaient d’une armĂ©e Ă©gyptienne. Le fait a Ă©tĂ© fort discute et les savants modernes nient que les armĂ©es Ă©gyptiennes aient parcouru la rive septentrionale de la Mer noire. Cependant les Abazes de Soukhoum Kale se disaient, parait-il les descendants de ces troupes africaines, ce qui peut ĂȘtre un simple souvenir littĂ©raire des lettres du pays. Ce qui est plus significatif c’est qu’une localitĂ© de cette rĂ©gion porte le nom de Netanebi dont on ne saurait mĂ©connaitre la couleur Ă©gyptienne. Pour ma part je serais plutĂŽt porte Ă  voir dans cette coutume de la circoncision, bien Ă©tablie par les affirmations d’HĂ©rodote, un apport de l’Inde. J’ai montrĂ© plus haut qu’elle y avait existe autrefois. Je ne me hasarderais pas a proposer le rapprochement s’il n’y avait qu’une simple consonance de noms, avec une substitution d’ailleurs trĂšs anodine des secondes consonnes de la racine, mais en examinant la composition des diverses tribus qui forment l'ensemble fort hĂ©tĂ©rogĂšne du peuple Abaze je suis oblige de reconnaitre que plusieurs de ces collectivitĂ©s secondaires ont aussi portĂ© leur nom en AmĂ©rique ce qui vĂ©rifie une partie de ma proposition C’est ainsi que les Abazes orientaux se nomment eux-mĂȘmes Tapantas. Or j’ai Ă©numĂ©rĂ© plus haut les Tapantos du Venezuela et les Tapanos et Tapanecas et je dois reconnaitre en Afrique l’existence de Tapanitai signales en Libye, c’est-adire en Berberie, par PtolĂ©mĂ©e. Je note en passant que ces Abazes orientaux portent aussi le nom de BaskĂšs qui leur est donnĂ© par leurs voisins circassiens. Userait possible que ce soit la souche de nos Basques PyrĂ©nĂ©ens qui parlent encore une langue parente de la leur. Examinons maintenant les noms d’autres tribus Abazes. Celui des Aitigoi d’origine circassienne appelĂ©s aussi Hattoulcai ou HattilcwahĂ© se retrouve, quoique assez peu nettement dans les Atuacas de Colombie et les Attakapas ou Atacapas de l’AmĂ©rique du Nord. Dans les Bagh du versant Nord du Caucase on peut reconnaitre avec plus de vraisemblance les Bagres de Costa-Rica et dans les BarrakaĂŻ, les Barachus du BrĂ©sil. La ressemblance du nom des Chachi du revers Nord du Caucase avec les Ghachu ou Chachues du Venezuela, et celle des Jana ou Jani tribu disparue d’origine circassienne avec les Janaes de l’Argentine, les Janos ou Janevos du Mexique, etc, est encore plus caractĂ©risĂ©e et ne laisse guĂšre place au doute. Les derniers viennent de la Jana affluent de l’Obi Voir chap. et sont donc de purs touraniens ; leur nom n’apparait pas nettement en Berberie ; Zana et Ziana. Ils ont pu aller en AmĂ©rique par l’Ouest. Je dois nĂ©anmoins les citer. Le nom des tribu Abaze d’origine circassienne se reconnait dans les Chapanchicas de Colombie, et celui des Otchouka famille des tribu Abaze, dans les Otukis, Otuques ou Otuguis de Bolivie. Enfin les Tchegreh du versant Nord du Caucase se rapprochent naturelement des Ghagras du Panama, des Ghagas du BrĂ©sil, Ghages de Bolivie, etc. Les Toubi du versant Nord du Caucase portent un nom touranien trĂšs rĂ©pandu en Arabie et en Berberie sous la forme Toba et en AmĂ©rique sous les formes Toba et Tupi etc. Je pense que c’est plutĂŽt par l’Ouest qu'ils ont gagnĂ© l’AmĂ©rique Voir plus loin paragraphe Toba. De quelle rĂ©gion les Abazes du Caucase provenaient-ils et comment auraient-ils gagne l’Afrique? Telles sont les questions qui se posent maintenant. Ils venaient, sans doute de l’Inde car PtolĂ©mĂ©e note des Abastoe au Sud des Monts Vindhya actuels, vers la tĂȘte du Namadus Nerbuddah et des Tapasoi sur le cours de ce fleuve. Arrien cite sur le basindus des Abastani qui sont peut-ĂȘtre des essaims du mĂȘme peuple et indiquent un dĂ©placement vers l’Ouest. Il serait possible d’ailleurs qu’il faille comme pour bien des peuplĂ©s, rechercher leur origine premiĂšre plus au Nord ; Il y a dans l’Altai un affluent de l’Ienissei du nom et une ville dans le Gouvernement de Tobolsk mais il semble cependant bien que, descendus d’abord dans l’Inde, ils en sont repartis avec les Kouchites vers le Caucase. C’est d’aprĂšs leurs caractĂ©ristiques physiques que j’ai exposĂ©es plus haut, suivant ce que nous en savons, que je me forme cette opinion. En traversant la MĂ©sopotamie, les Abastoe durent abandonner une colonie qui fut par la suite la tribu arabe des Abs, cĂ©lĂšbres par les amours du poĂšte Antar avec une jeune femme de cette origine ; ses dĂ©bris existent encore sur les bords de la mer rouge dans la rĂ©gion de Yambo ; ils sont aussi reprĂ©sentĂ©s par les Beni Sakeur sur la route de Damas Ă  la Mecque Burckhardt. On trouve aussi une ville d’Abcideh en Perse sur le Zendeh Roud et une ville d’Abodcin sur la rive orientale du Chott el Arab. Mais je n’oserais pas, en raison de l’abondance de l’homonymie orientale affirmĂ© que les noms de ces villes aient bien la mĂȘme provenance. Je crois toutefois qu’on peut l’attribuer aux Ababdeh nomades cĂ©lĂšbres par la beautĂ© de leurs chameaux de selle, qui peuplent les dĂ©serts qui s’étendent entre le Nil et la Mer Rouge, dans la Haute-Égypte. Ils font partie de l’ensemble des tribus Becdja sur lesquelles je reviendrai et paraissent fort mĂ©langĂ©s de sang noir. C’est peut-ĂȘtre en passant par la GrĂšce que les Abazes vinrent du Caucase en Afrique, comme beaucoup d’autres peuples voisins dont nous aurons Ă  parler. Il y des Abantes en Thrace, en Epire, en Phocide et dans l’EubĂ©e. On remarquera que cette forme Abantes est due Ă  la dĂ©clinaison grecque de la racine Abas. Suivant Aristote ceux de Thrace devaient leur nom Ă  l’une des villes phocĂ©ennes d’Aboe car il y en avait deux. C’était peut-ĂȘtre le contraire ; les Grecs y compris Aristote, voyaient toujours dans ces questions d’étymologie matiĂšre Ă  belles discussions contradictoires. Un des noms de l'EubĂ©e Ă©tait Abantis et d’ailleurs le terme d’EubĂ©e lui-mĂȘme ressort Ă  la mĂȘme racine. Strabon nous apprend que cette ile et ses habitants avaient comme Ă©ponyme Abas descendant d’ErechthĂ©e roi d’AthĂšnes ; mais Plutarque au contraire vie de ThĂ©sĂ©e, fait allusion Ă  l’origine arabe de cet Abas. Au lieu d’ĂȘtre un descendant d’Erechtee il serait venu d’Asie avec Cadmus, tradition des plus intĂ©ressantes car elle Ă©tablit un lien entre l’existence de la tribu arabe des Abs et les Abantes grecs. A l’époque du siĂšge de Troie les Abantes de l’EubĂ©e apparaissent comme un peuple valeureux. Dans le dĂ©nombrement des Grecs allies de l’Iliade, HomĂšre les caractĂ©risĂ© par ce dĂ©tail qu’ils laissaient croitre leurs cheveux derriĂšre la tĂȘte et les coupaient par devant, coutume qu’on trouve en AmĂ©rique. AprĂšs la prise de Troie, ils envoyĂšrent des colonies de leur nom en lllyrie et en diffĂ©rents points jusqu’en Sicile. Il n’est pas sans intĂ©rĂȘt de remarquer que ces Abantes de l’EubĂ©e Ă©taient aussi dĂ©signĂ©s par l'appellation de CurĂštes ce qui semble bien indiquer d’abord qu’ils venaient de la rĂ©gion du Caucase et qu’en outre leur origine premiĂšre Ă©tait Kouchite, en dĂ©pit de toutes les belles Ă©tymologies grecques et autres proposĂ©es pour ce nom. Dans le PĂ©loponnĂšse il y eut une ville d’Abia en Laconie. Un roi d’Argos du nom Aabas, aĂŻeul de PersĂ©e et des Perses suivant les lĂ©gendes grecques, nous montre que cet ethnique Ă©tait devenu un nom propre en GrĂšce aussi bien que chez les Arabes et cette circonstance ne contribue pas peu Ă  compliquer les recherches en Afrique comme nous allons le voir. Gomme tous les peuples qui se sont refugiĂ©s au Caucase, les Abazes envoyĂšrent des migrations dans l’Europe occidentale. Je citerai en France Abanconrt, Abainvillc, Aboncourt, Abscon, YAbsie, Abbaretz, Taponas etc ; en Espagne Abades prĂšs de Segovie, Abadesas, Abadia, Abadin etc. Mais peut-ĂȘtre que ces derniers, en tout ou en partie, ont Ă©tĂ© apportĂ©s par les invasions musulmanes venus de Berberie, autre source de complications que je ne chercherai pas Ă  approfondir dans la circonstance. Le passage en Afrique des Abazes nous est assure tout d’abord par la prĂ©sence des ĂŻbzaouen, touareg Tenguereguif et des Ibbezaouen, autres touareg des Ifoghas du Niger Barth qui portent le nom authentique des Abazes AbsouĂ©, correctement berberise ; puis en second lieu par les Tapanitai des anciens que PtolĂ©mĂ©e plaçait dans le nome Marmarique au Sud des Nasamons. On ne sait ce qu’ils sont devenus. Beaucoup d’autres tribus indiquĂ©es par ce gĂ©ographe n’ont pas davantage laisse de traces, mais il semble que pour beaucoup d’entre elles leur nom Ă©tait abominablement estropiĂ© suivant l’habitude grecque, et les Tapanitai sont une des rares tribus dont le nom paraisse correspondre Ă  une rĂ©alitĂ© quelconque. Nous en rencontrerons d’autres, mais pas beaucoup. Notons encore un Ă©vĂȘchĂ© ancien du nom d’Abidda Henchir Abbeda actuel au Sud-ouest de Zaghouan en Tunisie. AprĂšs cela nous trouvons en Berberie des quantitĂ©s de noms de tribus qu’on peut rapprocher de celui des Abazes mais nous sommes fort gĂȘnĂ©s pour leur identification par l’introduction rĂ©cente du nom d’Abbas lors des invasions arabes. Il n’y a pas moins d’une quinzaine de tribus ou fractions dĂ©nommĂ©es AĂŻt AbĂšs, Abbcis, AbbĂ©s, BĂ©ni Abbas, Oulad Abbas, S idi Abbas, Sidi bel Abbas. Eliminons les rĂ©solument quoiqu’on soit en droit de supposer en raison des habitudes arabo-BerbĂšres que certaines de ces appellations ne sont pas eponymiques, et sont notre ethnique transforme. Il nous reste des noms plus significatifs comme ceux des Abad de Bordj-Menaiel, Abada de Dellys, Abadlia de Tiaret, Abadenia de Carnot, les divers Abadla, Abadlia, Ababsa, Abassa, AbbaĂŻssa, Abbaziz de Boghari, Abbaziz du Ksar de Charef englobes dans la confĂ©dĂ©ration des Ouled-Nails, AbrarĂšs du Djurdjura. Peut ĂȘtre aussi malgrĂ© leur titre eponymique arabe peut-on voir des BerbĂšres porteurs de l’ethnique etudiĂ© chez les On lad Abad de Palestro et de Mascara, les Oulad Abadlia d’El Milia et de Barika, les Oulad Abadla d’Ammi Moussa. Au Maroc les Abda de Sali forment plusieurs tribus et il y a des Ait Abdi et AĂŻt Abdous. Les autres noms des tribus caucasiennes des Abazes ne semblent pas avoir transite par l’Afrique, mais il y a une certitude a peu prĂšs complĂšte pour les deux principaux Abazes ou AbsouĂ© et Tapantas. Cela veut-il dire que nous ayons Ă©galement une certitude pour leur passage en AmĂ©rique par cette voie. Ce serait beaucoup s’avancer, nĂ©anmoins si on fait entrer en ligne de compte divers faits dĂ©formation concordante de l’ethnique Abaze D pour Z en Afrique et en AmĂ©rique, absence du nom des Tapanta sur d’autres itinĂ©raires, localisation des noms correspondants amĂ©ricains dans l’hĂ©misphĂšre Sud avec absence dans l’hĂ©misphĂšre Nord, nombre Ă©levĂ© des autres tribus caucasiennes dont le passage par cette voie parait plus assurĂ©, le doute que l’on peut avoir deviendra favorable a cette hypothĂšse lorsque nous arriverons a la fin de cette Ă©tude. Il est certain qu’a lui seul l’examen de cet ethnique ne constitue pas une preuve dĂ©cisive. 2 - ABANES On peut, je crois, rattacher Ă  l’ethnique prĂ©cĂ©dent les Abanes ou Abanos de Colombie et du Venezuela, les Abangares de Costa-Rica, les Abangascas du Nicaragua, les Abanengas Tupies du BrĂ©sil. C’est peut-ĂȘtre encore une autre altĂ©ration du nom des Abazes. Mais comme il existait en Berberie des Abennoe ou Abaniens, connus des anciens, et dont le nom correspond mieux Ă  celui des tribus amĂ©ricaines il m’a semblĂ© prĂ©fĂ©rable dans le doute de les envisager sĂ©parĂ©ment. Les Abennoe des auteurs anciens Ă©taient voisins des Quinquegentiens et ils devaient habiter entre le Djurdjura et la rĂ©gion d’Aumale. On ne retrouve plus trace de leur nom dans les nomenclatures actuelles, soit qu’ils aient Ă©migrĂ© en AmĂ©rique puisqu’on y retrouve leur nom, soit qu’ils se soient dispersĂ©s au moment de l’invasion arabe et fondus dans des tribus plus puissantes. On peut leur appliquer les mĂȘmes conclusions qu’aux prĂ©cĂ©dents. 3— AMALECITAS La tribu des Amalecitas et celle des Malechitas ou Milicitas qui en est peut-ĂȘtre un dĂ©membrement appartiennent au groupe Abenaki de la famille des Algonkins du Canada. On peut se demander si ces noms ne leur ont pas Ă©tĂ© confĂ©rĂ©s par des conquĂ©rants fantaisistes, fĂ©rus de souvenirs bibliques. J’ai donc recherche dans le Handbook of American Indian » de les explications trĂšs variĂ©es qui en ont Ă©tĂ© donnĂ©es. Il les transcrit sous la forme Malecite. Elles ne m’ont pas paru assez concluantes pour que je passe sous silence cet ethnique si caractĂ©ristique. On doit en effet se rappeler que, suivant les vieilles traditions des BerbĂšres, Ibn Khaldoun I. 176,185. Tabari, etc, ils auraient parmi leurs ancĂȘtres des AmalĂ©cites, mĂ©langĂ©s aux chananeens qui Ă©migrĂšrent en Afrique, chasses de Palestine par les hĂ©breux. Il m’a donc paru nĂ©cessaire de signaler ce nom pour mĂ©moire, bien que je ne puisse affirmer qu’il est venu par l’Afrique. On ne trouve dans l’histoire de la Berberie, aucun nom de tribu qui s’en rapproche, sauf peut-ĂȘtre ceux des Melkatci et des Meklata tribus zenatiennes qui ont disparu des nomenclatures modernes. On n’y trouve plus actuellement que celui de J a ville Mozabite de Melika sans doute d’origine postĂ©rieure aux invasions arabes. Enfin ces tribus se trouvent au Canada qui parait ĂȘtre reste en dehors du rayon d’action des Ă©migrants BerbĂšres, et chez les Algonkins, Ă  peu prĂšs surement venus du Nord de l’Asie. 4. - ANTIS Les Antis qui sont Ă©galement appelĂ©s Antisanes, Campas, Chunchos, Chunchus, forment des tribus autrefois trĂšs nombreuses rĂ©pandues sur le versant oriental des Andes du PĂ©rou et de la Bolivie. Je transcris leur nom comme l’indique mon guide, M. Gabriel Vergara Martin, mais en faisant remarquer que d’autres auteurs transcrivent Andis. Je rattache a ce nom ethnique ceux des nombreuses tribus indiennes d’AmĂ©rique dont le nom commença par la mĂȘme racine Andaguailas ou Andahuaylas du PĂ©rou, Andalgalaes ou Andalgalas de l’Argentine, Andaquies ou Andaguis de Colombie, Andavayias du PĂ©rou, Andiras et Andiragoares du BrĂ©sil, Andoas du PĂ©rou, Androas de l’equateur etc, Antalos, Antalis ou Antaliis du Chili, Antastos ou Antacotos de New-York, Antipas ou Nantipas du PĂ©rou, les noms d’Antilia, Antilles, Antioquia, Antofagasta etc. Comme on le voit cet ethnique a foisonnĂ© en AmĂ©rique ; il en est de mĂȘme en Europe et il a jouĂ© un rĂŽle non moins important en Afrique comme je l’ai exposĂ© dans une Ă©tude parue dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie d’Alger sur AntĂ©e, hĂ©ros africain. 1928. Les Ă©tymologistes d’AmĂ©rique nous apprennent qu’au PĂ©rou, le mot Anti veut dire montagne, mais d’autres veulent qu’il dĂ©rive du mot Ando cuivre. Je suppose que dans Je vieux monde il ne doit pas manquer non plus d’explications intĂ©ressantes pour un nom aussi rĂ©pandu, mais je dois avouer que je ne les ai pas collectionnĂ©es, Avant d’entreprendre l’étude des Anti, j’attire l’attention sur un fait important que rĂ©vĂšle la synonymie de ce nom avec ceux de Campas et de Ghunchos c’est le peu d’homogĂ©nĂ©itĂ© de ce peuple et les origines diverses qu’il doit avoir. Un peu plus loin j’examinerai le nom de Campa en dĂ©tail et je montrerai qu’il a une provenance tout a fait diffĂ©rente de celle d’Anti que j'Ă©tudie seul ici. Quant au terme Chuncho il me parait avoir encore une troisiĂšme source bien distincte des deux autres. Bien que je ne puisse rien affirmer Ă  cet Ă©gard je crois qu’il rĂ©vĂšle un apport chinois. Pour ce qui est du nom des Antis, comme il apparait au Caucase Ă  cĂŽtĂ© de celui des Abades je vais procĂ©der comme pour ces derniers, en laissant pour le moment l’Afrique. AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© les Audi du Caucase, ce qui me permettra de constater leur identitĂ© avec les Antis d’AmĂ©rique, je rechercherai leur point de dĂ©part initial et je les suivrai a partir de la dans leurs migrations fort compliquĂ©es. Je serai amenĂ© ainsi Ă  reconnaitre qu’ils ont du gagner la Berberie par trois itinĂ©raires diffĂ©rents, tout au moins, ei que c’est bien de la terre d’Afrique qu'ils se sont embarquĂ©s pour le nouveau monde. Les Andis du Caucase habitent le Daghestan c’est-a-dire le revers Nord du Caucase oriental, au milieu d’autres nations qui parlent des langues agglutinantes, fort variĂ©es, mais prĂ©sentant nĂ©anmoins entre elles divers caractĂšres communs. Par suite de la situation du Daghestan, il semble que ce sont surtout des Ă©lĂ©ments touraniens qui y ont eu la prĂ©pondĂ©rance alors qu’au Sud des montagnes, ils se sont plus intimement mĂ©langĂ©s avec les Indiens et Iraniens Ă©migrants qui ont stationnĂ© dans cette rĂ©gion avant de franchir les Portes du Caucase. Les Anti se trouvent proches voisins des Avares ou Awares dont j'aurai Ă  parler a maintes reprises. Je dois a ce propos faire remarquer des a prĂ©sent que ces deux nations faisaient partie fort probablement au dĂ©but d’une seule et mĂȘme confĂ©dĂ©ration de tribus au milieu desquelles les Audi paraissent avoir reprĂ©sente l’élĂ©ment noble et directeur. Les Avares Ă©taient au contraire le gros de la confĂ©dĂ©ration et suivaient partout les Audi. Ce n’est que fort tard au milieu du IVe siĂšcle de notre Ăšre que la situation changea. Les Avares secouĂšrent le joug de leurs maitres, les battirent Ă  plate couture et les firent sans doute disparaitre dans leurs rangs. Niederle dans son Manuel de l’antiquitĂ© slave I. 190 les prĂ©sente comme des peuples ennemis. Il n’en est rien car partout on les voit cote Ă  cotĂ© ; il semble bien que leur situation respective Ă©tait celle que je viens d’indiquer, tout au moins avant notre Ăšre. Au Caucase, les deux nations sont considĂ©rĂ©es comme formant un groupement particulier celui des Avaro-Andiens et j’emprunte a leur sujet les renseignements suivants au petit Guide au Caucase de J. Mourier, prĂ©cieux abrĂšge de tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit au siĂšcle dernier sur cette rĂ©gion. Le premier rang dans ce groupe appartient aux Avares dont la principale tribu est celle des Salataves. Ces deux noms se retrouvent en AmĂ©rique ; je les Ă©tudierai aux paragraphes Avavares et Huares et je n’en parle ici que pour mĂ©moire. Dans l’arrondissement d’Andi, ajoute-t-il, qui est le plus polyglotte de tout le Daghestan, il y a huit clans parlant des dialectes diffĂ©rents mais ayant une certaine parentĂ©. La plus nombreuse de ces familles est celle des Andis puis viennent les les les Anda- Zates, les Bawalales, les les Botliks et les qui avec les Andis forment une population de Ăąmes. D’aprĂšs M. Zagoursky, a leurs dialectes ont quelque parente avec la langue Avarienne, et Dans l’arrondissement d’Andi habitent aussi les Didos et les Kvarchis environ mais on n’a pu jusqu’a prĂ©sent Ă©tablir dĂ©finitivement leur parentĂ© avec les races prĂ©citĂ©es. En cherchant en AmĂ©rique je puis Ă©tablir les identifications suivantes Antis, etc. Andalgalaes de l’Argentine. Agoacos du Honduras, Agataes ou Agatas de Colombie etc. Avavares de Floride. Bavaridas ou Vavaridas du Venezuela. Didue ou Edue ou Periene de la Basse Californie. Carates du Venezuela, Caratheus ou Gara tins ou Acaririos du BrĂ©sil, Caraques du PĂ©rou, Garapas de la Guyanne BrĂ©silienne, etc. Saltebas ou Jaltebas de Nicaragua. Tecamachalcos sĂ©dentaires du Mexique, Tamales de Californie, Tamalameques du Venezuela, etc. Seuls les Botliks, les Godeberis et les Kvarchis, manquent a l’appel, mais il est trĂšs admissible, soit qu’ils n'aient pas Ă©migrĂ©, soit qu’ils aient disparu en route ou aprĂšs leur arrivĂ©e en AmĂ©rique. J'aurai Ă  revenir a part sur certaines de ces tribus. Mais je crois que cet ensemble de rapprochements Ă©tablit que les Andis du Caucase et les Antis d’AmĂ©rique sont bien descendus d’une mĂȘme souche. Quelle est leur origine premiĂšre ? En remontant vers l’Asie je la trouve dans la vallĂ©e de Yantcha qui est un affluent de la Jouana qui se jette-elle mĂȘme dans la Lena. Nous avons encore la une certitude quasi absolue. La Jouana est en effet le point de dĂ©part des Jouan-Jouan tribu qui eut un moment de cĂ©lĂ©britĂ© Halphen Les Barbares, II. Risley the people of India, 56 PI. XIX et XX et dont il reste des dĂ©bris dans l’Inde. Ces Jouan-Jouan ou Joueng sont regardĂ©s par les historiens comme Ă©tant les Avares eux mĂȘmes, mais je pense qu'ils devaient comme les Antis former une tribu distincte de la confĂ©dĂ©ration Avaro-Andienne. Les Avares tiraient sans doute leur origine d’une vallĂ©e Avara que je ne retrouve pas dans le bassin de la Lena, mais qui a du y exister, car nous retrouvons en Europe des riviĂšres homonymes. Nos historiens ne signalent l’arrivĂ©e de toutes ces tribus en Europe qu’a une Ă©poque trĂšs tardive vers le milieu du VIe siĂšcle de notre Ăšre avec les Huns ; il suffira de rappeler que CĂ©sar, qui les considĂ©rait comme Celtes, les trouva Ă©tablies depuis de longs siĂšcles en Gaule au moment de la conquĂȘte. Il soumit en effet des Andes ou Andecavi Angers, fit le siĂšge d’Avaricum sur Yavara capitale des Bituriges qui Ă©taient sans doute des Leur prĂ©sence datait sans doute de leurs premiĂšres migrations qui remontent a l’époque prĂ© pharaonique. Les Jouan-Jouan avaient du arriver avec eux comme l’indique la prĂ©sence en France de localitĂ©s comme Jouaignes, Jouancy, JuignĂ© etc, Voir le dictionnaire des communes. 1 Le nom des Arvernes qui habitaient sur L Elavcr Allier me parait aussi dĂ©rive de celui des Avares avec beaucoup d’autres noms français. Cette premiĂšre ruĂ©e n’avait sans doute pas Ă©puisĂ© leur force d'expansion, ou peut-ĂȘtre leurs tribus s’étaient elles refaites par un long sĂ©jour au Sud de la Baltique, car grossis d’autres Ă©lĂ©ments, ils formĂšrent un empire des Antes sur lequel on trouvera quelques dĂ©tails dans Niederle Manuel de l’antiquitĂ© slave I. 187. Leur nom disparait dans l’Europe Centrale au dĂ©but du VIIe siĂšcle. Mais entre temps il Ă©tait rĂ©sultĂ© de leur tourbillonnement la crĂ©ation d’un tas d’autres peuplĂ©s sĂ©parĂ©s d’eux et portant leur nom dĂ©formĂ© Wendes, EnĂštes, VenĂštes, VenĂšdes, VĂ©lĂštes, Viatitches d’aprĂšs Niederle 191 et les plus cĂ©lĂšbres de tous, les Vandales qui reprirent au Ve siĂšcle l’essor de leurs ancĂȘtres de la prĂ©histoire, traversĂšrent l’Europe, puis la Berberie avant de venir de la saccager Rome puis disparaitre sous les coups des Byzantins. Il n’est pas inutile de montrer l’influence Ă©norme qu’ont eue les Antes sur la formation des peuples de l’Europe occidentale. J’ai dit qu’on trouvait leur nom jusqu'aux iles Lofoden. En Grande Bretagne il y avait des Brigantes, Decantes, Novantes, Trinobantes considĂ©rĂ©s comme Celtes parce que chez eux l’ethnique est prĂ©cĂ©dĂ© d’un suffixe celtique. Les Bucinobantes et les Tubantes Ă©taient restes sur le Rhin et furent catalogues Francs. Plus loin Ă©taient demeures les Cissiantes de Pomponius Mela I. 13, aux abords du Caucase ou ils avaient du se former. Leur nom indique un mĂ©lange avec une autre peuplade, bien connue, d’une tout autre origine Kouchites de l’Inde. Voirchap. Kutchines. En Angleterre on trouvait encore un port et une forĂȘt du nom Il existe une ville Irlandaise d’Antrim. Le nom des Kantii est un autre dĂ©rive de cet ethnique. Je crois fort que tous ces Antes d’Angleterre et les autres tribus similaires arrivĂ©es avec eux comme les Belges Pelasges sont le peuple des Gobelets des anthropologues Anglo-Saxons, mais ce point mĂ©riterait d’ĂȘtre Ă©clairci. En Belgique des noms de localitĂ©s comme Anciennes, Anderlues, en Suisse des Andeer, Andels, Andelfingen, en France des Andance, Andarge, Andelle, Andeville, Andlau Andelot, Andelys, Andernos, AndezĂšne, Andilly ; en Espagne des Andaras, Andelo Andiou, Andavina, Andouin, Andorre, la Sierra de Andia et le Mont Ariduz, la riviĂšre un peuple d’Andosini entre l’Ebre et les PyrĂ©nĂ©es, et enfin la rĂ©gion de Y Andalousie, pour leur dernier passage, jalonnent les rĂ©gions qu’ils traversaient et qu’ils peuplĂšrent. Il faut y ajouter, comme variations un peu diffĂ©rentes sur le mĂȘme thĂšme,, des noms comme Brig an tia Bregehz Brigantio Briancon Brigantium La Corogne, Brigoetium Villabrazaro en Espagne Anderitum Javols capitale des Gabali, Andematunnum lingonum Langres, VendĂ©e, VendĂŽme
 etc. Les Antes sont considĂ©rĂ©es par les Ă©crivains slaves Niederle. Manuel de l'antiquitĂ© slave etc comme l’un des principaux Ă©lĂ©ments constitutifs du monde slave, bien que les dĂ©rivĂ©s de leur nom ne s’y rencontrent plus guĂšre, et en tout cas pas plus qu’en France, en Angleterre, en Afrique. Mais c’étaient les derniers dĂ©bris des Antes passes depuis longtemps dans l’Ouest, fort mĂ©langĂ©s et fort diffĂ©rents sans doute de ceux-ci. Les Slaves sont un complexe ethnique qui s’est créé Ă  une Ă©poque donnĂ©e, au VIe siĂšcle de notre Ăšre, dans un pays donnĂ©, les plaines de l’Europe orientale, et dans des circonstances donnĂ©es, caractĂ©risĂ©es par le mĂ©lange des derniĂšres tribus arrivĂ©es du Nord-est et du Sud-est. Il en est de la formation des peuplĂ©s comme des opĂ©rations culinaires. Le dernier marmiton venu sait que les Ɠufs sont la base d’une multitude de prĂ©parations tontes fort diffĂ©rentes d’aspect et de saveur, suivant le tour de main et les ingrĂ©dients Ă©trangers souvent entrĂ©s en minime quantitĂ© qu’on leur adjoint. Des tribus toujours les mĂȘmes, mĂ©langĂ©es en proportions diverses, et dans des habitats diffĂ©rents, ont formĂ© des nations douĂ©es de leur individualitĂ© et de leur langue propre. Les Antes qui sont entres en composition avec les Celtes, Pelasges, Goths dans la formation des peuplĂ©s do l’Europe occidentale ont formĂ© les Slaves en recevant au milieu d’eux, les Serbes de HScirpa Volga, les Ourous de YOuroutchi Amour les Polonais de la Poloui Obi les Croates de la Krouta Obi. Leur nom gĂ©nĂ©rique propre Ă©tait peut-ĂȘtre lui dĂ©rive par mĂ©tathĂšse de celui de la Salva affluent de la Toura Obi a moins qu’il ne soit de rĂ©cente formation. D’autres tribus qui les rejoignirent quelques siĂšcles plus tard comme les Bulgares de la Volga et les Magyars du lac MadjaĂŻ ne sont plus comptĂ©es comme Slaves. Les Antes ont-ils traversĂ© le dĂ©troit de Gibraltar des leur premiĂšre ruĂ©e ? Comme ils sont arrives d’autre part sur la rive Sud par la Berberie, ainsi que nous allons le voir, la question ne saurait ĂȘtre rĂ©solue en l’absence de tout renseignement historique. Étant donnĂ© l’esprit d’entreprise qu'ils ont manifestĂ© partout, il y a quelques chances pour que ceux qui arrivĂšrent en Espagne aient passĂ© de lĂ  en Berberie, et que rĂ©ciproquement ceux de Berberie aient passe en Espagne ? Nous pouvons en avoir la certitude morale. Je repars maintenant avec eux sur une autre ligne d’invasion, tout Ă  l’opposĂ©. Ils descendirent en effet droit sur l’Inde. Au Turkestan russe il y avait une ville dont l’homonyme se retrouve dans la pĂ©ninsule hindoue avec des Anclanagar, AndĂ©ah, A'ddicottci, les iles Andamcin des nomenclatures modernes, une ville et un peuple Pline VI. 67. Ici une question se pose que je ne puis rĂ©soudre formellement. Les Audi du Caucase sont-ils les dĂ©bris du premier exode qui, n’ayant pu suivre les autres ou repousses par quelque tribu plus puissante, s’y sont refugiĂ©s en attendant des jours favorables ? Des quantitĂ©s de peuples, de tribus, de simples fractions venues de la Haute Asie ou de l’Asie mĂ©ridionale sont ainsi restĂ©s en arriĂšre des autres dans cette course effrĂ©nĂ©e vers l’Occident. Ou bien au contraire ces Audi sont-ils venus de l’Inde avec la multitude des Kouchites et des Dravidiens qui ont fini par se refugier dans la grande barriĂšre qui sĂ©pare l’Europe de l’Asie. Je crois plutĂŽt a la premiĂšre solution, mais en tout cas il a du en partir de l’Inde qui ont abouti en Berberie, car nous retrouvons le nom mĂȘme des Andaroe avec sa dĂ©formation indienne dans les gĂ©nĂ©alogies berberesque nous allons examiner et YAnzanie des anciens leur a du sans doute son nom. Il y avait aussi des AndĂšres dans la baie d’Adulis. Le troisiĂšme itinĂ©raire par le Caucase a en tout cas laissĂ© des traces sĂ©parĂ©es des deux premiers. Maspero indique des Andiou Ă  l’époque de Sargon entre la Caspienne et le lac d’Ourmiah. Pline indique en Arabie des AntĂ©ens et des AntidalĂ©ens VI. 32. Je crois que le nom des une des grosses tribus arabes du Nord vient de cet ethnique ; ce sont peut-ĂȘtre les descendants des Anzanites. A Babylone il y eut un dieu Anton MĂ©sopotamie. Delaporte p. avec une dĂ©esse parĂšdre Antci que nous retrouvons aussi en Égypte aux cotes du Dieu Antzi AntĂ©e. Nous voici arrivĂ©s sur la terre d’Afrique. On remarquera que je ne me suis pas occupe de l’EgĂ©e ni de la GrĂšce ou fourmillent cependant les noms commençant par la mĂȘme racine. Il faudrait des volumes pour les examiner et discerner les noms composĂ©s avec l’adverbe Anta » ou la prĂ©position Anti» de ceux qui ressortissent a notre ethnique. Il serait surprenant qu’il n'y en ait pas eu dans le nombre. On sait en effet que Jornandes considĂ©rait les Antes comme des GĂštes et ceux-ci comme des Scythes. Une partie des GĂštes ayant gagnĂ© l’Afrique sous le nom de GĂ©tules, leur nom ethnique a du laisser des traces dans l’onomastique grecque. En Égypte il y eut un dieu prĂ©pharaonique Anzti qui d’aprĂšs la tradition, aurait Ă©tĂ© tuĂ© par Hercule; suivant ce qu’en dit M. Moret Le Nil et la civilisation Ă©gyptienne il Ă©tait fort ancien. En mĂȘme temps Ă  l’extrĂ©mitĂ© oppose de la Berberie, la fable plaçait un autre tombeau du mĂȘme personnage. Je vois dans ces mythes la trace du passage d’envahisseurs Antes qui dominĂšrent la Berberie Ă  un moment donnĂ©. Ils apparurent sans doute Ă  l’époque nĂ©olithique avec un armement nouveau, peut-ĂȘtre avec le cuivre qui leur assura la supĂ©rioritĂ© qu’ils eurent incontestablement. Ils Ă©taient vraisemblablement brachycĂ©phales ou tout au moins mesaticephales en raison de leur origine et c’est peut-ĂȘtre a eux que sont attribuables certains cranes ronds, dont l’indice s’élĂšve jusqu’a 91 d’aprĂšs Chantre, qu’on a trouve dans les tombeaux les plus anciens de l’Égypte. Les lĂ©gendes anciennes ne permettent pas de douter du rĂŽle prĂ©pondĂ©rant qu’ils ont du jouer pendant un certain temps et de leurs luttes avec des envahisseurs arrives aprĂšs eux. Les gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres enregistraient dans leurs listes deux tribus d’Anclarci que je suppose venues de l’Inde comme je l’ai dit plus haut ; l’une appartenait Ă  la grande branche des Addaca, l’autre a celle des Aourigha. Mais en outre il y avait des Antita Addaca et des Antata Aourigha Ketama. On ne retrouve pas trace Ă  l'Ă©poque actuelle de ces tribus et c'est une des raisons qui permettraient de croire qu’il est passĂ© beaucoup d’Antis de Berberie en AmĂ©rique. On trouve cependant encore des Dou Anclas a Takitount et des Andjera au Maroc autour de Tanger, siĂšge de la puissance du fabuleux AntĂ©e. Parmi les tribus voisines et alliĂ©es des ointes on retrouve naturellement en Berberie, comme partout, les Avares au premier rang. Pour eux il est facile de se rendre compte qu’il a du en arriver par Gibraltar, car l’ethnique s’était conservĂ© Ă  peu prĂšs intĂ©gralement dans les noms des deux Ă©vĂȘchĂ©s romains dans celui et Dira CyrĂ©naĂŻque et dans la province dite Abaritana noms non identifiĂ©s ; au contraire Avaris ville d’Égypte ou les Iiyksos s’installĂšrent et ou ils rĂ©sistĂšrent pendant longtemps contre les habitants du pays Ă©tait devenue Hoouara ou Haouara sous l’effet de la phonĂ©tique chamito-sĂ©mite. Les Hoouara que je retrouverai au paragraphe Huares ont rempli du bruit de leur rĂ©sistance aux envahisseurs arabes, toute la Berberie et on trouve de nombreux dĂ©bris de tribus qui portent encore leur nom. Il semble que de ce cote-la ils Ă©taient arrivĂ©s par l’Arabie. Notons encore les tribu quinquegentienne qui lutta vaillamment contre les Romains, dont le nom, dĂ©rive de celui des et que nous retrouvons d’ailleurs en Europe BaviĂšre, correspond peut-ĂȘtre a celui des Bawalales du Caucase et des Bavaridas du Venezuela. Comme tribus des nomenclatures modernes, il ne subsiste plus que les Chemala de Duperre correspondant aux Tchamalales des Andis caucasiens et aux Tecamachalcos du Mexique. A l’intĂ©rieur du continent africain on trouve une rĂ©gion sur la rive gauche du Niger peu aprĂšs sou coude, au dessus du Djerma Ganda ; elle est occupĂ©e actuellement par les Touaregs. Dans les iles Comores et Ă  Mayotte la caste aristocratique porte le nom A Madagascar il y a plus d'une vingtaine de tribus des plus importantes, dont les noms commençant par les prĂ©fixes Andes.., Anti.., Anta
 etc, me paraissent avoir l’origine ethnique que j’étudie, Je crois avoir dĂ©montrĂ© l’identitĂ© des Anti du vieux monde et des Anti du nouveau. Il reste Ă  examiner s’ils sont partis d’Afrique ou d’Europe. Je penche pour la premiĂšre hypothĂšse mais a vrai dire les preuves sont minces localisation des Anti amĂ©ricains dans le continent austral, disparition presque complĂšte du nom ethnique de ce peuple en Berberie, prĂ©sence des Bavares et des Chemela BerbĂšres a l’époque romaine. Voila tout. Sur les Anti d’AmĂ©rique nous avons les renseignements de divers explorateurs qui parlent d’eux avec sympathie et les considĂšrent comme supĂ©rieurs a bien des tribus avoisinantes. P. Marcoy lui-mĂȘme Tour du Monde 1864 I. 210, dans ses caricatures outranciĂšres et impitoyables des Indiens d’AmĂ©rique, Ă©pargnĂ© dans une certaine mesure les Antis sont bien proportionnĂ©s, de formes Ă©lĂ©gantes et sveltes d. De Quatrefages, Ă  propos de la famille Antisienne 60 attire l’attention sur ces tribus blanches et barbues, de taille bien proportionnĂ©e. Cette survivance de caractĂšres spĂ©ciaux semblerait bien indiquer que la migration qui amena les Antis ne consistait pas en individus isolĂ©s, mais Ă©tait assez nombreuse. Leur importance sociale Ă©tait telle sous l’Empire des Incas que l’une des quatre provinces dont il se composait portait le nom d’Antisuya et Ă©tait relie Ă  la capitale Cuzco par la route de l’Antisuyu. Actuellement ils paraissent avoir diminuĂ© de nombre mais forment une tribu encore vivace, habitant sur l’Ucayali affluent de l’Amazone, parlant un dialecte de la langue la plus rĂ©pandue de l’AmĂ©rique du Sud, l’Arawak, et divisĂ©e en plusieurs tribus dont les noms ne correspondent d’ailleurs aucunement a ceux des tribus de leurs ancĂȘtres du Caucase. C’est a eux que me parait du le nom de la chaine des Andes et je signalerai encore deux faits qui ne sont peut ĂȘtre que de simples coĂŻncidences mais que je ne crois pas devoir omettre. Il existe dans les Andes de Bolivie une haute montagne volcanique voisine de la Paz et du Lac Titicaca, le Mont Illimani 6410 mĂštres. Il rappelle non seulement par son nom mais par sa silhouette le Mont Illamane qui couronne le massif africain du Hoggar, la montagne la plus caractĂ©ristique du Sahara. Ce mot d’Illamane serait le pluriel lĂ©gĂšrement altĂ©rĂ© du mot berbĂšre Alrem qui veut dire chameau et qui est suivant moi d’origine ibĂšre Aklem d’aprĂšs Klaproth. On sait d’autre part qu’une des quatre espĂšces du genre Auchenia, les camelides de l’AmĂ©rique du Sud, s’appelle Lama. C’est un des rares animaux domestiques propres a l’AmĂ©rique et comme il habite les Andes on peut se demander si ce ne sont pas les Anti qui lui ont donnĂ© le nom du chameau et ont entrepris sa domestication en arrivant en AmĂ©rique. Je ne donne bien entendu cette indication que sous toutes rĂ©serves, car il ne s’agit plus ici d’un nom ethnique. Il se pourrait donc que ce soit quelque autre tribu de souche berbĂšre comme les IbĂšres voir a Jibaros qui ait apportĂ© ce nom. Un point reste dans le doute par suite de la prĂ©sence simultanĂ©e en Espagne et en Berberie de nombreuses populations d'Antis. Il est clair qu’ils ont pu aussi bien s’embarquer en Espagne qu’en Mauritanie. J’estime cependant que la puissance des traditions relatives Ă  AntĂ©e sur la terre d’Afrique fait pencher la balance en faveur de Tanpour s'y Ă©tablir. Le GĂ©ographe PtolĂ©mĂ©e signalait de son temps une province d’Ariace sur la cote occidentale de la PĂ©ninsule. La science moderne a bataille de si belle maniĂšre sur cet ethnique qui s’appliquait primitivement Ă  un peuple bien dĂ©terminĂ© qu’elle a fini par en modifier entiĂšrement la signification. Actuellement il s’applique a tout un groupement linguistique, celui des langues europĂ©ennes et il n’a plus d’autre sens. Il y eut cependant autrefois en Germanie d’aprĂšs Tacite une tribu d’Arii, et les anciens nous ont laisse les noms des Arizantes Medes et des Aricispes de l’Araehosie. Enfin les Votiaks portent le nom d’Ari que leurs donnent leurs voisins Tatar. Il semble que comme pour beaucoup d’ethniques, ce nom ait eu en mĂȘme temps une signification propre, en tant qu’adjectif signifiant noble, ce qui explique que nombre de peuples aient voulu se l’appliquer, qu’il soit entre en GrĂšce dans la composition d’une quantitĂ© extraordinaire de noms propres, et qu’il ait Ă©tĂ© transportĂ© de cette maniĂšre jusqu’en OcĂ©anie, ou la caste des Arii et ArĂ©oi que l’on retrouve en diverses iles pourrait peut-ĂȘtre indiquer la prĂ©sence d’anciens envahisseurs blancs. La dĂ©formation spĂ©ciale de l’ethnique Aria en Ariana ne se retrouvant qu’en Berberie et en AmĂ©rique il semble que c’est par la premiĂšre de ces rĂ©gions qu'il a gagnĂ© la seconde, avec d’autres noms de mĂȘme provenance. 6. —ATURES Les Atures du Venezela et de la Guyane portent aussi le nom d’Adoles. Ce sont les AturaĂŻ de Deniker, les AtoraĂŻ de Rivet qui les classent dans le groupe linguistique des Arawak. On y rattachera les noms des AtoraĂŻs et Aturaris du BrĂ©sil et des Aturru-berrenais du Venezuela. La recherche de ce nom nous offre encore une de ces difficultĂ©s habituelles aux peuples que Ton rencontre Ă  la fois en Espagne et en Berberie. En Berberie on sait qu’il y eut Ă  l’époque romaine des Austuriani, Astur, Astrices, qui reparurent Ă  l’époque byzantine. En 3B3 suivant Ammien Marcellin ils bloquaient Aea Tripoli et pour les combattre le GĂ©nĂ©ral Romanus avait demandĂ© aux citadins de cette ville qui rĂ©clamaient son intervention un convoi de chameaux. Plus tard ils avaient du encore prendre plus d’importance car l’évĂȘque Corippus dans son poĂšme de la Johannide dĂ©signe souvent l’ensemble des rebelles sous le nom comme s’il Ă©tait celui de la principale des tribus insurgĂ©es. On a voulu identifier ce peuple avec celui des Touareg Azdjer; mais ceux-ci Ă©taient, dĂ©jĂ  a cette Ă©poque, beaucoup trop loin du littoral. C’est plutĂŽt aux Aezari de PtolĂ©mĂ©e que je les rapporte Voir plus loin Azagaros. Il ne reste d’ailleurs aucune trace de cet ethnique en Berberie sauf peut-ĂȘtre le nom des Attouri fraction des Beni Ouaguennoun de Kabylie. Malheureusement nous en avons tout autant en Europe. Il y avait en Espagne des Asturicini qui ont donnĂ© leur nom Ă  la rĂ©gion dite l’hĂ©ritier de la Couronne d’Espagne porte le nom de prince des En Gaule l’Adour s’appelait Atur ou Aturius et le peuple qui vivait sur ses bords Atures. J'ai admis celtique des Touareg que les Asturiens de la Tripolitaine Ă©taient venus d’Espagne parce que je retrouvais Ă  la fois en Berberie les Asturiens, les Cynetiens et les Celtes d'Espagne, mais on trouverait pour les premiers des preuves du contraire que je n’en serais pas autrement surpris. Pour les Celtes, devenus les Touareg de nos jours, la possession de la javeline toute en fer, arme spĂ©ciale a l’Espagne, lĂšve tous les doutes, mais cette preuve maitresse nous manque pour les deux autres tribus. Quant a leur origine premiĂšre on doit je pense la trouver dans l’Inde ou existent encore des noms du type Ajouras, Asta, AstĂ©e, Attore, Attoor Rennell. En remontant vers le Nord-Ouest ils auraient donnĂ© leur nom aux Assyriens Strabou XVI. 1. Suivant les mythologues europĂ©ens, les Athurs constituaient le premier dĂ©membrement de la famille de Japhetca qui les identifierait ou tout au moins les apparenterait au peuple de Gomer, s’il est toutefois permis de tirer des consĂ©quences sĂ©rieuses de ces Ă©lucubrations. En tout cas il y avait en Asie Mineure, dans le Latium en Italie, en Aquitaine et en Espagne, quatre riviĂšres qui portaient le nom d’Aslura avec des villes oĂč des peuples portant des dĂ©nominations dĂ©rivĂ©es de celle-lĂ . Cette particularitĂ© indiquerait une origine touranienne, mais je ne trouve pas ce nom dans l’hydrologie sibĂ©rienne Ă  moins qu’il ne soit dĂ©rivĂ© d’Ater. On doit remarquer la terminaison en ures de ce nom ethnique qui se retrouve dans ceux des Silures, Ligures, Etruriens, Illyriens. M. Philippon PeuplĂ©s primitifs de l’Europe donnĂ© Ă  ces suffixes une origine ibĂšre. Il s’agit la de tribus voisines et parentes des ibĂšres, mais non ibĂšres elles-mĂȘmes et ce suffixe me parait indiquer le passage de tribus venues du Caucase au milieu de touraniens, dĂ©jĂ  installes avant elles dans les Balkans, car je le crois touranien et non ibĂšre. Quoiqu’il en soit je pense que les Atures sont bien venues de l’Est en AmĂ©rique, mais qu’il est difficile de distinguer dans l’état actuel s’ils sont partis d’Espagne ou au contraire de Berberie. Je ne rĂ©pĂ©terai plus l’ensemble des considĂ©rations qui me font croire comme pour les Antis qu’ils ont du plutĂŽt venir de Berberie. Il en sera de mĂȘme pour tous les cas de ce genre. 7. — AURAGAS Les Auracas ou Auracos du BrĂ©sil et les Oracas ou Mombanes du Venezuela, rappellent le nom de YaurĂšs montagne cĂ©lĂšbre de la Berberie dont le nom fut apportĂ© des plaines du Danube sans doute par les GĂ©tules, mais l’identification de ces vocables n’apparait pas assez nettement pour que j’en puisse faire Ă©tat. Il y eut dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres des branches importantes actuellement disparues comme les Aitrebci ou les les BĂ©ni Aoureth mais il est fort possible que ce soient des noms eponymiques, car le prĂ©fixe Aou signifie enfants de» et a la valeur de Beni ou d’Oulad. Le mot Aourir appliquĂ© Ă  des villages de Kabylie est aussi entiĂšrement frĂ©quent. Je n’insisterai donc pas sur ce nom. 8. — AVAVARES Les Avavares ou Avaraes ou Avares du Texas portent sans contredit le mĂȘme nom que les cĂ©lĂšbres Avares dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© a propos des Antis. Je ne les mentionne donc ici que pour mĂ©moire et pour adjoindre a leur nom ceux plus altĂ©rĂ©s des Avales de l’Equateur, Avalos de la Nouvelle-Galice, Avanos du Venezuela, Avaranos ou Alvaranos de la Floride, Avaravanos caraĂŻbes du continent, Avaricotos ou Avarigotos du Venezuela, Averianos ou Avirianos du Venezuela, Ghavavares du Venezuela etc. J'ai dĂ©jĂ  exposĂ© que les Avares, fidĂšles compagnons des Antis Ă©taient arrives en Europe et en Afrique, Ă  une Ă©poque antĂ©historique qui parait assez reculĂ©e. Si l’identification des tribus indiennes d’AmĂ©rique avec celles du vieux continent parait indĂ©niable, en revanche la dĂ©termination de l’itinĂ©raire suivi par elles Afrique ou Europe reste incertaine. Ce n’est que pour celles de leurs fractions dont le nom a subi une altĂ©ration rĂ©ellement berbĂšre que la certitude devient absolue. Un groupement secondaire des Avares dont les nomenclatures caucasiennes nous donnent le nom est celui des Salataves ; son nom parait reprĂ©sente par celui des Salteba ou Jalteba du Nicaragua. Pour tous dĂ©tails complĂ©mentaires le lecteur pourra se reporter aux paragraphes Antis et Huares, ce dernier nom Ă©tant celui des Avares modifie par la phonĂ©tique Africaine. 9. — AZAGAROS Bien plus significatif que le prĂ©cĂ©dent est celui des Azagaros, tribu de la rĂ©gion de Cuzco, au PĂ©rou. Il reproduit en effet le nom de la province maritime de Tetouan jusqu’à l’embouchure de Sebou, qui porte le nom d’Azghar. C’est devenu au Maroc le synonyme de plaine». On trouve encore des Azougar dans la commune mixte d’El-Atia. Enfin, Une branche des Touareg du Nord porte le nom transcrit par certains auteurs sous la forme Ajjer. On doit a mon avis les identifier avec les Æzari de PtolĂ©mĂ©e. Le fait qu’il les place un peu plus Ă  l’Est qu’ils ne sont actuellement ne saurait faire obstacle Ă  cette identification, car on reconnait toujours et partout en Berberie, un glissement continu des collectivitĂ©s de l’Est vers l’Ouest. Le contraire n’est que l’exception. Ce sont je crois, ces mĂȘmes Azdjer ou Ajjer qui, pourchasses dans leur pays par les Romains et Byzantins, s’enfoncĂšrent dans le Soudan oĂč ils sont, connus sous le nom d’Azer D'aprĂšs M. De la fosse, c’est Ă  eux qu’est du le peuplement tics villes d’Oualcita, Tichit, Chingueti, Nema, Araouan, Taou denni. Ils sont devenus noirs et on les classe comme Soninkes. Un auteur arabe, Sadi, qui transcrit leur nom Azger semble les considĂ©rer comme des BerbĂšres venus du Nord-est. Je reconnais dans les Azdjer des Ă©migrĂ©s du Caucase ayant apportĂ© avec eux le nom de Yadjarie, rĂ©gion montagneuse qui se trouve a l’Est du port de Batoum et ou coule une riviĂšre d’Adjaris Tskhali. Dans la Perse antique le nom d’Azgares. Était portĂ©e par la caste royale des Pichdadiens, descendants des anciens monarques. Enfin pour en finir avec ce terme, il existe en Espagne, dans la vallĂ©e de l’Ebre, une ville Je pense que ce nom a Ă©tĂ© apportĂ© la par les envahisseurs musulmans. Mais je n’en rĂ©pondrais pas, car certains noms français comme Azerat, Azereix, etc, offrent encore matiĂšre Ă  doute. C’est toujours cette mĂȘme dualitĂ© des lignes d’invasion de l’Est Ă  l’Ouest qui obscurcit ces questions. 10— AZTLANTECAS Le nom d’Aztlantecas est synonyme au Mexique de celui des cĂ©lĂšbres on les nommait ainsi parce qu’ils Ă©taient originaires du pays d’Aztlan. Si je le mets en tĂȘte de ce paragraphe c’est parce que c’est lui qui se rapproche le plus des mots Atlantes-, Atlas, Atlantide. Je rattache Ă  cette mĂȘme racine ATL de nombreux vocables qui la renferment et qui dĂ©signent des tribus trĂšs diverses ; elle y est tantĂŽt prĂ©fixĂ©e, tantĂŽt incorpore on suffixĂ©e, parfois complĂštement altĂ©rĂ©e mais nĂ©anmoins suffisamment reconnaissable pour qu’on puisse convenir que les indiens d’AmĂ©rique l’ont volontairement fait entrer dans leurs noms. En voici la liste par ordre alphabĂ©tique. Alatecas du Nicaragua. Atalalas ou Atalas de l'Argentine, nomades de langue Guaykuru. Atlacachimecas, du Mexique central. Colotlanes, du Mexique Jalisco. Cuitlahuacas du Mexique, branche des AztĂšques. Guitlatecos ou Cuitlatecas ou Huitlateeos du Mexique. Cuscatecos ou Guscatlecas de San Salvador. Dagalantes tribu Guaranie de l'Argentine. J’attire l'attention du lecteur sur le prĂ©fixe Dag que l’on trouve couramment chez les Touareg ou il est synonyme de fils de non seulement dans des mots vĂ©ritablement eponymiques, mais aussi dans des dĂ©signations qui sont peut-ĂȘtre des reliquats tolemiques ou des surnoms, comme par exemple Dag Ouan Talieli mot Ă  mot les enfants ceux du roseau massette ». On remarquera aussi que le T median de la racine a disparu, ce qui se reproduit chez d’autres peuples. Huytlapatanecas ou Toltecas ou Tullanos, nation cĂ©lĂšbre du Mexique. Matlatzinga ou Matalcingos- du Mexique Tarascos. Nahuatlacas ou Nahualtecas ou Nahuatlaques ou Nahuales, Naliuas, Nahoas des États-Unis, du Mexique et du Guatemala, qui seraient descendants des Shosbones des États-Unis, suivant certains auteurs. 1 Tlaxcaltecas du Mexique et de>*an Salvador. Utlatecas, Mayas du Guatemala d’origine tolteque. Watlalas des États-Unis du Nord Rio Colombia. WuatlaĂźas, fraction de Chiuook des États-Unis du Nord. Xicantlas, Apaches du Nouveau-Mexique. Au Mexique la racine ATL entre dans la composition d’une foule de noms de toute espĂšce. Prise isolĂ©ment elle signifie eau ». Il n’est pas douteux que ce phonĂšme si rarement employĂ© dans le langage des autres peuples et si dur a prononcer est en relation avec le nom de l’Atlas. Je ne serais pas surpris que l’ethnique, Nahoas ou Naltuas qui s’est ainsi transformĂ©, sous l’influence de la phonĂ©tique apportĂ©e par les Atlantes, reprĂ©sente le nom patronymique des Noachides, les descendants de NoĂ© ou Noah, qu’on ne retrouve pas ailleurs sous sa forme primitive, transporte en AmĂ©rique par des essaims venus de l’Ouest, mais je ne puis donner cette indication que comme une simple hypothĂšse. On sait qu’en Afrique le terme Atlas avait aux temps anciens le sens qu’il a encore pour les gĂ©ographes modernes. La population berbĂšre actuelle l’ignore complĂštement. Il a Ă©tĂ© transformĂ© en Adrar qui a pris le sens gĂ©nĂ©ral de montagne et l’Atlas proprement dit s’appelle Deren ou Divin. D'on venait ce mot Atlas ? HĂ©rodote nous l’apprend IV. 49 dans sa description du Danube. Ce fleuve avait comme principaux affluents, descendant du Mont Hoeraus Balkans et se jetant dans la partie inferieure de son cours, l’Atlas, l’aurĂšs et le Tibisis. Voila le seul enseignement positif que nous ayons. Le reste n’est que fable, souvent charmante, mais absurde, incohĂ©rente et contradictoire. La mythologie grecque ne peut que nous Ă©garer. Pourquoi a-t-on si gĂ©nĂ©ralement escamote cette donnĂ©e essentielle? Le vieil HĂ©rodote nous dirait c je le sais, mais je ne veux pas le dire et il convient de faire comme lui cependant cette premiĂšre notion est encore confirmĂ©e par l’existence de deux iles grecques appelĂ©es Atlanta, l’une dans le golfe d’EubĂ©e, l’autre dans le golfe Saronique a l’entrĂ©e du dĂ©troit de Salamine. Elles s’appellent maintenant Talantonisi. Il y avait de plus un peuple de Taulantiens au Nord de la GrĂšce en Illyrie. En recherchant dans les rĂ©gions situĂ©es plus au Nord les noms qui s’apparentent Ă  celui d’Atlas on dĂ©couvre entre l’Obi et l’Ienissei une riviĂšre Atloen Pallas IL 114 ; elle est sur la route qui mĂšne de la Lena, point de dĂ©part des Avaro-Andiens aux plaines de l’Europe orientale. Ailleurs le nom dĂ©sert sale de Lycaonie au Sud-ouest d’Angora et celui d'Atlit, localitĂ© de la cote phĂ©nicienne un peu au Sud de Jaffa peuvent jalonner une des routes de migration des Touraniens vers l’Afrique. Le nom d’une ile norvĂ©gienne au Nord de Stavanger, Alleo, nous donne un renseignement du mĂȘme genre. Tout cela ne prĂ©sente aucune importance pour la recherche qui m’occupe. On pourrait aussi se demander si le nom d’Atlas n’est pas une altĂ©ration par mĂ©tathĂšse de celui des cĂ©lĂšbres monts AltaĂŻ, mais cette hypothĂšse est Ă©galement de peu d’intĂ©rĂȘt. Les plaines qui forment la bordure mĂ©ridionale du bas Danube Ister, Ă©taient encore du temps d’HĂ©rodote occupĂ©es par les GĂštes, prĂ©dĂ©cesseurs et peut-ĂȘtre ancĂȘtres des Thraces qui en furent un dĂ©membrement. C’est de la qu’ils partirent pour Ă©migrer en Afrique Ă  une Ă©poque et dans des circonstances inconnues pour y former le peuple des GĂ©tules fils des Geles. Le suffixe Ul oui est touranien et signifie fils. Il est donc vraisemblable que dans leur exode ils Ă©taient mĂ©langĂ©s Ă  des Touraniens, car ils venaient personnellement de l’Inde oĂč il existe encore des Djats dans les vallĂ©es des tributaires de l’Indus. Ces touraniens Ă©taient sans doute, on va le voir des Avaro-Andiens. Avec eux ils transportĂšrent en Afrique le nom des vallĂ©es qu’ils habitaient. Le nom de Yister est devenu sous la forme Itzer le nom berbĂšre gĂ©nĂ©rique de tous les cours d’eau de la Kabylie ; beaucoup de riviĂšres algĂ©riennes portent aussi le nom d’Isser. AurĂšs est maintenant encore le nom d’un important massif montagneux. Les riviĂšres qui le traversent ont pris des noms arabes, de sorte qu’on ignore quelle Ă©tait celle qui lui a autrefois donnĂ© son nom suivant l’usage primitif des BerbĂšres, conserve encore chez les Touareg. On sait qu’une riviĂšre, sa vallĂ©e et les montagnes qui la bordent portent ensemble le mĂȘme nom, quitte Ă  en changer Ă  chaque detour. Le Tibisis des anciens ne se retrouve pas dans la toponymie actuelle, mais ce devait ĂȘtre le Bou Sellam, principal affluent de l’Oued Sahel, car il y avait Ă  sa tĂȘte un Castellum Thibuzabelum P. Message Afrique ChrĂ©tienne 330. Quant au nom de Vallas, Ă  part ce que nous en savons par les anciens, rien ne rappelle plus son nom en Berberie, sauf les quelques vocables que voici. Il y a dans la commune de Berrouaghia d’aprĂšs Bertholon et Chantre des BĂ©ni Atlili. Il existe dans celle de Takitount une fraction de Allai-AĂŻssa et a Djidjelli des Mellelia. Il y a en outre deux localitĂ©s de Metlili dont une oasis importante au Sud du Mzab, un Djebel Metlili au Nord de Biskra. Tlemcen doit-ĂȘtre aussi rapproche de ces vocables. Enfin au Cameroun existe un Mont Allantilca, dans le nom duquel la phonĂ©tique nĂšgre a remplace le T, dur a prononcer, par un redoublement du L. Au Maroc il est possible que ce nom se soit conservĂ© dans quelques fractions BerbĂšres. C’est ainsi que chez les seuls Guelaya du Rif, voisins de Melilla, on trouve des Aid Talavtil, des At-Tlaten, des Aid. Tlata et des Ahl Ectlat. Il semble, d’aprĂšs cet exemple, que depuis la conquĂȘte arabe, les vestiges de ce nom ont pu s’évanouir sous des Ă  peu prĂšs arabes roulant sur le mot Tleta» le mercredi, troisiĂšme jour de la semaine, qui sert souvent pour designer le jour de marche d’une rĂ©gion. Dans le cas dont il s'agit le nom de Talantit empeche toute confusion M. Becerra. La rĂ©gion des Guelaya. BSG Oran III 1909. J’ai dit plus haut que le groupe de consonnes TL se trouve rarement dans les langues humaines. Les trois stations oĂč on peut le reconnaitre sont les suivantes 1° Caucase. Les dialectes avare, andi et dido parles dans le groupe avaro-andien se font remarquer par leur richesse en consonnes ; l’avare en possĂšde 43 ; et ils ont une prĂ©dilection marquĂ©e pour les consonnes gĂ©minĂ©es. D’aprĂšs les petits vocabulaires recueillis par Kloproth, le TL y est en trĂšs grand nombre. Dans le dialecte Andi le terme qui dĂ©signe l’eau est Hatlen » trĂšs rapprochĂ© de Atl » mexicain. Mitli signifie soleil en Andi et bĂ©lier en Dido et en Antsoukh. J’ai dĂ©jĂ  montre prĂ©cĂ©demment que les Avaro-andiens Ă©taient arrivĂ©s, au cours de leurs migrations a l’extrĂ©mitĂ© de la Mauritanie. C’est sans doute avec les GĂ©tules qu’ils y parvinrent et les anciens Atlantes n’étaient sans doute que les GĂ©tules Occidentaux. 2° Afrique australe. On trouve encore le mĂȘme groupe de lettres chez ces peuples de l’Afrique australe ou j’ai signale l’arrivĂ©e de migrations touraniennes. Chez les Betchuanas il y a des Batlatlis, des Matlatsa ; chez les Basoutos des Makatlas, des Bamosetlas, Bamatlares, Batlapis. Livingstone. Cette rĂ©gion a donc du recevoir des Avaro-andiens. 3° Mexique et AmĂ©rique centrale. La famille linguistique Uto-Aztek qui comprend les groupes Chochone, Pima-Sonora, Nahuatl. Langues du Monde. Rivet et quelques autres langues apparentĂ©es comme le Kuitlatak et le Maya prĂ©sentent les mĂȘmes particularitĂ©s. On doit donc admettre pour elles aussi une influence avaro-andienne et il s’agit de dĂ©terminer si elle leur est arrivĂ©e par le Nord de l’Asie ou par l’Afrique. Le cas n’est pas embarrassant car nous avons pour nous tirer de doute, les noms d’autres peuples que nous allons examiner a leur rang et qui dĂ©montrent d’une façon certaine que des BerbĂšres ont bien traversĂ© l’Atlantique Barcas, Guancbas, Huares etc en partant d’Afrique. La diffusion prodigieuse, Ă  l’Ouest de la mer des Antilles, du phonĂšme Atl parait plutĂŽt le fait d’une collectivitĂ© d’émigrants que d’un petit nombre d’individus. Il est entre en combinaison avec les ethniques les plus divers, a en outre envahi la toponymie et les langues de cette rĂ©gion et s’est mĂȘme rĂ©pandu fort loin vers le Nord et le Sud. Or on le recherche vainement en Asie Orientale tandis qu’on peut le suivre dans sa marche depuis les confins de l’Asie mineure jusqu’aux rives de l’OcĂ©an Atlantique. C’est du Caucase ou il s’est formĂ© dans les idiomes rauques du Daghestan qu’il a gagne l'occident. Les Atlantes des anciens l’ont porte en AmĂ©rique. On conçoit fort bien que certains savants aient cru pouvoir rechercher ces Atlantes en AmĂ©rique, la ou leur nom s’est maintenu si vivace, s’ils n'ont pas pris la prĂ©caution d’envisager l’ensemble des mouvements de peuplĂ©s qui se sont produits entre les diverses parties du monde. Voir Berlioux ; les Allantes, p. Pour ma part, je souscris Ă  certaines des propositions de Berlioux Oui, il y a eu un peuple d’Atlantes dans la rĂ©gion de l’Atlas marocain ! Oui, ces Atlantes sont allĂ©s en AmĂ©rique ! Mais lorsqu’il prĂ©tend en dĂ©duire que l’Atlantide n’a pas existĂ© et que la terre de ce nom n’est pas autre chose que l’Atlas, je ne puis plus partager son opinion. Nous ne savons rien de positif sur cette Atlantide, que le peu que nous apprennent les gĂ©ologues et les naturalistes ; il est possible que nous soyons mieux renseignĂ©s par la suite lorsque le fond des OcĂ©ans sera mieux connu. Tous les rĂ©cits fabuleux des mythologues et de Diodore doivent ĂȘtre rejetĂ©s, mais cela ne nous autorise pas davantage Ă  rejeter en bloc la prĂ©sence aux temps anciens d’une grande ile ou d’un archipel interposĂ©s entre le vieux monde et le nouveau. Que les Allantes aient pu se rendre en AmĂ©rique sans qu’il existe une Atlantide, le fait n’est pas douteux, mais il s’explique encore mieux dans toute sa plĂ©nitude, si elle a rĂ©ellement pu les aider en leur fournissant les escales nĂ©cessaires. Il n’est pas sans intĂ©rĂȘt de jeter un coup d’Ɠil rĂ©capitulatif sur les principaux Ă©lĂ©ments qui ont contribue Ă  former le cĂ©lĂšbre empire des AztĂšques et d'examiner quelle Ă©tait leur provenance. Il n'Ă©tait pas encore bien cohĂ©rent lorsque la conquĂȘte espagnole le dĂ©truisit, et ce fut prĂ©cisĂ©ment ce manque de cohĂ©sion qui accĂ©lĂ©ra sa perte. Peut-ĂȘtre que les Atlantes, c’est-a-dire les BerbĂšres, reprĂ©sentĂ©s par les conquĂ©rants AztĂšques, Aztlantecas seraient arrives a la longue Ă  fusionner ces tribus venues de tous cotes, mais on ne saurait l'affirmer, si on considĂšre qu’en Berberie, il n’a jamais pu se former un Ă©tat quelque peu homogĂšne et durable. Pour cet examen, je ne chercherai pas Ă  suivre l’ordre dans lequel Beuchat et les autres amĂ©ricanistes font arriver les divers peuplĂ©s du Mexique. Je commencerai cependant avec eux, par les Tullanos ou ToltĂšques. Leur point de dĂ©part Ă©tait la vallĂ©e de l’Obi, oĂč existe une riviĂšre ou celle de Tienissei, ou l’on trouve une Tola Voir chap. § Tulas. Ils avaient atteint un degrĂ© de civilisation avancĂ©e, sans doute a' la suite d’un contact prolonge avec des Ă©migrants BerbĂšres, a ce qu’il semble, d’aprĂšs les ruines qu’ils ont laissĂ©es au Mexique et au Yucatan. Leurs caractĂšres somatiques s’étaient aussi fortement modifies et ils Ă©taient de tout point fort supĂ©rieurs aux autres tribus venues des mĂȘmes rĂ©gions qu’eux et qui leur succĂ©dĂšrent. Je veux parler des ChichimĂšques, des Tarasques et Michoaques originaires de la vallĂ©e de l'Obi riviĂšre Chickiomak, Taras et Mich. Je dois Ă  ce propos modifier ce que j’ai dit prĂ©cĂ©demment des Tarasques, que j’ai classes parmi les Ă©migrants d’IbĂ©rie. Le fait que leur nom est synonyme de celui des Michoaques, implique, suivant toutes probabilitĂ©s, un cheminement par l’Occident, ou les deux peuples Ă©taient voisins, et une destinĂ©e commune. Cette homonymie mexicaine et europĂ©enne n'en est pas moins trĂšs remarquable, comme preuve de la conservation des ethniques touraniens. Elle montre aussi que Tarasque n’est pas un mot ibĂšre. Quant a l’ethnique Mich, il a pu ĂȘtre aussi transporte en IbĂ©rie par les migrations pĂ©lasgiennes, et je crois le retrouver dans la petite localitĂ© de Mijas, non loin de Malaga, mais il ne parait pas avoir eu l’extension des dĂ©rivĂ©s de Taras et je le nĂ©gligerai. Au Mexique, au contraire, ou il est venu du Nord-Ouest, on le retrouve dans les noms de Mixes ou Mijes des Mixtecos ou Mixtekes, ou Miztecos et des Mixcohuas comptes parmi les CliichimĂšques. De SibĂ©rie encore venaient les Utes et les Utah Oute de l’Obi, les OlmĂšques et les Totonaques Olma et Toutounga de l’Ienissei ies Tenochchas et les ZapatĂšques Tcliona et Zip a de la Lena. On ne saurait davantage avoir de doutes en ce qui concerne les Chalcas, dont les homonymes Khallchas constituent encore un grand rameau des des Mongols. Bien que l’étymologie de leur nom soit moins nette, les Goztatecas Kouza de l’Ienissei, les Cholultecas Chola, a l’Ouest des Monts Oural, les Colhuas, dont le nom est de formation Kouchite, semblent ĂȘtre venus des mĂȘmes rĂ©gions. Les Hopi ou Moxi au nom chinois, et les Otomi au nom japonais avaient une origine plus mĂ©ridionale. Les Pimas, nation plus sauvage que les prĂ©cĂ©dentes, dont un dĂ©membrement homonyme est parvenu chez les Mossi du Soudan devaient aussi venir de SibĂ©rie. Divers noms comme ceux des Chochones» s'ils ne viennent pas de la Tcliona Lena, des HuaxtĂšques, des Nahuatls restent obscurs. Il est d’ailleurs assez naturel que dans le nombre des appellations nouvelles aient Ă©tĂ© forgĂ©es. Pour les Ă©migrants de l’Ouest, on n’a plus les mĂȘmes facilites que pour les Touraniens. Il semble cependant que les noms des Guachichiles est une dĂ©formation de celui des Guanches des Canaries et que celui des Mazahuas est aussi d'origine berbĂšre Voyez chapitre les paragraphes consacrĂ©s a ces noms. En outre comme je l’ai fait remarquer le foisonnement de la syllabe ATL serait incomprĂ©hensible sans l'intervention d’une nation suffisamment nombreuse et puissante pour avoir pu l’introduire dans le pays oĂč elle arrivait. MĂȘme si le nom d’Aztlantecos et autres plus dĂ©formĂ©s ne l’indiquaient nettement, l’arrivĂ©e des BerbĂšres de l’Atlas dans le golfe du Mexique s’impose au raisonnement. Ils ont influe non seulement sur la formation des langues mexicaines, mais sur la formation des peuples et leur civilisation. Nous savons par exemple, que les Tlaxcaltecas avaient divinisĂ© un hĂ©ros Ă  la peau blanche et aux cheveux blonds .f. Genest. Histoire des peuplĂ©s Shoshones-AztĂšques p. Et c’étaient cependant, on doit le noter, une nation ennemie des AztĂšques proprement dits. Il reste d’ailleurs Ă  compter sur la possibilitĂ© des migrations europĂ©ennes dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© au chapitre III et qui dans la circonstance pourraient ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es par les Pipiles, si toutefois ceux-ci ne se trouvaient pas dans le mĂȘme cas que les Tarasques ce que je n’ai pu dĂ©celer jusqu’ici. Avant de passer a l’examen d’un autre nom, j’appelle l'attention du lecteur sur l’énumĂ©ration qui prĂ©cĂšde. De pareilles sĂ©ries sont pleinement rassurantes sur la rĂ©alitĂ© de la potamonomastique touranienne et sur les rĂ©sultats que l’on doit attendre de son Ă©tude, lorsqu’elle sera plus dĂ©veloppĂ©e, pour la recherche des migrations humaines. Le nom des Tarasques est des plus suggestifs Ă  ce dernier point de vue. Il est trĂšs fĂącheux que les inventions mythologiques grecques, les fantaisies gĂ©nĂ©alogiques SĂ©mites et l’égocentrisme europĂ©en, aient en bien des points obscurci les notions qu’elle nous apporte si gĂ©nĂ©reusement. Je rappelle enfin que la trace puissante qu’ont laissĂ© les Atlantes dans l'AmĂ©rique centrale et au Mexique ne peut guĂšre s’expliquer si quelque terre ne s’est pas trouvĂ©e la comme point d’appui. Il en est de mĂȘme pour les migrations europĂ©ennes dont j’ai relevĂ© les traces au chapitre 11 — BABURES Les Babures dont le nom se transcrit aussi Bobures, Boburios, Bubures sont une nation indienne du Venezuela. On peut y rattacher plusieurs autres noms plus ou moins corrompus comme ceux de Baifoiri du BrĂ©sil, des Paparos de Panama, Paireres du Venezuela, Pupuruis de la Guyane Française, et autres qui peuvent en ĂȘtre dĂ©rivĂ©s. Je rapproche de cet ethnique celui de Babor en AlgĂ©rie. Nous avons une grosse tribu de ce nom dans les montagnes de la petite Kabylie au nord de SĂ©tif dans la commune de Takitount. A cote d’elle mais dĂ©pendant de Djidjelli, sont les Tababort dont le nom est celui des Babor, berberisĂ© rĂ©guliĂšrement au fĂ©minin. On trouve encore des fractions de Tabbourt chez les Beni Ghobri de Fort-National et les Nezlioua de Dra-el-Mizan. Enfin j’ai vu les ruines d’un ancien village berbĂšre appelĂ© Babor, au sud de Khenchela, a l’entrĂ©e du Djebel Chechar qui est une annexe du massif de l’AurĂšs, Le PĂšre Mesnage transcrit ce nom Babar et pense qu’il s’agit de l’évĂȘchĂ© non identifie de Babra Afrique chrĂ©tienne 253 404. Dans l’Hindoustan il existe un village de Babor sur la rive gauche du iavi Ă  deux journĂ©es de Jurninoo et on y trouve les ruines encore imposantes de temples dĂ©diĂ©s Ă  Ganesa, le dieu Ă  tĂȘte d’élĂ©phant Baron Ernouf. Cachemire et petit Thibetbk. On est la dans le pays des Dogras qui sont representĂ©s en AlgĂ©rie par une fraction de ce nom appartenant aux Souadek de Conde Smendou, un peu au nord de Constantine. Il ne semble pas douteux pie l'ethnique Babor venu de l’Himalaya en Berberie, a passĂ© avec les BerbĂšres dans l’AmĂ©rique du Sud, et peut-ĂȘtre de la dans l’AmĂ©rique du Nord, car il y a au Mexique un pueblo habitĂ© par les Tepehuane Opata-Pima qui porte le nom de Baborigame Hodge. En raison des nombreuses relations qui ont existĂ© entre le Mexique et les contrĂ©es plus au sud, ce fait ne me semble pas en opposition avec ce qui prĂ©cĂšde. L’ethnique Babor me semble une altĂ©ration du nom mĂȘme des BerbĂšres dont l’origine indienne me parait assurĂ©e. J’ai dĂ©veloppĂ© ce dernier point ailleurs et il serait trop long d’y revenir ici. Je me contenterai donc de dire que je partage sur ce sujet, l’opinion du gĂ©ographe Ritter que les rĂ©centes dĂ©couvertes de l’ethnographie africaine viennent chaque jour renforcer. Les Origines orientales des BerbĂšres. B. S. G. A. II 1927. 12 — BAQUETIAS Aux Baquetias, tribu du Venezuela, je joins les Abacates et Abacatiares du BrĂ©sil et les Abacoas des iles Lucayes. Je les rapproche du nom de trois tribus africaines indiquĂ©es par PtolĂ©mĂ©e les BaguĂątes de MaurĂ©tanie, transcrits aussi Bacouates par d’autres auteurs, les Ouacouates ou Vacuates de la mĂȘme rĂ©gion et enfin les BnouĂątes de la tripolitaine. Il plaçait les premiers dans le Rif actuel et peut-ĂȘtre qu’il faut y voir les BokJcoya dont je vais m’occuper un peu plus loin voir Bucoyas. Les seconds Ă©taient un peu plus au Sud peut-ĂȘtre dans la rĂ©gion de ce poste de Boccanon qu’il indique et dont j’ignore l’identification actuelle. Quant aux troisiĂšmes ils se trouvaient d’aprĂšs lui entre les Nasamons et les Auschites. C’est un des rares noms donnĂ©s par PtolĂ©mĂ©e qui concordent en quelques points avec les donnĂ©es des auteurs arabes et des nomenclatures modernes ; il mĂ©rite donc d’ĂȘtre note avec soin. En mĂȘme temps ce fait nous apporte un nouveau tĂ©moignage du glissement des tribus BerbĂšres vers l’Ouest, car les derniers ont disparu de Tripolitaide sans laisser de traces. Enfin il y avait des Vaccoei dans l’Espagne Tarraconnaise. Mais le nom de ces derniers se rapproche moins bien de celui des indiens d’AmĂ©rique que ceux que nous a laissĂ©s PtolĂ©mĂ©e. Quoiqu’il en soit la concordance des ethniques Baquetias et Bacouates n’est pas douteuse. On remarquera a ce propos qu’une grande quantitĂ© de noms BerbĂšres qui nous frappent en AmĂ©rique se trouvent groupĂ©s au Venezuela qui est prĂ©cisĂ©ment la rĂ©gion ou ont du normalement aborder les BerbĂšres jetĂ©s en AmĂ©rique. 13 — BARCAS J’arrive Ă  une tribu tout particuliĂšrement intĂ©ressante, car on peut suivre les traces qu'elle a laissĂ©es sur sa route depuis l’embouchure de l’Indus jusqu’à l’OcĂ©an Atlantique. Les Barcas sont, d’aprĂšs M. Gabriel Vergara Martin, une tribu nombreuse habitant sur le rio Branco et mĂȘme sur le rio Negro dans la Guyane brĂ©silienne. Je dois dire que je ne trouve pas leur nom dans la nomenclature dressĂ©e par M. Rivet dans les Langues du Monde, de sorte qu’ils ont, je le suppose, des synonymes que j’ignore et que ne donne pas l’auteur que je suis, contrairement a son habitude. Sur l’Indus, les anciens nous signalent, en face du delta du fleuve, une ile de BarakĂ© PtolĂ©mĂ©e et dans le delta mĂȘme une ville du mĂȘme nom. Justin. Cette derniĂšre est encore indiquĂ©e par Pottinger sous le nom de Berça. Sur la cote de Malabar, on trouve actuellement trois localitĂ©s dĂ©nommĂ©es Borcalore, Barcelore et Baccalore Rennell. Le suffixe lore est trĂšs frĂ©quent dans les villes de cette rĂ©gion. Dans l’ile de Trapobane existait un fleuve BarakĂšs PtolĂ©mĂ©e. La localisation de toutes ces appellations semble indiquer un apport kouchite. La station suivante ou je retrouve une ville de Barka est sur la rive mĂ©ridionale de la mer d’Oman un peu au de Mascate. J’attire l’attention du lecteur sur ce fait qu’elle est situĂ©e dans la rĂ©gion ou s’est formĂ©e la race PhĂ©nicienne et oĂč existent plusieurs localitĂ©s portant le mĂȘme nom de Sour Tyr que les PhĂ©niciens ont transporte sur les rives asiatique et africaine de la MĂ©diterranĂ©e. Il est clair que si ce nom de Barca Ă©tait dĂ» Ă  une fantaisie des conquĂ©rants espagnols ou portugais, tout ce paragraphe serait sans utilitĂ©. De la comme la plupart des autres peuples qui passĂšrent dans ces parages, les Barca essaimĂšrent dans diffĂ©rentes directions. Il y a chez les Rohalla d’Arabie un ksar Barca. Il existait des Barcaniens en Hyrcanie Lydie ; un mont Barkhal sĂ©parait l'ArmĂ©nie de la Mer Noire ; en Medie il y avait une ville de BarcuĂȘ. Plus loin dans la direction de l’Europe nous ne retrouvons qu’une ville de Berka en Thuringe ; tout au moins l’ethnique a-t-il Ă©tĂ© transforme de telle sorte qu’il n’est plus reconnaissable Vercelli, Verceil etc. Sur la rive mĂ©ridionale de la mer Rouge il existe un pays de Barka ou Baraka arrosĂ© par un fleuve du mĂȘme nom dont l’embouchure est un peu au sud de Souakim. Sur cette mĂȘme cote un village de la Somalie italienne plus au Sud-est, dans la tribu des Disso se nommĂ© BarcadlĂ©. La cataracte du Nil est dominĂ©e par un Djebel Barkal qui se trouve justement sur la route qui mĂšne du pays de Barka a la CyrĂ©naĂŻque. Enfin a l’embouchure du Nil la ville de PtolĂ©maĂŻs avait portĂ© autrefois le nom de BarcĂ©. Nous arrivons enfin a la ville de Barca en CyrĂ©naĂŻque qui a rendu ce nom cĂ©lĂšbre. En suivant cet ethnique nous saisissons bien nettement l’itinĂ©raire qu’ont pu suivre, avec les BarcĂ©ens, toutes les autres tribus qui se sont rendues de l’Inde en Afrique. Il n’est donc pas nĂ©cessaire d’invoquer l’existence de la Lemurie ou d’une terre quelconque qui aurait servi de pont entre ces deux rĂ©gions. Cela ne veut pas dire qu’elle n’ait pas existĂ©; je dois mĂȘme dire qu’il y a bien des raisons d’y croire, mais les dĂ©troits d’Ormuz et de Bab-el-Mandeb, mĂȘme s’ils n'ont pas Ă©tĂ© a certaines pĂ©riodes exondes, sont faciles Ă  franchir, fut ce par des primitifs ou des navigateurs timorĂ©s. C’est je crois HĂ©rodote qui a le premier signale Barca en Tripolitaine. Il attribuait sa crĂ©ation aux Battiades de CyrĂšne c’est-a-dire a des Grecs qui s’y serait Ă©tablis au sixiĂšme siĂšcle avant notre Ăšre. Oric Bates a fait remarquer avec raison que ce nom n’est pas grec et que par consĂ©quent il existait dĂ©jĂ  antĂ©rieurement une localitĂ© de ce nom, sur l’emplacement que ces grecs choisirent pour s’y installer. De Barca dĂ©pendait une autre ville voisine de la CyrĂ©naĂŻque, Tocheira HĂ©rodote IV. 171. Le nom de cette localitĂ© venait aussi de l’Inde il existe une ville de Tukeira au nord de Laknow Rennell Nous retrouverons aussi ce nom en AmĂ©rique chez les Indiens de l’Equateur ou une tribu porte le nom de Tuquerres. Elle appartient a la confĂ©dĂ©ration des Quillacingos ou Quillas. Ce dernier mot signifie parait-il lune » en langue Quichua. Barca n’était-elle pas une colonie phĂ©nicienne ancienne ? Nous en avons deux indices d’abord le fait que j’ai signalĂ© plus haut Ă  propos de son homonyme de la cote d’Oman ; puis l'existence de la cĂ©lĂšbre famille des Barca de Carthage qui tirait son origine de lĂ . Elle Ă©tait sidonienne et descendait du roi de Tyr Belus. Silius Italicus L’histoire nous apprend que les Barca transportĂšrent eu Espagne le nom qu’ils portaient en le donnant Ă  la cĂ©lĂšbre ville de Barcalo ou Barcino devenue la Barcelone moderne. De cette derniĂšre ils tirent leur nom trĂšs vraisemblablement Barcellos vieille ville portugaise sur le Cavado, Barca d’Alva sur le Douro et toutes les Barcelone et Barcelonnette de France. Des colonies de Barca la CyrĂ©nĂ©enne je passerai sous silence la ville de Bactriane qui s’appelait Barce et qui fut fondĂ©e par des BarcĂ©ens dĂ©portĂ©s par les Perses, vers 414 avant notre Ăšre, aprĂšs un siĂšge de neuf mois qui avait fait tomber la ville africaine entre leurs mains. Mais il y en a d’autres, vers l’Ouest, qui m’intĂ©ressent davantage bien que nous soyons moins fixĂ©s sur les circonstances de leur crĂ©ation. Dans les montagnes des Ouderna tunisiens un peu Ă  l’est de Douirat, existe un ksar des BĂ©ni Barka qui dĂ©pend du caĂŻdat il a des reprĂ©sentants Ă©parpillĂ©s un peu partout dans les tribus du nord de la Tunisie ou ils forment des fractions portant le nom de leur village natal. AuprĂšs de la ville de Ghat est une petite oasis de Barakat habitĂ©e par des Touareg cultivateurs et sĂ©dentarisĂ©s, les Kel Barakat. Cela veut-il dire que le sang des Barceens de l’antiquitĂ© soit entre dans la composition de la race targuie ? C’est fort possible mais rien n’établit d’une maniĂšre positive cet apport qui dut de toute maniĂšre, ĂȘtre assez minime. Notre ethnique se retrouve encore dans les Barkat ou Berkat de la commune de l’Oued Marsa, et dans les Barkata de Palestro, sans compter d’autres noms ou il est plus altĂ©rĂ© et que je laisserai de cote. Dans l’extrĂȘme Sud, il y a au Touat, prĂšs de Deldoun, un Ksar Barca qui nous indique sans doute la direction suivie par les Ă©migrants qui créÚrent un autre Ksar Barka dans la rĂ©gion du Tagant en Mauritanie SĂ©nĂ©galienne. Les ruines de ce Ksar mauritanien prĂ©sentent d’aprĂšs Desplagnes Le plateau central nigĂ©rien fig. 229 l’aspect des ruines BerbĂšres que Ton trouve sur l’oued Itel, ancien sĂ©jour des GĂ©tules. Elles prĂ©sentent cette particularitĂ© que les coins des bĂątiments construits en pierres sĂšches soigneusement ajustĂ©es sont arrondis, sans doute pour empĂȘcher leur destruction trop facile par des bĂ©liers cognant sur des angles plus facilement altĂ©rables. Je suis portĂ© Ă  croire que ces deux derniers Ksour datent des premiĂšres invasions arabes et de l’abandon de Barca la cyrĂ©nĂ©enne par ses habitants. Les auteurs arabes, El Bekri en particulier, nous apprennent en effet que ces gens, qu’ils dĂ©signent sous le nom de Barcadjenna, s’enfuirent en partie dans les rĂ©gions de TĂ©nĂšs et de Tiaret, ou leur nom et mĂȘme leur souvenir ont disparu entiĂšrement, et en partie dans la rĂ©gion d’Aoudaghost ou se trouve prĂ©cisĂ©ment le dernier Ksar que j’ai mentionnĂ©. Enfin pour terminer je rappellerai que Polybe place sur la cote de l’Atlantique un mont Barca qui se terminait par un promontoire nommĂ© Surrentium. Il se trouvait au nord du fleuve Palsus, limite septentrionale des Ethiopiens Perorses. Cette vague indication n’est corroborĂ©e par aucun autre auteur. J’en veux d’ailleurs retenir ce seul fait que le nom de Barca Ă©tait allĂ© jusqu’à l’Ouest du Maroc. Il y avait peut-ĂȘtre eu la une colonie phĂ©nicienne de ce nom sur le bord de l’OcĂ©an Atlantique. A quelle Ă©poque l’a-t-il franchi ? Est-ce seulement aprĂšs l’arrivĂ©e des musulmans ? Ou faut-il plutĂŽt croire que c'Ă©tait longtemps avant, en mĂȘme temps que les reprĂ©sentants des autres tribus BerbĂšres Ă  l’époque pharaonique ou mĂȘme avant. Dans l’incertitude et en raison du manque de tout indice probant il vaut mieux s’abstenir. J’ajouterai enfin que le vocable Barca a diverses significations qu’il est bon de connaitre. En langue arabe il veut dire assez » et son emploi est frĂ©quent dans l’usage courant. C’est en outre un nom propre porte spĂ©cialement par les nĂšgres. En Espagnol barca signifie barque». L’importance de l’ethnique Barca est extrĂȘme, s’il est bien Ă©tabli qu’en AmĂ©rique ce n’est pas un sobriquet d’origine portugaise. Comme il est Ă©troitement rattachĂ© en Berberie aux origines phĂ©niciennes, il en rĂ©sulterait que les PhĂ©niciens auraient bien rĂ©ellement atterri en AmĂ©rique d’une maniĂšre ou d’une autre, comme l’affirment bien des auteurs qui paraissaient avoir exagĂ©rĂ© dans ce sens, sans avoir beaucoup de preuves a l’appui d’une hypothĂšse trĂšs vraisemblable en elle-mĂȘme 14 — BAVARIDAS Les Bavaridas ou Vavaridas habitent au Venezuela. Je les ai dĂ©jĂ  mentionnĂ©s a propos des Antis en faisant remarquer que leur nom correspondait Ă  celui des Bawalales qui font partie des Avaro-Andiens du Caucase. 1 Onfroy de Thoron Les PhĂ©niciens Ă  Vile d'HaĂŻti et sur le Continent amĂ©ricain. Les vaisseaux d ’Hiram et de Salomon au Fleuve des Amazones. Ophir, Tarschich et ParvaĂŻm. Je ne connais pas ce livre. De Paravay. Origine japonaise, arabe et basque des peuplĂ©s chibeha du Plateau de Bogota p. → et Voir aussi dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie d’Alger 1899, 1901, 1909, diverses communications de M. Calleja a ce sujet. Nous ne trouvons pas trace en Berberie de ces BaĂŻualales, mais nous savons qu’il y eut des Bavares. Leur existence nous est certifiĂ©e par une inscription trouvĂ©e a Aumale et ou ils figurent. Ils faisaient partie de ces mystĂ©rieux Quinquegentiens qui ont apparu subitement dans l’histoire et ont disparu de mĂȘme. C'est contre eux que combattit le comte Theodose au IIIe siĂšcle, Ammien Marcellin XXIX, chap. Mais il se pose ici une question embarrassante. Ce nom de Bavares ou Baouares n’est-il pas une altĂ©ration du nom des Babor modernes, qui existent encore maintenait dans cette mĂȘme rĂ©gion, et que j'ai signalĂ©s un peu plus haut ? Ou bien est-ce une modification du nom des Avares, dĂ©formation phonĂ©tique ou mauvaise lecture. Dans Ammien Marcellin, on trouve Ă©numĂ©rĂ©s cote a cote des Baouares et des Bavares. Si on tient compte d’abord de la rĂ©pĂ©tition exacte de ce nom de Babor dans l’Inde, en divers points de la Berberie et en AmĂ©rique, voir § Babures, puis de ce fait que le nom des Avares en Berberie s’est transformĂ© habituellement soit en Abares soit en on sera porte Ă  admettre la premiĂšre solution, et des lors les identifications proposĂ©es, soit pour le nom d'Avares soit pour celui des section des Andi caucasiens n’existent plus. Les noms europĂ©ens BaviĂšre, autres dĂ©rivĂ©s du mot Avare doivent ĂȘtre mis de cĂŽtĂ©, Ă©tant semble-t-il apparus a une date beaucoup plus rĂ©cente. Quoiqu’il en soit de la version que l’on adoptera, le point essentiel, qui est l’origine berbĂšre de ces noms de Bavares, Bavaridas ne parait guĂšre douteux. 15 — BEGUAS Les Beguas ou Beguaes sont une tribu du Paraguay Ă  laquelle j’associe les Bugas. Les Peguas, les Bejoleas de Colombie, les Bagures de la Nouvelle Grenade, les Mbeguas de l’Argentine etc. Cet ethnique moins facile a suivre que beaucoup d’autres me parait ĂȘtre le mĂȘme que celui qui a fourni le nom des Bedja de Nubie, de la ville de BĂ©ja en Tunisie, de Bougie en AlgĂ©rie. Mais pour plus de suretĂ© je vais le prendre plus loin. Il y eut dans l’Inde aux temps vĂ©diques, des tribus de Bliodja, Bhotya ou Bhoda dans le nord de l'Inde ; c’étaient sans doute des Thibetains car le nom propre du Thibet est Bod. Il n’en reste plus Ă  l’heure qu’il est, d’aprĂšs Vivien de Saint Martin, Études sur la GĂ©ographie et les populations primidu nord Ouest de l'Inde, p. → et suiv. qu’une tribu du nord du Bengale les BĂšdes, qui habitent au pied des montagnes de Sikim vers les lieux ou les Ă©popĂ©es indiennes nous montraient des Bhodha Ce peuple Ă©tait regardĂ© comme anaryen, et son nom avait la signification de barbare. D’autres noms de tribus du nord de l’Inde reproduisent a le mĂȘme radical avec de lĂ©gĂšres modifications dans la prononciation vulgaire tels sont les BhĂąts ou BatĂąrs de l’Himalaya nĂ©palais, les Bhatu du Pendjab et de l’Indus inferieur et surement d’autres encore. Toutes ces tribus du nord et du nord ouest, appartiennent aux populations de race thibetaine ou djafce et une partie d’entre elles occupe prĂ©cisĂ©ment le territoire qu'HĂ©rodote, d’aprĂšs ses informations d’origine perse assigne Ă  ses sauvages Padeens Padaioi Ă  l’est du Tharr ou desert. Les chroniques rajoutĂ©es et les anciens auteurs musulmans connaissent les Boudeki ou Bodha, la mĂȘme ou HĂ©rodote place ses Padeens, et ou les documents actuels mettent les Bhatti ou Batti. Les prononciations provinciales ou les transcriptions Ă©trangĂšres varient Ă  l’infini les noms de peuples ou de tribus ; mais a travers ces variations, le thĂšme primitif reste toujours reconnaissable. En suivant Ă  la piste notre ethnique, nous trouvons d’abord dans diverses parties de l’Inde des noms de localitĂ©s comme Bajapour, Bajetpour, Beddapollam, Beddigan, Biddanore etc., puis en Arabie Ă  la partie de l’Hadramaout une ville de Beda parfois transcrite Ă  tort El Beida la blanche. Une autre ville de Bedaa se trouve en outre sur la cote mĂ©ridionale du golfe Persique. C’est donc aussi par le dĂ©troit d'Ormuz qu’ont passĂ© les peuples porteurs de cet ethnique important. Au Caucase une ville ruinĂ©e d’Abkhazie Bedia et les nations des Bedjouks de la mĂȘme rĂ©gion et des Boudoughs du Daghestan semblent indiquer le passage d’un essaim de ce peuple dont relĂšvent peut-ĂȘtre aussi certains noms français tels que Beddes, BedĂ©e, Beganne, BĂšgues, Beguey, Beguios. Je donne sous toutes rĂ©serves ces rapprochements qui mĂ©riteraient un examen minutieux et je retourne en Afrique. Le peuple des Bedjas ou Bejas que j’ai dĂ©jĂ  nommĂ© est actuellement confine sur la rive orientale du Nil, mais il parait avoir eu autrefois une bien plus grande extension puisqu’on leur appliquait le nom de qui semble appartenir en propre aux peuples de la rĂ©gion de Bilma, au sud ouest de Tibesti. Une des principales tribus des Bedjas est celle des Bichari dans le nom desquels certains auteurs voient une altĂ©ration de l’ethnique gĂ©nĂ©ral de cette nation. Ce sont des nomades aux traits fins, aux formes Ă©lĂ©gantes, mais assez noirs de teint. Ils portent pour toute coiffure, une abondante chevelure Ă©bouriffĂ©e qui se retrouve sous la mĂȘme latitude jusqu’à l’Atlantique sauf chez les Touareg voiles et qui me parait un signe de race trĂšs caractĂ©ristique. Vers l’Occident, ce peuple parait s’ĂȘtre sĂ©dentarisĂ© et modifie sur le littoral ; je trouve en Tunisie la ville de BĂ©ja Vaga prĂ©cĂ©demment indiquĂ©e et un Ouadi Badja. Dans la banlieue de Tunis il y a une Badja el dans la rĂ©gion de Teboursouk une localitĂ© de Bejar ou Bedjar Vazari des Romains. Beaucoup d’autres noms tunisiens sont formes sur le mĂȘme thĂšme. En AlgĂ©rie outre la ville bien connue de Bougie Saldoe des Romains. BejaĂŻa des Arabes nous rencontrons au nord de l’AurĂšs les ruines d’une ville ancienne de BaghaĂŻ ou Bagai qui a jouĂ© un certain rĂŽle dans l’histoire de cette rĂ©gion. La table de Peutinger, nous indique au sud ouest de Tripoli des Bagi Getuli peu connus, qui tiraient peut-ĂȘtre leur nom de cette localitĂ©. A l’heure actuelle nous trouvons des BaghaĂŻ chez les Harakta, des Beghagcha et des BeghaĂŻdia dans la commune de Gassaigne, des Beghadid a Ammi-Moussa, Zemmora et Renault des Beghaoun Ă  Nedroma, des BegaĂŻria Ă  Frenda, des Begagaid a Saida, des Bedjeir a Mila. Peut-ĂȘtre les noms de Bogluir et Bourar l’endroit de la grotte masquent-ils sous un calembour arabe, une autre variation de cet ethnique. Citons encore dans les tribus arabes ou arabisĂ©es des fractions dont le nom, soi-disant eponymique, ressortit peut-ĂȘtre Ă  notre ethnique Oulad Beda des Oulad Abdi de l’AurĂšs, Oulad Bedda de l’Oued Cherf, Oulad Bedjirci de Msila, Oulad Baha de Tablat, Renault, Aine Mlila etc. Au Maroc cet ethnique a du passer, bien qu’il n’en reste pas trace, car il existe dans le sud du Portugal une ville de BejĂą, et en Espagne, a l’ouest de Madrid, une ville de BĂ©jar, noms apportes sans aucun doute par des BerbĂšres. La transformation du D en DJ. J. G., suivant la phonĂ©tique des peuplĂ©s, variant au cours des Ăąges et des localitĂ©s, enlĂšve quelque nettetĂ© a l’identification des Beguas amĂ©ricains avec les Bedjas nubiens et autres peuplĂ©s africains. Il semble nĂ©anmoins qu’elle ne saurait ĂȘtre repoussĂ©e. D’autres noms ethniques tels que ceux des Bottes en CyrĂ©naĂŻque et des Bokkoya du Maroc paraissent d’ailleurs pouvoir ĂȘtre rattachĂ© a la mĂȘme racine, mais comme les transformations subies par elles ont Ă©tĂ© franchement divergentes, je vais les traiter a part. 16 — BOTOS Les Botos ou Votos du Nicaragua sont aussi appelĂ©s Indiens de Pocosol. D’autres noms voisins peuvent y ĂȘtre rattachĂ©s comme ceux des Betoyes et Betas de Colombie, Betajes du Paraguay, Betomas du Venezuela. Il y avait en Berberie des BotouĂŻci qui Ă©taient soit, des Darica de la branche des Zenata, soit des Sanhadja, d’aprĂšs les gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres et arabes. En outre les auteurs anciens nous ont appris qu'il y avait des Bottes en CyrĂ©naĂŻque. On sait qu’ils rattachaient ce nom a celui du Thereen Battus fondateur de la dynastie des Battes ou Bottes qui rĂ©gna longtemps a CyrĂšne. Ce sont les rĂ©cits mythologiques et fabuleux, auxquels on n’attachera pas trop d’importance, si l’on considĂšre qu’il y avait aussi des Bottes ou BottiĂ©es en MacĂ©doine et en CrĂȘte. En somme cet ethnique me parait se rattacher au nom de Bod c’est-a-dire du Thibet comme je viens de le dire pour le prĂ©cĂ©dent. PtolĂ©mĂ©e connaissait des Batoi dans l’Inde et une ville de Bata dans le Dekkan un peu au nord est de Madura ; dans la rĂ©gion du Gange il y avait encore une ville de Batanagra. Dans l’Inde moderne cet ethnique s’est conserve et Rennell y indique des Batacola, BĂąti, Betah, Betty ah, Butty. Il s’est rĂ©pandu plus Ă  l’Est car il y a des Battas en Malaisie. Dans la Berberie on trouve actuellement encore des Bettioua ou Bethioua a Arzew, a Renault et a Cacherou ; des Botouia a Attia Philippeville ; des Batti a Medea ; des Batoum a Clauzel ; des Batoun a la Calle ; des Batha a la Sefla et a Talcitount ; des Batat Lahmar a Bordj bou Arreridj ; au Maroc il y a des Beni-Batas a l’Oued Zem. La phonĂ©tique des Indiens de l’AmĂ©rique du Sud affectionnant tout particuliĂšrement la voyelle O, la transformation subie par cet ethnique n’a rien de surprenant, et ce que je dis du prĂ©cĂ©dent et surtout du suivant me parait donner une grande vraisemblance a son passage direct en AmĂ©rique. 17 — BUGOYAS Les Bucoyas ou Biminis Ă©taient les habitants de hile Bacoya du groupe des iles Bahama ou Lucayes. Ils Ă©taient remarquables comme plongeurs. Ce fut la premiĂšre population dĂ©couverte par Colomb et elle a complĂštement disparu. On peut rattacher Ă  ce nom ceux des Bacaraes de Colombie, des Bocaos de l’Argentine, des Boyacas de Colombie, des Boccas du BrĂ©sil, Bucuyenos de la Guyane brĂ©silienne, Becahuas du PĂ©rou etc, qui en sont peut-ĂȘtre des dĂ©formations. Lors de la conquĂȘte espagnole, un des districts de Cuba portait le nom de Boyuca. Ce nom me parait trĂšs vraisemblablement ĂȘtre celui des Bokkoya du Maroc. Ce que j’ai dit des deux noms que je viens d’examiner prĂ©cĂ©demment me dispensera d’entrer dans de longs dĂ©tails Ă  ce sujet. Si nous cherchons d’ou venaient ces nous reconnaissons qu'ils figurent dans les auteurs arabes comme une branche des BerbĂšres du Maroc dont je viens de parler. Slane transcrit ce nom Bacouia, mais il serait trĂšs possible, que l’auteur arabe ait voulu l'Ă©crire tel qu’on le prononce actuellement Bokkoya. Il ne saurait d’ailleurs y avoir aucune erreur sur leur identification. C'Ă©taient des frĂšres des Beni Ouriaguel du Rif qui ont acquis une certaine notoriĂ©tĂ© par leur rĂ©sistance aux Espagnols. Les Bokkoya du Rif Ă©taient d’intrĂ©pides marins et des pirates. La dĂ©formation de l’ethnique BotouĂŻa en Bokkoya, parait ĂȘtre bien berbĂšre. M. G. Mercier dans une Ă©tude sur La Langue lybienne et la toponymie antique de l’Afrique rapproche leur nom de celui de la Bacchuiana gens tribu tunisienne de l’époque romaine qui vivait au sud de Medjez el Bah P. Mesnage 52 a l'emplacement actuel du Henchir bou Djelida. Mais il semble d’aprĂšs les gĂ©nĂ©alogistes arabes, trĂšs sujets a caution il est vrai, que ce nom aurait pris naissance au Maroc et s’y serait localise. C'est prĂ©cisĂ©ment ce qui rend trĂšs intĂ©ressant le fait qu’il se retrouve avec cette dĂ©formation spĂ©cifiquement marocaine, non loin des parages ou le courant Ă©quatorial pousse naturellement les bateaux venant de l’Est vers l’AmĂ©rique. 18 — BUYAZOS La tribu des Indiens Buyazos ou Buyasas habite le centre de la Cordillere du Mattogrosso au BrĂ©sil. Je les identifie aux Byzes des auteurs anciens qui donnĂšrent leur nom Ă  la province romaine appelĂ©e ByzacĂšne. Pour reprendre de plus haut l’itinĂ©raire suivi par eux je partirai de l’Inde. On sait que l'une des quatre castes fondamentales de l’Hindouisme est celle des Vaisya qui doit sans doute son appellation Ă  quelque nom de tribu ancienne du mĂȘme genre. PtolĂ©mĂ©e y signalait de son temps une ville de Vigyadurga transcrit par les Grecs Byzantium. D’autres survivances de cet ethnique figurent encore dans les nomenclatures de l’Inde Visiapour, Visapour, isagapatam, ishianary, Vizianayrcim, Vizicinagur Vizraby Rennell. Elles nous assurent de l’importance ancienne de cet ethnique. Il s’est rĂ©pandu non seulement en Afrique mais en Europe ce qui nous place encore dans la mĂȘme alternative que pour plusieurs autres noms prĂ©cĂ©demment examinĂ©s. Suivons d’abord la route du nord ; il y avait un peuple de ByzĂšres au voisinage de la Colchide, et une ville de Biz en IbĂ©rie. Notons encore Bisoutoun localitĂ© cĂ©lĂšbre par son inscription trilingue, les Bisaltes tribu ancienne de la MacĂ©doine orientale, les Bistones autre peuple de la mĂȘme rĂ©gion fixe sur les bords du Bistonis lacus golfe de la cote Thrace, Bizone, Bizya villes de Thrace et la plus cĂ©lĂšbre de toutes, Byzance notre Constantinople actuelle. FidĂšles a leur principe de descendance eponymique, les Grecs prĂ©tendaient qu'elle avait Ă©tĂ© fondĂ©e par un certain Byzas de Megare 667 ans avant notre Ăšre. C’est d'ailleurs trĂšs possible car les ethniques et les noms propres Ă©taient dans l’antiquitĂ©, surtout chez les Grecs, frĂ©quemment inter changĂ©s. Plus loin en France nous voyons Besançon Visontio BĂ©ziers et Bize prĂšs de Narbonne et des quantitĂ©s d’autres noms bĂątis sur le mĂȘme thĂšme et dont je ne vois pas d’étymologie spĂ©ciale dans les ouvrages de Longnon et de Dauzat, comme Besain, Beuzec, Bezandun, Bezolles, Bouze, BouziĂšs, Bouzy, Buzeins, Buziet, Buzy etc etc. Passons en Afrique. Nous avons dĂ©jĂ  notĂ© la Byzacene partie mĂ©ridionale de la Tunisie actuelle. On y trouvait une ville de Byzaeium siĂšge d'un Ă©vĂȘchĂ© dont l’emplacement n’a pu ĂȘtre dĂ©terminĂ© d’une maniĂšre prĂ©cise mais qui existait encore au VIIIe siĂšcle. Il me semble que les Zygantes d’HĂ©catĂ©e et les Gyzantes d’HĂ©rodote indiques par eux dans cette mĂȘme rĂ©gion devaient ĂȘtre les Byzes ou Byzantes dont le nom avait Ă©tĂ© estropie. Ils avaient laissĂ© en route d’autres tribus de leur nom car Strabon indique des Byzacii prĂšs des Asbystes, PtolĂ©mĂ©e des BouzĂ©ens situes au nord de Siouah au voisinage des Ogdemiens et des Adyrmacliides. Ces noms sont visiblement en relation avec celui de la ByzacĂšne. Les nomenclatures modernes de la Berberie n’en conservent plus guĂšre de traces. C’étaient semble-t-il des sĂ©dentaires qui ont du ĂȘtre absorbĂ©s par les invasions consĂ©cutives. Je relĂšve seulement comme pouvant s’y rapporter une petite sous-fraction de la rĂ©gion de Beja nommĂ©e les Aezaoutia, en AlgĂ©rie les Bou Azane des Eulma et les Bou Azem de Taher, et enfin aux Haha du Sous marocain les Ida ou Bouzia. Rien de bien net au demeurant. L’identitĂ© de tous ces noms avec celui des Buyazos amĂ©ricains, et ce que l’on sait du caractĂšre entreprenant des Byzes de l’antiquitĂ©, m’amĂšnent Ă  croire que ce peuple a du envoyer un essaim en AmĂ©rique avec les autres BerbĂšres. Il ne semble pas que cette tribu sur laquelle on a d'ailleurs peu de renseignements ait pu venir soit par le Nord-Ouest du continent amĂ©ricain, soit par l’Europe. 19 — GAMBAS J’ai dĂ©jĂ  parle plus haut des Indiens de Bolivie appelĂ©s Gambas ou Campas, Ă  propos de leur autre nom Antis. Autant je suis persuadĂ© que l’ethnique Anti est venu de Berberie, autant j’ai au contraire la conviction que l'ethnique Gamba est venu de l’Indo-Chine. Mais comme on le trouve sous toutes les formes possibles en Afrique et mĂȘme en Berberie, je suis amenĂ© Ă  l’examiner ici en dĂ©tail pour justifier de cette opinion. Au nom des Gambas doivent aussi se rattacher ceux des Cambais ou Gambis de Colombie, des Gambebas du BrĂ©sil, des Ghamas du Venezuela, des Ghamacocos du Paraguay et de la Bolivie, des Ghambiras du BrĂ©sil central. Il y a aussi une ville de Chambas dans la vallĂ©e du Pilcomayo et une autre de Las Ghambas au milieu de Pile de Cuba, mais ces deux derniers noms sont d’origine espagnole. Le mot Chamba veut dire chance » dans cette langue. L’importance de cet ethnique est extrĂȘme et il mĂ©rite d’ĂȘtre examine avec quelques dĂ©tails. C’est en effet un dĂ©rivĂ© du nom mĂȘme de Cham fils de NoĂ© dans les gĂ©nĂ©alogies sĂ©mitiques et on s’accorde Ă  reconnaitre que l’Afrique a Ă©tĂ© peuplĂ©e de Chamites Hamites des sĂ©mitisants modernes Nous allons pouvoir le vĂ©rifier en suivant ce nom sous toutes ses formes dans ses principaux parcours. Le point de dĂ©part des Chamites se trouve sans doute dans le Nord, car le rĂ©seau sibĂ©rien auquel je me rĂ©fĂšre toujours contient de nombreuses riviĂšres ou se retrouvent les racines Kam et mĂȘme Kampa Kama du bassin de la Volga Kamaricha de l’Obi, Kampatchi de la Lena, Kampakoura de l’Obi, Kamtchatka de l’Obi et de la Lena, etc. Mais le centre de groupement et de dispersion des Chamites parait ĂȘtre un peu plus au sud dans la partie Est de la Kachgarie d’ou les chassa vraisemblablement la sĂ©cheresse. On trouve en Kachgarie une ville de Khami. Le nom du dĂ©sert de Gobi, le Cliamo dĂ©rive peut-ĂȘtre de leur nom. La province orientale du Thibet porte le nom de Khams, et sa capitale est Tsicimdo ou Tchamtou autres variations de cet ethnique. Au Thibet encore le lac Cham, un dĂ©filĂ© appelĂ© Khamba-la, une rĂ©gion de Chambi. Je me suis demandĂ© bien souvent, si le mot Sent n’est pas tout simplement une altĂ©ration de Chain par les peuplades occidentales qui sont devenues les SĂ©mites et qui ont bati sur lui leurs belles gĂ©nĂ©alogies, mais cette recherche intĂ©ressante n’a aucune utilitĂ© dans le cas prĂ©sent. MalgrĂ© les altĂ©rations qu’a subies cet ethnique, suivant le milieu et les circonstances ou se sont trouvĂ©s les Chamites, les mĂ©langes de sang qui se sont produits chez eux. Il est assez facile de suivre leur nom, commençant tantĂŽt par K, tantĂŽt par CH. TCH, TS, SI. Pour procĂ©der par ordre nous irons d’abord vers le Sud-est, descendant avec eux les fleuves qui coulent vers la pĂ©ninsule indochinoise oĂč leurs essaims durent se refugier a maintes reprises. Dans le Haut-Laos il y a un peuple de Chans parmi lesquels on cite une tribu de Khamti ou Hamti qui se retrouve plus Ă  l’Ouest en Assam. Plus bas l’histoire conserve le souvenir d'un royaume de Tchampa qui soutint, avant de disparaitre, de longues luttes contre l’Annam et le Cambodge. Ces Tchampa ou Chamba ou Chams qui ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s par G. Carpeaux, G. Maspero, et autres auteurs, seraient arrives seulement vers le Ve siĂšcle venant du bassin du Gange et ils trouvĂšrent devant eux d’autres peuples Chamites descendus directement et longtemps auparavant du Tibet. Le nom mĂȘme du Cambodge est assez significatif, et il en est de mĂȘme de celui des Khmers disparus aujourd’hui et du Siam bien qu’ils soient plus altĂ©rĂ©s. Si l’on compare les sculptures du Bayon d’Angkor Ă  celles de Gopan au sud du Yucatan on est amenĂ© Ă  reconnaitre quelles ont Ă©tĂ© faites par les mĂȘmes hommes. Il y a eu surement une migration de l’Indo-Chine Ă  l’Isthme amĂ©ricaine et c’est elle qui a amenĂ© au nouveau-monde des Campa qui par la suite furent refoules plus au Sud. Si je passe aux migrations occidentales des Chamites effectuĂ©es au travers de l’Himalaya, je trouve au Cachemire une principautĂ© encore existante de Chamba ou Champa Deniker, 442 ; Baron Ernouf Cachemire et petit Thibet, 4, 291.. On les considĂšre comme des Thibetains. Leur capitale qui porte le mĂȘme nom est situĂ©e sur le Raoui, une des tĂštes de l’Indus en amont de Lahore. Plus loin dans l’Himalaya une ville situĂ©e sur la route du-Sikkim Ă  Lhassa porte le nom de Kampa Dzong qui est dĂ©jĂ  diffĂ©renciĂ© des noms des Chamites occidentaux. C’est de ceux-ci que relĂšvent les noms du Tchambal ou Chambal, important affluent du Gange, et de la ville de Cliambazar au Bengale. Le faubourg ouest de la ville importante de Bhagalpour sur le Gange s’appelle Champa ; c’est sans doute de cette rĂ©gion que partirent pour conquĂ©rir l’Indo-Chine les peuplĂ©s dont nous avons parlĂ© prĂ©cĂ©demment, pendant que leurs frĂšres du Cachemire gagnaient au contraire l’Afrique. Comment s’y prirent-ils pour se rendre au continent africain ? Nous n’en savons rien, car ils n’ont pas laissĂ© de traces bien marquĂ©es dans les rĂ©gions intermĂ©diaires. Les Arabes eux-mĂȘmes, dans leurs listes gĂ©nĂ©alogiques remplies des noms des soi-disant fils de Cham, n’ont conservĂ© aucun autre nom que celui du pĂšre mĂȘme de la race. C’est Ă  peine si on peut noter les Doui Cliambaz de la Mecque, les Cham de Kanneteria et des BĂ©ni Chaman Burckhardt. Quant aux Chammar et au Djebel Chammar qui sont peut-ĂȘtre un dĂ©bris des SumĂ©riens de l'antiquitĂ©, leur nom plus modifie parait ĂȘtre venu des plaines de l’Indus. Le nom Arabe de la Syrie Ech Cheham malgrĂ© sa prononciation et sa transcription divergentes, parait bien aussi dependre de notre ethnique. En Afrique, je commencerai par ceux qui ont longĂ© droit au Sud, la cote de l’OcĂ©an Indien et se sont rĂ©pandus dans le reste de l’Afrique noire. Il semble qu’ils ont laissĂ© l’Abyssinie et l'Égypte aux Kouchites, leur frĂšres ou peut-ĂȘtre un de leurs rameaux. Au pied du mont Kilimandjaro il y a des Vakamba qui sont classes comme Bantous Deniker 578. Il y a Ă  5 kilomĂštres de Bagamoyo sur la Mrina, une localitĂ© de Cliamba Gonera. Le nom du ZambĂšze lui-mĂȘme TcliambĂ©zi est assez caractĂ©ristique. A la pointe sud du lac Victoria, Stanley a relevĂ© une rĂ©gion d’OiĂŻtchambi et sur le Congo au confluent de l’Ibari une localitĂ© importante de Tchoumbiri. A l’est du lac Albert le mĂȘme explorateur note des Gambaragara qui semblent prĂ©senter notre ethnique plus dĂ©formĂ©. Leur sĂ©jour dans une rĂ©gion montagneuse froide leur a conservĂ© un teint beaucoup plus clair que ceux des peuples qui les entourent. Dans la rĂ©gion du Haut Niari, Maistre a signale des Ba Kamba qui sont peut-ĂȘtre les mĂȘmes que les Ashiras Kambade du Chaillu. Au Congo belge il y a aussi une ville de Bena Kamba. A l’Ouest du Kassai il y a des Ba Samba. Dans la rĂ©gion du Cameroun, Barth a signalĂ© depuis longtemps un peuple de Tchamba qui habite sur les pentes du mont Allantika. Au Togo il y a un village de Charnba, enfin il y a une peuplade du mĂȘme nom Eschamba qui est comptĂ©e parmi les Bassaris du Haut Dahomey. Je pense que ces trois derniers peuples sont venus du nord oĂč se trouvent d’autres Chamba. Pour en terminer avec l’Afrique noire tout un groupe de populations placĂ©es Ă  cheval sur le Nil en amont de Boussn, parle une langue dite Kctmbari. Dans le nord de l’Afrique nous trouvons toute une confĂ©dĂ©ration de tribus Chamba qui, elles, se disent Arabes. Nous allons voir ce qui en est, mais je veux m’arrĂȘter un moment pour faire Ă  ce propos quelques remarques sur les rĂ©sultats extraordinaires produits par les migrations humaines. Comme je l’ai dit plus haut les Chamba du Cachemire sont considĂ©rĂ©s comme Thibetains, les Tchampa de l’Indo-Chine comme malais ou indomalais, les Kamba de l’intĂ©rieur africain comme Bantous, ceux du Cameroun et du Togo comme nĂšgres soudanais et les Chamba de Metlili comme arabes, d’autres tribus plus au Nord et qui me restent Ă  examiner comme BerbĂšres, et enfin les Gambas de Bolivie comme Aiawaks. Ils sont de types absolument distincts et parlent des langues absolument diffĂ©rentes. On peut juger d’aprĂšs cela de l’inanitĂ© de nos classifications anthropologiques et linguistiques pour nous donner une idĂ©e de la formation de ces peuplĂ©s. En se basant uniquement sur des considĂ©rations somatologiques, Sergi a pu affirmer que les Chamitiques n’étaient pas venus d’Asie et qu'ils formaient une espĂšce propre Ă  l’Afrique Africa. 391. 406. J’arrive Ă  mes Chamba arabes ; comme je leur porte un intĂ©rĂȘt tout particulier, on me permettra de m’arrĂȘter un moment sur eux et de les prendre comme exemple de ces transformations extraordinaires. Lorsqu’on s’enquiert de leurs traditions on apprend que leur centre de formation fut l’oasis de Metlili au Sud du pays des Mozabites. Ce nom de Metlili dĂ©cĂšle une colonisation avaroandienne antĂ©rieure a leur arrivĂ©e en mĂȘme temps que le nom de Chamba, au contraire, indique l’arrivĂ©e d’autres Ă©migrants chamites venus du Cachemire. Quoiqu'il en soit vers la fin du XVI siĂšcle de notre Ăšre arriva dans l’oasis de Metlili un groupe de cavaliers arabes appartenant a la tribu des Oulad Mahdi du Hodna qui sont des Beni Amir de la grande confĂ©dĂ©ration des Zorba. Ils avaient quitte leur pays, Ă  la suite d’un meurtre commis par un des leurs, sous la conduite d’un nommĂ© Touameur ben Toullal ; ils se refugierent dans le Sahara ou ils creerent disent-ils, hoasis de Metlili. Ils emmenaient avec eux une chienne slouguia, qui avait nom Anba, et qu’ils ne cessaient d’exciter en lui rĂ©pĂ©tant suivant l’usage cha Anba allons ! Anba. Pour bien tĂ©moigner de cette origine arabe Ă  laquelle ils paraissent tenir, les Chamba affectent d’écrire leur nom Chaanba » alors que tout le monde et eux mĂȘmes le plus souvent prononcent normalement Chamba. B est clair d’aprĂšs tout ce que j’ai dit malgrĂ© l’aimable naĂŻvetĂ© de cette lĂ©gende, que la ville de Metlili existait dĂ©jĂ , ainsi qu’une peuplade de Chamba Ă  laquelle ils s’agrĂ©gĂšrent et; dont ils devinrent par la suite l'Ă©lĂ©ment dominateur. Ils Ă©taient voisins de ces Beni Mzab, qui pour une raison et Ă  une Ă©poque, inconnues, durent quitter les lieux pour aller s’installer au Maroc, oĂč on les trouve encore, laissant la place libre Ă  ce peuplement hĂ©tĂ©rogĂšne d’ibadites qui a hĂ©ritĂ© de leur nom. L’infusion de sang arabe aux Chamba primitifs a donnĂ© un essor merveilleux Ă  cette tribu. Elle est encore en pleine croissance et n’a cessĂ© de se developper. Elle a peuplĂ© l’oasis et la rĂ©gion d’El Golea d’ou elle a vraisemblablement expulse les Khenafsa de l’Aouguerout. Ils y portent le nom de Mouadhi qui rappelle leur origine arabe premiĂšre. Ils ont aussi essaime a Ouargla ou ils jouent maintenant un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant et mĂȘme a El Oued ou ils ont formĂ© une petite tribu a la fin du siĂšcle dernier. Les Oulad Allouch du Soudan, voisins du Niger seraient des descendants des Oulad Allouch, fraction de Metlili ; leurs chameaux portent encore la mĂȘme marque. Il y a une fraction de Chamba a Brizina, une autre chez les Oulad Lekal d’Aine Mlila, une chez les Ouertitan de Teboursouk en Tunisie. Ils avaient formĂ© a un moment donnĂ© un petit groupement au Maroc autour de Bou Amama, mais je crois qu’il s’est actuellement dispersĂ©. Les Italiens les attirent en Tripolitaine pour les faire entrer dans leurs formations de troupes a mehari et il se formera sans doute, tot ou tard, un petit groupe de Chamba dans ce pays ou Ă  maintes reprises leurs tentes dissidentes ont cherchĂ© un refuge. Ce sont les voisins et les ennemis intimes des Touareg ; ils ont conservĂ© le vĂȘtement blanc au lieu des effets sombres de ceux-ci ; toujours en lutte avec eux bien qu’ils leur ressemblent fort a certains Ă©gards, ils n’hĂ©sitaient pas a l’occasion Ă  se refugier chez eux, a s’y marier et a vivre de leur vie. AprĂšs ĂȘtre restes assez longtemps sur le pied d’une mĂ©fiance rĂ©ciproque avec les Français, ils ont fini par ĂȘtre estimes Ă  leur juste valeur et Ă  nous apprĂ©cier Ă©galement. Ils ont Ă©tĂ© nos plus prĂ©cieux auxiliaires pour la pĂ©nĂ©tration et l'occupation du Sahara et ils le seront encore longtemps. Ceux qui les connaissent savent combien ils diffĂ©rent des vrais arabes ; ils n’ont pas les dehors sĂ©duisants de ceux-ci, mais leur sont au fond trĂšs supĂ©rieurs, ne sont pas bluffeurs comme eux mais par contre moins hospitaliers et moins gĂ©nĂ©reux ; ils sont forts intĂ©ressĂ©s et en mĂȘme temps fort susceptibles et indĂ©pendants ; ils demandent Ă  ĂȘtre menĂ©s d’une main experte et lĂ©gĂšre. Nous avons sur eux quelques observations anthropomĂ©triques recueillies par M. Chantre AS. 1910. Leur indice cĂ©phalique varie de 74,43 Ă  78,75 avec une moyenne de 76,84. Ils sont plutĂŽt mesaticephales que dolichocĂ©phales. Leur indice nasal varie de 60 Ă  72,78 avec une moyenne de 66,95. Leur taille moyenne est de 1,68. II a remarquĂ© que les yeux sont parfois relevĂ©s aux coins externes comme chez les mongoloĂŻdes, ce qu’il attribue Ă  l'action du rayonnement solaire et aux vents charges de sable. J’y vois plutĂŽt une confirmation aussi prĂ©cieuse qu’inattendue de ce que j’ai dit sur leur origine premiĂšre. Ils peuvent ĂȘtre rapproches, nous dit-il encore, des autres sahariens Tunisiens et Tripolitains, et ils diffĂ©rent comme ceux-ci des Arabes et mĂȘme des BerbĂšres par leur dolichocĂ©phalie modĂ©rĂ©e. Le nom des Chamba n’est d’ailleurs pas le seul eu Berberie qui conserve la trace des origines chamites des premiers peuplĂ©s au teint clair du pays. Peut-ĂȘtre retrouve-t-on le mĂȘme ethnique chez les Chaama d’Aine Sidi Cherif, les Chahama d’Ammi Moussa et d’Aine Khial et les Chehama de Remchi, bien que ces noms puissent ĂȘtre dĂ©rivĂ©s plus directement du nom de la Syrie, chez les Ait ChamĂšne du Haut Sebaou, les Khamdja de Seddrata, les Khamoudja d’Hommam Rhira, les Khamza de la Calle, etc. Tous ces noms sont d’ailleurs assez mal conservĂ©s pour rendre ces attributions incertaines et on n’en trouve pas Ă  l’Ouest en Mauritanie. En Europe et en France il y a maints noms construits sur les themes Cham et Chamb. On les attribue Ă  un terme celte camm» qui voudrait dire courbe, tournant, ou plus simplement au mot latin campus, champ. Ils sont tellement nombreux qu’on peut se demander si quelques uns d’entre eux ne masquent pas l'ethnique propre des chamites. Quoiqu’il en soit, les raisons que j’ai donnĂ©es plus haut me paraissent prĂ©pondĂ©rantes en faveur d’une origine occidentale des Gambas d’AmĂ©rique. S’il Ă©tait toutefois dĂ©montrĂ© que les noms de Las Ghambas Ă  Cubi et de Chamba sur le Pilcomayo ne sont pas d’origine espagnole, on pourrait envisager l’hypothĂšse d’une autre migration venue de Berberie c'est-a-dire de l’Est mais je n’y crois pas. Il n’est pas inutile de donner ici quelques etymologies de termes homonymes du nom ethnique Ă©tudiĂ©. Si Chamba veut dire en espagnol chance, en revanche champa veut dire fumier. Ce terme vient du PĂ©rou. De Colombie est venu en Espagne le mot champan pour designer une sorte d’embarcation. Dans l’Inde on appelle champa l’arbre et la fleur du Michclia Champaca. Cette fleur est jaune et d’un parfum penetrant. Elle est employĂ©e pour faire des guirlandes ; on l’offre aux dieux de l’Inde dans leurs temples on compare le teint des belles vierges hindoues Ă  la fleur du champa. En Kazi-Koumouk, dialecte du Caucase, Chammba veut dire trois. En Mingrelien Chamb signifie noir. Chez les Okanda de Iogoue, suivant Marche, Chaamba est l’expression de bienvenue qu’on s’adresse en se revoyant aprĂšs une longue absence. D’aprĂšs Pritchard on appelle Schambci dans la langue des Watta les fĂ©tiches que ce peuple vĂ©nĂ©rĂ©. Je donne ces exemples, qui auraient pu ĂȘtre multiplies, pour montrer l’inanitĂ© des recherches Ă©tymologiques locales pour expliquer les noms ethniques. 20 — CANARIS Les Canaris habitent la Bolivie. A leur nom il faut joindre celui des Canaris ou Canares et une province de Canar dans la RĂ©publique de l’Equateur qui a Ă©tĂ© sans doute le berceau de ce peuple qui a jouĂ© un grand rĂŽle avant l’invasion des Incas. II y avait aussi des Canalas dans la Nouvelle Galice, des Canaguas au Venezuela, des Canamaris au PĂ©rou et d’autres dĂ©rivĂ©s de cet ethnique. Ils parlaient une langue spĂ©ciale portant leur nom et que M. Rivet transcrit Kanari. Le nom de cette tribu Ă©voque immĂ©diatement celui des Iles Canaries, point de dĂ©part possible de beaucoup des Africains qui ont gagnĂ© l'AmĂ©rique. Ces iles devaient sans doute leur nom Ă  un peuple et Ă  une rĂ©gion du continent voisin. Pline l’Ancien nous apprend en effet que vers l’an 40 de notre Ăšre, Suetouius Paulinius, gĂ©nĂ©ral romain, ayant franchi l’Atlas Ă  la poursuite de rebelles africains, arriva dans un pays habitĂ© par le peuple des Canariens. On les appelait ainsi dit-il, parce qu’ils vivaient comme des chiens, et partageaient avec eux les entrailles des fauves. Ce passage est d’ailleurs interprĂ©tĂ© parfois d’une maniĂšre diffĂ©rente et leur nom viendrait de ce qu’ils se nourrissaient de la chair des chiens et d’autres fauves. Cette derniĂšre version est d’apparence plus vraisemblable. On sait qu'un grand nombre de populations BerbĂšres affectionnaient la chair de chien et de chacal. Maintenant encore cet usage, reste rĂ©pandu dans le Sud, en dĂ©pit des efforts que firent les Perses, puis les musulmans pour l’interdire. La viande de chacal passe notamment pour un fortifiant Ă©nergique, une sorte de panacĂ©e, et est consommĂ©e par beaucoup de BerbĂšres bons musulmans, qui n’osent plus manger de chien. On peut consulter Ă  cet Ă©gard un article intĂ©ressant du docteur Bertholon Exploration anthropologique de Vile de Djerba Anthropologie. Tome VIII p. et la Description de l'Afrique Septentrionale d’El Bekri. Ce dernier auteur nous apprend que les Almoravides nouvellement convertis, tuaient les chiens partout ou ils les rencontraient en haine de cette coutume reprouvĂ©e par l’Islam et n’en gardaient jamais aucun parmi eux. C’est peut-ĂȘtre d’Afrique qu’a Ă©tĂ© importĂ©e en AmĂ©rique la cynophagie. Les PĂ©ruviens Ă©levaient une variĂ©tĂ© spĂ©ciale pour la consommation, Yallcu, mais on ne saurait affirmer que cette coutume leur venait des BerbĂšres africains car les Chinois et d’ailleurs toutes les populations du Nord de l’Asie et de l'AmĂ©rique la pratiquent Ă©galement depuis longtemps. En rĂ©alitĂ© l’explication de Pline n’est qu’un simple calembour, ce n’est pas du mot canis, que vient le nom des iles Canaries et des Canaris d’AmĂ©rique, mais bien du peuple indien des Kanara rĂ©pandu sur toute la cote de Malabar. Venus en Afrique avec les autres envahisseurs partis de l’Hindoustan, ils ont atteint l’OcĂ©an Atlantique. On appelait et on appelle encore chez les MaurĂšs de l’ouest du nom vague de Ganar, le pays saharien qui s’étend le long de l’Atlantique en face des iles Canaries entre le Soudan et l’Atlas. Il existe encore une fraction de Gannara chez les Beni Urdjine de la commune de Morris. Il est possible que le royaume soudanais de Ghana lui doive aussi son nom adouci par la phonĂ©tique nĂšgre. Les Kanara indiens sont d’ailleurs un peuple dravidien c’est-a-dire de teint fonce et il est vraisemblable que ce sont eux qui ont peuplĂ© l’Oued Draa. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir le moindre doute sur l’origine des Canari d’AmĂ©rique. Ils sont bien venus de Berberie. 21 — GARIANAS Cet ethnique prĂ©sente une grosse importance car c’est le nom mĂȘme des cĂ©lĂšbres Cariens de l’antiquitĂ© qui vivaient en Asie Mineure. En AmĂ©rique, ou tout au moins dans l’AmĂ©rique du Sud, car ils ne paraissent pas avoir remontĂ© dans le nord, les noms qui peuvent se rattacher a la mĂȘme racine sont innombrables. En voici quelques uns des plus significatifs Garios du Paraguay, Gariyos, Garayas, Garayos, Garirys du BrĂ©sil, Garas du PĂ©rou et de l’Equateur appelĂ©s aussi Scyris ou Shiris, Garaibes ou Garaibos bien connu depuis Colomb, Caracas ou Caracos et Caraguas du Venezuela, Garacaras ou Garacaraes du Paraguay, Garabecas et Caracanecas de Bolivie, Garabayas de l’Equateur, Acarianos du Venezuela, Acare de l’Argentine, etc Karaos de Bolivie, Kariris du BrĂ©sil, etc. Je compte plus d’une centaine de noms derivĂ©s. En BerbĂšre les noms du mĂȘme genre sont moins nombreux, mais gĂ©nĂ©ralement mieux conservĂ©s. Je note des Keria au Guergour, a Saint Pierre et Saint Paul et a Rouffach, des Keria et des Keraiche a Ammi Moussa, des Keraiche dans l’Ouarsenis, des Keraia a Msila et Zemmora, des Kerakeria, Keralcha, Kerarcha, Kerarma, etc... Comme en AmĂ©rique il y a des formes prĂ©cĂ©dĂ©es d’un A prĂ©fixe Akara de Barrai et de l’Oued Atlenenia, Akar Nzelca de l’Oued Marsa, Akaroune d’Attia ; d’autres sont prĂ©cĂ©dĂ©s de l’article arabe comme les El Karui, El Kariat, El Keria de Palestro, El Kari de Chabet el Leham, El Kerihat des Oulad Sidi Kbaled de Tiaret. Il y a encore des Ait Karraoui chez les Frikat de Dra el Mizane. Au Maroc je ne relĂšve qu’une fraction de Karia Ă  Taghzout chez les Ghomara du Rif. En Tunisie, il n’y a qu’une sous-fraction de Karadmia chez les Ourramma de Medenine ; il est vraisemblable que l'invasion arabe dut les pousser plus loin dans les montagnes d’AlgĂ©rie et qu’ils Ă©taient mieux reprĂ©sentĂ©s autrefois car on y trouvait un Ă©vĂȘchĂ© de Cariana ou de Casuloe carianenses P. Mesnage II est probable que c’est de GrĂšce ou de l’EgĂ©e que sont venus directement tous les Cariens et qu’ils ne sont pas passĂ©s par l’Arabie comme les autres BerbĂšres. Dans mes Ă©tudes sur les Touareg, j’ai relevĂ© les noms des tribus Ilcaraden et Ikarerayen rĂ©guliĂšrement berberisĂ©s, ce qui n’est pas pour celles d’AlgĂ©rie, et les noms propres Kari-Kari et Karidenna. Chose curieuse les gĂ©nĂ©alogistes arabo-berbĂšres n’ont pas utilisĂ© cet ethnique, cependant assez abondant, dans leurs travaux. Peut-ĂȘtre que la dispersion de ces Cariens Ă©tait dĂ©jĂ  fort grande lors de leur apparition. Quant aux auteurs anciens leur omission n’a rien que de normal car ils ne se sont jamais beaucoup attachĂ©s Ă  connaitre les vrais noms des tribus africaines. Le centre de dispersion et d’émigration des Cariens a Ă©tĂ© le Turkestan chinois, car il s’y trouve un centre fort ancien de Keria sur le Keria Daria affluent intentionnel du Lobi. C’étaient sans doute des Kouchites ou tout au moins leurs voisins et parents. Dans le rĂ©seau hydrographique de la SibĂ©rie, les noms commençant par la mĂȘme racine sont extrĂȘmement nombreux. Mais il convient de remarquer que, dans tous les dialectes turco-mongols, le mot K ara qui signifie noir est d’un emploi extrĂȘmement frĂ©quent dans une quantitĂ© de noms composes, de sorte qu’il est difficile de dĂ©terminer le point d’origine de l’ethnique. Le nom le plus rapprochĂ© est celui de la Kerya affluent du Vilitn dans le bassin de la Lena. Les Cariens ne paraissent pas avoir laissĂ© de bien profondes traces dans l'Inde ; la racine Kara s’y trouve il est vrai, mais on peut se demander si elle ne date pas des invasions mongoles historiquement connues, pour la plupart des localitĂ©s qui nous la montrent. Cependant PtolĂ©mĂ©e notait des CareoĂŻ Ă  l’extrĂ©mitĂ© du Dekkan et une ville de CariyĂ© dans la mĂȘme rĂ©gion. Dans l’Inde, Pline nous indique Ă©galement des Cariens ce qui permet de croire que certains essaims passĂšrent par lĂ , mais leur principal Ă©tablissement fut surement a la pointe sud-ouest de l’Asie Mineure ; c’est lĂ  qu’ils se firent une rĂ©putation de guerriers vaillants et de marins, et c’est de la je pense par l’EgĂ©e et par la GrĂšce qu’ils pĂ©nĂ©trĂšrent en Berberie. En Europe on trouve des traces de leur passage les Carini de la Grande Bretagne, les Carietes d’Espagne, diverses localitĂ©s de France comme Carayac, CarcarĂšs, etc ; d’Italie comme Careioe Galera ; de la GrĂšce Caryum en Laconie et Carystus Karystos en EubĂ©e. NĂ©anmoins la meilleure conservation de leur nom en Afrique semble indiquer que c’est bien par la qu’ils sont passĂ©s pour gagner l’AmĂ©rique du Sud. Dans le continent Nord on ne trouve aucune trace de leur passage. 22 - GESARES Le nom de cette tribu du Chili est assez Ă©nigmatique ; on attribue son origine dit M. Martin Ă  des naufrages europĂ©ens, ou Ă  des descendants de femmes blanches enlevĂ©es par les naturels de la rĂ©gion. Mais le motif qui leur a valu ce nom ne s’en dĂ©duit pas trĂšs nettement. Peut-ĂȘtre que l’un des naufrages portait le nom de CĂ©sar, frĂ©quent chez les races latines, ou que l’une des blanches captives donna ce mĂȘme prĂ©nom Ă  un de ses enfants. Quoiqu’il en soit je dois rappeler que dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres figurent des CaĂźser tout aussi mystĂ©rieux. Ils appartiennent Ă  la famille des Hoouara de la branche des Aurigha. Or prĂ©cisĂ©ment nous savons que les Hoouara ont contribue au peuplement des iles Canaries voir Huaies. C’est ce qui m’amĂšne Ă  les comprendre dans cette nomenclature. Ces CaĂźser BerbĂšres n’ont laisse aucune trace de leur arrivĂ©e en Afrique, de leur passage ni de leur disparition. En cherchant d'ou ils auraient, bien pu venir, je remarque qu’il existait au Caucase des Kryser parmi les peuplĂ©s dits Lezghiens du Daghestan, d’aprĂšs la carte ethnographique de Seidlitz Mittheilungen de Petermann 1880. Il y eut aussi un peuple germain du nom de Coeroesi qui habitait entre la Meurthe et la Moselle. Enfin une autre hypothĂšse est plausible. Les anciens lybiens appelaient les Ă©lĂ©phants Kaisar ou Coesa. Il est possible que leurs cornacs aient Ă©tĂ© appelĂ©s du mĂȘme nom ou d’un nom dĂ©rivĂ©. On sait qu’on faisait gĂ©nĂ©ralement venir ces conducteurs de l’Inde tant pour les animaux indigĂšnes que pour les elephants importes d’Asie, Ă  ce que nous apprend Polybe III. 46. - V. 81. - X. 1. Ces conducteurs ont pu faire souche en Libye, y crĂ©er une petite tribu et Ă©migrer en AmĂ©rique, ce qui expliquerait leur prĂ©sence sur ce continent et leur disparition d’Afrique. Dans l’Inde le nom de Cesara Ă©tait une des appellations de krichna. Enfin Kaisaras Ă©tait un nom propre porte en Espagne. Philippon. IbĂšres, 222. En rĂ©sumĂ© cette identification appelle toutes sortes de rĂ©serves, mais je ne pouvais omettre cette similitude de noms. 23 — CHALCAS Outre les Indiens Chalcas qui vivent au PĂ©rou, on connait au Mexique une province de Ghalcho, habitĂ©e par des Ghalcos ou Ghalqueses et ou on trouve des villes comme Ghalchicomula, Chalchihuite, Chalchuapa. Il y a en outre des Ghalchuitas en Nouvelle Grenade, des Chalaques en Floride, des Galchaques en Argentine. Si l’on considĂšre qu’en Asie l’énorme masse des Mongols Orientaux porte le nom de Khalkhas, on est de suite porte Ă  admettre que le nom de ces tribus indiennes est venu de l’ouest, par mer ou par Behring. Mais il y a quelques rĂ©serves Ă  faire car il existe en AlgĂ©rie des Khalcas dans la commune d’Aine Mlila. Chose assez Ă©tonnante, ce nom n’apparait pas dans le rĂ©seau hydrographique sibĂ©rien. Les Mongols le tirent donc d’ailleurs. D’autre part il n’apparait pas davantage dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres. L’explication la plus admissible me parait ĂȘtre la suivante. Les Grecs connaissaient l’airain sous le nom de Chalcos ; il est vraisemblable que ce nom Ă©tait d’origine touranienne et aura servi Ă  dĂ©nommer les Mongols descendant des peuplĂ©s mĂ©tallurgistes de l’Altai, de l’autre cotĂ©, en GrĂšce, ce terme est l’origine des nombreuses Chalcis et ClialcĂ©doine qui ceinturent la mer EgĂ©e, et il est possible qu’une petite peuplade partie de l'une de ses cotes ait apportĂ© ce nom en Berberie. En tout Ă©tat de cause je ne pense pas que ce soit de la qu’il est passe en AmĂ©rique. 24 — GHIBGHAS Les Ghibchas dont le nom se transcrit aussi Chibechas et Ghipchas et qui sont en outre dĂ©signĂ©s parfois sous les synonymes de Moscas, Muiscas ou Muyskas, constituent une nation nombreuse qui habite dans l’AmĂ©rique centrale, notamment en Colombie et au Venezuela. Lors de la conquĂȘte, ils jouissaient d’une civilisation assez avancĂ©e. Beucbat. 549. Je les crois originaires de l’Inde. Ils seraient arrivĂ©s en AmĂ©rique par la Berberie. Je trouve en effet dans cette derniĂšre rĂ©gion des Chibchib aux Rhira de Setif. Cette rĂ©duplication semblerait indiquer un passage de ce peuple au travers des rĂ©gions caucasiennes oĂč elle est assez frĂ©quente. Outre les Chibchib je noie encore des Chiabna dans la rĂ©gion de Tabarca en Tunisie, des Chiab, des Chiba ; en AlgĂ©rie il y a des Chiebna a La Calle, des Chiabna a Aine Mlila, des Chiaba a Banka, des Chiba a Bois-Sacre, tous noms dont la multiplicitĂ© et l’éparpillement indiquent bien qu’il s'agit d’un ethnique et non d’un surnom arabe. Une ville ancienne du littoral de Djidjelli portait le nom de Choba. Je vois dans ces noms une altĂ©ration de celui d’une branche des Anou de l’Inde, les Siboe ou Sibi d’Arrien dont le nom se transcrit aussi Sivi, Cibi, Chib. Ils ont donnĂ© leur nom au Sevastan. Ils prĂ©tendaient Ă  ce que disent les auteurs anciens descendre de l’armĂ©e d’Hercule, et Alexandre dut les combattre. C’est de leur nom qu’est issu celui du dieu Siva. Sur leur itinĂ©raire se trouvait en Arabie une ville de Sibi que les Grecs appelaient Aputa d’aprĂšs Pline. Dans l’Inde il y a encore au Cachemire des Chibali voisins des Dogra que j’ai mentionnĂ©s et diffĂ©rentes localitĂ©s nous offrent le mĂȘme radical. La synonymie du nom des Ghibchas avec celui des Moscas nous offre comme chez nombre d’autres peuplĂ©s, l’indice de l’association d’élĂ©ments ethniques trĂšs diffĂ©rents. Elle explique les constatations importantes faites par divers auteurs Humboldt, Siebold, Malte-Brun, de Paravey etc. Ils ont en effet dĂ©montrĂ©, trĂšs suffisamment a mon avis, que cette nation avait des origines japonaises rĂ©vĂ©lĂ©es par la philologie et l’ethnographie. Mais en mĂȘme temps ils discernent des apports basques et arabes qui cadrent fort bien avec ce que j’ai dit prĂ©cĂ©demment. Quant aux Basques l’émigration de leurs parents caucasiens, les Abazes voir § I Abades. nous donnĂ© la clef de leurs affirmations. Enfin les traditions des indiens Ghibchas apportent un dernier appoint Ă  l'hypothĂšse de leur origine berbĂšre. Ils auraient Ă©tĂ© civilisĂ©s par un vieillard barbu appelĂ© Bochica, nom qui rappelle celui du dieu lybien dont le culte aurait pu ĂȘtre apportĂ© par des Africains. Le matriarcat qui existe encore chez nos Touareg Ă©tait en vigueur dans la SociĂ©tĂ© Ghibcha. L'ensemble de tous ces faits confirme l’opinion que j’exprimais au dĂ©but de cet examen. 25 — GHORTIS Ces Ghortis ou Gholtis sont des Indiens du Guatemala dont le nom se trouve Ă  peine modifie chez les Ghorotes ou Ghorotis de l’Argentine et les Ghorotises du Honduras. Ce nom a figurĂ© longtemps en Berberie, car les gĂ©nĂ©alogistes arabes comprenaient dans leurs nomenclatures une puissante tribu de Cherta. C’était une branche des Sanhadja de la deuxiĂšme race, c’est-a-dire des peuples voilĂ©s que nous appelons aujourd’hui Touareg. On sait que les Sanhadja des Arabes sont les BerbĂšres Zenaga ; mais ce nom de Zenaga est un simple surnom, signifiant bredouilleurs », inconnu des anciens, qui avait du prendre naissance peu avant l’arrivĂ©e des Arabes et que ceux-ci ont conservĂ© et appliquĂ© comme nom ethnique aux BerbĂšres du Sahara. Cela explique que la prĂ©tendue gĂ©nĂ©alogie de ces Sanhadja, mĂȘme pour les auteurs arabes qui sont incapables de s’accorder Ă  leur sujet, que leur division en trois races, dont l'une, celle des voilĂ©s est totalement diffĂ©rente comme mƓurs et comme habillement des autres, soit un problĂšme insoluble. On comprend dans ces conditions qu’on n’a pas de grandes prĂ©cisions sur ces Cliertas. Il se prĂ©sente d’ailleurs Ă  leur sujet une difficultĂ© d’un autre ordre. En rĂ©alitĂ© leur nom primitif serait Sorta ou SĂ©ria c’est-a-dire gens de Sour Tyr ou habitants des Syrtes. On comprenait sans doute sous cette appellation les nomades qui habitaient la cote dĂ©sertique de la Tripolitaine Ă  l’est de Leptis magna et dont les vĂ©ritables noms Ă©taient Maces, Psylles, Seli suivant l’époque et les auteurs. Ce sont ces Sorta qui envoyĂšrent des essaims coloniser la Sardane en lui donnant son nom et qui envoyĂšrent aussi des colons sur les cotes du Roussillon, les Sordones. Lors de l’apparition des hordes arabe, ou peut-ĂȘtre mĂȘme avant, lors des terribles luttes qu’ils eurent Ă  soutenir contre les Romains et les Byzantins ils avaient gagne le sud marocain. Ibn Khaldoun en parle si vaguement qu’ils n’avaient plus l’air d’exister Ă  son Ă©poque ; mais El Bekri dans sa description de l’Afrique, les signale sur l’Oued Draa et au-delĂ  avec leur vrai nom de Serta. L'altĂ©ration de leur nom s'est-elle effectuĂ©e seulement depuis cette Ă©poque au Maroc, ou bien y a-t-il des erreurs, faciles a concevoir, des copistes arabes qui ont embrouillĂ© cette question, il est difficile de le dĂ©terminer. Ils ont d'ailleurs disparu. Quoiqu’il en soit la correspondance que j’indique entre les Ghortis amĂ©ricains et les Chertas ou Sertas me parait fort sĂ©rieuse ce nom est proprement berbĂšre et ne se retrouve pas ailleurs. Elle est en outre corroborĂ©e par l’existence en AmĂ©rique de Salhis, Salishes, Selisch qui ont bien l’air de reprĂ©senter les noms des anciens Psylles et Seli du golfe des Syrtes et je prie le lecteur de se reporter Ă  ce que j'en dis un peu plus loin. 26 - GHUYAS Les Chuyas sont des Indiens des rives du Xingu au BrĂ©sil. On peut rapprocher de ce nom celui des Ghayas du BrĂ©sil et du PĂ©rou, des Ghayos de des Ghayabitas, Ghayahuitas, Ghayantas, Ghichiques et autres dĂ©rivĂ©s, des localitĂ©s comme Chichen-Itza, un archipel des iles Ghonos sur la cote chilienne. Dans le continent nord vivent les grosses tribus des Cheyennes et des Shoshones Chochones dont le nom est voisin des prĂ©cĂ©dents. On remarque tout le long des cotes de la MĂ©diterranĂ©e une sĂ©rie de peuplĂ©s qui portent des appellations du mĂȘme genre et qui appartiennent sans doute au mĂȘme ethnique. Je vais les suivre d’Ouest en Est. Au Maroc il y a des Chaouini au Rif, une ville bien connue de Chechaouen chez les Djebala du Nord, une autre de Chichaouen entre Mogador et Marrakech, des Ait Chao-des Zaian, des Ait bou Chaouen des Ait Tserrouchen de Bou Denib, des Chaouia grande tribu au sud de Casablanca. Avant d'aller plus loin je noterai qu’un petit ilot du groupe des Desertas a Madere porte le nom de Chao, qu’il doit sans doute aux Portugais qui ont chez eux une ville Chao de Maças. Je suppose qu’ils ont apportĂ© cet ethnique de Berberie, car il est isolĂ© dans leur pays et je ne vois pas de sens particulier Ă  ce mot dans la langue de la pĂ©ninsule. En AlgĂ©rie on trouve des Chaouia Ă  l’Hillil et a Tenes. Ce nom est aussi donnĂ© d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale Ă  tous les montagnards de l’AurĂšs et les Ă©tymologistes tant musulmans que français, le font dĂ©river du mot arabe chaa mouton. J’ai eu occasion de faire remarquer BSGA. 2e trimestre 1027. Les origines orientales fies CerbĂšres que par leur qualitĂ© mĂȘme d’habitants des montagnes, ils mĂ©ritaient beaucoup moins ce nom que les nomades des plaines, sĂ©rieux Ă©leveurs de moutons, et qu’il s’agissait Ă©videmment d’un ethnique plus ou moins bien applique. Dans son Ă©tude sur la rĂ©gion du Tchad et du Ouadai, parlant des Arabes Choa du Tchad, du Ouadai, du Bornou, M. Carbou fait remarquer I p. 4 et suiv. que ce nom de Choa n’appartient pas Ă  la langue arabe et qu’on ne saurait le rapprocher de celui des pasteurs chaouia de l’AlgĂ©rie orientale ou du Maroc. Je l’en rapproche au contraire pour lui donner un sens ethnique et lui enlever le sens Ă©tymologique impropre qu’on lui attache. C’est en passant en Abyssinie que les Choa arabes du Soudan ont pu prendre cette appellation. Il en est de mĂȘme de nos BerbĂšres. En AlgĂ©rie on compte encore des ChouĂŻa aux Beni Salah, Ă  Takitount, Ă  A flou, Ă  Aine Tagrout, Ă  Zemmora Mostaganem des Cheachia, des ChouaĂŻhia et des ChouaĂŻchia des Chouiatc Ă  Orleansville et des Chahou a Takitount. En Tunisie il y a des Chouahia Ă  Souk el Arba, des ChouaĂŻhia aux Madjer de Thala, des Chouiata chez les kroumirs, une grosse tribu de Chihia a Souk el Arba. En Abyssinie il y a des Clioho ou Soho prĂšs de Massaouah, et une rĂ©gion importante un peu plus loin est appelĂ©e le Choa. Sur la cote opposĂ©e de la Mer Rouge, il existait une tribu appelĂ©e Chaoui ou Ahl'Chaoui d’aprĂšs Burckhardt. Au nord il y eut un fleuve appelĂ© Chodspes Kerkhah dans la Suziane ; il portait le mĂȘme nom qu’un fleuve de l’India intra gangern affluent du Cophen, le Chocispes devenu le Khouar. Deux rĂ©gions d’Asie l’une dans l’Ariana, l’autre plus a l’est sur la rive droite de l’indus se nommaient ChoarĂšne. Notons dans la mer EgĂ©e l’ile et la ville de Chio, en GrĂšce les Chaones de l’Epire qui envoyĂšrent une colonie de ChĂŽnes en Italie sur le golfe de Tarente. Il y avait aussi une ville de ChĂŽne du nom de ses habitants et une ville de Chaa dans le PĂ©loponnĂšse. Tout cela est bien loin des brebis des Ă©tymologistes arabes. En rĂ©alitĂ© le point de dĂ©part de cet ethnique existe encore chez les Touraniens. On trouve une TchouĂŻa dans le bassin de l'Obi et dans le bassin de la Lena une TschoitĂŻa et une TschaĂŻa ou TchaĂŻa. Je suppose que le point initial, du moins aussi haut que nous pouvons remonter, est l’Obi. Dans l’Inde la racine de ce nom se trouve en extrĂȘme abondance, suffixĂ©e de toutes les maniĂšres possibles. Il s’agit sans doute d’un peuple kouchite, ou venu avec les Kouchites et qui a accompli les mĂȘmes migrations. Cet ethnique a du passer non seulement par l’Arabie et l’Abyssinie, mais aussi par la GrĂšce et le Caucase, ou les Svanes se donnent a eux-mĂȘmes le nom de Chnaou. Il est aussi possible que son introduction en AmĂ©rique soit du non seulement aux BerbĂšres, pour les noms du type Chuya, mais aussi au Nord-Ouest et a Behring pour les noms du type Gheyenne et Chochone. Je ne crois pas qu’il y ait lieu de s’inquiĂ©ter du cotĂ© de l’Europe. 27 - COLLAS Les Indiens Collas sont des Aymaras du PĂ©rou qui ont Ă©migrĂ© dans la RĂ©publique Argentine. Or nous trouvons des BerbĂšres sĂ©dentaires Colla habitant un village de ce nom dans les Bibans. Non loin de la, dans la commune d El Milia il y a trois fractions de KolĂ©a et une de RolaĂŻne ; une petite ville du littoral non loin de Philippeville porte le nom de Collo. Mentionnons encore comme ressortissant a cet ethnique la ville de ColĂ©a a l’Ouest d’Alger et dans la mĂȘme rĂ©gion les Koulla petite fraction des Foughal de Gouraya, Ces noms paraissent d’origine indienne ; il existe dans l’Hindoustan des Kol Kolariens ou Mounda qui d’aprĂšs leur nom paraissent des Kouchites. Ils ont du ĂȘtre transportes le long de la cote MĂ©diterranĂ©enne avec les PhĂ©niciens car Collo s’appelait Chullu et parait avoir Ă©tĂ© une de leurs colonies. L’origine de ce nom se trouve encore chez les Touraniens ou on peut relever une riviĂšre Koul dans le bassin de l’Obi, une Koula dans celui de la Lena, un Koulak au nord de l’Aral etc. Bien des noms de l’AmĂ©rique du Nord qui commencent par la mĂȘme syllabe sont des dĂ©rivĂ©s de l'ethnique kouchite et ne doivent pas ĂȘtre rapproches du prĂ©sent nom. 28 — GORAS Il existe une tribu ou un groupe de tribus de ce nom au Mexique ; ils font partie du groupe Opata Pinria. Uue autre tribu Gora vit ou vivait sur le Missouri aux États-Unis. On signale des Gores au Venezuela, des Goris en Colombie, et une quantitĂ© de tribus aux noms composĂ©s bĂątis sur ces mĂȘmes thĂšmes. Les gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres ont enregistrĂ© des Corra qui appartenaient aux Darica Matmata Ibn Khaldoun. I. 246. Ils ne sont plus reprĂ©sentĂ©s dans les nomenclatures BerbĂšres ; il existe bien Ă  Biskra une petite fraction de Corra, mais on affirme de la maniĂšre la plus nette, avec gĂ©nĂ©alogie Ă  l’appui, ce qui d’ailleurs ne me parait pas une garantie absolue, qu’elle est vraiment d’origine arabe. Comme le nom des Collas, celui des Cor a trahit une origine kouchite bien que l’OU se soit transformĂ© en O. On peut donc avec autant de raisons croire a une origine occidentale qu'a une origine orientale. Il y eut cependant une ville italienne de Cora Cori actuelle d’origine incertaine, dont la prĂ©sence plaiderait en faveur de l’Orient. 29 — GUNAS Les Indiens Gunas ou Gunacunas habitent l’isthme du Darien. Deniker les signale comme ayant frĂ©quemment des yeux gris et des cheveux chĂątains. Il convient de rattacher Ă  ce nom ceux des Cunames ou Gunanas et des GĂ»mes du Nouveau Mexique, et les Goanini du Colorado dans le Nord. Vers le Sud on trouve des Coanaos au Venezuela, des Gunavos, Guniebas ou Gunibas, des Cunuris au PĂ©rou, des Gonibos ou Gonihuas ou Gonivos au PĂ©rou et au BrĂ©sil, des GunĂ©os au Chili. Ce nom est manifestement Kouchite, lui aussi, et on trouve dans le rĂ©seau hydraulique sibĂ©rien des noms formes sur la mĂȘme racine, comme la Kuena et le Kounovat affluents de l’Obi mais je ne pense pas qu’il soit venu par l’Ouest. C’est Ă  l'Est sur le pourtour de la MĂ©diterranĂ©e que nous les trouvons. On sait en effet par les passages cĂ©lĂšbres et discutes d’HĂ©rodote qu’il y avait des CynĂštes au de la pĂ©ninsule ibĂ©rique ; l’épigraphie monumentale nous a appris que les Cinithii signales par Tacite occupaient la rĂ©gion de Tunisie ou s’élĂšve le bel amphithéùtre d’El Djem ; enfin Strabon nous apprend qu’il y en avait en GrĂšce, dans l'Arcadie. On a voulu y voir trois peuples diffĂ©rents ; c’est une subtilitĂ© de philologues modernes qui repose sur de simples diffĂ©rences de prononciation ou de transcription des anciens, mais qui ne peut nous donner le change sur leur identitĂ© d’origine. La difficultĂ© est seulement de savoir quelle a Ă©tĂ© la route suivie par eux. J’avais pensĂ© et j’ai Ă©crit que les CynĂštes d’Espagne Ă©taient venus sur la petite Syrte parce que je les y retrouvais en compagnie de leurs voisins d’Espagne Celtes et Asturiens. La formation celtique des Touareg mais au fond ce n’est pas une raison pĂ©remptoire Ils ont trĂšs bien pu venir de GrĂšce. Il y avait dans le PĂ©loponnĂšse outre les CynĂ©tiens d’Arcadie et leur ville Cyneta, une autre rĂ©gion peut-ĂȘtre mĂȘme deux qui portaient le nom de Cynurie. De l’autre cote du golfe de Corinthe, la prĂ©sence d’une ville de Cynes, marche des Locriens Opuntiens nous assure que ce peuple Ă©tait venu par le nord. D'autres noms comme CunĂ©o Coni en Piemont, Konia en Asie Mineure, Cunaxa ville ancienne de MĂ©sopotamie au nord de Babylone jalonnent les autres contrĂ©es parcourues par les Kouchites de ce nom. Si nous nous reportons en Berberie, nous trouvons des Kouanine Ă  Sfax et des Kouetena a Gabes, Ces derniers lepresentent peut-ĂȘtre le vestige de l’ancien nom des Cinithii de Tacite. En AlgĂ©rie, je note des Kouania Ă  Bouinane, des Kouanine Ă  Rebeval, Ă  l’Arbatache et au Telagh, enfin la ville saharienne de Kouinine au Souf. Tout bien considĂ©rĂ© les Kunas d’AmĂ©rique paraissent ĂȘtre venus de Berberie, ou ils sont encore bien reprĂ©sentĂ©s comme on le voit, et oĂč les noms subsistants paraissent plus conformes Ă  la morphologie des noms amĂ©ricains. 30 — DORINS La tribu des Dorins vit au BrĂ©sil, mais je rattache au mĂȘme ethnique les Dorasques et Doraces, les Dariens ou Darienes de Panama, les Dirianas on Dirianos du Nicaragua, les Duries ou Duris et les Duriguas du Venezuela. Entreprenant de montrer que c’est l’ethnique des cĂ©lĂšbres Doriens de GrĂšce qui a pĂ©nĂ©trĂ© en AmĂ©rique, je vais commencer par rechercher si l’on trouve aussi les mĂȘmes tribus secondaires qu’en GrĂšce. Ils Ă©taient, nous dit Dottin Anciens peuplĂ©s de l’Europe. 150 divisĂ©s en UllĂ©es, Dumcines et Pamphyloi. Je trouve pour les premiers des Ullalatas en Californie, ainsi que des Ulocas ou Ulucas ; en ce qui concerne les seconds nous avons des Deemananas au Venezuela, des Doymas en Colombie. Pour ce qui est des Pamphyliens on peut Ă  la rigueur placer prĂšs de leur nom celui des Pambilchen du Yucatan. Ces tribus ne sont pas Ă©loignĂ©es du centre de l’AmĂ©rique qui parait avoir Ă©tĂ© leur point de dĂ©barquement gĂ©nĂ©ral. Ce premier point acquis, d’ou venaient ces Doriens et sont-ils venus par l’Afrique ou par l’Europe. Leur nom se retrouve dans la haute Asie, dans le Syr Daria et l’Amou Daria, les deux grands fleuves tournĂ©s vers l’Ouest ; il a Ă©tĂ© aussi donnĂ© Ă  un tas de fleuves de l’Europe beaucoup plus qu’à des peuples. Cependant il y avait en Grande Bretagne des Duroiriyes vivant sur une riviĂšre qui a conservĂ© jusqu’à prĂ©sent le nom dorien d'Ullie. En Gaule nous avons eu la Druentia Durance et Je Durantius Dordogne, le Mont Dore, dans les Alpes les deux Doria Doires. En Espagne notons le Darius Douro, le fleuve Ulla et une ville d’Ulia. Un autre courant avait conduit cet ethnique vers l’Inde. Dans le Turkestan chinois les cours d’eau portent aussi le nom de Daria Yarkend Daria, Khotan Daria, Keria Daria, Tchertchen-Daria Kachgar Daria etc. Dans l’Hindoustan ce sont des villes qui s’appellent Dora, Doory, Dorazy, Dowrya, Dowry, Durapour, Durajah, Duregapour, Durrampour, Durraneah, Durrole, Durya, Duryapour. Il y avait aussi un fleuve Dorios au-dela du Gange et un Dorias en deca. Il n'est pas impossible que l’on doive rattacher Ă  ce mĂȘme ethnique les DaradraĂŻ. PtolĂ©mĂ©e, Dardoe Pline ou Dardaniens des divers auteurs, les Dardis des modernes et avec ces noms celui de Youed Draa au sud du Maroc qui en dĂ©rive. En avancant vers l’Ouest nous trouvons, dans la cĂ©lĂšbre nomenclature qu’HĂ©rodote nous a laissĂ©e des nations de l’empire de Darius, les Darites de de la IIe Satrapie prĂšs de la Caspienne, sans compter les DadicĂšs de la VIIe, qui paraissent ĂȘtre les Indiens prĂ©cĂ©dents. Le mĂȘme auteur nous a indiquĂ© des DarnĂȘens ou Dardanes en Armenie. De son cote Pline signale une nation de Dorisques en Ariana et une rĂ©gion dite Daritis qui appartenait croit-on Ă  la mĂȘme satrapie VI. et 4. Niebuhr fait figurer dans sa carte d’Arabie une ville de Dora ; il y avait aussi en PhĂ©nicie une Dora Tantura actuelle et une Dorea Dour en Palestine. Tout cela nous amĂšne aux noms que nous trouvons dans la nomenclature berbĂšre actuelle Douiret ville du sud tunisien, Oulad ed Dorri des iles Kerkennah, Douera d’AlgĂ©rie prĂšs d’Alger, Douairs de Relizane, Aine Temouchent, de l’Ouarsenis, de la Stidia, de Berrouaghia et les Douaar d’Aflou. Les Ă©tymologistes arabes nous diront que ces noms sont dĂ©rivĂ©s de Dar maison et de douar campement et il est possible que ce soit exact pour certains, mais ces dĂ©signations qui ne sont pas accompagnĂ©s de noms patronymiques ni toponymiques peuvent prĂȘter a doute. En tout cas il y a des Dahouara Ă  la Sefia et des Dahourah Ă  Lavarande qui ne semblent pas appeler les mĂȘmes rĂ©serves. Je dois encore noter le nom de la famille importante des Dariça des gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres sur laquelle nous ne savons rien. Elle comprenait deux puissantes branches, les Matmata et les Zenata qui vivaient primitivement dans le sud de la Numidie et de la Mauretanie Setifienne et en Tripolitaine. Les Dariça avaient comme ancĂȘtre Ă©ponyme un certain Dari fils de Zahik ou Zeddjik ; Ă©tant donnĂ©e la fantaisie extravagante qui a prĂ©sidĂ© a l’agencement de ces gĂ©nĂ©alogies je me demande si ce n’est pas l’éponyme de Darius roi de Perse qu'on y a fait entrer, nom qui se rattachait Ă  celui de la nation des Darites. Chez les Touareg Aouliminden du Soudan il y a une tribu serve de Douta et une autre de Daoura. Enfin au sud du Maroc le Daradus des anciens, le Draa des modernes clĂŽt cette sĂ©rie. Dans l’AmĂ©rique du Nord, aucun nom se rattachant Ă  cet ethnique ne nous apparait ; il est donc sans doute venu de l’Est, mais le choix reste ouvert entre l’Europe et l'Afrique et je serais plutĂŽt porte Ă  pencher vers la premiĂšre hypothĂšse. 31 — FARAONES Les Faraones sont une tribu d'apaches de l’état de Chihuahua au Mexique. D’aprĂšs le Hand book of American Indians de Hodhe leur vrai nom serait Pharaoh. L’un et l’autre nom paraissent suspects et on ne peut s’empĂȘcher de se demander si ces noms ne cachent pas un caprice des conquĂ©rants qui leur auraient donnĂ© comme surnom celui des rois d’Égypte. NĂ©anmoins, il m'a semblĂ© prĂ©fĂ©rable de mentionner sommairement ce nom a tout hasard. On sait qu'en Berberie le terme grĂ©cise de Pharaoun se retrouve un peu partout dans la toponymie locale, Ksar Pharaoun, Nelchal Pharaoun, Djebel Pharaoun etc. On n’a jamais pu dĂ©terminer exactement si l’imagination orientale seule, ou de vieilles traditions relatives au passage des Égyptiens avaient entraine ces dĂ©nominations. D’autre part certains monuments et bijoux attestent nettement une influence Ă©gyptienne, voir chap. On pourrait donc supposer que des personnages appartenant Ă  une dynastie Ă©gyptienne, ou se vantant de cette haute origine, avaient pris part Ă  une expĂ©dition ou Ă  un exode qui a transporte des Africains sur l’autre bord de l’Atlantique. A ce point de vue le pectoral de Pachacamac est vĂ©ritablement impressionnant. Outre les Faraones il y a au Venezuela des Farantes, des Faramaynas, Famanares, dont les noms paraissent dĂ©couler de la mĂȘme racine. En rĂ©sumĂ© je fais toutes mes rĂ©serves sur le nom lui-mĂȘme et sur les hypothĂšses qu’il peut suggĂ©rer. 32 — GABILANES Les Gabilanes habitent le Nouveau Mexique, leur nom est, lĂ©gĂšrement altĂ©rĂ©, celui de Kapila fils de Kouch et petit-fils de Cham. Les SĂ©mites ont dĂ©formĂ© ce nom en HĂȘvila, Havila, Evita etc, de sorte qu’il n'est pas toujours facile de le suivre dans ses avatars. Les historiens qui ont cherchĂ© Ă  identifier les traditions SĂ©mites contenues dans les livres saints, placent les Kouchites sur findus, et les HĂ©vilĂ©ens, leurs descendants hypothĂ©tiques, dans la vallĂ©e supĂ©rieure et septentrionale de ce mĂȘme fleuve, sur la riviĂšre de Kaboul Cophen oĂč se trouve une ville de ce nom Cabura des anciens dont le nom est suffisamment significatif On connait le cĂ©lĂšbre passage de l’historien juif JosĂšphe ou il nous apprend que les EvilĂ©ens sont les GĂ©tules d'aujourd’hui AntiquitĂ©s judaĂŻques 1. VI. 134. En constatant que les Kabyles d’aujourd'hui en Arabe Kebail portent le nom mĂȘme de ces Evileens, quelque peu modifie, il semblerait qu’il n’y ait pas lieu de chercher plus loin les EvilĂ©ens et les GĂ©tules. Malheureusement ce rapprochement trop facile parait ĂȘtre assez Ă©loignĂ© de la rĂ©alitĂ© des faits. Le texte de JosĂšphe demande Ă  ĂȘtre commentĂ© les Evileens et les GĂ©tules se sont peut-ĂȘtre fondus comme il l’indique, mais ils Ă©taient diffĂ©rents en principe. Les GĂ©tules venus des rives du Danube, voir Aztlantecas sans doute longtemps aprĂšs les Hevileens, les subjuguĂšrent, les refoulĂšrent, les absorbĂšrent, et il est en l'Ă©tat actuel assez difficile de reconnaitre la trace respective des uns et des autres. Dans l’antiquitĂ© il en Ă©tait autrement. Pline et Strabon nous signalent en Arabie les Chaviloei. Il y eut en Égypte une localitĂ© de Cabalsis sur la route de Berenice Ă  Coptos ou Kene ItinĂ©raire d’Antonin. En CyrĂ©naĂŻque HĂ©rodote a signalĂ© des Cabales ou Bacales disparus par la suite. Ils avaient poussĂ© jusqu’en Mauritanie car la ville de Ceuta et la montagne qui l’avoisine et qui commande le dĂ©troit de ce cote s’appelaient Abila. Ils se sont donc trouvĂ©s dans les conditions Voulues pour porter leur nom de l’autre cote de l’Atlantique. Manuel d’Histoire ancienne de l’Orient 111 Livre 8 § Dans les nomenclatures modernes il ne reste plus rien de cet ethnique que le nom vague de Kabyles sur lequel il est extrĂȘmement embarrassant de donner des explications satisfaisantes. D'ou vient ce terme de Kabyles, qui semble bien ĂȘtre le pluriel du mot arabe Kebila tribu dĂ©rivĂ© sans doute lui-mĂȘme de lu constatation faite par les Arabes de cet Ă©miettement en petites subdivisions des Hevileens d’Arabie, terme qu’ils appliquĂšrent plus tard aux montagnards de la Berberie ou ils retrouvaient ce mĂȘme fractionnement ? A quelle Ă©poque apparut pour la premiĂšre fois cette dĂ©signation de Kabyles? Les anciens ne l’ont pas mentionnĂ© ce qui ne veut pas dire qu'il n’ait pas dĂ©jĂ  existĂ©, car on sait combien les renseignements qu’ils nous ont lĂ©guĂ©s sont minces et peu sĂ©rieux. Les auteurs arabes l’ont employĂ© d’assez bonne heure. On le trouve notamment dans Ibn Khaldoun IV. p. 674. 1275. Divers personnages porterent le nom ethnique d’El Kebaili, sous les Almohades, les Merinides et les Beni Wattas. Il semble que c’était plutĂŽt un surnom qu’une appellation ethnique et par suite nous n’avons pas en tenir compte ici. Mais ce qui importe Ă  notre sujet c'est de voir si pour gagner l’AmĂ©rique il n’a pas pu suivre un autre itinĂ©raire. Dans le bassin de l’Obi une riviĂšre Kaba a pu ĂȘtre le point de dĂ©part de l'ethnique et il y a au Colorado une tribu de Kabaye Liodge qui le reprĂ©sente, mais sous une forme divergente de celle qui est venue de l’Inde. Cette derniĂšre se retrouvait dans l’antiquitĂ© chez les Gabala de Coele-Syrie, de Phenicie, de Medie. Fait significatif la Gabalia ou Cetbalia d’Asie Mineure Ă©tait arrosĂ©e par un fleuve Indus et sa capitale s’appelait Cibyra. PrĂšs du Jourdain se trouvait une ville chananeenne d’Abilci qui fut une des etapes des Juifs allant Ă  la conquĂȘte de la Palestine. Les cĂ©lĂšbres Cabires des anciens, ces mineurs et mĂ©tallurgistes de la rĂ©gion politique appartenaient sans doute Ă  la mĂȘme race; c’est du liant Indus ou plutĂŽt du Cophen, de Caboura, qu’ils avaient apporte leurs connaissances spĂ©ciales. L’ñge de bronze data de leur arrivĂ©e. Des Gabalai avaient pousse jusque dans la Gaule Aquitaine Gevaudan.et dans l’Espagne Tarraconnaise ou ils portaient les noms de Gebcila et Gdbalaih. Ils Ă©taient sans doute venus avec l’invasion des peuplĂ©s dĂ©nommĂ©s en bloc IbĂšres. La question se pose donc de savoir si les Gabilanes du Nouveau Mexique sont venus de Berberie ou d’Iberie, et je dois avouer que je ne trouve aucun Ă©lĂ©ment de dĂ©cision, tout en pensant qu’il ne saurait y avoir erreur au sujet de l’identification de cette tribu et que d’autre part elle n’est pas venue de l’Ouest. 33 — GERGEGENSENOS Le nom de cette tribu de Californie me plonge dans les mĂȘmes perplexitĂ©s que celui des Amalecitas et des Faraones. Est-ce une invention des conquĂ©rants europĂ©ens pleins de souvenirs bibliques ou est-ce leur vĂ©ritable nom ? C’est en effet la transcription espagnole des GergĂ©sĂ©ens de la Palestine, c’est-a-dire d’une des tribus Chananeennes qu’eurent Ă  combattre les HĂ©breux. Ou bien encore est-ce un a peu prĂšs sur un nom rĂ©ellement existant ? Ne trouvant aucune prĂ©cision Ă  cet Ă©gard ni dans mon guide M. Martin, ni dans le Manuel de Hodge je ferai comme si c’était bien un nom authentique. Le fait de l’arrivĂ©e des GergĂ©sĂ©ens en Afrique est certain ; ils ont donc pu avec d’autres BerbĂšres passer en AmĂ©rique. Au tĂ©moignage de Procope on sait que les Chananeens, dont ils Ă©taient une tribu, battus et poursuivis par JosuĂ© s’enfuirent en Afrique. Il y avait en Palestine une ville de Gergis dont ils tiraient sans doute leur appellation ; or on retrouve le mĂȘme nom sur la cote des Syrtes prĂšs de Djerba ; c’est l’oasis actuelle de Zarzis. La ville palestinienne n’était malheureusement pas la seule de ce nom, car il existait une troisiĂšme ville du mĂȘme nom en Troade. Or on sait par HĂ©rodote que les Maxyes habitants de ces parages se targuaient de venir de la Troade. Quoiqu’il en soit l’arrivĂ©e en Berberie des Chananeens et des GergĂ©sĂ©ens, de Palestine, cites en particulier par Procope, ne saurait faire de doute, car nous pouvons contrĂŽler son rĂ©cit en relevant d’autres traces fort convaincantes de l’arrivĂ©e de cette Ă©migration. Les Djeraoua Geraoua de l’AurĂšs qui se rendirent cĂ©lĂšbres par leur rĂ©sistance aux premiĂšres invasions arabes reprĂ©sentaient le nom d’une tribu voisine, les GerrhĂ©ens, venus de Gerra en Palestine. Il y avait sur les bords de la MĂ©diterranĂ©e orientale cinq villes de ce nom que M. Autran Ă©numĂšre dans son Ă©tude sur les PhĂ©niciens p. Nous trouvons encore en AlgĂ©rie des fractions de Djerali a Palestro et a Berroughia, des Djerrah a la Soummam et a Attia, des Djerara a Mazouna, des Ait Djerrar au Maroc. On croit que les Djeraoua Ă©taient une des tribus juives qui furent dispersĂ©es lors de la rĂ©volte de la CyrĂ©naĂŻque en l’an 116 refugiĂ©s dans l’AurĂšs ils en furent encore chassĂ©s par l’invasion musulmane a laquelle ils cherchĂšrent Ă  tenir tĂȘte sous la conduite de leur reine, la cĂ©lĂšbre Kahena. C’est sans doute dans ce dernier exode qu’ils laissĂšrent les traces que je viens de relever. Les premiers auteurs arabes nous les montrent Ă©tablis dans les parages de la basse Moulouia. Une ville considĂ©rable sur l’oued Kis, prĂšs de son embouchure portait leur nom. Ils prirent part avec ardeur aux luttes politiques et religieuses qui suivirent l'Ă©tablissement de l’Islam au Maroc, et qui les firent disparaitre en tant que tribu. Les gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres qui n'ont pas relevĂ© le nom des GergĂ©sĂ©ens, comptaient les GerrhĂ©ens Djeraoua parmi les Darica, branche des Zenata, famille des Megguen. Une peuplade nĂšgre du Baoutchi Ă  l’ouest du Tchad parle une langue nommĂ©e Djaraoua. Le nom mĂȘme des ChananĂȘens s'est perpĂ©tuĂ© jusqu’à nos jours chez les BerbĂšres comme en temoignent les Ait Kenana de Dra el Mizane, les Kenana et KenaĂŻn de Frenda, les Kenancha de Cacherou, les Kenansa de Mascara, les Kenanda de Cassaigne, les Kenanema de Blida, les Khenanccha de l’Ouarsenis et de Tenes, les Khenansa de Renault, etc. On peut, je crois, retrouver le nom des AmorrhĂ©ens dans ceux de la grosse confĂ©dĂ©ration des Amraoua de Kabylie et des Amriouane d’El Milia. Je ne parlerai pas des Amour bien que ce soient sans doute leurs parents, car ces derniers seraient seulement venus comme Arabes au Xe siĂšcle, point que je crois trĂšs discutable. Une autre tribu chananeenne, celle des Zomzommins est reprĂ©sentĂ©e par les Ida ou Zemzen, des Haha du Sous marocain. Il y a aussi un Oued Zem au Maroc, peut-ĂȘtre un dĂ©doublement de ce nom, bien que ce fait soit plus anormal que le contraire. Pline citait en Tripolitaine la ville de Zizama qui a disparu et dont Vivien de Saint Martin reconnaissait avec raison l’emplacement dans l’Oucidi Zemzem au nord de Ghadames. Duveyrier a attaquĂ© fort Ă  tort cette identification en allĂ©guant que ce nom ne pouvait ĂȘtre antĂ©rieur Ă  l’invasion des Arabes, ceux-ci seuls ayant pu donner Ă  cet endroit le nom du puits vĂ©nĂ©rĂ© de la Mecque. On sait que la Mecque et son puits sont bien antĂ©rieurs Ă  l’Islam et que bien d’autres invasions ont pu auparavant vĂ©hiculer ce nom. Bref il ne manque pas de raison pour admettre que des GergĂ©sĂ©ens d'Afrique ont trĂšs bien pu passer en AmĂ©rique avec les autres BerbĂšres. Ce serait dans les premiers siĂšcles de notre Ăšre. 34 — GES Les Indiens Ges habitent au BrĂ©sil. Je place leur point de dĂ©part au lac Ghez qu’on trouve dans les solitudes qui s’étendent au sud du Lob Nor. Il y a aussi dans le Turkestan chinois, c'est-a-dire dans cette mĂȘme rĂ©gion, une tribu de Gez qu’a signalĂ©e tout rĂ©cemment le consul anglais Skrine Illustration du 24 Octobre 1926. Ont-ils Ă©migrĂ© par l’Orient ou par l’Occident? Les traces que l’on a relevĂ© vont vers l’Ouest et se divisent comme d’habitude en deux courants. Le courant africain nous montre les Ghez d’Abyssinie ou Geez, Agazi, Agueza, Agaziyan, suivant les peuples qui ont Ă  les dĂ©signer. La terre de Gessen Ă  l’entrĂ©e de l’Égypte semble relever du mĂȘme ethnique. Les Ghez d’Abyssinie parlaient une langue que l’on rapproche de l’arabe et qui a survĂ©cu comme langue liturgique et savante. La prĂ©sence de cet ethnique dans la Berberie occidentale semble dĂ©celĂ©e par les noms des Gnezazna des Braz, des Ghezazla de l’Hillil, des Ghezlia du Gouraya, des Ghazenci de l’Edough, des Ghazlia d’Ammi Moussa, Du cote Nord, malheureusement, pour la solution Ă  donner a notre question nous en trouvons tout autant. Il y avait une ville de Gesoriacum Boulogne, une ville de Gesocribate Brest, un pays de Gex, plusieurs villes de Gez dans les Hautes-PyrĂ©nĂ©es, les Gets en Savoie, GĂȘzoncourt prĂšs de Toul etc. On commit le tournoi Ă©tymologique auquel se sont livrĂ©s les anciens sur le nom des Gesates du pays de Gex. Les uns disaient qu'ils tiraient leur nom du Goesum, la pique dont ils se servaient dans les combats, les autres que ce nom signifiait guerriers mercenaires, servant pour un salaire etc. Tout cela ne nous dit pas s’ils se sont embarquĂ©s en Europe ou en Afrique pour gagner le BrĂ©sil; nous laisserons donc encore ce point indĂ©terminĂ©. 35 - GUALIS Les Gualis, Guales ou Gualies de Colombie, auxquels on peut adjoindre quelques tribus dont le nom commence par la mĂȘme racine et qui toutes habitent aussi l’AmĂ©rique du Sud, peuvent ĂȘtre rapprochĂ©s des GuelciĂŻa du Rif marocain. Ces derniers sont des BerbĂšres arabisĂ©s dont le territoire entoure la ville espagnole de Melilla. Quoique bons marins, ils n’ont pas la rĂ©putation des pirates BohkoĂŻa situĂ©s plus a l’Ouest sur la cote riffaine. On trouve encore en Berberie des GhellaĂŻe Ă  Blida, des Gheliate sur le Clielif, des Guelel Ă  Courbet, des Guelnguel aux Bibans. Ce nom parait ĂȘtre venu de SibĂ©rie Guilem, Guiloui en passant par le Caucase ou il y avait des GĂšles connus des anciens entre le pays des Amazones et celui des Albanais. On retrouve encore leur nom chez les GalgaĂŻ du Daghestan. Mais la synonymie de cette rĂ©gion du Caucase est tellement confuse que je n’insisterai pas bien qu'il y ait quelque chance pour que ce soit le point de dĂ©part de cet ethnique. 36 — GUAMARES Les Indiens Guamares habitent la Nouvelle Galicie, c’est-a-dire le Mexique. On trouve aussi des Guaimaros, Guainars, Guamas au Venezuela, des Guairam Ă  en Colombie, des Guaymures ou Aymures au BrĂ©sil etc. Il est bien possible que les Aymara de Bolivie et du PĂ©rou doivent ĂȘtre rattaches Ă  ce groupe de noms, qui me parait dĂ©river de celui de File de Gomera aux Canaries et des Ghomara du Rif. Outre les deux derniers noms que je viens de donner, on trouve en AlgĂ©rie des Ghamra aux Zibans a l’ouest de Biskra, un village de Ghamra dans l’Oued Rhir et une ville de Guemar au Souf. Tous ces noms appartiennent Ă  une race nombreuse Ă  laquelle on prĂȘte comme ancĂȘtre Ă©ponyme Gomer fils de Japhet. Elle semble avoir pĂ©nĂ©trĂ© en Afrique par deux ou trois routes diffĂ©rentes Gibraltar, Egee, Mer Rouge. On trouve des traces de ce fractionnement de leurs essaims dans les Ă©lucubrations des gĂ©nĂ©alogistes musulmans. Ils distinguaient les Ghomara du Rif qui appartenaient d’aprĂšs eux au groupe des Masmouda Azdadja des Ghamra du centre de la Berberie qu’ils appelaient Ouaghmert ou Ghamert et qu’ils classaient parmi les Zenata Darica. Ces derniers habitaient alors le Bou Kahil au sud de Bou Saada et en furent chasses par l’invasion hilalienne Il y a encore en AlgĂ©rie des Ghomara a Aine Bessem, des Oulad, el Goumari a Lalla Marnia, des Ghomeriane ou Ghoumeriane a Mila, Ă  Ghateaudun du Rummel, aux Braz, Ă  la Sefia, Ă  l'Oued Cherf et Ă  Soukharas ; des Guemara aux Chaamba de Metlili, des Guemarat Ă  Aine Fezza prĂšs de Tlemcen, des Guemmour aux Madid et Ă  Rouina, des Ghamras Ă  El Ancor et Ă  Bou Tlelis, des El Ghomeri Ă  Perregaux et Ă  l’Hillil, etc. — 287 — Ibn Kaldoun passim... Voir aussi Gt. Cauvet Les Forteresses berbĂšres du Bou Kahil, ArmĂ©e d’Afrique Aout 1925. En Tunisie il y a des Ghomrassen ou Rhomrassen chez les Ouramma de Talaouine et de Tarzis. On trouve dans le district de Bouda, deux petits villages portant le nom de Ahl el ltomara et de Romariin qui attestent la venue dans ces lointains parages, de descendants de Gomer. On remarquera que cet ethnique va en se dĂ©formant de l’ouest vers l’est de sorte qu’on a tout lieu de croire que les porteurs de ce nom sont venus par l’Espagne. En Tripolitaine nous trouvons une autre variante dans le nom de Germa Djerma capitale des Garamantes reconnaissable malgrĂ© la mĂ©tathĂšse du R. C’est Ă  cette forme que se rattachent en Europe et en Asie les noms des Kimrys, CimmĂ©riens, Cimbres, Germains, Kerman, Caramanie, Ghermon Bender Abbas etc., tous noms dĂ©rivĂ©s de celui des Germanien Persans d’HĂ©rodote. C’est par la voie de l’EgĂ©e, avec les peuples de la mer, qu’ont pĂ©nĂ©trĂ© les Garamantes apportant avec eux le nom de la Phasanie colchidienne qui fut applique aux oasis du Fezzan. De cette variante dĂ©pendent en AlgĂ©rie les noms du Ksar Djerma fortin romain qui Ă©tait situĂ© au nord du massif des AurĂšs, des Djermana des gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres, parfois lus Djedana qui Ă©taient classes parmi les Bouata, des Djermcine des Eulma et des Oulad Daoud de l’AurĂšs, des Djermema des Oulad Soltane, des Djermouna de Takitount, des Djeramna de Geryville et de Tenira, des Beni Guelmane de Morsott, des Djerabaa de Mascara et de Dalla Marnia et sans doute de Pile de Djerba par suite de la substitution frĂ©quente en Lybie du B au M. J’ai remarquĂ© dans mon Ă©tude sur les Origines Caucasiennes des Touareg, que le nom de Djerma avait ee transporte au loin sur le Niger et dans les rĂ©gions avoisinantes du Soudan ou, sous l’influence des langues nĂšgres, cet ethnique corrompu s’est transformĂ© en Djerma Ganda, Zerma, Zaberma, Saberma, Bagliirmi, Gourma, Gouma, Gouram, GourmantchĂ©, DiermatĂȘ, Diermadio, etc. Une autre variante du nom de Gomer apportĂ©e peut-ĂȘtre par un troisiĂšme essaim, s’est introduite plus Ă  l’Est car il y a en Ethiopie des Ghimirra trĂšs mĂ©langĂ©s de sang noir. On peut y rattacher le Dar Guimr sur la frontiere anglo-Française qui sĂ©pare le Darfour de l’Ouadai et des Goummer chez les Tebou du Tibesti. D’ou venaient tous ces enfants de Gomer ? En nous reportant vers le nord nous trouvons comme point de dĂ©part dans le bassin de l’Obi une riviĂšre Gourma et un Gorom. Plus au Sud dans le Badakchan la ville de Djerm peut indiquer le centre de formation des Germanien Persans. Plus au sud encore une bourgade de Gharm est la capitale du Karategine. Dans l’Inde PtolĂ©mĂ©e signale sur la cote de Malabar une ville de Komaria avec un cap du mĂȘme nom. C’est peut-ĂȘtre le cap Comorin que les modernes placent a l’extrĂ©mitĂ© du Dekkan. Il indique aussi Ă  la pointe sud-est de Ceylan une ile de Glioumara. Les gĂ©ographes arabes appelaient l’Assam pays de Komar et donnaient d’aprĂšs lui le nom de Komari Ă  l’aloĂšs qu'ils en rapportaient. D'autre part il y a au Caucase ou le souvenir de la race de Goyner est reste trĂšs vivace, une localitĂ© de Ghimri chez les Avaro- Andiens. De tout cela il semble qu’on est en droit de conclure que le peuple en question est certainement descendu dans l’Inde pour en repartir dans diverses directions. Mais peut-ĂȘtre avait-il envoyĂ© directement des essaims en Europe, partant des vallĂ©es qu’il occupa primitivement Ă  l’ouest du Pamir. Le nom des iles Comorres qui se rattache Ă  notre ethnique peut faire croire soit a des migrations maritimes fort anciennes partant du sud de l’Inde qui a jouĂ© autrefois un si grand rĂŽle comme centre de formation et de dispersion des peuplĂ©s, soit a l’existence d’un dĂ©bris de l’antique et hypothĂ©tique Lemurie. Mais ces enfants de Gomer sont devenus complĂštement noirs sous ce climat, tandis que ceux qui avaient sĂ©jour ne dans les brouillards du Nord comme l’ont certainement fait les ancĂȘtres des Ghomara du Rif en ont rapporte un teint clair, des yeux bleus et des cheveux blonds. On les retrouve encore chez ces populations marocaines. Ce sont elles qui ont peuplĂ© en partie les iles Canaries et qui de la ont envoyĂ© en AmĂ©rique les Ă©migrants volontaires ou involontaires qui sont devenus les Guamares. Cette constatation appuie ce que nous avons dĂ©jĂ  dit des Canaris, et ce que nous allons dire des Guanchas et des Hwires autres descendants prĂ©sumĂ©s des anciens peuplĂ©s des iles FortunĂ©es. 37 — GUANCHAS Le nom des Guanchas du Paraguay et des nombreuses tribus qui portent une appellation similaire, rapproche de celui des cĂ©lĂšbres Guanches des Canaries, suffirait a lui seul pour Ă©tablir l'immigration des BerbĂšres sur la terre d’AmĂ©rique, mais il appelle de sĂ©rieuses rĂ©serves qui vont m’entrainer a des dĂ©veloppements un peu longs. Dans les Langues du Monde, M. Rivet qui ne connait pas de Guanchas mais seulement des Guanas, qui forment tout un groupe de la famille linguistique des Arawak, nous apprend que ces Guanas s’appellent eux-mĂȘmes TsĂąne Tchane. Qui donc alors les a nommĂ©s Guanas ? Sont-ce les Espagnols conquĂ©rants et pourquoi les ont-ils ainsi appelĂ©s ? Sont-ce les tribus voisines qui leur ont conserve une vieille appellation ? Il est clair que si elle est d’origine indienne cela n'a pas d’importance ; ce n’est pas la seule population indienne d’AmĂ©rique dont le nom comporte des synonymes. Si ce sont les Espagnols qui ont commis sur ce nom un a peu prĂšs, amenĂ© par la similitude de celui bien connu des Guanches des Canaries, tout l’échafaudage de mon argumentation s’effondre. Il importe donc de voir la chose de prĂšs ce qui est assez difficile en l’absence de tout renseignement sur ce point. Je commence par remarquer que les variantes des termes Guanchas ou Guanas sont extrĂȘmement nombreux et s’etendent Ă  peu prĂšs sur toute l’AmĂ©rique du Sud et mĂȘme sur l’AmĂ©rique centrale. Il parait bien difficile dans ces conditions d’admettre une dĂ©formation intentionnelle s'Ă©tendant Ă  tant de collectivitĂ©s et sur une telle Ă©tendue. Au surplus voici tous les noms que je rapproche de cet ethnique. En commençant par le nord nous avons en Californie des Guanockos ou Guenockos, au Mexique des Huanchinangos, en Floride des Guancanes, aux Antilles des Guanajes ou Guanaxes de l'ile de Guanaja au nom assez caractĂ©ristique qui fut dĂ©couverte par Colomb au cours de son quatrieme voyage, au Yucatan des Quanches, en Colombie des Guanacas sur le haut Orenoqae, des Guanabianos on Mocuxes des Guanares on Guanaros, des Guanariboes, des Guancuseos, des Guaneros, des Guanes, des Guanitas, des Guanucas on Goconucos, an Venezuela des Guanes Guamocos Guanentaes ou Zenas, des Guanibes, des Guanabucanes, des Guanimaneses. Dans les Guyanes on n’en trouve, pas, mais le nom mĂȘme de la rĂ©gion parait une derivation de l’ethnique lui-mĂȘme. Au BrĂ©sil on trouve des Guanos, Guanhanaris. Gualchos ou Guaninas, a l’Eqiateur des Guancavilcas ou Guancavellicas ou Huancavilca? Au PĂ©rou des Aguanes ou Aguanos, des Guanacotas, Guancabambas, Guancachupachos, Guancallos, Guancas, Guancayos, Huancas, en Bolivie des Guanas Qtukes, au Paraguay des Guanches, Guanos, ou Guanas, Ghanas, Ghanes Huanas ou Guanes que l’on trouve aussi au BrĂ©sil, dans i’i ruguay des Guananas et des Gualalha ou Guanano ou Guaniana. Cette Ă©numĂ©ration fastidieuse permet de voir malgrĂ© l’altĂ©ration de beaucoup de ces noms qu’ils se rapprochent en grande partie de celui des Guanches des Canaries et que l’intervention des EuropĂ©ens dans leur Ă©volution est peu probable. Je vais passer maintenant aux Guanches des Canaries. Ils nous son t connus par les recherches de divers savants parmi lesquels Sabin Berthelot et Verneau. Ils Ă©taient grands, blonds, ne connaissaient pas les mĂ©taux. On les classe dans la race de Gromaguon ; or on sait que cette race a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e en Berberie comme le montre le gĂ©nĂ©ral Faidh.'ibe dans ses Recherches sur les tombeaux nĂ©olithiques de RoJcnia Bulletin de l’AcadĂ©mie d’Hippone 1868 nos 4 et 5. Les Guanches et les autres peuples des Canaries doivent ĂȘtre comptes comme BerbĂšres. Ils parlaient d’ailleurs la mĂȘme langue. Si l’on recherche quelle Ă©tait l’origine des Guanches on est fort embarrassĂ©, car leur nom ne se retrouve nulle part. Marmol nous a donnĂ© la clef de ce mystĂšre. Dans sa description de l'Afrique Ă©crite Ă  la fin du XVI siĂšcle il notait que l’une des cinq grandes confĂ©dĂ©rations des peuples sahariens voilĂ©s Ă©tait celle des Guanceris ou Zuenziga. Nous avons la l’origine du nom des Guanches dont personne n’avait parle jusque la. C’est la corruption d’un mot berbĂšre, que nous retrouvons dans la fraction targuie des Ouandjeri qui vit encore chez les Touareg Iregenaten du Niger. D’autre part au Nord du Fezzan nous trouvons une localitĂ© d’Ouanzerig, situĂ©e Ă  l’ du Djebel Soda, dans la zone ou s’est formĂ©e suivant toutes probabilitĂ©s la confĂ©dĂ©ration des Touareg. En Berberie il y a un massif montagneux remarquable au SSE d’Orleansville que l’on nommĂ© Ouarsenis, transcrit parfois aussi, Ouaransenis, Ouancherich. En Abyssinie on mentionne un hameau d'OuanzeghiĂ© dans le district de Dosa Combes et Tamisier II 192. Ceci indiquerait une origine orientale. Dans les nomenclatures modernes, les noms qui se rapprochent quelque peu de ceux qui prĂ©cĂ©dent sont ceux des Ouacheria de Renault et du Fondouk, des Beni OuanĂšehe de Tizi-Ouzou, des Guenadza d’Aflou, des Guenadzia d’Aine Mlila et de Tenes, des GuenaĂŻnia de Tablat, des Guenzet d’Akbou et du Ouergour, des Kenadsa de la Saoura, du village de Guentis chez les Oulad Sidi Abid de Tebessa. Mais tous ces rapprochements sont bien peu rassurants et il faut convenir que cet ethnique a Ă©tĂ© fort maltraitĂ© aussi bien en Berberie qu’en AmĂ©rique. Dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres les auteurs arabes Ă©numĂšrent des Ouandjez et des Outzila ou Outriga ou Ounziga. Les premiers appartenaient, d’aprĂšs le genealogiste Ibn Hazem, aux Louata Nefzaoua, et d’aprĂšs l’ecole rivale d’Ibn Sabek, aux Louata de l’AurĂšs. Ibn Khaldoun IV. 221 Quant au second peuple dont la troisiĂšme lecture nous parait la plus vraisemblable, on le classait parmi les Sanhadja voiles du desert. Ce sont peut-ĂȘtre les Guanceris de Marmol. Tout cela, on en conviendra manque de prĂ©cision. Mais d’autre part c’est prĂ©cisĂ©ment le fait de cette dĂ©formation locale d’un terme qu’on a retrouvĂ© ainsi altĂ©rĂ© qu’aux Canaries et dans l’AmĂ©rique du Sud qui nous donne la plus sure garantie d’une Ă©migration des Guanches en AmĂ©rique, puisque c’est le seul endroit oĂč on trouve un ethnique qui s’en rapproche quelque peu. Ils n’ont pas pu arriver d’ailleurs. Le point de dĂ©part premier de cet ethnique parait ĂȘtre la riviĂšre Wan-Ho dans le nord de la Chine. 38 —GUISNAIS Les GuĂŻsnais sont des Indiens de Bolivie et on trouve dans le Chaco de l’Argentine une tribu de Guisnay dont le nom indique un dĂ©membrement d'une seule et mĂȘme tribu. Je rapproche cet ethnique de celui des GueznaĂŻa ou IgueznaĂŻen, tribu berbĂšre fortement arabisĂ©e du Rif marocain. Elle Ă©tait mentionnĂ©e dans les historiens musulmans comme appartenant Ă  la branche des Nefzaoua des Louata, descendants de Madghes, ce qui implique peut-ĂȘtre une origine orientale. On sait que la rĂ©gion du Nefzaoua dont les gĂ©nĂ©alogistes ont tirĂ© leur Ă©ponyme Nefzao est une rĂ©gion basse qui s’étend dans le Sahara au sud du Chott Djerid et a l’ouest de Gabes. C’est un pays de palmiers et ou les habitants sont de teint foncĂ©. Il ne serait pas impossible qu’on doive rattacher cet ethnique a celui des Ges que j’ai examinĂ©s prĂ©cĂ©demment. Quoiqu’il en soit les deux noms marocain et amĂ©ricain concordent entiĂšrement. On remarquera en outre la proportion relativement considĂ©rable de tribus du Rif qui apparaissent dans cette nomenclature. 39 —HUARES Les Huares sont des Indiens du Nicaragua Ă©tablis au Mexique. On peut leur adjoindre les Huayairas du Ghaco de l’Argentine et les Huetares ou Guetares du Nicaragua. Ce nom parait dĂ©river de celui de la cĂ©lĂšbre nation berbĂšre des Hoouara ou Haouara ce qui ne surprendra pas si l’on remarque qu’elle avait contribĂ© au peuplement des iles Canaries. L’ancien nom de Palma Ă©tait Bene Hoare c’est-Ă -dire BĂ©ni N Hoouara Elisee Reclus XII. 98.. L’importance de cette constatation est considĂ©rable et j’attire tout spĂ©cialement sur elle l’attention du lecteur. Ce nom est absolument propre Ă  l’Afrique et ne se trouve nulle part ailleurs, car c’est une dĂ©formation sĂ©mitique du nom des Avares dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ©, voir Andis et Avavares. Les Hoouara ont jouĂ© un trĂšs grand rĂŽle dans l’histoire de la Berberie, lors des invasions arabes. Ils sont au nombre des peuples BerbĂšres qui ont tenu tĂȘte avec le plus d’acharnement en Tripolitaine et en Numidie aux guerriers musulmans. Ils les ont battus a maintes reprises. Inconnus des auteurs anciens dans cette rĂ©gion, ils ont apparu subitement des les premiers raids des Arabes. J’avais cru que leur Ă©parpillement dans toute l’Afrique du nord datait prĂ©cisĂ©ment de cette Ă©poque, mais le fait qu’on retrouve leur nom d’abord en Égypte puis aux Canaries et en AmĂ©rique m’amĂšne Ă  penser qu’ils ont du dĂ©jĂ  Ă  une Ă©poque fort antĂ©rieure essaimer dans l’Est. J’ai d’ailleurs fait remarquer prĂ©cĂ©demment qu’on les trouve partout avec les Antes. Quoiqu’il en soit au VIIe siĂšcle, il semble qu’une fraction importante de ce peuple vivait dans le sud Tripolitain. La rĂ©gion du Kaouar leur doit leur nom. On sait en effet que les Touareg ne peuvent prononcer le TI aspirĂ© des SĂ©mites et le prononcent Kh ou K. C’est de la qu’ils sortirent pour prendre la place des populations touareg de la Tripolitaine, alors nommĂ©es Garamantes, qui venaient de succomber a leurs longues luttes contre les Byzantins et s’étaient enfuis, a ce que nous affirme Procope dans les contrĂ©es les plus reculĂ©es de l’Afrique. Les auteurs arabes ont enregistrĂ© tout au long leurs dĂ©mĂȘlĂ©s avec les envahisseurs musulmans. C’est en Égypte que nous trouvons des preuves certaines de leur arrivĂ©e ancienne. Il existait dans el Eayoum une localitĂ© d’Haouara, ou Amenmhet III se fit construire une pyramide. Ce prince appartenait Ă  la XIIe dynastie, antĂ©rieure a l’apparition des Hyksos. Ceux-ci, en arrivant dans le delta du Nil, y trouvĂšrent une autre ville d’Haouarci ou Iiaouarit que les Grecs appelaient Avaris. Ils s’y installĂšrent en la-restaurant et en firent leur camp retranchĂ©. Ce fait n’implique nullement une parentĂ© avec les Avares leurs prĂ©dĂ©cesseurs, comme je l’avais cru primitivement, quoiqu’il ne soit pas impossible que des contingents d’Aimrrs aient figurĂ© parmi eux. Mais il est possible que par la suite il soit sorti de la, sous le nom d'Haouara des Ă©migrants qui n’avaient de commun avec eux que leur nom, s’il est exact que les Hyksos aient Ă©tĂ© des SĂ©mites. Cette ville d'Haouara est gĂ©nĂ©ralement identifiĂ©e avec PĂ©luse. En cherchant encore plus Ă  l’est nous trouvons en Arabie une ville de Haura dans la partie sud-est de l’Hadramaout carte de Ritter. Ces diverses constatations m’amĂšnent Ă  penser qu’il arriva autrefois, sans doute avec les Antes leurs conducteurs habituels, et peut-ĂȘtre d’autres tribus touraniennes inconnues, un essaim d'Avares ou Aivares descendus directement du nord par la voie de l'Arabie et qui au contact des SĂ©mites transforma, son ile en Haouara par l’adjonction de l’H aspirĂ©e propre Ă  la phonĂ©tique de cette derniĂšre race. On remarquera que d’autres essaims arrives plus tard et sans doute par une autre voie ont vu leur nom modifiĂ© d’une maniĂšre plus spĂ©cifiquement berbĂšre par le remplacement du V ou du W par B comme dans Abara-dira, Abaris, Abaritana. Ceux-lĂ  sont sans doute venus par Gibraltar. Dans la suite ininterrompue des noms qui nous montrent bien la progression vers l’Ouest des Haouara, je citerai les suivants. Le nom ancien de Nefta avant l’occupation romaine et avant l’invasion arabe aurait Ă©tĂ© Kethouar et ferait allusion Ă  l’arrivĂ©e des gens de Haouara. On trouve des Aouara Ă  Petit en AlgĂ©rie, des Aouaarah Guelaa bou Sba, des Aouaoura Ă  Lourmel, des Haouara Ă  Damiette, Ă  Aine el Ksar, au Djendel, aux Rliiras, Ă  Aine Mlila, Ă  Remchi, des Haouaren Ă  Msirda et Ă  Lalla Marnia, des Haouaret Ă  Frenda, des IioiiaarĂšne aux Iflissen d’Azefioun, des Houara Ă  l’Ouarsenis et Ă  l’Hillil, des Ilaouariche aux Beni Intacen d’Aumale, des Houaraoua Ă  Carnot, des Iiouarra Ă  Palestro, des Oued el Haouari Ă  Lalla Marnia et Ă  Ammi Moussa. Chez les Touareg le nom propre Aouari est employĂ© et en AlgĂ©rie on trouve celui d'Haouari Haouaria au feminin. Enfin au Maroc il y a des Haouara Ă  Guercif, Ă  Agadir et a Taroudant, qui font le trait d’union avec les Bene Iloare des Canaries. Dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres fabriquĂ©es aprĂšs la conquĂȘte arabe on classait les Hoouara parmi les Aurigha de la branche des Bernes Ibn Khaldoun. mais certains auteurs les considĂ©raient comme des Iiimyarites de la souche de Kinda. Cette derniĂšre opinion cadre avec ce que j’ai dit plus haut de leur passage probable et d’un sĂ©jour dans le sud de l’Arabie. Il ne me semble pas possible de donner une autre origine aux Huares amĂ©ricains. Ce nom est donc trĂšs significatif. 40 — ITATAS Les itatas du Chili nous apportent aussi une des meilleures preuves que l’on puisse imaginer des migrations BerbĂšres au Maroc. Ce nom qui est celui des Ait Atta dĂ©formĂ©, est en effet Ă©galement propre au Maroc. Aux Itatas je rattacherai les noms encore plus altĂ©rĂ©s des Itatines du Paraguay, des Itatinos, Itatianos de Bolivie et du BrĂ©sil, des Ites de Bolivie, des Huitotas et Huitotos du PĂ©rou. L’origine de ce nom se trouve dans l’Inde oĂč il existe encore une ville de Tatta fort ancienne au sommet du delta de l’Indus, c’est-a-dire dans le pays des Kouchites. Un essaim parti de cette rĂ©gion est allĂ© au Caucase ou il a donnĂ© son nom aux Tates du gouvernement de Bakou qui parlent une langue persane et sont par suite considĂ©rĂ©s comme Iraniens. J’avais cru d’abord Origines caucasiennes clĂ©s Touareg 1924 et 1925 que c'Ă©taient eux qui Ă©taient venus directement dans l’Atlas berbĂšre et qui avaient aussi donnĂ© leur nom Ă  certaines fractions des Touareg. Mais on retrouve le nom de Tatta si bien conserve au Maroc dans la rĂ©gion de Taroudant, a cote des Ait Atta bien connus de l’Atlas lui-mĂȘme, que j’ai Ă©tĂ© amenĂ© Ă  modifier ma maniĂšre de voir et Ă  croire plutĂŽt que ce nom et ceux qui le portaient sont venus avec beaucoup d'autres comme les Ait Seri, Iternaten etc, directement du fond de l'Orient. Prenant comme toutes les tribus BerbĂšres des montagnes le titre d’Ait fils de ils ont par raison euphonique pure, supprimĂ© le premier T et leur nom est devenu Ait Atta tandis que les sĂ©dentaires Tatta conservaient le leur. Je ne connais pas ces derniers, mais je prĂ©sume qu’ils sont noirs ou fortement teintes tandis que leurs frĂšres de la montagne sont blancs comme des europĂ©ens. Lors de leurs luttes contre les Romains, les Byzantins, les Arabes, Ă  une Ă©poque que l’on peut prĂ©ciser, les peuples voilĂ©s, pour sauvegarder leur indĂ©pendance, se refugiĂšrent temporairement au sud du Maroc et entrainĂšrent dans leur tourbillonnement saharien une fraction d'Ait Atta dont ils berberiserent le nom, ce qui donna les Ttaitatten. C’est une tribu des Igouadaren Aal Saksib de la boucle du Niger signalĂ©e par MM. Mangeot et Marty dans leur Ă©tude sur les Touareg de ce pays. et 1918. Les mĂȘmes auteurs nous ont aussi nommĂ© une tribu voisine ou la dĂ©formation s’est encore compliquĂ©e. C’est celle des Itakaitakaien. Cependant il y a doute pour cette derniĂšre. En effet M. Victor Piquet signale un terme de ltakkat qui a cours dans le sud Marocain pour designer des groupements de 50 ou 00 chefs de famille et comme les noms dĂ©figurĂ©s abondent dans l’onomastique targuie, on peut se demander si ce n’est pas ce dernier mot qui a donnĂ© naissance a ce nom de tribu si complique. Une autre variation qui a disparu de nos nomenclatures actuelles mais que l’on retrouve dans les auteurs arabes est celui des Hintata. C’était une tribu masmoudienne de la rĂ©gion de l’Atlas, peut-ĂȘtre les Ait Atta eux-mĂȘmes dont le nom aura Ă©tĂ© dĂ©figurĂ© par les SĂ©mites. Dans ces conditions, les transformations amĂ©ricaines de ces noms ne doivent pas nous Ă©tonner. La plus singuliĂšre est peut-ĂȘtre celle des Ites qui est la simplification extrĂȘme de cette appellation, puisqu’elle ne comprend plus que le vocable berbĂšre Ait fils de. Il s’est passĂ© d'ailleurs chez les Touareg un fait analogue car le terme Iheaouen descendants de s’y trouve employĂ© tout seul, diversement dĂ©formĂ©, mais le plus souvent sans le complĂ©ment formĂ© d’un eponymique auquel il aurait droit. Cette bizarre appropriation s’est, sans doute produite au dĂ©but de l’invasion caucasienne avant que les nouveaux arrivants aient eu une pleine possession de la langue berbĂšre. Un fait analogue s’est produit en AmĂ©rique pour l’emploi du terme Ait tout seul dĂ©naturĂ© en Ites. L’existence des autres noms de tribus amĂ©ricaines que j’ai citĂ©es plus haut, diversement altĂ©rĂ©s, me parait confirmer cette maniĂšre de voir. La prĂ©sence du nom de Tatta en AmĂ©rique prĂ©cĂ©dĂ© du terme essentiellement berbĂšre de Ait, le tout contracte en Itata me parait, on en conviendra fort caractĂ©ristique. 41 — JIBAROS C’est le nom mĂȘme des anciens IbĂšres, que je reconnais dans les Jibaros, Jeberos, Xibaros ou Xeberos de l’Equateur, de la Colombie et du Chili, dans les Jeberos du PĂ©rou, les JavarĂšs et Javahes du BrĂ©sil les Ebirayos de l’Argentine et les YubĂ©ris du BrĂ©sil. Leur identification soulĂšve des questions d’une extrĂȘme importance. On sait en effet que certains savants estiment les uns que les IbĂšres Ă©taient des Africains, d’autres des Atlantes Ă©migrĂ©s de l’hypothĂ©tique Atlantide de Platon, avant la catastrophe qui la fit disparaitre, d’autres mĂȘme des AmĂ©ricains venus du Nouveau Monde. M. Philippon dans ses Ă©tudes sur les IbĂšres et sur les Peuples primitifs de l’Europe mĂ©ridionale a montrĂ© qu’ils Ă©taient au contraire bel et bien venus de l’Orient, et qu’ils descendaient des IbĂšres du Caucase. Dans l’ancien monde les IbĂšres nous apparaissent Ă  la fois en Afrique, en Espagne et au Caucase. Dans cette derniĂšre rĂ©gion, ils Ă©taient venus sans doute de l'Inde car PtolĂ©mĂ©e y trouvait encore de son temps une rĂ©gion dite AbĂ©ria ou Abiria au nord-ouest des bouches de l’Indus. C’étaient donc probablement des Chamites ou Kouchites, mĂ©langes de tribus dravidiennes, ce qui explique le teint colore et les cheveux frisĂ©s qu’on leur attribuait dans l’antiquitĂ©. Il est probable que les Colchidiens dont je parlerai au paragraphe Kutchines faisaient partie de ce peuple. On trouvait aussi des IbĂ©riggai Ă  l’ouest du Gange ; c’était sans doute un essaim dĂ©tachĂ© des prĂ©cĂ©dents. Enfin je mentionnerai l’existence au Japon dans l’ile d’Hokkaido d’un district Iburi qui dĂ©cĂšle une ancienne colonie IbĂšre. Les IbĂšres du Caucase ont jouĂ© un rĂŽle trĂšs important dans la crĂ©ation des races et des peuplĂ©s qui se sont formĂ©s dans cette rĂ©gion et qui de la ont Ă©migrĂ© dans toutes les directions. On en a une premiĂšre preuve, des plus manifestes, dans l’introduction du nom d’Heber dans les gĂ©nĂ©alogies semititiques. Ce qu’on est convenu d’appeler les IbĂšres en prĂ©histoire, c’est tout l’ensemble des peuplĂ©s du Caucase formes sur le revers sud de cette montagne et qui s’ébranlĂšrent dans des conditions et Ă  une Ă©poque inconnue pour traverser toute l’Europe et aller jusqu’au fond de l’Espagne. Il y avait la sans doute des reprĂ©sentants de nations trĂšs diffĂ©rentes comme les Albanais, les ArmĂ©niens, les Avaro-Andiens, les Abazes, les Circassiens, les Lezghiens etc... Ils etaient plus ou moins mĂ©langĂ©s d’élĂ©ments touraniens qui avaient depuis longtemps tournĂ© la Mer Caspienne, ou qui venaient d’arriver, aprĂšs que l’Ilot des peuples de lĂ  Haute Asie, libĂ©rĂ© des barriĂšres naturelles qui l’enserraient, put se dĂ©verser sur l’Europe. C’est a tort que leur nom a recouvert ceux de toutes les autres tribus caucasiennes venues avec eux. Toutefois il est probable qu’ils partirent en grande quantitĂ©. On remarquera en effet que leur nom avait momentanĂ©ment disparu du Caucase. Au temps d’HĂ©rodote on ne connaissait plus que celui des Colchidiens. Quelques siĂšcles plus tard, ceux d’entre eux qui Ă©taient restĂ©s sur place avaient suffisamment reconstituĂ© leur race pour que leur nom figurĂąt dans les nomenclatures de Strabon, de Pline et de PtolĂ©mĂ©e. Plus tard il disparut encore par le fractionnement de ses Ă©lĂ©ments qui formĂšrent de nouvelles nations Georgie, Mingrelie, Lazistan, Adjarie, Imerethie Gourie, Touchetie, Svanetie, etc., sans compter les noms transitoires qu’ils ont pu porter a diverses Ă©poques. Je ne les suivrai pas dans leur parcours europĂ©en ; l’enquĂȘte nĂ©cessaire a Ă©tĂ© menĂ©e tout rĂ©cemment par M. Philippon avec beaucoup plus de compĂ©tence que je ne saurais le faire. Je maintiens toutefois les rĂ©serves que je viens de formuler sur l’attribution aux IbĂšres de quantitĂ©s de tribus qui marchaient de concert avec eux, mais en Ă©taient sans doute indĂ©pendantes. Cette migration par la route du nord eut-elle lieu Ă  la mĂȘme Ă©poque que celle qui en emmena une partie en Afrique? C’est assez probable, mais rien n’autorise Ă  l’affirmer. Dans mes recherches sur les Origines caucasiennes des Touareg j’ai Ă©mis l’opinion que le grand exode des IbĂšres vers l’Afrique devait ĂȘtre place au moins avant le XVe siĂšcle. Ils ont du voyager par mer, car ils n’ont pas laisse de traces en GrĂšce comme bien d’autres peuplĂ©s ; tout au moins s’ils y ont passĂ© n’ont-ils pas du y stationner longuement. A partir de la Maritza qui portait autrefois le nom d’Hebrus, rien n’indique plus leur passage dans cette direction. Mais en Afrique on retrouve des indices sĂ©rieux de leur arrivĂ©e; ils ont Ă©tĂ© des premiers ancĂȘtres des Touareg car ceux-ci ont conservĂ© le souvenir des labbaren ou Djabbaren. C’étaient, disent-ils, des gĂ©ants des temps anciens et ils montrent comme ayant Ă©tĂ© laissĂ©s par eux, tous les tombeaux prĂ©historiques des types Choucliet et Bazina qu’on trouve chez eux comme dans toute l’Afrique du Nord, et en outre certaines sĂ©pultures en forme de cistĂ©s analogues a celles qu’on voit encore au Caucase Duveyrier. Touareg du Nord. p. → et Étant venus sans doute en grand nombre ils ont pris, pour se distinguer les uns des autres, les noms des localitĂ©s de l’IbĂ©rie caucasienne dont ils provenaient. Le nom d’Æa Tripoli a sans doute Ă©tĂ© apporte par eux ; le nom du Fezzan certainement, car le Phase Rion actuel traversait en plein leur pays. J’ai aussi notĂ© les noms de Abacha, 
 janet, Oni sera, Telkata, ZakkĂšri, etc. Comme tous les peuples du Nord leurs essaims ont du aller assez loin dans le continent noir. On note entre autres la prĂ©sence d’une tribu Ibara Ă  Madagascar. Chez les Touareg il y a encore des noms de tribus comme Iberekiten, IberkorĂ©, Iberzaz, Ibeurdianam au Soudan. En Kabylie je relĂšve les IberagraguĂšne du Guergour, les ĂŻberrakĂšne d’Akbou 2 fractions du mĂȘme nom, les IberranĂȘne d’Akbou, les IberrikĂ©ne d’Azeffoun, les IbezrichĂ©ne de la Soummam, les IbarchouchĂšne d’Azelioune, les Ibarir de Remchi. Au Maroc on signale les Iberkaken de Tiout au Sous si toutefois ce nom ne dĂ©rive pas de la racine Barca et les Ihabarn des Zaiane de Kenifra. Ce sont eux, je pense, qui ont apporte dans le Djebel Nefonca et le pays des Matmata la mode de ces curieuses constructions troglodytiques que l’on voit dans la vallĂ©e du Rion. Leur langue a du contribuer Ă  modifier et a enrichir l’idiome berbĂšre primitif, tel que les peuples d’origine indienne venus directement d’Orient l’avaient apportĂ© aprĂšs un long sĂ©jour en Arabie. J’ai pu noter, sur une question qui m’intĂ©ressait spĂ©cialement que le nom berbĂšre du chameau Alrem » Ă©tait sans doute une altĂ©ration de l’ibĂšre Aklem » encore usitĂ© en GĂ©orgie d’aprĂšs Klaproth. L’ancien nom berbĂšre de cet animal parait avoir Ă©tĂ© Amis ou Amnis employĂ© chez les Touareg. Il est possible qu’ils se soient Ă©tendus sur les cotes de Berberie en mĂȘme temps qu’a l’intĂ©rieur. Il ressort d’un passage de Pausanias que longtemps avant la guerre de Troie les IbĂšres parcouraient la MĂ©diterranĂ©e sur leurs vaisseaux et envoyaient des colonies sur ses rives, Dotlin. Anciens peuplĂ©s de l’Europ. 82. Les IbĂšres qui sont venus par la voie de terre en Espagne, ont du y arriver longtemps aprĂšs que leurs frĂšres s’étaient installĂ©s en Lybie et sur ses cotes ; il est donc probable que ce sont ces derniers qui ont franchi les premiers le detroit qui separe L’Espagne de l’Afrique, mais par la suite il y eut sans doute des mouvements inverses. AprĂšs avoir constatĂ© que le mouvement des IbĂšres vers l’Occident se produisit Ă  la fois par l’Afrique et par l’Europe, on est obligĂ© de se demander si c’est des cotes d’Espagne ou de celles du Maroc qu’ils gagnĂšrent l’AmĂ©rique et comment ils s’y prirent. Il est clair que le voyage n’est pas plus difficile d’un cote que de l'autre. Les IbĂšres d’Afrique devaient avoir conservĂ© des habitudes maritimes plus dĂ©veloppĂ©es que leurs frĂšres devenus des continentaux endurcis, mais l’esprit d’initiative devait ĂȘtre sensiblement le mĂȘme des deux cotes, bien que des mĂ©langes de sang diffĂ©rents et l’action de climats dissemblables eussent dĂ©jĂ  pu amener quelques variations, en faveur des IbĂšres venus du Nord. Tenant compte de ce que les noms amĂ©ricains que j’ai donnĂ©s ne portent pas trace de berberisation et ont plutĂŽt la tournure propre a la langue espagnole, je suis portĂ© Ă  croire que c’est d’Espagne que partirent les IbĂšres qui allĂšrent porter leur nom en AmĂ©rique. Je rappelle ici succinctement et avec les mĂȘmes rĂ©serves que prĂ©cĂ©demment les autres noms des peuplĂ©s espagnols qu’on relĂšve en AmĂ©rique et que j’ai dĂ©jĂ  donnĂ©s prĂ©cĂ©demment Aragon, BilbĂŒis, Bibriesca, Calomocho, Estrella, Huesca, Logrono, Malaga, Oceloclurum Zamora, Palma. Rosas, Taragone, Toboso, Tortosa, Zamora. Cette Ă©numĂ©ration va me permettre de constater que des IbĂšres d’Afrique ont certainement de leur cĂŽtĂ© gagnĂ© aussi l’AmĂ©rique. C'est ainsi que le nom Zamora a du y ĂȘtre introduit par les BerbĂšres d’Afrique, car il est porte maintenant en Espagne par la ville qui s’appelait autrefois Ocelodurum, ville des Oceles qui sont allĂ©s en AmĂ©rique sous leur propre nom. Les noms des tribus IbĂšres d’Afrique n’étant pas suffisamment connus dans l’état actuel, on ne peut faire que divagues conjectures Ă  ce sujet. Pour conclure, j’admettrai nĂ©anmoins que le passage des IbĂšres en AmĂ©rique eut lieu surtout en partant de l’Espagne. Quant a l’hypothĂšse d’une arrivĂ©e des IbĂšres en AmĂ©rique en sens contraire c’est-a-dire venant d’AmĂ©rique en Espagne ou en Afrique je ne trouve aucun motif d’y croire, malgrĂ© toutes mes recherches. Je dois mĂȘme faire remarquer au sujet de l’exemple donnĂ© que ni les Zamora ni les Occles ne paraissent ĂȘtre rĂ©ellement IbĂšres il semble qu’ils sont venus les uns et les autres directement de l’Inde par le Caucase. En ce qui concerne les moyens employĂ©s par les IbĂšres pour traverser l’Atlantique j’étudierai au chapitre V l’hypothĂšse du pont Atlantidien de mĂȘme que pour les autres tribus qu’on retrouve Ă  cĂŽtĂ© d’eux en AmĂ©rique. 42 — KUTAMES Les Kutames sont une tribu du Canada ; il y a dans ces mĂȘmes rĂ©gions des Cutenes ou Kutenes et des Cutenay qui s’apparentent a cet ethnique d’apparence Kouchite. Je dois dire qu’en vĂ©rifiant dans le manuel de Hodge je n’ai pas trouvĂ© le nom de cette tribu, qu’il comprend je crois dans les Kutchines. Ceci ne me parait pas une raison suffisante pour m’abstenir de l’examiner, quoique j’en aie aussi une autre plus grave. En effet par suite de la situation de ces Kutames dans le nord du Nouveau Monde il y a beaucoup de chances, pour que le rapprochement que je vais faire entre leur nom et celui des Kotama ou RĂ©tama de Berberie, n’indique nullement que c’est de ce pays qu’ils sont venus. Je crois au contraire que c’est par le Nord-Ouest qu’ils ont gagnĂ© l'emplacement oĂč on les trouve aujourd'hui. Quoiqu’il en soit il y a une parentĂ© tellement nette entre ces deux ethniques que je dois tout au moins Ă  ce titre et par fidĂ©litĂ© Ă  mon programme, les examiner sommairement. Le nom des Kotama ou Ketama BerbĂšres semble venir de l’Inde ou il y eut autrefois une tribu de Gaotamci, Gaulama, Gaoutama, qui Ă©tait considĂ©rĂ©e dans les traditions vĂ©diques comme brahmanique, c’est-a-dire d’essence supĂ©rieure, Vivien de Saint Martin. Étude sur la GĂ©ographie du Nord Est de l’Inde. Bouddha qui appartenait Ă  cette famille est souvent dĂ©signĂ© sous ce nom. Les Rig-Veda mentionnent aussi une riviĂšre de Gomati dont le nom me parait en relation avec notre ethnique. Personnellement j’estime que ce dernier est plutĂŽt d'origine kouchite. On trouve au Japon, dans l’ile d’Hokkaido, un district de Kitami qui semble indiquer qu’il aurait pu se rĂ©pandre vers le Nord jusqu’en AmĂ©rique. En Afrique les anciens connaissaient des Kedamousii qui semblent correspondre aux Keiama des auteurs arabes. Ce dernier peuple joua un grand rĂŽle sous les fatimites et eut Ă  un moment donnĂ© la prĂ©pondĂ©rance sur les autres BerbĂšres de la province de Constantine. L’invasion hilalienne les balaya du Xe au XIVe siĂšcle et les Ă©parpilla jusqu’au fin fond du Maroc. Ils s’étaient fait dĂ©tester des Arabes qu’ils opprimaient, pendant les premiers siĂšcles de l’occupation musulmane. Ibn Khaldoun les fait figurer comme descendants de Beranes, dans ses gĂ©nĂ©alogies ou je relĂšve ce fait intĂ©ressant que deux des tribus de leur confĂ©dĂ©ration qui existent encore, les Oudjana et les Djemila, ont conserve intacts leurs noms indiens. Il est vrai qu’ils comprenaient bien d’autres peuples, notamment des Calden c’est-Ă -dire des Ghaldeens. Mais l’examen dĂ©taillĂ© de leurs tribus nous entrainerait trop loin. Le Colonel Rinn dans ses Origines berbĂšres p. a attirĂ© aussi l’attention sur la provenance indienne des Ketama. Actuellement nous trouvons encore au Maroc des Ketama dans le Rif chez les Sanhadja de Srair. Il y avait au XVIe siĂšcle un Ksar Ketama sur l’Oued Loukkos. En AlgĂ©rie ce mĂȘme ethnique a disparu ; les seuls noms qui s’en rapprochent sont ceux des KedaĂźma de la commune des Trembles, des KetounĂšne d’Attia, des Guettanna de Palestro, des Bou Katane d’El Milia, des Bou Katem des chouachi de Bosquet? En Tunisie je trouve des Qemafa Ă  Medjez-el-Bab, Slimane, Sousseet aux Frechiche. Il y a aussi des Kouetena Ă  Gabes. Mais de semblables rapprochements ne peuvent ĂȘtre donnĂ©s que sous toutes rĂ©serves. En rĂ©sumĂ©, si ce nom peut encore contribuer Ă  montrer la parentĂ© des BerbĂšres et des Indiens d'AmĂ©rique, par contre il ne parait pas avoir Ă©tĂ© transportĂ© au Nouveau Monde par l’Afrique. 43 — KUTGHINES Le nom des Kutchines de l’Alaska, classĂ©s par les linguistes dans le groupe Athapaskan de la famille Na-Dene, Ă©tant celui qui se rapproche le plus de l’ethnique kouchite, va me servir pour examiner les tribus de ce nom qui ont rempli de leur descendance l’Afrique et l’AmĂ©rique. Ce sont d’ailleurs eux qui sont le plus au Nord du continent amĂ©ricain et qui paraissent ĂȘtre par suite des derniers arrivĂ©s. Pour ne pas me rĂ©pĂ©ter, je ne donne pas ici les innombrables noms des tribus amĂ©ricaines dĂ©rivĂ©es de ce thĂšme. Je vais les Ă©numĂ©rer au fur et a mesure de cet examen qu’il importe de faire consciencieusement, parce que si je trouve en Afrique beaucoup d'exemples de cet ethnique, en revanche il n’existe pas de preuve trĂšs convaincante du passage de Berberie en AmĂ©rique de tribus portant ce nom. Je ne me dissimule pas que j’aborde un sujet scabreux. Le nom des Kouchites a Ă©tĂ© pendant longtemps l’écueil nĂ©faste de tous les anciens ethnographes ; il exerçait sur les dilettantes une attraction aussi irrĂ©sistible ; aujourd’hui on est devenu plus raisonnable » Ed. Meyer. Histoire de l’AntiquitĂ© II p. → de la traduction Française. On est mĂȘme devenu si raisonnable qu’on n’en parle plus du tout, comme s’ils n’avaient jamais existĂ©. Dans les derniers ouvrages publies en France sur l’Inde, leur nom n’est mĂȘme pas enregistrĂ©. On peut s’en rendre compte en lisant le chapitre consacrĂ© Ă  ce pays par M. Rene Giousset dans son Histoire de l’Asie et le Tome III de l’Histoire du Monde – Inde Ancienne - de Cavaignac par M. de La VallĂ©e-Poussin. Je n’ai pu trouver quelques renseignements sur eux que dans le Manuel d'Histoire ancienne des Peuples de l’Orient de M. F. Lenormant, ouvrage dĂ©jĂ  ancien et dont je ne le partage pas d’ailleurs toutes les idĂ©es, et dans une Ă©tude sur les Chamites publiee sous le nom de Viewa-Mitra. M. Lenormant suivait Ă  ce qu’il dit lui-mĂȘme les enseignements d’un autre orientaliste, le baron d’Eckstein. Comme je ne puis pas faire abstraction de l’ethnique Kouchite » il faut bien que je me risque Ă  l’examiner en depit de la sĂ©vĂšre condamnation prononcĂ©e par M. Meyer. On sait que les Kouchites sont d’aprĂšs les traditions hĂ©braĂŻques les descendants de Kouch fils de Cham et frĂšre de Chanaan. On les comprend donc parmi les Chamites, mais ils paraissent avoir Ă©tĂ© plus nombreux et plus, puissants que les autres peuplĂ©s de la souche mĂšre. Quant aux Arabes, ils transforment le nom de Kouch en Kais. Je noterai en outre que certains de leurs annalistes au lieu de les regarder comme des chamites font de ce Kais un fils de Japhet qui aurait subjuguĂ© et assujetti a un tribut les Chamites, puis les aurait en fin de compte exilĂ©s en Afrique Ibn Khaldoun I 182. En rĂ©alitĂ© toutes ces gĂ©nĂ©alogies et lĂ©gendes fabriquĂ©es par les SĂ©mites n’offrent aucune prĂ©cision et aucune sĂ©curitĂ©. Nous les avons vus, Ă  une Ă©poque toute rĂ©cente, faire le mĂȘme travail pour les BerbĂšres quand ils ont conquis leur pays et nous sommes fixes sur sa valeur. En suivant a la piste les noms laisses dans le monde entier par les Kouchites il semble que le centre de crĂ©ation et de dispersion de ce peuple a Ă©tĂ© le Turkestan chinois ou Kachgarie on trouve une ville de Koutcha au nord de Tarim et sur rilli une autre ville de Koultscha ou Kouldja. Il est d’ailleurs assez probable qu’ils venaient de rĂ©gions situĂ©es plus au Nord comme l’indiquent les noms de la Koutchei affluent de l’estuaire de l’Obi et d’autres riviĂšres portant des noms de mĂȘme formation que l’on retrouve dans tous les pays kouchites, Koul, Koula, Koulah, Koura, Kouria, Koutci, KouroĂ», Konrtaia, Kouza, Kot etc. La SibĂ©rie est pleine de ces noms. La Kachgarie renferme outre Koutcha les villes de Kachgar, Khotan, Koufi, Keria, noms caractĂ©ristiques que l’on retrouve en bien d’autres points. Dans le bassin de l’Ili, le lac Balhliach nous montre l’ethnique altĂ©rĂ© et prĂ©fixe, disposition que nous retrouvons en Berberie. L’ethnique Kouchite a eu sa racine diversement modifiĂ©e suivant les rĂ©gions, comme c'est de rĂšgle chez les primitifs dĂ©pourvus d’écriture, mais qu’il soit devenu Kach, Kech, Kich, Kucli, etc., il reste facilement reconnaissable. Avant de passer en AmĂ©rique, je noterai encore dans la partie nord du continent asiatique quelques noms dĂ©pendants de cet ethnique villes de Kouznelzk, de Kolyran, d’Iskoutsk, Iakoutsk, L'Okhotsk qui a donnĂ© son nom Ă  la mer voisine, riviĂšres d'Issyl-Koul et Toungourska dans le bassin de Flenissei ; ce dernier nom est fortement altĂ©rĂ©. Notons encore le lac KoufilskoĂźe, les iles Kouriles, la CorĂ©e et comme peuplĂ©s les Yacoutes, les Youkagirs, noms reconnaissables malgrĂ© la syllabe prĂ©formante et enfin les Tchouktches a la pointe Nord-est du continent asiatique. Le dĂ©troit de Behring franchi, les noms des peuples kouchites sont innombrables. On remarque qu’ils vont en s’altĂ©rant et en se dĂ©formant de plus en plus du nord au sud, au point de devenir mĂ©connaissables en Patagonie. J’emprunte tous ces noms au dictionnaire de M. Gabriel Vergara Martin. AprĂšs les Kutchines du Yukon et du Mackensie nous trouvons les Koloches Kolinches, Koljusques ou Koluches de l’Oregon, les Koltschanes de l’Alaska, les Kutchenes du Canada, les Kowitchin, les Koloss ou Tlinguit des États-Unis, les Chutches du dĂ©troit de Behring. Ce sont sans doute, bien qu’on n’en ait pas de preuve, ces tribus kouchites qui ont apporte au Canada ce nom d’Accadie qui s’est rĂ©pandu d'autre part au Caucase, en MĂ©sopotamie, en GrĂšce et jusqu’au centre de l’Afrique Agades. Un peu plus loin la racine kouch se transforme en coch et nous trouvons des Gochis chez les Apaches, des Cochuas dans le Yucatan, des Cochabamba, Gochabilcas, Gochacajas, Cochimas, Cocheimas7 Gochecinas, Gochavitas, Gochinocas, Cochnewagos et d’autres noms plus altĂ©rĂ©s encore. Dans les dĂ©rivĂ©s du mĂȘme ethnique notons encore les Goloches, Golonches, Gofaches ou Cofachitas, Gofanes, Golimas, Golipas, les cĂ©lĂšbres Comanches ou dimanches. Parfois la racine est associĂ©e a celle du nom des Atlantes dont j’ai parle plus haut et on trouve des Guchumatlanos, des Colotlanes, des Guitiatecos, des Gohauiltecas. Les iles de Curaçao et de Cuba autrefois Gubanacan portent des noms de formation kouchite la ville de Guzco au PĂ©rou Ă©galement Les volcans de l’équateur Cotopaxi, Gotocachi, Gorazon sont une autre adaptation de l’ethnique. Mais je reprends l’enumeration des tribus Cornas, Goras, Guchanes, Guchins, Guchis, Cures ou Guricos, Gurinas, GutĂšnes. Dans certaines rĂ©gions l’adjonction de la lettre preformante A rend les mĂȘmes noms plus meconna’ssales Acolhuas, Acolhuacas, Acucos, Acoxes, Aculibas, Acurias, etc.. On rencontre aussi le prefixe Tu comme chez les TukuchĂ©s ou Cakchiqueles du Guatemala. Dans l’AmĂ©rique du Sud, une modification encore plus sensible nous donne des noms comme Quichuas Quibches, Guechuas ou Kechhuas, Quichoas, Quichicache, Quixos, Quilichaos, Quilvaces etc., et on peut se demander si ce n’est pas une ultime dĂ©formation qui prevaut dans certains noms en Gua comme, Guatos, Guaxes, Guaranes, Guaques et jusque chez les Tehuelches de Patagonie. Revenons maintenant en Asie et regardons vers l’Est, c’est-a-dire vers la Chine. Si l’on en croit les recherches de M. Terrien de Lacouperie, les premiers conquĂ©rants de la Chine qui subjuguĂšrent les sauvages qui l’habitaient primitivement, seraient prĂ©cisĂ©ment venus de la Kachgarie ; tout au moins ont-ils passĂ© par la. Mais la transcription des noms dans la langue monosyllabique de ce pays ne facilite pas les recherches. Cependant des noms comme celui de la province de Koei-Tcheou, de la ville de Kouang-TcJieou Canton de l’ile de Kioung-Tcheou Hainan de l’ile japonaise de Kiou-Siou, de Kashiro dans l’ile d’Hokkaido, etc., indiquent bien une poussĂ©e kouchite dans cette direction. Dans la pĂ©ninsule indo-chinoise l’influence prĂ©pondĂ©rante parait ĂȘtre restĂ©e aux chamites purs, venus avec eux du Nord de l’Asie, ainsi que je l’ai montrĂ© au paragraphe Rampa. On notera cependant dans le golfe de Siam une ile de Kute. Si je passe dans l’Inde je trouve les Kouchites Ă©tablis sur l’Indus, qui Ă©tait d’aprĂšs F. Lenormant le fleuve Phison des Ecritures saintes. Il y a en effet Ă  l’embouchure de l’Indus un golfe et une pĂ©ninsule de Koutch transcrits suivant les auteurs Cutch, Ketch, Katch un pays de Kcitthyavar, et Ă  sa tĂȘte une rĂ©gion de Kachimir. J’ai eu l’occasion de dire que les HĂ©vilĂ©ens descendants d’un fils de Kouch d’aprĂšs les gĂ©nĂ©alogistes sĂ©mitiques Ă©taient localises a la droite du fleuve, tandis que les chamites Ă©taient au contraire plus a l’Est derriĂšre la barriĂšre de l’Himalaya. M. Lenormant fait venir les Kouchites de MĂ©sopotamie; j’ai dit plus haut que je les croyais venus plutĂŽt de la Haute Asie. J’en trouve une nouvelle preuve sur la carte de Renneli. J’y lis le nom d’une localitĂ© de Coultschi dans la haute vallĂ©e du Soorjew, tĂȘte du Dewak ou Gogra, affluent de gauche du Gange. C’est Ă©videmment une dĂ©formation de l’ethnique Kouch et je remarque de plus aux environs de ce point un certain nombre de villages qualifiĂ©s Kasch par la mĂȘme carte. Une invasion de Kouchites est donc descendue par cette voie dans les plaines du Bengale oĂč on trouve d'ailleurs actuellement des Puni Kotch, des Khattya Kumhar, des Khas, des Khloch, des Kciyasth et jusqu’à des Brahmane Kulin. Le fait est si caractĂ©risĂ© que certains auteurs ont cru voir dans Je Gange, le fleuve Phison sĂ©jour des Kouchites. Mais cette supposition n’est pas fondĂ©e, car les anciens connaissaient dans l’ile de Taprobane, cote Ă  cote, une riviĂšre Gange et une riviĂšre Phasis dont les noms avaient Ă©tĂ© sans doute apportĂ©s la, par des Kouchites passes de l’Indus Phison dans la vallĂ©e du Gange et de la dans la grande ile. J’appelle l’attention du lecteur sur ce fleuve Phasis de l’ile de Ceylan signalĂ© par PtolĂ©mĂ©e, car le mĂȘme auteur nous indique non loin de la Ă  la pointe du Dekkan, des Colchi ce qui nous permet de reconnaitre que c’est de lĂ  que les noms des Colchi et du Phase ont Ă©tĂ© transportĂ©s au Caucase. Ce nom de Colchi, nouvelle altĂ©ration du Coultschi du Soorjew ne se trouve plus dans les nomenclatures de l’Inde moderne, mais il y a une localitĂ© de Coleche, un peu Ă  l’Est du cap Comorin, et la ville portugaise bien connue de Cochin, sur la cote de Malabar, qui en conservent le souvenir. Nous avons dĂ©jĂ  rencontrĂ© en AmĂ©rique des dĂ©formations analogues du nom des Kouchites. J’abuse Ă©videmment de la patience du lecteur en entrant dans d’aussi mĂ©prisables dĂ©tails, mais cette question a Ă©tĂ© prise de si Ă©trange façon qu’il est indispensable en la revoyant, de l’étudier par le menu. PtolĂ©mĂ©e nous signalait aussi dans l’Inde des noms comme Kouta et Kouma. La carte du major Rennell porte encore ce mĂȘme Kouta et en outre une sĂ©rie de noms similaires Coulam, Coulan, Coutoor, Cutchnor, Cutchubary, Kawtah, Kowrah, Kouratty, peut-ĂȘtre mĂȘme Calcutta sans compter une quantitĂ© d'autres noms altĂ©rĂ©s, prĂ©fixes et suffixes de toutes maniĂšres par les peuplĂ©s de l’Inde. Dans l’Assam, a l’Est de l’Inde, on trouve un pays de Katchar avec une population de Katchari etc., avant la rĂ©gion occupĂ©e par les Chamites. L’ensemble de toutes ces constatations indique que des Kouchites sont descendus du Haut Indus sur le Gange puis de la jusqu’a Ceylan, et qu’ont remonte par l’Ouest pour sortir de la pĂ©ninsule ; il est fort admissible que des essaims soient aussi arrives par le Nord-Ouest en tournant les Hevileens, mais cela ne dĂ©truit pas ce que je viens d'exposer. Je ferai remarquer a ce propos qu'on ne doit pas se laisser induire en erreur par des termes comme Hindou-Kouch la montagne des Hindous Kohistan le pays des montagnes Khouzistan et les innombrables Koh ou Kouh qui figurent sur les cartes de la Perse, car ces termes n’ont rien Ă  voir avec notre ethnique. Le mouvement vers l’Occident des Kouchites a laissĂ© au N. et au S-E. du delta de l’Indus des rĂ©gions appelĂ©es l’une Kotcli Gandawa l’autre Kotch Boudje indiquĂ©es sur la carte de Pottinger voyage au Beloutchistan. Les cartes du monde ancien indiquent sans autres dĂ©tails sur la cote Nord de la mer ErythrĂ©e mer d’Oman des Peuples kouchites » dont les Baloutches sont peut-ĂȘtre les successeurs ou le rĂ©sidu. La cote maritime sans doute plus fertile que de nos jours a du ĂȘtre la principale voie suivie, mais a l’intĂ©rieur on trouve les villes de Kouni prĂšs de Meched, Kouchk au Nord d’Herat et Kacli au Sud, Kousan a l’Ouest de Merv et Koutchan a l’Est, sans compter la Koktcha affluent de l’Amou Daria dans le Badakchan. Les Brahoui du Beloutchistan sont considĂ©rĂ©s comme Kouchites. On remarquera que les Kouchites Ă  leur entrĂ©e dans l’Inde devaient ĂȘtre une race brachycĂ©phale Ă  tĂ©guments clairs et de haute taille et qu’ils en ressortirent fort modifies par le climat et les alliances hĂ©tĂ©rogĂšnes qu’ils y contractĂšrent, beaucoup plus foncĂ©s de teint, plus courts de taille et plus ou moins dolichocĂ©phales. Je fais cette remarque Ă  propos des Brahouis qui sont restes brachycĂ©phales ce qui tendrait Ă  montrer que leur sĂ©jour parmi les dravidiens fut de peu de durĂ©e. Les Kouchites pĂ©nĂ©trĂšrent en MĂ©sopotamie soit en franchissant le dĂ©troit d’Ormuz soit en suivant la cote orientale du golfe persique. C’est sans doute lors de cet exode ou peut-ĂȘtre lors des migrations antĂ©rieures qu’eut lieu l’introduction en Afrique du zebu, de certaines races ovines ou caprines, de la race de dromadaires du Bas-Indus remarquable par l’élĂ©vation de son avant-train qui parait avoir donnĂ© de son sang Ă  certaines races soudanaises. ArrivĂ©es en MĂ©sopotamie elles prirent trois directions principales que je vais examiner successivement, vers le Caucase, vers l’Asie Mineure et la Syrie, et par la suite vers l’Abyssinie et l’Afrique. Les races nouvelles avec lesquelles elles entrĂšrent en contact Ă©taient d’abord des nĂšgres, peut-ĂȘtre mĂȘme des nĂ©grilles restes dans les basfonds du Cliott el Arab, puis des brachycĂ©phales au teint clair venus du Nord-est qui ont eu sans doute pour type les Accadiens et enfin d’autres brachycĂ©phales d’un type diffĂ©rent descendant directement du Nord, les Finnois dont le mĂ©lange avec eux forma le peuple phĂ©nicien dans les iles BahreĂŻn et les cotes voisines. Les SumĂ©riens que l’on trouve en MĂ©sopotamie Ă  une Ă©poque reculĂ©e semblent ĂȘtre venus de l’Inde et leur nom ethnique indique plutĂŽt un rameau chamite que kouchite. Ils ont d’ailleurs peut-ĂȘtre fait partie des mĂȘmes migrations qui ont sans doute entraine en mĂȘme temps des tribus dravidiennes. Je ne chercherai pas Ă  dĂ©terminer les conditions ni l’époque de ces mouvements de peuples sur lesquels nous n’avons aucune donnĂ©e prĂ©cise. C’est dĂ©jĂ  bien assez d’en indiquer les grandes lignes. Pour le Caucase les noms des Colches ou Colchidiens, du Phase, des Sindes, forment un repĂšre sĂ©rieux, car il est Ă©vident que ces noms sont venus de l’Inde. Avec les Colchi c’est-a-dire avec les Kouchites apparurent aussi tous les noms gĂ©ographiques spĂ©ciaux a leur race. Il suffit de nommer les fleuves Koura Gyrus Kouban, Kouma, Katchine, le lac Khoutchali, les villes de Kouba en Daghestan et Kouta Koutais sur le Phase. Les ouvrages qui concernent la GĂ©ographie de ces rĂ©gions en contiennent beaucoup d’autres. Mais je veux ici attirer l’attention sur divers noms de peuplĂ©s que le gĂ©ographe PtolĂ©mĂ©e mentionnait encore dans l’Inde de son temps et dont l’histoire nous apprend la prĂ©sence au Caucase. Il y avait ainsi des Aioi hindous qui donnĂ©rent leur nom aux AĂ©tĂšs du Caucase, a la ville d’Aea de Colchide et aux diverses localitĂ©s auxquelles on a depuis donnĂ© ce nom ; leurs migrations plus au Nord effectuees dans des conditions inconnues, ont forme les Aestii de la Baltique dont le nom Ă  passĂ© aux Estes et aux Esthoniens. Alaba ile au Sud de Ceylan a donnĂ© son nom aux Albanais du Caucase, puis aux Albanais des Balkans, et Ă  de nombreuses localitĂ©s comme Albe, Albani, Albas, Albi etc., dissĂ©minĂ©es au Caucase et dans toute l’Europe. Les Batoi qu’il place au Dekkan et dont l'on peut rapprocher le nom de celui des Bautae, Scythes en deça de l’Imatis Bouthan actuel ont laissĂ© comme traces au Caucase le peuple des Botliks agrĂ©gĂ©s aux Avaro-Andiens, les villes de BataiskaĂźa, Betani, Batoum ; en Europe on doit noter les Batavie Boetis Guadalquivir et la province Ă  laquelle il a donnĂ© son nom. Un autre ethnique voisin de celui-ci et qui en est peut-ĂȘtre dĂ©rivĂ© est aussi passe au Caucase ; c’est le nom des Baltes du Baltistan dans l’Himalaya qui a laissĂ© le nom du village de Balta au Nord de la passe de Daria, prĂšs de Vladikaukaz, ce qui nous montre la direction de leur route juspu’a la Baltique. Les Botouia BerbĂšres que j’ai Ă©tudiĂ©s plus haut marquent leur aboutissement africain. Les Varvara ou Barbara qui ont donnĂ© leur nom aux BerbĂšres l’ont aussi laisse aux localitĂ©s de Varavara et Varvarino au Caucase. Les Barousai qui vivaient sur le fleuve Baris ont confiĂ© leur ethnique Ă  la localitĂ© de Barisakho, chez les Khevsoures, avant d’aller peupler les rives de la Seine et la cote orientale de l’Angleterre. Voir Parisis chap. Pour les IbĂšres on se reportera Ă  ce que je viens d’en dire un peu plus haut. Les Indoi ou Sincloi Ă©taient les habitants des rives de l’Indus proprement dit. La lettre S a Ă©tĂ© supprimĂ©e dans la phonĂ©tique iranienne. J’ai dĂ©jĂ  mentionnĂ© les Sinti du Caucase et de la GrĂšce et vais en reparler plus loin au paragraphe Zendales. Il y a beaucoup de chances pour qu’ils aient Ă©tĂ© de purs Kouchites. Les Kareoi ont aussi transitĂ© au Caucase ou ils ont laissĂ© des noms comme celui des KarĂ©liens etc., mais ils ont eu un centre de formation plus important en Asie Mineure. Je les ai dĂ©jĂ  Ă©tudiĂ©s au paragraphe Carianes. Les Salai, habitants de Ceylan qui a conservĂ© cet ethnique dĂ©formĂ©, l’ont donnĂ© aussi a la ville de Saliani en Transcaucasie, prĂšs de l’embouchure du Koura dans la mer Noire. Le nom de SalĂ© pĂšre d’Heber dans les gĂ©nĂ©alogies SĂ©mites dit assez l’importance du rĂŽle qu’a jouĂ© cet ethnique dans le monde entier. J’en reparle d’ailleurs en parlant des Selich d’AmĂ©rique. Les Socmoi Ă©taient un autre peuple de Ceylan que l’on retrouve dans les Svanes du Caucase et auquel furent redevables de leurs noms maintes tribus europĂ©ennes comme les SuĂšves ou SuĂšbes de Germanie, les Suioni et les SuĂ©thans de Scandinavie, les Suardones. Que ces tribus aient Ă©tĂ© toutes kouchites, je ne puis le dire. II y eut sans doute mĂ©langĂ©s avec elles des dravidiens, peut-ĂȘtre des nĂ©groĂŻdes ou au contraire d’autres touraniens rĂ©cemment venus de leurs pays. Mais ce qui semble positif, c’est que les Kouchites furent la majoritĂ© et entrainĂšrent les autres. D’aprĂšs cette Ă©numĂ©ration de peuplĂ©s, encore connus dans l’Inde au temps de PtolĂ©mĂ©e, on peut juger du nombre total de ceux qui durent Ă©migrer ; ceux qui arrivĂšrent dans la rĂ©gion caucasienne ou leur passage nous est dĂ©celĂ© par des noms de peuplĂ©s, de villes, de montagnes, de riviĂšres, ne se contentĂšrent pas d’y laisser des essaims, mais en envoyĂšrent d’autres dans toute l’Europe, en GrĂšce, en Asie Mineure, en Afrique, qui se rencontrant avec d’autres tribus arrivĂ©es avant eux, formĂšrent les innombrables nations dont on peut reconnaitre les traces dans l’histoire. Parmi les noms laissĂ©s par les Kouchites proprement dits au Nord du Caucase je relĂšverai encore Kaffa en Tau ride, Kitchinew prĂšs d’Odessa, Kola au Nord de la mer Blanche, Kuttainen et Kautolceino dans la rĂ©gion d’Haparanda, les Kachoubes et les Kujaviens polonais. En Herzegovine l’appellation de en Roumanie celle de Koutzo-Valaques, indiquent un mĂ©lange de sang kouchite avec des populations diffĂ©rentes. Il y a aussi des Koutchi au Montenegro S. Cvijic. La pĂ©ninsule balkanique 134. Dans les Balkans on nomme Koutscha les maisons de type dinarique et Koula des donjons dĂ©fensifs bĂątis en pierre, Ă©levĂ©s de deux Ă©tages et particuliers Ă  cette rĂ©gion. Ce sont des traces vraisemblables du passage des Kouchites. Nous sommes dĂ©jĂ  sur la route de la GrĂšce, que bon nombre de Caucasiens ont traversĂ©e pour gagner des climats plus chauds. Les Kouchites sortis des plaines de l’Inde durent ĂȘtre du nombre car les noms de formation kouchite ne manquent pas en GrĂšce KoubĂšs,' Koukoumarti, Koukoura, Koukouvavares, Kouloumbi, Koulouri, Koumi, Komalios, Kourion, Kourno, Kourounou, Kourtaya, Koutsochero, Koutoumouk, Kynoethe, Kyni etc., que je trouve dans un guide moderne. Les noms des Kittim peuple de Chypre de Cytoeurn crĂȘte de l’ile de Cos, de Katchouni et de Khora dans l’ile de Samos, de CythĂšrc paraissent aussi relever de l’onomastique kouchite. Vers l’Ouest ces noms deviennent plus rares, plus dĂ©formĂ©s, partant plus douteux, mais cependant le plus souvent reconnaissables Kustendjeh en Roumanie, Kustendil en Bulgarie, Kusnach et Kustnacht en Suisse, Kurten, Kurenic, Kurtics en Allemagne, Cumes en Italie, des noms français comme Gaumont, Coucy, Courances, Coutances, CorrĂšze etc. l’ancien nom de la Corse, Cyrnos. Retournons maintenant en MĂ©sopotamie ; dans le bas pays de cette rĂ©gion il y eut autrefois des Koutalla, des Kesh, des Kish, des Kouta. Kish fut le siĂšge de la dynastie importante des Kassites et par la suite il en est sorti de nouveaux noms ethniques CossĂ©ens; Cissites, Cici du Caucase et de Trieste, Cissi Dellys de Berberie. A l'Ă©poque actuelle on voit encore la ville de KoweĂŻt au Sud de l’embouchure du Chott el Arab, les ruines de Koufa qui fut la capitale de l'empire des Arabes, Kouts el Amcira en aval de Bagdad Khorsabad Khos Rabat Kotcli TfannĂšs sur le grand Zab, les riviĂšres Koutchouk Tchai et KoubeĂŻssa. Le nom des Kourdes un peu plus au Nord parait relever de notre ethnique. J’ai dĂ©jĂ  fait remarquer qu'en Arabie Kouch se transforme en KaĂŻs ou QaĂŻs. Gomme ce nom peut se confondre assez facilement avec celui de Cain, une fois transcrit en caractĂšres arabes, il a du en rĂ©sulter maintes fois des confusions entre Kainites et Kaisites, qui contribuent Ă  embrouiller l’histoire ancienne des Arabes. Les Kouchites, les Chamites, les HĂ©vilĂ©ens et les autres tribus indiennes qui purent les prĂ©cĂ©der, les suivre et les accompagner ont jouĂ© un rĂŽle considĂ©rable, mais encore mal dĂ©fini dans la formation des peuplĂ©s SĂ©mites. Je ne puis que renvoyer au manuel de lenormant pour que le lecteur ait une idĂ©e approximative de ce qui s’est passe et du brassage intense de populations qui s’est produit entre la Mer Rouge, la MĂ©diterranĂ©e, la Mer Noire, la Caspienne et les Plateaux de la Perse. Ce fut la le creuset d’ou se dĂ©versĂšrent les flots de populations qui envahirent l’Afrique et y formĂšrent notamment les tribus d’Abyssinie, d’Égypte et de Berberie. On admet que tous ces peuples se sĂ©parĂšrent des SĂ©mites Ă  une Ă©poque ou leur langue commune Ă©tait encore dans une pĂ©riode fort peu avancĂ©e de dĂ©veloppement. Hovelacque Linguistique 247. On doit en outre croire que certains d’entre eux sĂ©journĂšrent moins que d’autres dans cette rĂ©gion, peut-ĂȘtre mĂȘme ne firent que la traverser, conservant mieux leur idiome et leurs coutumes primitifs ce qui explique les diffĂ©rences que l’on constate facilement entre les divers peuples du Nord de l’Afrique. Le passage de leurs convois eut sans doute lieu par les deux bouts de la Mer Rouge par Bab el Mandeb pour l’Abyssinie et par Suez pour l’Égypte. Les Abyssins sont reconnus Ă  peu prĂšs unanimement comme des reprĂ©sentants des Kouchites. On retrouve dans l’onomastique de leur pays les noms habituels aux rĂ©gions peuplĂ©es par cette race riviĂšres Kalia, Katchina, Kouara, Kouma, Kollali etc., pays de Koumi, Kourfa. Rien que dans la liste des Ă©tats Sidama, Soleillet mentionne le Koulla, le Kouta, le Kotcha, le Kaffa. Obock, Choa, Kaffa. de Soleillet. C'est par l’Abyssinie que sont passĂ©es bien des tribus qui ont continue Ă  longer les cotes de l’OcĂ©an Indien, avant de s’enfoncer dans l’intĂ©rieur des terres africaines. Une de leurs principales lignes de pĂ©nĂ©tration fut par ces Ă©tats Sidama ou le PĂšre Azais a dĂ©couvert, en autres monuments anciens, ces nombreuses colonnes phalliques, si caractĂ©ristiques de la mentalitĂ© des peuplĂ©s kouchites et qui nous donnent la vraie signification des pierres levĂ©es, des obelisques et des menhirs que l’on trouve ailleurs Kammerer. Essai sur l’Histoire antique d’Abyssinie. A l’intĂ©rieur de l'Afrique, nombreux aussi sont les noms kouchites Dar Kouti Ouadai Koutcha Adamaoua, Kouha Bornou, Koukou sur le Niger Gao-Gao Katsena, Koussri etc. Il y a des nĂšgres Kissi dans la Haute Guinee, des Koulango, Kouranlco etc... Les cafres portaient a l’arrivĂ©e des europĂ©ens le nom gĂ©nĂ©ral de Kousas ou Amakousas Hoefer. Afrique australe. En Égypte tout le monde reconnait qu’il y eut des Kouchites. J’emprunte a M. Edmond Meyer les noms anciens du nom de Kous c’est sur l'emplacement de Kous que s’éleva par la suite la ville du Caire de la ville de Kousoe Gousije actuel des forteresses de Kouban et de Koumane en Nubie. Citons encore le port de Kosseir sur la mer Rouge. Le nom mĂȘme des Coptes et l’ancienne appellation du Nil Aigouptos, paraissent ĂȘtre derives du nom de Kouch. Maspero nous donnĂ© d’aprĂšs Brugsch quelques noms de tribus kouchites Histoire ancienne p. → de la 12e Ă©dition Shemik, Khasa, Sous, KaĂąs, Aqin, Anou, Sabiri, Akitit Makisa. Plusieurs d’entre elles sont mentionnĂ©es ailleurs dans la prĂ©sente Ă©tude. Je passe maintenant en Berberie. J’y reconnais tout d’abord les noms grĂ©cises de CyrĂšne .Kouren de la CyrĂ©naĂŻque et de l’oasis de Koufra un peu plus au Sud. En Tunisie au Djerid, la ville de Nefta portait le nom de son pseudo-fondateur Keustheul et toute la rĂ©gion porta le nom de Kashtilia qui ne disparut qu’a l’époque arabe. C’est sans doute l’origine rĂ©elle du nom de Castille qui dut ĂȘtre transportĂ© en Espagne par les BerbĂšres. Je note parmi les noms berberises Tkout ksours du Djebel Nefousa et de l’AurĂšs qui rĂ©pĂštent le nom mĂȘme de Kouta au singulier fĂ©minin berbĂšre rĂ©gulier, les Touareg Ikoutissen masculin pluriel les fractions des Takoucht de Palestro, Takourt de Cassaigne, Takokci de Setif, Takoulca des Bibans, Tekiclia de Lalla Marnia, Tikioucht de Fort National, Tikiouciche de Dellys. Ghez les Touareg du Nord on trouve encore des lkourkoumen ; chez ceux du Sud des Kel Koumedi, Kel Koumerd, Ikoumirdan, Kel N’Kounder, Koubereten, Ikoaclen, Ikoudenancn. Certains noms propres comme Koumati, Kouassia, Koufcita, Kournes, Koufel, Koussa rĂ©vĂšlent aussi la persistance de l’imprĂ©gnation kouchite chez ce peuple. D’autres noms sont arabisĂ©s soit par l’adjonction de l’article, soit par la transformation en pluriel sĂ©mite les El Kouachi des Zemoul d’Aine Mlila, El Kouache de Msila, El Khoiiakici d’Arami Moussa etc ; d’autres comme Kouache du Telagh, Kouachi de Pont du Chelif, Kouachia d’Aine Mlila, KouaĂŻssia de Zemmora et de Cassaigne, Kouaouch de Frenda, Kouaoucha de la Meskiana, KouchijĂšne de Nedroma gens de Kouch ; c’est le mot grec genos arabise comme dans Barcadjenna, Carthadjenna etc. Koutitane de Medea, BĂ©ni Kouffi, de Dra el Mizane, BĂ©ni Koulal de Guercif Maroc, Kourimat des Chiadma de Marrakech, sont restes plus prĂšs de la forme primitive. Dans un certain nombre de mots comme Sedouikech, BĂ©ni Mellikech, CouchĂ©ch du Fondouk, Kourirech, l’ethnique, parfois dĂ©formĂ© comme dans le dernier sert de suffixe. Au Sahara le nom des Kounta est peut-ĂȘtre kouchite. Cette longue Ă©numĂ©ration permet de se rendre compte de l’importance qu’a eue ce peuple. Pour l’escamoter comme on le fait actuellement on usĂ© d’un procĂ©dĂ© fort simple. Dans le Nord on le comprend parmi les IbĂšres qui ont en effet remplacĂ© les Colchidiens. Dans le Sud on le fait entrer dans les Chamites. Cham Ă©tant le pĂšre de Kouch suivant les traditions, la chose parait naturelle de prime abord, mais elle l’est moins lorsque l’on considĂšre la maniĂšre dont se font les gĂ©nĂ©alogies SĂ©mites, on ne peut donc se dĂ©fendre d’un certain doute. En tout cas malgrĂ© leur parente et leur voisinage les deux ethniques sont toujours restĂ©s bien distincts. Au moment oĂč ils se dĂ©tachĂšrent des SĂ©mites pour entrer en Afrique, les Kouchites et les autres tribus qui les accompagnaient en Ă©taient a l’ñge de la pierre ; ce sont nos nĂ©olithiques africains. Ils avaient avec eux des troupeaux. C’était semble-t-il un peuple de teint brun, de traits rĂ©guliers, actif, brave mais cruel et fĂ©roce. On s’accorde gĂ©nĂ©ralement pour leur attribuer les caractĂšres suivants le systĂšme des castes, rĂ©sultat de leur rencontre dans l’Inde avec des populations noires qu’ils avaient subjuguĂ©es et rĂ©duites en servage, Ă©tait en vigueur chez eux ; il en Ă©tait de mĂȘme du matriarcat, de la circoncision et mĂȘme de l’excision dans certaines tribus ; leur culte et leurs rites Ă©taient cruels et obscĂšnes. Les prĂ©occupations sexuelles tenaient une grande place dans leur existence. Le mythe d’Osiris en est une preuve. C’est d’eux que les Abyssins chrĂ©tiens ont pris l’habitude, qu’ils avaient conservĂ©e jusqu’a notre Ă©poque, de couper les parties sexuelles des combattants ennemis, morts ou vifs, tombĂ©s en leur pouvoir, pour en faire des trophĂ©es les anciens Égyptiens avaient, les mĂȘmes pratiques ; les BerbĂšres musulmans de l’Ouest ont encore conserve l’usage de mutiler les cadavres de leurs ennemis, ce que ne paraissent pas faire les Arabes ni les Touareg Ces derniers bien que classes BerbĂšres sont beaucoup moins imprĂ©gnĂ©s de sang kouchite. On connait la cruautĂ©, cĂ©lĂšbre dans l’histoire, des Assyriens. Il semble que ce soit le mĂ©lange avec le sang dravidien qui ait dĂ©veloppĂ© chez les Kouchites africains la recherche des rites obscĂšnes, car si je ne me trompe ils n’existent pas, tout au moins aussi fortement, chez les Indiens d’AmĂ©rique. D’ailleurs leur passage dans des rĂ©gions ultra froides ou la recherche de la nourriture est la prĂ©occupation dominante aurait pu modifier leur mentalitĂ© Ă  ce point de vue ; mais elle n’a pas diminuĂ© leur fĂ©rocitĂ© native qui s’exerçait d’une autre maniĂšre, en scalpant les chevelures des ennemis comme trophĂ©es de guerre, en prĂ©parant et en conservant leurs tĂštes, Ă  la maniĂšre des Jibaros, en sacrifiant solennellement les prisonniers. On remarquera Ă  ce propos que ces sacrifices se faisaient en ouvrant la poitrine de la victime et en retirant ses visceres comme l'ont fait longtemps les peuplĂ©s mongols ou l’élĂ©ment kouchite parait prĂ©dominant, Au point de vue social les Kouchites ne paraissent pas avoir jamais pu s’élever beaucoup au-dessus de la conception de la tribu, du village, de la commune, qui remplace chez eux l’idĂ©e d’une patrie plus Ă©tendue. Lorsqu’ils sentent la nĂ©cessitĂ© d’unir leurs efforts, c’est sous la forme de confĂ©dĂ©rations spĂ©ciales sof, lef, qu’ils conçoivent ces associations politiques. MalgrĂ© sa puissante emprise, qui donnĂ© a leur xĂ©nophobie la forme de fanatisme religieux, l’islam lui-mĂȘme n’est pas parvenu Ă  remĂ©dier a cette anarchie congĂ©nitale. La supĂ©rioritĂ© qu’ont sur eux les nations europĂ©ennes, chez lesquelles on retrouve par ailleurs la plupart des Ă©lĂ©ments constitutifs qui se constatent chez les BerbĂšres, parait due principalement Ă  la proportion beaucoup moins forte de sang kouchite qui coule dans leurs veines, ou plutĂŽt de sang kouchite mĂ©langĂ© Ă  celui des Dravidiens. Pour les Touareg le fait est certain. Pour les Arabes souvent difficiles Ă  distinguer en Afrique des BerbĂšres purs, il est moins nettement Ă©tabli. GĂ©nĂ©ralement le silence se fait de nos jours sur les faits de ce genre afin de ne pas surexciter les esprits, de provoquer des reprĂ©sailles et d’envenimer des haines de race Je crois nĂ©anmoins ne pas me tromper en faisant cette distinction. AprĂšs avoir constatĂ© cette existence des Kouchites en forte proportion en AmĂ©rique et en Afrique, il ne reste Ă  rechercher s’il y a eu communication directe entre eux. Leur parentĂ© initiale ne saurait faire de doute, mais il n’y a aucune preuve suffisante pour Ă©tablir que l’ethnique ait Ă©tĂ© apportĂ© d’Afrique en AmĂ©rique ou vice versa. Des deux cotes il est venu de la haute Asie. Il saurait y avoir d’hĂ©sitation que pour certains noms des Antilles, mieux conservĂ©s que les noms voisins d’AmĂ©rique continentale ; on pourrait donc peut-ĂȘtre se demander s’il n’est pas arrivĂ© dans la rĂ©gion centrale avec d’autres BerbĂšres, des individus apportant l’ethnique kouchite moins dĂ©formĂ©, pure hypothĂšse que nous n’avons nul moyen de vĂ©rifier. 44 — LACHES Les Indiens Laches vivent en Colombie ; Ă  cotĂ© d'eux existe une autre tribu de Leches qui porte surement le mĂȘme ethnique. Nous le decouvrons encore dans les Lequios des iles de ce nom, les Licanes du PĂ©rou, les Lenkas du BrĂ©sil, les Lecos de Bolivie, les Laquediches el les Loquediches du dĂ©troit de Magellan, les Lacandons du Yucatan et les Imcayos des iles Lucayes ou Bahama. Outre les tribus indiennes mentionnĂ©es par M, Martin qui toutes se trouvent dans le continent du Sud, il existe d’autres collectivitĂ©s dont les noms sont manifestement dĂ©rivĂ©s du mĂȘme ethnique dans le Nord de l’AmĂ©rique. Je les trouve Ă©numĂ©rĂ©es dans le Manuel de Hodge. Comme elles appartiennent a des tribus notoirement venues du Nord de l’Asie, je me contenterai d’en donner la liste pour mĂ©moire, en me contentant d’appeler l’attention sur la diffĂ©rence qui existe entre la formation des mots bĂątis sur cet ethnique dans les deux continents jumeaux. Ce sont les Lackawaxen tribu des Algonquins, les Lakweip, tribu des Athabascan, les Lekiuiltok tribu des Kwakiutl et un certain nombre de clans secondaires ou villages dĂ©pendant pour la plupart de la tribu des Tsimshian Lakisumme, Lakkulzap, LakVoukst, Lalcseel, Lakskiyeh, Laktiatl, Lakungicla, Lakyebo. Ils ont du arriver directement de SibĂ©rie. Je rapproche ces noms de celui des Lakhs ou LĂškhs des historiens arabes et je vais Ă©tudier l’origine et les avatars de ces derniers. Cette recherche est intĂ©ressante car ce peuple compte, parmi ceux qui ont montrĂ© le plus de vitalitĂ© et ont le plus contribuĂ© a la formation des races civilisĂ©es de l’ancien monde. En recherchant tout d’abord au Nord de l’Asie je constate qu’ils ont du y passer comme la plupart des peuples. La racine de leur nom figure en effet dans ceux de diverses riviĂšres siberiennes Log, Logtclienga, Lekmn, Laktchedo, de l'Obi et Logach et Logachma de la Lena. Mais leurs centres secondaires de formation et de dispersion me paraissent ĂȘtre dans l’Inde, Ă  Ceylan et au Caucase Ceylan s’appelait autrefois Lavgka que l’on prononce Laka Burnouf. Recherches sur la GĂ©ographie ancienne de Ceylan 1857. Ses habitants s’appelaient de mĂȘme. L’onomastique indienne comporte un trĂšs grand nombre de noms commençant par la mĂȘme racine diversement suffixĂ©e. J’en compte plus d’une vingtaine dans Rennell et je citerai quelques uns des plus simples Lacki, Lackiuaha, Lechiuar, Luckia, Luckiduar, Lucknow, Luckipour, Luckour etc., Il y eut un clan et une dynastie puissante de Licchavi de La VallĂ©e Poussin 1. c. p. Dans une compilation de Figuier sur les races humaines il est question de Leiks, peuple belliqueux, remarquables par la beautĂ© de leurs visages allonges. Il les cite les premiers parmi les Hindous, mais je n’ai pu trouver aucune mention sur eux dans les auteurs modernes ; ce sont peut-ĂȘtre les Liccavi qui prĂ©cĂ©dent. Ce n’est pas sans raison que je suppose que les Laka de Ceylan sont remontes vers le Nord-Ouest et ont ainsi gagnĂ© le Caucase comme les Kouchites. A l’aube de l’histoire nous trouvons en MĂ©sopotamie, sur la route qu’ils durent suivre a leur sortie de l’Inde, des villes de Lagash et de Lakish dont se sont occupĂ©s les savants modernes. Elles auraient jouĂ© un certain rĂŽle dans l’histoire primitive de cette rĂ©gion. Il existe encore une tribu de Lek ou Louri qui vit dans l’Irak Adjemi prĂšs de lvazvine a l’Ouest de TĂ©hĂ©ran, et qui est peut-ĂȘtre un dĂ©bris de ces anciens peuplĂ©s. D’autre part sur la route directe de l'Afrique je note les Lexianes et les LĂ©cliiens de Pline et plus loin des Laids sur le lac Zouai en Abyssinie et une ville de Leka. Mais continuons vers le Caucase. La ils ont formĂ© la nation importante des Leks ou Lezghiens qui sont comptĂ©s parmi les plus beaux peuples du Caucase et qui ont abondamment essaimĂ© soit en Europe soit en Afrique. Je rappellerai sommairement ce que j’ai dit de cette nation dans mon Ă©tude sur les Origines Caucasiennes des Touareg. La racine de leur nom se retrouve dans celui des anciens Lyciens d’Asie Mineure, des Laconiens du Peloponese, des LĂ©lĂšges d’Asie Mineure et de GrĂšce, dans ceux de LacĂ©dĂ©mone, de Lelcliaon, Lckhonie, de LakkoĂŻ en CrĂȘte, du port Lakha de l’ile de Paxo. Il y a des Leks ou Lech Ă  Alessio en Albanie ; la partie Sud-est de la Croatie s’appelle Lika et ses habitants sont les Licani. De GrĂšce les Leks Ă©taient passĂ©s en Italie ou nous trouvons une Lucanie, une Ligurie, des villes de Lecce au Nord d’Otrante, de Lucca Lacques, de Lecco sur le lac de Come, de Lugano, de Lucerne, de Lelex, du Leckipass et du Leckistoclc en Suisse, des LĂšgues en Provence. Plus au Nord ils furent la souche de la noblesse polonaise ou leur nom se conserve comme patronyme de diffĂ©rentes familles, plus ou moins modifiĂ©. On le retrouve aux iles Lofoten dont Y une s’appelle Leko comme je l'ai dit plus haut, et en divers points de Norvege Lecko, Leksand. Parmi les peuples germains Tacite a indiquĂ© des Lygii. Si je passe en France je trouve les noms, que nous ont conservĂ© les auteurs anciens, des de Lisieux, des Lexii, des Ligauni, des Linçjones et surtout des Ligures qui ont peuplĂ© la Gaule Ă  une Ă©poque fort ancienne. Il semble que les auteurs qui se sont occupĂ©s de rechercher la formation des anciens noms gaulois, aient bien injustement nĂ©gligĂ© cet ethnique dont l’importance n’est cependant pas douteuse. Je le retrouve dans les noms de Liger Loire, des quatre Lugclunum Lyon, Laon, Leyde, Saint Bertrand de Comminges Liciburgum Luxembourg et d’une multitude d’autres noms qu’il est facile de retrouver dans les nomenclatures françaises. En voici quelques spĂ©cimens, sauf erreur toujours possible dans ce genre de recherches Lacq, Lacquy, Lacs, Lagor, Lagos, Lagny, Laix, les LĂšches, Lacques, Lect, LĂšgc, LĂ©gua, Lelex, Lcscun, Lesges, Lez, Licey, Licques, Litz, Loex, Locon, Loix, Les Lues, Lugan, Lugos etc
 Les Le-ts sont arrivĂ©s en Gaule Ă  diverses Ă©poques et sous des noms diffĂ©rents. La plus connue de leurs bandes portait le nom Ligures, venue par le Sud, comme l'indique le suffixe ri » qui prouve son passage au milieu des populations touraniennes descendues dans les Balkans Illyriens, Etruriens, Ligures etc. En Espagne des noms analogues comme Lagos, LeganĂ©o, Lexos, Loeches, Luco, Lugo etc. indiquent aussi la prĂ©sence de ce peuple. Passons maintenant en Afrique. Nous constatons que les Égyptiens ont reconnu leur prĂ©sence parmi les peuples de la Mer. Le roi des Lybiens Mirmaiou avait dans ses contingents des Leka lorsqu’il attaqua Minephtah de la XXe Dynastie Maspero 300. Les egyptologues identifient ces Leka avec les Lyciens d’Asie Mineure, mais les auteurs arabes nous ont restituĂ© leur vrai nom de Lalchs ou Lekhs comme je vais le montrer. Ce qui a empĂȘchĂ© de le reconnaitre, c’est que les auteurs romains et grecs ne parlent pas de ce peuple et nous signalent seulement des Lixites en deux points de la cote marocaine occidentale. Il y en avait d’abord sur le Louklcos auquel ils avaient donnĂ© son nom puis plus loin dans le Sahara quelque part sur l’Oued Draa, ce qui semble indiquer l’arrivĂ©e de deux essaims distincts a des Ă©poques diffĂ©rentes. Dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres, les Lakhs Ă©taient un peuple voilĂ©, qui composait avec les Zegen dont je parlerai un peu plus loin voir Zaganes la confĂ©dĂ©ration des Lemta. Ce nom de Lemta corruption de Lebda Leptis Magna port de la Syrte qui dut ĂȘtre l’endroit oĂč ils dĂ©barquĂšrent et leur centre de ravitaillement, sans doute pendant de longues annĂ©es, est la seule indication que nous ayons sur eux, car l’histoire est muette sur leur compte. Sous la pression des colons PhĂ©niciens, des conquĂ©rants romains, des envahisseurs vandales et byzantins ils avaient dĂ©jĂ  disparu du Sahara tripolitain quand les Arabes les trouvĂšrent installĂ©s au Sous. Ce sont peut-ĂȘtre les Lixites des anciens et les Lynxamates de PtolĂ©mĂ©e. Ibn Kbaldoun nous tient au courant de l’existence de ces Lemta jusque vers le XIVe siĂšcle Ă©poque a laquelle leur nom disparut. Il s’était transformĂ© en Lemtouna sous l’influence de la phonĂ©tique soudanaise et le peuple qui le portait s’était lui-mĂȘme modifie entrainant Ă  sa suite des fractions BerbĂšres de l’Atlas. En continuant leur circuit ils se repliĂšrent vers l’Est aux abords du Niger en prenant un nouveau nom, celui d’Aouelimminden qui signifie les enfants de Lemta. Parmi les tribus de cette derniĂšre confĂ©dĂ©ration, on reconnait les dĂ©bris des Lakhs primitifs sous les noms suivants Logomaten qui sont peut-ĂȘtre, les Lynxnmates, Ăźloukinaten, Iloclian ou Ilokan. Outre ce grand circuit des Lakhs agrĂ©gĂ©s aux peuples voilĂ©s, des essaims ont porte leur nom en divers points du pays nĂšgre ou ils ont Ă©tĂ© absorbĂ©s dans la population ambiante. C’est ainsi que l’on trouve des Lakka au Logone, un pays de Lagos sur la cote de GuinĂ©e, des Ba-Lega chez les Bantous Deniker etc
 Mais seuls les Lixites peuvent nous intĂ©resser, car ce sont eux qui de la cote marocaine ont gagne l’AmĂ©rique. Ceux du Sous ont disparu englobĂ©s dans les Haha au doux visage » Doutte qui leur doivent sans doute la beautĂ© de leurs traits. Il en est de mĂȘme de ceux du Loukkos. Comme trace de leur passage au Maroc on trouve la ville d’Ilegh au Sous, des Ida ou leggane voisins des Tekna Gatell et des Ilektane Quedenfeldt. Il y eut autrefois dans la rĂ©gion de Taza des LokkaĂŻ Ibn Khaldoun. Il reste une fraction de Lemta Ă  Fez. Les migrations premiĂšres des Lakhs nous sont indiquĂ©es en Berberie par les noms de diverses fractions Illougane de Dellys, Imkhehatna de Khenchela, Lakhessef de Taher, Lakhfidj d’Oued Cherf, Lakhrnak d’EI Milia, Lakta de Takitount, Lekaa N’Tedrart de l’Oued Marsa, Iachana du Zab Dahri de Biskra ; en Tunisie Leqchach de Souk el Arba, et Lqot d’Aine Draham. Bien que les dĂ©formations du nom de Lekhs en Europe et en Afrique soient Ă  peu prĂšs similaires et ne nous donnent pas grandes indications, je pense cependant que c’est de Berberie que les Laches et autres tribus indiennes d’AmĂ©rique sont parties en traversant l’OcĂ©an Atlantique. J’ai dit dĂ©jĂ  que les Lacandons du Yucatan portent encore la gandoura berbĂšre. En outre, on peut, comme je l'ai fait dĂ©jĂ  Ă  propos des Abades, s’assurer que les peuples voisins et alliĂ©s des Lezghiens du Caucase sont reprĂ©sentĂ©s en AmĂ©rique Ă  leurs cotes, ce qui est non pas une preuve absolue mais une prĂ©somption de l’ordre le plus sĂ©rieux. J’ai dĂ©jĂ  examinĂ© ce point pour les Abazes, pour les Andis, pour les Avares et pour diffĂ©rentes fractions de ces peuplĂ©s. J’y ajouterai encore d’autres noms par la suite et pour le moment je me contenterai de nommer les Kapotcha ou Kapoutch du Daghestan que je rapproche des Gapuchos du Venezuela, des Gabichi du BrĂ©sil, Gapichenes du PĂ©rou et Capechenes de Bolivie ; les Ka-zi Goumonk que l’historien arabe Macoudi appelait Goumik et qui font partie des Lezghiens, identifiables avec les Guamocos de la Colombie ; les Dido que j’ai dĂ©jĂ  mentionnes en les confrontant avec les Didue ou Edue de la basse Californie. Les tribus du groupe de Dargho qui occupent la partie orientale du Daghestan comprennent des Aboucha que l’on peut rapprocher des Acucos de la nouvelle Galicie et nous savons par ailleurs que ce groupe a eu des reprĂ©sentants en Berberie oĂč une fraction noble des des Touareg Azdjer porte le nom de lhadanaren ouan Dargo et oĂč une autre fraction des Aouelimminden s’appelle les Ăźderragaguene Richer. Les Kuras du Daghestan pourraient aussi ĂȘtre rapprochesdes Cures du Chili et d’autres tribus dont les noms sont bĂątis sur la mĂȘme racine, et des Kouriet de Fort National etc. d’autre part, mais ces noms d’origine kouchite sont trop rĂ©pandus pour ĂȘtre bien probants. Quoiqu’il en soit la somme de ces constatations me parait bien de nature Ă  justifier ma proposition. Je ne serais pas complet si je ne faisais remarquer qu’on a parfois essaye de substituer au nom des Leks caucasiens celui des Lybiens ce qui amĂšne Ă  un bouleversement, radical de la GĂ©ographie ancienne. Cette conception qui est celle de Moreau de Jonnes et de M. A. de Paniagua repose sur une indication sommaire de Pline relative aux Lubiens voisins des Silvi du Caucase VI. XI. I et sur la mention d’une Lybia supra Colcbos » due a Suidas auteur du Xe siĂšcle de notre Ăšre et inserĂ©e accessoirement dans un article sur les macrocephale, dans son Lexique historique, biographique et littĂ©raire. Je ne verrais pour ma part aucun inconvĂ©nient Ă  ce que les Lybiens, que je vais Ă©tudier au paragraphe suivant, aient traversĂ© le Caucase et y aient sĂ©journĂ© ; le fait est possible et vraisemblable, mais dans la circonstance je crois plus simplement qu’il s’agit d’une erreur de lecture ou de copie, car tons les auteurs anciens ont place dans cette rĂ©gion non pas des Lybii mais bien des Lygii qui sont les Leks ou Lezyhiens de nos jours. 45 — LIPIS Je crois trouver dans le nom des Indiens Lipis de Bolivie, et des Lipanes du Texas, l’ethnique mĂȘme des cĂ©lĂšbres Lybiens de l’antiquitĂ©, mais ce nom a subi au cours des temps de telles dĂ©formations que je ne puis faire ce rapprochement que sous les plus grandes rĂ©serves. La substitution du P au B, assez frĂ©quente dans les idiomes amĂ©ricains, n’a rien de bien anormal ; ce qui l’est davantage c’est que ce nom soit isolĂ©, ce qui enlĂšve forcement quelque confiance dans cette proposition. Il y a bien au PĂ©rou des iles Lobos mais ce nom signifiant loup eu espagnol, doit-ĂȘtre naturellement suspecte. Il en est de mĂȘme du nom de la tribu Paconee des Lobos ou Skidis aux États-Unis, qui a peut-ĂȘtre aussi cette signification. Je noterai encore une ville de Lebu au Chili. Les Lybiens des auteurs anciens sont les Libou des Égyptiens qui apparaissent des la fin de la XIXe dynastie. Moret et Davy des Clans aux Entres p. Ils Ă©taient grands et forts ; leur peau claire, leurs yeux bleus et leurs cheveux blonds trahissaient, tout au moins pour certains d’entre eux, une origine septentrionale. Nous allons voir un peu plus loin ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Mais pour le moment je remonte dans le Nord pour chercher leur pays d’origine. C’est encore dans la vallĂ©e de l’Obi que je puis remonter le plus haut sur leurs traces ; il y a une Loba affluent de la Toura, une Lobva et une Lobouga. Mais je crois que c’est un peu plus au Sud, en plein Turkestan chinois, sur les bords du lac Lob, le cĂ©lĂšbre Lob Nor qu’a Ă©tĂ© leur vĂ©ritable centre de formation et de dispersion. De ce point l’ethnique se rĂ©pandit vers l’Ouest, peut-ĂȘtre entraine dans l’exode des peuplĂ©s de l’Amour. Il ne parait pas qu’ils soient allĂ©s droit au Sud car on ne retrouve pas leurs traces dans l’Inde tandis qu’elles abondent dans l’Europe septentrionale, en Asie Mineure, en Syrie et en Afrique. Je citerai un peu au hasard la ville de Lob sur la cote norvĂ©gienne prĂšs des iles Lofoten, les iles Loppen un peu plus au Sud, Lobau et l’ile Lobau prĂšs de Vienne oĂč l’O de l'ethnique s’est conservĂ©, puis des noms oĂč il s’est transforme en E ou I comme dans la riviĂšre Leba a l’Est de Dantzig et Lepel en Russie. Dans le mĂȘme pays il y a des Libctu, Lioubim, Lipetz, Lipno, Lipovetz ; en Prusse des Lebus, Liebau, Lubz, Luben, Leubnitz, La Liv et les Livoniens, peut-ĂȘtre aussi la Litva et les Lithuaniens dĂ©rivent-ils de ce mĂȘme ethnique ? Plus bas nous trouvons LippĂŻk, Liptan, Lippa, transformations analogues Ă  celle que j’étudie en AmĂ©rique, puis Lieben, Leybach, toujours sous rĂ©serve d’une etymologie meilleure. Le cas est plus net pour les tribus italiennes des Lepontii, des Levi des Libeci ou Lebeci de Verceil, des Libui que Tacite plaçait entre Padda et l’Adige, des Liburni d’Hlyrie, de la ville de Livourne dont le nom se retrouve en France sur la Dordogne a Libourne. En France encore, certains noms comme Lebiez, LĂšves semblent avoir mĂȘme origine ; le mot lupus loup est regardĂ© par les Ă©tymologistes comme ayant fourni la racine de beaucoup de dĂ©signations de localitĂ©s francaises comme Lubbo, Lubey, Lubine etc., dont certains pourraient au contraire se rattacher a notre ethnique, Il y avait des Levaci en Belgique. En Espagne nous trouvons des Lubienses sur l’Ebre Pline des Lobetes, des villes comme Libia, Libisosa, Liburna, Libunca, Libusta, Lobesa, etc
 Au Caucase Pline cite des Lubieni en Albanie, prĂšs des Silves et des Didures et un autre auteur de basse Ă©poque y place aussi des Libyi Suidas mais comme on ne leur voit pas mentionner par contre les Ligyi qui sont les Leks ou Lezghiens actuels, on est en droit de se demander s’il n’y a pas eu quelque confusion, ou quelque erreur de transcription. Cependant on trouve encore en GĂ©orgie dans la rĂ©gion de Pachanaouri line localitĂ© de Libda Klaproth I. 490 qui se rattache peut-ĂȘtre Ă  notre ethnique et a pu donner son nom aux trois Lebda ou Leptis des Syrtes d'Afrique et d’Andalousie, et une riviĂšre Laba affluent du Kouban. Un manuel alphabĂ©tique des noms caucasiens analogue Ă  celui de Hodge pour les les tribus indiennes du Nord de l’AmĂ©rique rendrait les plus prĂ©cieux services Ă  l’ethnographie. En Palestine nous retrouvons des traces manifestes du passage des tribus du Lob. Les noms de Libb a l’Est de la Mer Morte entre Madeba et Kerak, des deux Libna dont l’un Tell es Safiye a l’Ouest de JĂ©rusalem, l’autre au Sud de Naplouse qui porte encore le nom d'El Loubban, peut-ĂȘtre aussi de Lifta un peu au nord de JĂ©rusalem, enfin du Mont Liban sont assez significatifs. Les HĂ©breux appelaient les Lybiens Lebahim ou Laabim et les considĂ©raient comme des chamites descendants de Mesraim. Mais c'est surtout en Afrique que les Labou ou Lebon connus des Égyptiens prirent un tel accroissement que la rĂ©gion Nord de ce pays fut pendant longtemps appelĂ©e Libye de leur nom. Avant de rechercher ce qu’il en reste sur place, je vais examiner les essaims qu’ils ont dirige en pays nĂšgre car leur invasion y a laissĂ© des traces nombreuses et durables. La plus significative est la prĂ©sence d’un peuple de Lebon Ă  la pointe ouest de l’Afrique prĂšs de Dakar, qui a conservĂ© intĂ©gralement l’ethnique tel qu’il Ă©tait connu des Égyptiens ce sont des nĂšgres fĂ©tichistes et animistes, plus laids que tous les peuplĂ©s voisins, mais chose curieuse, ils ont gardĂ© l’habitude Ă©gyptienne d’embaumer leurs morts avant de les mettre en terre, et autrefois leurs chefs Ă©taient accompagnes dans leur tombe, d'amis, de femmes et de serviteurs, Peyrissac- Aux ruines des grandes cites soudanaises. Chez leurs voisins, les Oulofs ou Yolofs et les Feloups, la derniĂšre partie du nom seule Ă©voque l’ethnique, mais par contre le type physique, peut-ĂȘtre encore revivifiĂ© par de nouveaux apports venus du Nord, s’est mieux conservĂ© car ce sont de beaux hommes, de haute taille, aux traits rĂ©guliers et plus intelligents que les noirs purs. Une autre tribu, les LaobĂ© ou LabbĂ© est fortement imprĂ©gnĂ©e de sang peut, et formĂ© dans les tribus Peules une caste Ă  part inferieure. Plus Ă  l’Est sur la Haute Volta vit le peuple Lobi sur lequel a donnĂ© de nombreux dĂ©tails dans dans ses divers ouvrages ils ont conserve le matriarcat avec un certain nombre d’autres coutumes primitives notamment celle des cheveux tresses et de l’étui phallique qui dans les peintures Ă©gyptiennes sont si caractĂ©ristiques des anciens lybiens ; ils se bĂątissent des sortes de chĂąteaux forts au lieu de se contenter des huttes des autres nĂšgres, sont fort indĂ©pendants et ont toujours luttĂ© contre l'introduction de l’islamisme chez eux. Je pense qu’ils constituent un des premiers essaims, qu’ils sont peut-ĂȘtre mĂȘme arrivĂ©s directement sans presque s’arrĂȘter en Égypte. Comme tous les envahisseurs du Nord ils ont vu leur sang altĂ©rĂ© par les races conquises au point de devenir physiquement presque semblables Ă  elles. Ce qui m’intĂ©resse plus particuliĂšrement est la bonne conservation de leur ethnique. J’ai omis de donner l’origine de ces Louata d’aprĂšs les Arabes. Ils ont créé pour eux un ancĂȘtre Loua, des Madghes, et ont entassĂ© dans sa descendance une quantitĂ© de tribus hĂ©tĂ©rogĂšnes, notamment des populations auxquelles ils pretaient une origine copte ou Tripolitaine ; mais comme elles Ă©taient trop nombreuses, ils ont fait comme pour Sanhadj l’aĂŻeul suppose des Sanhadja et ont créé un autre Loua dit Loua le jeune. Ces fantaisies eponymiques ne nous apprennent d’ailleurs rien. Je ne m’attacherai pas davantage Ă  examiner l’opinion du Colonel Rinn Origines berbĂšres p. il estime que les migrations des Lebou pourraient provenir de la province ligurienne d’Alava en Espagne. Tout semble dĂ©montrer qu’ils sont au contraire venus de l’Est... Il est vraisemblable qu’il en est passĂ© quelques uns de l'Afrique en Espagne et que d’autre part ce pays en a reçu d’Europe. Mais pour ce qui est du nom d’Alavct, il ne se rattache pas Ă  l’ethnique des Libyens, mais bien a celui des Albanais qui Ă©taient voisins et peut-ĂȘtre parents des Leks caucasiens, ancĂȘtres des Ligures mais non partie intĂ©grante de ceux-ci. En rĂ©sumĂ©, je dois reconnaitre que pour ce qui est de la filiation des Lipis d’AmĂ©rique aux Libyens d’Afrique, elle ne repose que sur une base des plus tenue et trouve son principal soutien dans l’ensemble des autres constatations que j’ai dĂ©jĂ  faites et qui me restent Ă  faire. 46 — MACAS Les Macas sont des Indiens de l’Equateur, dont je prends le nom comme le type le plus simple d’un ethnique qui a Ă©tĂ© trĂšs diversement modifie dans le Nouveau Monde comme dans l’ancien, tantĂŽt durci en Maka, tantĂŽt adouci jusqu’a donner Maya. Le type moyen et le plus commun nous est donnĂ© par les Maces de Berberie dont le nom peut aussi s’écrire Mats, racine frĂ©quente en Asie et en Europe. Pour ne parler que du Nouveau-Monde je citerai parmi les nombreux noms qui se rattachent Ă  cet ethnique les Maca ou Macos ou Makos de Colombie et du Venezuela, les Macagoas du Venezuela, les Macasis de la Guyane, les Macaxos du BrĂ©sil, les Macucos de Colombie, les Machais de l’Equateur, les Machiris de Bolivie, les Maiscas de Colombie, les Mayas du Yucatan et les Mayos de Colombie. Il y a plus d'une soixantaine de noms Ă©tablis sur ce thĂšme rien que dans l’AmĂ©rique du Sud. Mais il y a aussi dans l’AmĂ©rique du Nord de nombreuses collectivitĂ©s que l’on peut rattacher au mĂȘme ethnique, notamment une tribu de Makah ou Makash chez les Nutkas de la Colombie Britannique, des Massachuset et des Mattabesec tribus algonquines que je trouve dans l’hodge, avec de nombreux noms de villages ou clans. Il y a aussi une tribu de Mayos appartenant aux Opata Pima de Californie dont le nom se rattachĂ© manifestement a celui des Mayas du Yucatan. On s'accorde pour croire que le nom des Mayas du Yucatan n’est pas un ethnique, mais on ne s’entend pas sur la vraie signification. M. Vergara Martin pense que c’est un terme gĂ©ographique indiquant un lieu sec et aride tandis que MM. Genet et Chelbatz dans leur rĂ©cente Histoire des Peuples Mayas-QuichĂ©s p. disent que c’est un surnom donnĂ© aux Itza peuple du Yucatan que l’on appelait aussi Macehual. Le premier signifie effĂ©minĂ©s » et le second paysans ». L'existence des Mayos de Californie et de Colombie m’amĂšne Ă  croire que ces Ă©tymologies ne doivent pas ĂȘtre prises au sĂ©rieux et que Maya Ă©tait peut-ĂȘtre bien l’ethnique rĂ©el de cette nation. Je pense que tous ces noms doivent ĂȘtre rattachĂ©s en dĂ©pit de leurs dĂ©formations Ă  celui des anciens Maces de la Berberie. Je me suis efforcĂ© ailleurs Les origines caucasiennes des Touareg de montrer que ces Maces n’étaient autres que les ArmĂ©niens donnĂ©s par Salluste comme une des souches dont sont sortis les Africains du Nord. En raison de l’importance de cette question tant pour l’Afrique que pour l’AmĂ©rique je vais essayer de suivre leurs migrations en dĂ©tail. Je place le point de dĂ©part des Maces dans l’Inde. Il y avait la, trois millĂ©naires environ avant notre Ăšre, une nation de Malsyas qui joue un grand rĂŽle dans les rĂ©cits hindous relatifs a l’installation des Aryas dans les rĂ©gions de l’Indus et du Gange. Ils sont aussi mentionnĂ©s dans le recueil des Lois de Manou. Nous sommes donc assurĂ©s de leur existence, mais ils ont disparu des nomenclatures plus rĂ©centes ; leur nom primitif qui signifiait les poissons » est un exemple de nom ethnique dĂ©rivĂ© d’un nom de clan, sans doute d’un clan kouchite. On les reprĂ©sente en effet comme des Kouchites organisĂ©s, peuplĂ© de savants et d’astronomes qui naviguait sur les grands fleuves de l'Inde et cultivait leurs rives. F. Lenormant III 425 etc. Ils durent Ă©migrer au cours des guerres que se livrerent entre eux les peuples de l’Inde. Arrien ne connaissait plus qu’un peuple de MatliĂ©ens concentre sur un des affluents du Gange, et il Ă©tait sans doute peu considĂ©rable car un siĂšcle plus tard, PtolĂ©mĂ©e ne signale plus ce nom dans sa GĂ©ographie. On remarquera dĂ©jĂ  ce durcissement de leur nom. Dans le catalogue gĂ©ographique des Yaksa traduit par M. Silvain Levi 1913. p. → a on trouve des Masati et Masitika qui semblent reprĂ©senter une autre dĂ©rivation de ce mĂȘme ethnique. Enfin dans les listes modernes de l’Inde des noms comme Masan, Math? Mathepour etc. vont en s’écartant de plus en plus de l’ethnique primitif. L'Ă©cart est encore plus grand avec les Maka que nous rĂ©vĂšle l’inscription de Bisoutoun Oppert Les Modes 115. Ils formaient la 23e satrapie de l’empire de Darius et vivaient Ă  cheval sur le dĂ©troit d’Ormudz. Le promontoire appelĂ© aujourd’hui ras Mesandum Ă©tait alors le cap Maceta. A l’époque actuelle on relĂšve encore, des deux cotes du dĂ©troit, des noms comme Makran, Mascate, Matrah, Macnan, Makniyat, Mazim qui semblent des variations diverses sur ce mĂȘme thĂšme. J’imagine aussi que Mekka la Mecque autrefois Macorabci et Moka sont aussi de lointains dĂ©rivĂ©s, provenant du mĂ©lange d’essaims des Matsyas primitifs avec les peuples qui les avaient prĂ©cĂ©dĂ©s dans cette rĂ©gion, car ailleurs ils surent garder leur nom presque intact. A partir de leur arrivĂ©e dans l’Asie antĂ©rieure ils se fractionnent et on suit leurs traces dans les diverses directions que j’ai dĂ©jĂ  indiquĂ©es pour les migrations kouchites. Commençons par le Nord. En ChaldĂ©e il existait, a ce que nous apprend Maspero, un pays fabuleux connu sous le nom de Mas. En ArmĂ©nie ils formĂšrent une nation nombreuse que nous trouvons diversement placĂ©e et nommĂ©e suivant le flux et le reflux des invasions qui ballottaient les peuplĂ©s de cette rĂ©gion L’Ararat portait le nom de Massis ou Masios qu’il leur dut sans doute. De mĂȘme le lac d’Urrmia s’appelait le lac Matianos. Les GĂštes qui vinrent, habiter cette rĂ©gion, y prirent le nom de MassagĂštes, de mĂȘme qu’ailleurs ils avaient pris les noms de IndigĂštes, Morgetes, Samogetes, Tbyssagetes, Tyragetes » d’aprĂšs les pays oĂč ils s’étaient Ă©tablis. Les Mats ou Matsyas sont les Proto-armĂ©niens. Les Égyptiens qui lutterent contre eux les connaissaient sous le nom de Mittani et la science moderne s’en est fort occupĂ© dans ces derniĂšres annĂ©es. Pour les Grecs c’étaient des Mattiani, qui avaient fait partie au temps de Darius de la satrapie HĂ©rodote. Ils Ă©taient armĂ©s comme les autres peuples d’Asie Mineure, venus ainsi qu’eux de l’Inde, de petits boucliers ronds, de piques courtes, de haches et de poignards ; ils portaient des casques avec des mailles de fer et leurs chaussures montaient jusqu’a mi-jambe. D’autres noms marquent encore leur passage, comme la ville ancienne de Mazaca CĂ©sarĂ©e au Sud de l’Halys, et le Mazanderan Pays des Maza au Sud de la Caspienne. Une ville de Colchide s’appelait Matium. A l’époque des grandes migrations qui poussĂšrent les IbĂšres, les Albanais et autres peuples du Caucase Ă  quitter cette rĂ©gion pour gagner l’Occident, Ă©vĂ©nement considĂ©rable mais sur lequel nous n’avons aucune donnĂ©e positive, les Mats ou Matienes partirent comme eux et parfois avec eux. Certains d’entre eux avaient peut-ĂȘtre poussĂ© jusqu’au Caucase mĂȘme car on y trouve les noms de Mestia, Meztia, Mizkliert, Mtzketa, une riviĂšre Maka voisine de Routais. En Asie Mineure, je note encore Masoeos en Cilicie, Maslya en Paphlagonie, et un peuple de Mysiens. C’est en franchissant le Bosphore qu’ils entrĂšrent en Europe ou ils laissĂšrent leur nom a une MĂ©sie qui s'Ă©tendait le long du Danube qui porta lui-mĂȘme d’aprĂšs Etienne de Byzance le nom de Matons, a une autre rĂ©gion dite Emathie qui plus tard se transforma en MacĂ©doine le pays des Maces Ă  laquelle les Grecs attribuĂšrent l’éponymie de MacĂ©don descendant de Deucalion, par un procĂ©dĂ© analogue a celui que nous voyons employer par les SĂ©mites dans leurs gĂ©nĂ©alogies. Il y avait une ville de Malcistos sur la cote d’Epire, des Messapiens en Iliyrie. Ceux d’entre les ArmĂ©niens qui avaient accompagne les Albanais dans la portion des Balkans ou ils se sont fixĂ©s donnĂšrent le nom de Mastyl Ă  une de ses riviĂšres, et il y a encore en Albanie balkanique une petite fraction de Mats ou Matsia. Par le Danube, un courant d’émigration se porta vers l’Ouest et il y eut en Germanie des Mattiani ou Mattiaci Wiesbaden et une ville de Mattium, capitale des Chatti, nom qui parait une altĂ©ration de celui des GĂštes voisins des Matsya dans l’Inde et sur le Danube. En France et en Belgique la foule compacte des Ă©migrants proto-armĂ©niens, ce que les anciens appelaient l’armĂ©e d’Hercule, a laisse d’innombrables traces de son passage. Les noms comme Maasland, Maasluis, Maas, Metz, Matz, Meuse, Moselle, Messincourt, MessemprĂ©, MatĂźsco Macon, Mazeray, Mazaye, MaziĂšres, Le Mazis, Mazeyrat et autres sont trop nombreux pour ĂȘtre Ă©numĂ©rĂ©s ici. En Espagne les vestiges laisses par eux sont moins nombreux, ou ont Ă©tĂ© plus altĂ©rĂ©s ; cependant on relĂšve le nom de Mastieni ou Mastietes qui occupaient remplacement de CarthagĂšne. Mais pour ceux-lĂ  on est en droit de se demander s’ils sont venus avec le courant du Nord en franchissant les PyrĂ©nĂ©es ou si au contraire on doit les rattacher aux proto-armĂ©niens qui se sont rĂ©pandus sur les rives de la MĂ©diterranĂ©e et qui me restent Ă  voir. Cette question vient d’ĂȘtre Ă©tudiĂ©e derniĂšrement par M. L. Guignard qui rattachĂ© les Mastieni aux IbĂšres et adopte la solution de leur arrivĂ©e par l’Afrique Les IbĂ©ro-MastiĂšnes en Gaule et Tartessos en Aquitaine. La diffĂ©rence de dĂ©formation des noms en Espagne et en Libye me fait hĂ©siter Ă  accepter franchement ce rattachement des MastiĂšnes d’Espagne Ă  ceux du littoral africain. Mais je reprends le courant mĂ©ridional sur les rives de l’EgĂ©e ou il s’est encore divisĂ© en deux branches, l’une par la GrĂšce et la Sicile, l’autre par l’Asie Mineure et la Palestine. Dans le PĂ©loponnĂšse on trouvait les villes de MycĂšnes et de Macistum, deux ports l’un Ă  Messa l’autre Ă  Methone Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la pĂ©ninsule, un mont Mathia, une ville de MessĂšne et un peuple de MessĂ©niens. C’est sans doute de la que partirent les Ă©migrants qui allĂšrent former le peuple MacĂ© des Syrtes africaines que nous allons retrouver un peu plus loin, mais en tout cas ce fut certainement la que s’embarquĂšrent les colonies qui gagnĂšrent l’Italie et la Sicile. Dans cette ile on trouvait les villes de Messine et de Mazara ; sur la cote occidentale d’Italie il y avait plusieurs Massa, une Mystia dans le Brutium, au mont Massique au Sud du Latium. Une des tribus de la Rome primitive s'appelait Moecia et il y avait Ă  la pointe Sud de l’Italie des Messapiens, sans doute une colonie de ceux d’Ulyrie. C’est peut-ĂȘtre d’Italie ou de Sicile qu’auraient pu gagner l’Iberie les MastiĂšnes de la BĂ©tique. Du cotĂ© de l’EgĂ©e on appelait Macarici l’ensemble des iles de Lesbos, Chypre et Rhodes. D’aprĂšs Pline elles devaient ce nom Ă  un certain Macareus, fils d’Eole suivant les uns, de Jason et de MedĂ©e suivant d’autres, ou encore Ă  un centaure, voir a un compagnon d’Ulysse de ce nom. Bref on n’était pas trĂšs fixe sur l’origine de ce nom. La CrĂȘte avait aussi portĂ© le nom de Macaronesos et on y voyait une ville de Matium. Une autre petite ile de l'EgĂ©e s’appelait Machia. En JudĂ©e on trouvait une ville de Massada, et en Arabie une ville de Massala. Pline signalait de son temps en Arabie des MathatĂ©ens qui ont peut-ĂȘtre franchi la mer et passe en Ethiopie ou nous les retrouverons. On voit encore en face de la pĂ©ninsule arabique une tribu de nomades arabes, fort affaiblie, du nom de Mnazi ou Maaz Buckhardt qui habitent entre Suez et Koceir et qui en dĂ©rivent. Une autre tribu de MĂ©zeinĂ© divague entre le SinaĂŻ et MĂ©dine et il y a sur la cote du Yemen des BĂ©ni Matta indiquĂ©s par Niebuhr. Il Il me parait en vĂ©ritĂ© difficile de mĂ©connaitre aprĂšs cela l’existence d’un peuple dont le nom ethnique Mats diversement prononcĂ© et transcrit, s’est conservĂ© dans l’antiquitĂ© en dĂ©pit de toutes les dĂ©formations subies par lui ; ce peuple a eu comme foyer principal de dispersion l’ArmĂ©nie ou il a Ă©tĂ© depuis remplace tout au moins en partie par d’autres peuples. Si nous recherchons ses traces en Afrique, nous les trouvons encore plus abondantes qu’en Europe et sa force d’expansion a Ă©tĂ© telle que son nom s’est rĂ©pandu jusqu’au milieu des populations noires les plus Ă©loignĂ©es. En Abyssinie il a du passer avec les autres Kouchites, car PtolĂ©mĂ©e y signalait au Sud d’Axoum une ville de Masta et des MaĂŒitoe qui disparurent plus tard et qui Ă©taient peut-ĂȘtre les MatathĂ©ens d’Arabie de Pline. Sur la cote existe encore le port de Massaouah, puis on trouve les Maazeh que je viens de nommer plus haut. Peut-on les identifier avec les Mazaiou des Égyptiens ? Il est vraisemblable que des essaims diffĂ©rents appartenant Ă  ce mĂȘme peuple sont arrives Ă  diverses Ă©poques venant de directions variĂ©es, suivant les itinĂ©raires qu’ils suivirent et c’est ce qui rend assez difficile de s’y reconnaitre. Tout d’abord, sur le Haut Nil, les Égyptiens combattirent et subjuguĂšrent, sous la XVIe dynastie des Maza ou Mazoi qui Ă©taient considĂ©rĂ©s comme nĂšgres, mais qui Ă©taient en rĂ©alitĂ© des Kouchites, ancĂȘtres des populations actuelles de la Nubie arrivĂ©es du Sud de l’Arabie en Abyssinie et de la sur le fleuve aprĂšs s’ĂȘtre quelque peu mĂ©langĂ©es de sang nĂšgre. Plus tard du cotĂ© de la Lybie, sous la XIIe, la XIXe et la XXe dynastie, les Pharaons luttĂšrent contre des Mazaiou ou Maziou Lybiens, puis contre des Mashouasha Ă©galement Lybiens, ensuite contre des Mashaken. J’emprunte ces transcriptions Ă  Maspero car elles diffĂ©rent suivant les Ă©gyptologues. Les derniers, venus rĂ©cemment du Nord avec les PeuplĂ©s de la Mer, Ă©taient contrairement aux prĂ©cĂ©dents, plus blancs que les Égyptiens par suite d’un sĂ©jour de plusieurs millĂ©naires ou peut-ĂȘtre d’une modification de leur sang acquise dans le Nord d’ou ils Ă©taient venus rĂ©cemment vers la rĂ©gion des Syrtes. Les auteurs grecs les ont surtout connus sous le nom de Maces. Je crois que c’est a cet ethnique que l’on doit rapporter, comme l’indique Diodore de SuĂšde, les diverses modifications locales subies par ce nom dans le temps et dans l’espace Maxyes, Machlyes ou Machryes, Mazi, Mazaiou, Mazax, Mazices, Mashouashas, Maeatoutes, MachourĂšbes, Macanites etc
 Ce sont les descendants des ArmĂ©niens signales par Salluste d’aprĂšs ses informateurs africains. Dans mon Ă©tude sur les Origines caucasiennes des Touareg j’ai fait remarquer qu’on devait encore attribuer Ă  cet ethnique les noms des Massai du Kenia, des Makoi d’Anjouan, des Makoas de Madagascar, des Malcei du Gabon et de l’Ogooue, des Massalit du Darfour, des Mashena du Tchad, des Macena de Sokoto, des Macina du Niger, des Maka, Magha, Marka, des Mas sala, Mass assis, MassarĂšs du peuple Bambara. J’ajouterai dans l’Afrique du Sud les Matouana, les Makatisses, Makhazanes, Makaschlas, Makalolos, Makalakas, Mashonas, populations aux noms variant infiniment suivant les explorateurs qui les rapportent, mais qui paraissent bien nĂ©anmoins avoir reçu autrefois des apports de sang kouchite. J’arrive maintenant Ă  la Berberie proprement dite. Comme les IbĂšres du Caucase, les Mats d’ArmĂ©nie ayant aborde en fort grand nombre aux rives africaines, durent pour se distinguer entre eux, prendre les noms des lieux d'oĂč ils arrivaient; j'en ai citĂ© pour les Touareg un certain nombre comme les Anigara, Aniker, Aralcounou, Lissaoucme, Maltach etc... J’ai fait remarquer qu’ils avaient souvent conserve, chose extraordinaire pour des berbĂ©rophones, le pluriel armĂ©nien en K pour bon nombre de noms de tribus, au lieu d’adopter le pluriel berbĂšre. Ce fait montre combien l’apport; de la langue armĂ©nienne a du ĂȘtre important dans la formation de la langue berbĂšre, aprĂšs l’invasion des peuplĂ©s de la mer. A l'Ă©poque romaine je ne vois a signaler comme nom se rapportant a notre ethnique que celui d’un Ă©vĂȘchĂ© non identifie de la Berberie orientale, Mattiana signale par le PĂšre Mesnage. Dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres, l’ethnique dont je m’occupe est particuliĂšrement difficile a reconnaitre, parce que dans la formation des mots, il peut-ĂȘtre confondu avec le terme Mas mes, mis qui en berbĂšre a la signification de maitre de ». Voici nĂ©anmoins quelques dĂ©rivĂ©s modernes qui peuvent y ĂȘtre rapportes d’une maniĂšre Ă  peu prĂšs sure BĂ©ni Mazir fraction de Ghadames, BĂ©ni Mazen des Khroumirs tunisiens, Matia du Guergour, de nombreuses localitĂ©s portant le nom de Mazer Oued Rir, Gouraya, Dellys etc.. les Mazari d’Aine Temouchent, les Mazazgha de Mascara, les Makeni de Geryville, la ville de Mazounaavec sa fraction de Bou Mata, les Bou Mati de Dellys, les Makna d’El Aricha et de M’Sila, les Maaeen d’Ammi Moussa, les Maacha de Khenchela. Le nom de Maziri est encore usitĂ© comme nom propre dans certaines familles et celui d'Imaziren est le nom gĂ©nĂ©rique reconnu des BerbĂšres du Maroc et des Touareg du Sud. On trouve encore au Maroc oriental les Mehaia dĂ©formation qui se rapproche fort de celle des Mayas du Yucatan et au Maroc occidental des Ait Mazigh a Azilai ; enfin une ville du Sous au bord de l’OcĂ©an porte celui de Massa tout comme les villes italiennes. C’était peut-ĂȘtre sa population que Pline dĂ©signait sous le nom de Masates. Elle a en tout cas donnĂ© son nom Ă  la riviĂšre voisine l’Oued Massa. Il ne sera pas inutile aprĂšs cette longue nomenclature de donner une idĂ©e des tribus indo amĂ©ricaines homonymes, en particulier des Mayas qui sont les plus connus en raison du degrĂ© de culture qu’ils avaient su acquĂ©rir. Ces peuples qui composent le groupe Maya, Ă©crit Deniker p. 616 paraissent ĂȘtre venus aux temps post-quaternaires par mer et a l’état de civilisation dĂ©jĂ  assez avancĂ©e dans la presqu’ile du Yucatan. De la ils se rĂ©pandirent dans le Guatemala et les rĂ©gions environnantes du Salvador et du Honduras oĂč ils forment encore aujourd’hui a la masse principale de la population. L’ancienne civilisation Maya ressemblait Ă  celle du Mexico que sauf les cultes sanguinaires ; l’écriture du type hiĂ©roglyphique parfait. Ailleurs Deniker signale parmi les tribus du groupe Maya les Tsendals ou Tchontales du Mexique et les Chorti de Copan. Je consacre prĂ©cisĂ©ment Ă  ces deux tribus des paragraphes speciaux oĂč je rapproche les premiers des Zentane de la Tripolitaine Gindane d’HĂ©rodote et les seconds des Chorta des gĂ©nĂ©alogies arabes qui devaient leur nom Ă  leur habitat sur la rive des Syrtes ce sont bien la des noms dq tribus qui devaient faire partie des Maces de la Tripolitaine tels que nous les indiquent les auteurs anciens. Au Yucatan les Mayas se trouvent voisins ou mĂ©langĂ©s aux Lacandones oĂč je retrouve Ă©galement le nom dĂ©formĂ© des Lakhs des Lemta BerbĂšres, leurs voisins d’Afrique voir § Laches. J’ai dĂ©jĂ  dit au chapitre III quelques mots de leur Ă©criture et de sa ressemblance avec celle de l’Égypte prĂ© pharaonique. On a pu noter en outre que la langue berbĂšre avait de singuliĂšres affinitĂ©s avec le Quiehua langue parlĂ©e jadis parles Mayas dont Je groupe est dĂ©signe pour cette raison par les amĂ©ricanistes sous le nom de Maya-Quiche Levistre. Contribution aux Ă©tudes BerbĂšres Bulletin de l’AcadĂ©mie d'Hippone. 1899-1900 n°30. On sait que le crane des Maya, de forme ronce, Ă©tablit fort nettement l’origine touranienne principale de ce peuple mais la prĂ©sence sur leurs monuments de reprĂ©sentations d’un type a crane allonge de forme berbĂšre, indique qu’ils ont reçu de l’Est des apports peut-ĂȘtre peu nombreux mais influents ; enfin leur architecture et la dĂ©coration artistique de leurs monuments indiquent encore un partage d’influence entre les civilisations Ă©gĂ©enne et Ă©gyptienne d’une part et la culture du Sud de la Chine d’autre part. Ces apports orientaux sont niĂ©s par les amĂ©ricanistes, mais alors d’oĂč pouvaient bien venir les prĂȘtres de Chichen Itza ? J’estime que les Maces ont Ă©tĂ© parmi les principaux intermĂ©diaires BerbĂšres, qui ont transmis aux populations de l’AmĂ©rique centrale quelques bribes de la civilisation Ă©gyptienne. Mais livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes et incapables comme tous les autres peuples BerbĂšres, de reproduire graphiquement des ĂȘtres animĂ©s, ils n’auraient pu Ă©difier les monuments trouvĂ©s au Yucatan sans le concours d’autres civilisĂ©s de race indochinoise plus artistes qu’eux et dont les monuments de Copan par exemple nous attestent la prĂ©sence et l’intervention. Cette civilisation qui commençait Ă  sortir des limbes a Ă©tĂ© brusquement arrĂȘtĂ©e dans son essor il y a quelques siĂšcles. Il n’est pas interdit d’espĂ©rer qu’elle pourra refleurir quelque jour sous une nouvelle impulsion Ă©trangĂšre en dĂ©pit de ce temps d’arrĂȘt. 47 — MAHUES Les Indiens Mahues sont une tribu brĂ©silienne appartenant Ă  la grande famille des Tupis. On peut rattacher a ce nom ceux des MaguĂšs et Maguas de la mĂȘme rĂ©gion. On retrouve leur nom dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres. Elles comprenaient une tribu de Maones qui appartenaient Ă  la grande branche de Maggher des Aurigha. Il y avait aussi des Maoueten qui faisaient partie des Ketama. Cette double descendance parait indiquer qu’ils venaient de l’Inde, si toutefois il est possible de tirer quelque dĂ©duction de cet amas confus de donnĂ©es extravagantes qui constituent ces nomenclatures. De fait il y a dans l’Inde un fleuve Mahi Mais des Anciens d’aprĂšs le pĂ©riple de la mer ErythrĂ©e qui se jette dans le golfe de Cambaye et qui a pu ĂȘtre l’origine de ce nom. Actuellement on trouve en AlgĂ©rie des Mahouandans la commune de plein exercice d’El Ouricia Constantine des Malioune Ă  Palestro, des Ait Maouche Ă  Dra el Mizane, des BĂ©ni Mahouch au Guergour, des BĂ©ni Mcihoussen aux Braz. MalgrĂ© le peu d’importance de cette similitude elle est nĂ©anmoins assez marquĂ©e pour venir s’ajouter a l’ensemble de celles qui Ă©tablissent l’arrivĂ©e des BerbĂšres en AmĂ©rique. Il ne serait pas impossible toutefois que cet ethnique doive ĂȘtre rattachĂ© au prĂ©cĂ©dent. 48 — MAQUELCHELES Depuis longtemps l’attention des savants AmĂ©ricains Powers s’est portĂ©e sur cette tribu californienne qui diffĂšre complĂštement des peuplĂ©s qui l’entourent et que l’on considĂšre comme de race blanche. Ils transcrivent son nom Makhelchels. De Quatrefages 1. c. 463. J’ai dĂ©jĂ  montrĂ© dans mes Ă©tudes sur les Touareg que ce sont des BerbĂšres. Rarth, Je lieutenant Jean, Mangeot et Marty, ont signale sur le Niger et dans l’Air quatre tribus qui portent Je nom de Imakelkalen Immakelkalen ou Imekelkalen. Elles appartiennent respectivement; deux aux Jregenaten du Niger, une aux Immidideren et la quatriĂšme venue peut-ĂȘtre des prĂ©cĂ©dentes, aux Kel Ferouane de bAir. En Ă©liminant le prĂ©formant et la terminaison EN qui sont les Ă©lĂ©ments constitutifs du pluriel berbĂšre, on a exactement le nom amĂ©ricain et ce dĂ©tail prouve qu’ils ont Ă©tĂ© entraines en AmĂ©rique avant d’entrer dans l’orbe des confĂ©dĂ©rations voilĂ©es. Leur passage dans Je Nord est marque par le nom du village de Melklilakhel aux Makatla de la commune de Sedrata prĂšs Mdaouroucb Constantine. La rĂ©duplication de la derniĂšre syllabe de leur nom semble en outre indiquer qu’elles ont passĂ© dans un milieu caucasien armĂ©nien ou gĂ©orgien ; Cela a d’ailleurs pu se faire simplement au milieu des BerbĂšres qui regorgent de ces Ă©lĂ©ments. L’origine premiĂšre de cette population parait ĂȘtre dans l’Inde. Le Karna Parva du Mahabharata cite des Mekalas au teint de cuivre, aux flĂšches empoisonnĂ©es ». C’étaient des Anou, peuple kouchite qui venait sans doute des rĂ©gions septentrionales de l’Asie et qui Ă©migra de la en Égypte ou les monuments de ce pays ont livrĂ© leur nom aux Ă©gyptologues. Mais il y en eut qui passĂšrent au Caucase, car Klaproth signale parmi les tribus Kistes appartenant Ă  l’ensemble des montagnards TchĂ©tchĂšnes une tribu de Makal ou Moukil. C'est de la, je pense, qu’ils vinrent en Afrique. Les anciens en ont connu dans le Sud tunisien sous le nom de Mecales Corippus de Metxala ou Mechal Pline. Il existe encore dans l’Arad et Ă  Djerba quelques BĂ©ni Maqel, mais ces derniers viennent peut ĂȘtre des MaĂŻcil arabes qui ont sans doute d’ailleurs la mĂȘme origine. On trouve sur la cote de l’Hadramount une localitĂ© de Mekalla. Dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres on trouve les noms de Macela et Maghila ; les derniers appartenaient aux Dariça ce qui ne nous apprend pas grand chose. Le passage des Maquelcheles par la Berberie est Ă©tabli par la rĂ©duplication de la derniĂšre syllabe qui ne se serait pas produit s’ils Ă©taient venus directement d’Asie, sans doute leur premiĂšre patrie, car il y a une Mcikaltzi dans le bassin de l’Amour. 49 — MAQUIRITARIS Le nom de cette tribu indienne est des plus incertain car on le transcrit Maquiritaris, Maquiritares, Maquinitaris, Maquiritanis, Maquitares, Makiritare, Mariquistares. Mais on s’accorde sur ce point qu’ils habitent au Venezuela et en Colombie et qu’ils constituent une population nombreuse et presque blanche. Je les rapproche eux aussi comme les prĂ©cĂ©dents de tribus targuies connues sous le nom d’immakitane, dĂ©bris des anciens Micatanes BerbĂšres qui Ă©taient voisins de Carthage et qui furent refoules peu Ă  peu dans le Sahara par les envahisseurs PhĂ©niciens d’abord, puis par les Romains et leurs successeurs. Ce sont eux qui sont dĂ©signĂ©s par d’autres auteurs sous les noms de Macanites, Maxitains ; ce sont sans doute aussi les Maxyes d’HĂ©rodote. Actuellement les Immakitane forment un groupe assez considĂ©rable de tribus nobles des Kel Oui d’Agades LL Jean. J’at dit Ă  l’article Maca que leur nom devait ĂȘtre vraisemblablement considĂ©rĂ© comme dĂ©rivĂ© de l’ethnique Mace, c'est-a-dire qu’ils avaient une origine armenienne. L’affirmation d’HĂ©rodote que les Maxyes s’attribuaient une origine troyenne s’accorde assez bien avec ce fait, car les Maces sont arrivĂ©s en Afrique par diverses voies. Le teint blanc des tribus indiennes considĂ©rĂ©es et leur habitat dans les rĂ©gions de l’AmĂ©rique du Sud qui ont du recevoir les Ă©migrants BerbĂšres viennent confirmer les donnĂ©es prĂ©cĂ©dentes. 50 — MATEMATES Les MaternĂątes sont des esquimaux du Groenland. La Berberie comprend des Matmata en abondance. Les gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres en avaient formĂ© une importante branche des Darica Beni Faten. DispersĂ©s lors de l’invasion arabe, on en trouve encore une grosse tribu dans les montagnes du sud tunisien, Ă  l’Est du Nefzaoua vivant dans des habitations troglodytes, mais il y en a aussi en AlgĂ©rie dans les communes mixtes d’Ammi Moussa et du Djendel, et au Maroc chez les Riata de Taza. Je suppose, qu’en AlgĂ©rie tout au moins, ce nom est une dĂ©formation du nom des MacĂ©s produite par la reduplication habituelle ibĂ©ro-armĂ©nienne Ă  une Ă©poque relativement rĂ©cente, car les auteurs anciens n’ont jamais donnĂ© ce nom significatif. Son apparition simultanĂ©e chez les BerbĂšres et chez les Esquimaux est une Ă©nigme ! Faut-il pour une fois Ă©voquer l’intervention du dieu Hasard? J’y rĂ©pugne toujours. Peut-on supposer une migration exceptionnelle qui aurait poussĂ© quelques BerbĂšres Matmata, dĂ©barquĂ©s en AmĂ©rique, jusque dans les rĂ©gions hyperborĂ©ennes, oĂč un groupement d’Innuit aurait adoptĂ© leur nom, ou au contraire un fractionnement avec dĂ©placement dans deux directions diamĂ©tralement opposĂ©es d’une population primitivement formĂ©e en Asie ? Faut-il voir dans les tribus homonymes vivant en Berberie et au Groenland deux branches ou plutĂŽt deux dĂ©bris d’une tribu primitive de l’ñge du renne, portant ce mĂȘme nom, qui lors de sa dispersion aurait envoyĂ© des Ă©lĂ©ments des deux cotes. On sait que beaucoup de prĂ©historiens admettent l’identitĂ© absolue des Esquimaux du Groenland et de l’homme de Chancelade. On se reportera notamment Ă  ce qu’en dit Boule Hommes fossiles, p. etc. 83 Ces diverses hypothĂšses sont aussi difficiles Ă  adopter l’une que l’autre. Cette coĂŻncidence anormale de noms devait ĂȘtre nĂ©anmoins signalĂ©e dans cette Ă©tude qui a pour but de relever tous les cas de ce genre. 51 — MAZAHUAS Les Mazahuas ou Mazehuis sont des Indiens Otomis du Mexique qui habitent la rĂ©gion de Mazahuacan. Il y a aussi des Mazanes dans la rĂ©gion de l’Equateur, des Mazapili au Mexique, des Mazatecos dans la mĂȘme rĂ©gion, des Mazatas au Venezuela et des Mazques en Colombie. Ces divers noms sont Ă  rapprocher de celui des Mashuasha lybiens nommĂ©s dans les annales Ă©gyptiennes comme je l’ai mentionnĂ© au paragraphe Macas, des Mazices des auteurs anciens, des Imaziren et Imochar qui sont les Touareg de nos jours. Comme j’estime que tous ces noms sont dĂ©rivĂ©s de celui des anciens Maces de la Berberie, je me permettrai de renvoyer le lecteur Ă  la discussion que j’ai consacrĂ©e Ă  l’origine de ces Macas. Le nom mĂȘme des Otomis est venu assurĂ©ment de l’ouest car on le trouve au Japon sous la forme Otomo. 52 - MERIONES Les Meriones sont une tribu indienne de la Colombie Ă©quatoriale. A leur nom peut se rattacher celui des Meregotos ou Merigotos du Venezuela. Il s’agit d’un ethnique extrĂȘmement rĂ©pandu dans l’Ancien monde et notamment en Berberie. Je vais le suivre dans ses migrations et ses variations. Dans le bassin de l’Amour il y a une riviĂšre Merine. Ce nom est venu directement en Afrique sans dĂ©formation avec les migrations touraniennes qui s’enfoncĂšrent au cƓur du continent noir. On sait que les BĂ©ni Merine comptĂ©s par les auteurs arabes parmi les Zenata Beni Ouacine créÚrent une dynastie berbĂšre cĂ©lĂšbre du XIIIe au XVIe siĂšcle. Les moutons BerbĂšres dits mĂ©rinos qu’ils importĂšrent dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique ont laissĂ© une trace durable de leur passage aprĂšs la disparition de leur nom. Mais je crois que c’est surtout par l’Inde ou ils Ă©taient descendus qu’ils transitĂšrent avant de passer en Occident et cela a une Ă©poque trĂšs ancienne. Le Mont MĂ©rou est devenu la montagne sacrĂ©e des Hindous, mais son emplacement comme celui des lieux sacrĂ©s de ce genre n’est pas fixe car certains le plaçaient au-dessus de la ville de Nyza cĂ©lĂšbre dans l’histoire de Bacchus et d’Hercule, d'autres au-dessus des sources du Gange. Les migrations indiennes ont transportĂ© d’ailleurs ce nom en Afrique ou on trouve un autre Mont MĂ©rou Ă  l’Est du Kilimandjaro. On signale encore chez les Ghonds du Mont Aravali une tribu de Meras F. Lenormant III. 408 et l’onomastique indienne conserve des noms comme Merjapour, Merjee, MĂ©rindapally, Merritch, Merlom qui se rattachent peut-ĂȘtre a cet ethnique. On appetait Meriak a une Ă©poque rĂ©cente les victimes humaines, capturĂ©es ou Ă©levĂ©es spĂ©cialement aprĂšs achat, que les populations Khonds du Dekkan sacrifiaient solennellement. Ce nom devenu technique Ă©tait peut-ĂȘtre celui de la population primitive sur laquelle ses fĂ©roces ennemis avaient l’habitude de prĂ©lever leurs victimes. A la sortie de l'Inde, au Beloutchistan, il y a une tribu de Marri. En passant dans l’Asie antĂ©rieure nous trouvons d’abord sur le moyen Euphrate une ville fort-ancienne de Mari. En Arabie, Pline nous signale une ville de Mariaba chez les Atramites et les traditions hĂ©braĂŻques une ville de Mara dans l’Arabie PĂ©trĂ©e. En remontant vers le Nord nous trouvons mention chez les Mittani de guerriers presumes Aryens appelĂ©s Merianou. Ces mercenaires appartenaient peut-ĂȘtre Ă  la mĂȘme migration que nos BĂ©ni Merine de Berberie. Au Caucase l’ethnique en question a laissĂ© les localitĂ©s de Marabda prĂšs de Tifiis et de Maradidi prĂšs de Batoum. Plus au Nord les Tcheremisses s’appellent eux-mĂȘmes Mari ; ce sont peut-ĂȘtre les MĂ©rens que Jornandes comprenait parmi les peuples qui furent subjuguĂ©s par Ermanaric roi des Goths. En tout cas il y a encore des MĂ©riens qui occupent en Bussie une rĂ©gion Ă  cheval sur le fleuve Volga aux environs de Rostof. On y trouve bon nombre de noms significatifs comme Merinovo, Merevkino, Merinovka Comte Ouvaroff. Les MĂ©riens. Les anciens Morini de Flandre Ă©taient sans doute un essaim de ces peuples et l’ethnique s’est conservĂ© en Gaule dans nombre de noms tels que MĂ©riel, MĂ©rignac, Merindol, Morienval, les riviĂšres des Grand et Petit Morin. En Italie la ville de Merinum Santa Maria di Merino et peut-ĂȘtre le peuple des Marsi, en Espagne Merobrigct Santiago de Gacem et Merida, en GrĂšce la MorĂȘe sont sans doute des tĂ©moignages de la dispersion de ce peuple ou de ceux qui en emmenaient les dĂ©bris. En Afrique les traces qu’il a laissĂ©es ne sont pas moins nombreuses. En Égypte nous avons Mciriout qui s’appelait Marea avant le passage des SĂ©mites. Tout Ă  fait au Sud les Hova de Madagascar portent en rĂ©alitĂ© le nom de MĂ©rina et appellent leur pays Imerina. Los gĂ©nĂ©alogistes musulmans faisaient entrer dans leurs compositions plusieurs tribus dont le nom ressort Ă  cet ethnique ; les BĂ©ni Meracen qu’ils classaient parmi les peuples Sanhadjiens, les BĂ©ni Merouane, Masmouda de l’Atlas marocain sans compter les BĂ©ni Merine que j’ai nommĂ©s au dĂ©but. Dans les nomenclatures actuelles de la Berberie on relĂšvera diverses collectivitĂ©s qui ont encore conservĂ© ce mĂȘme ethnique. Tels sont les Meraouna de Morsott, les Merrat de Takitount, les Menane d’EI Milia, les Merinat de Mecheria, les MĂ©rinda de Randon, les MĂ©rioua et Meriouat d’Aine Mlila, les Merriouts de Chateaudun-du-Rhummel, les MĂ©riouts des Maadid, les Merouana de l’Edough et des Rirha, les Meroudj de La Calle, du Guergour et d’Attia. Il y a aussi en Tunisie des Merouana et des Beni Merrouane aux Ouarain du Maroc qui Ă©taient prĂ©tend-on autrefois chrĂ©tiens. On voit donc que les Meriones d’AmĂ©rique peuvent venir de Berberie. Mais qui nous dit qu’ils ne viennent pas de la vallĂ©e du Merine Amourien. Je ne puis rien formuler de prĂ©cis contre cette objection et le seul argument qu’on puisse mettre en avant dans la circonstance est que nous trouvons ces Meriones Ă©tablis dans la partie de l’AmĂ©rique Ă©quatoriale ou ont du aborder les BerbĂšres, tandis pie dans le Nord de l’AmĂ©rique on ne trouve que les MariĂąmes et les Mariposa dont les noms, qui viennent sans doute du mĂȘme ethnique, sont beaucoup moins comparables que ceux des tribus BerbĂšres Ă  l’ethnique envisagĂ©. 53 — MORXOAS Outre les Morioas indiens du BrĂ©sil, diverses tribus de l’AmĂ©rique mĂ©ridionale portent des noms formĂ©s sur le mĂȘme thĂšme plus ou moins diversifiĂ© Morocotos et Morocotas de Bolivie, Morochocos ou Morochucos et Morotoas du PĂ©rou, Morongos de Colombie, Moronomis du Venezuela, Moronas du PĂ©rou et de l’Equateur, Mayorunas des mĂȘmes rĂ©gions, Mayurinas du BrĂ©sil, etc
 Je rapproche ces appellations de celles des MaurĂšs de l’antiquitĂ© qui donnĂšrent leur nom a la MaurĂ©tanie c’est-Ă -dire Ă  toute la partie occidentale de la Berberie. On sait que d’aprĂšs Strabon les Maures Ă©taient venus de l'Inde avec l’armĂ©e d’Hercule. De longs dĂ©bats ont eu lieu sur ce nom et je ne vais pas les rappeler ici, car on avait absolument nĂ©gligĂ© de vĂ©rifier les assertions de Strabon et de rechercher l’origine de ce nom. Il y a une riviĂšre Moura affluent de l’IenisseĂŻ et c’est d’elle, je pense, que la nation indienne et plus tard la dynastie des Mauriya tirĂšrent leur nom. Jouveau -Dubreuil. Histoire ancienne du Dekkan 10. La VallĂ©e Poussin l. c. 233. La dynastie des Mauriya, gouvernait encore tout le Dekkan plusieurs siĂšcles avant notre Ăšre. La tribu dont elle Ă©tait issue devait ĂȘtre fort ancienne et il n’est pas surprenant que ce peuple qui Ă©tait dravidien ait Ă©migrĂ© avec les autres peuples indiens. Beaucoup de localitĂ©s indiennes ont des noms composĂ©s sur la mĂȘme racine Mauripacloo, Moorbad et Morabad, Moordampour, Moorecih, Moorgong, Mo or gui, Moorkya, Moorshedabad, Moorson, Moorude, Moradgunge, Moranker, Mort, Mormal, la riviĂšre Moro etc.. IL y a aussi des Mauriya en Birmanie. En Afrique le nom en question, outre la dĂ©signation gĂ©nĂ©rale des MaurĂ©tanies que les anciens n’ont certainement pas inventĂ© purement et simplement, n’apparait que dans deux Ă©vĂȘchĂ©s non identifies de la Mauritanie cĂ©sarienne, l’un Maura qui devait son nom a une peuplade de Mauri, l’autre Mauriana. Il est probable que ce peuple s’était enfonce de bonne heure dans le Sud ou il a disparu ne laissant comme trace de son passage que le nom du Dallol Maori, vaste dĂ©pression, sans doute l’ancien lit d’un fleuve quaternaire sur la rive gauche du Bas Niger. Il y a aussi des Moronou chez les Agni de la Cote d’ivoire. Il est donc permis de croire d’aprĂšs ces quelques vestiges que les Maurusii des anciens Ă©taient bien une entitĂ© ethnique et non pas seulement une appellation vague. C’est ce que nous avons dĂ©jĂ  constatĂ© pour le nom des BerbĂšres et c’est ce que nous verrons encore un peu plus loin pour les Numides. Comme cet ethnique ne se trouve pas dans l’AmĂ©rique du Nord, ni en Europe il est certain que c’est de la Berberie qu’il a gagnĂ© l’AmĂ©rique. Il ne saurait y avoir de doute que du cotĂ© de l’OcĂ©anie ou on sait qu’il a existĂ© des populations Maories, mais cette constatation tout en augmentant notre croyance Ă  la rĂ©alitĂ© de cet ethnique ne nous apporte aucune raison valable de croire Ă  un apport venant de l’Occident. Il est trĂšs possible que cet ethnique doive ĂȘtre rattachĂ© au prĂ©cĂ©dent, leurs racines Ă©tant les mĂȘmes. Son importance historique m’a amenĂ© Ă  le traiter a part. 54 — MUSGOS Les noms que l’on peut rattacher Ă  cet ethnique offrent cette particularitĂ© qu’ils se prĂ©sentent Ă  peu prĂšs en Ă©gale quantitĂ© dans le Continent Nord et dans le Continent Sud de sorte qu’on peut se demander s’il n’en est pas arrivĂ© a la fois par le Nord de l’Asie et par l’Afrique. Dans l’AmĂ©rique du Nord on trouve d’abord les Musgos du Mexique dont le nom se transcrit aussi Amugos, Amusgos, Amuxcos, Amuzgos, puis les Muscoguis, Muxkags ou Muschogees appartenant aux Creeks de l’Alabama dans les États-Unis du Nord, les Musquakkies de l’Iowa, et les Muskokis ou Muskotis du Mexique, les Xoctan Muscoyi, pueblos du Nouveau Mexique, peut-ĂȘtre mĂȘme les Mokis des confins du Mexique et des États-Unis. Du cote du Sud, il y a des Muscovis ou Machicuis, Indiens Guaranis de la RĂ©publique Argentine, des Mosquitos ou Moscos au Guatemala, des Mosgones ou Mosgonas au Paraguay, des Moxes en Bolivie, des Moxos ou Mojos au BrĂ©sil, des Moscas, Moscos, ou Moxcas qui appartiennent au groupe des Chibchas de la Colombie et du Venezuela, etc.. Dans le vieux monde, c’est au Nord et au Sud du Caucase que nous trouvons les Moslces ou Moschiens ancĂȘtres prĂ©sumĂ©s de ce peuple. On les comptait parmi les peuples Scythes et je les crois Touraniens. On ne trouve de traces de leur nom ni dans la Haute Asie ni dans l’Inde, soit que les lieux qui leur ont donnĂ© naissance aient changĂ© d’appellation, soit que leur nom ait une provenance eponymique ou autre spontanĂ©e. Il semble que leurs migrations en Europe se soient bornĂ©es Ă  un circuit autour de la Mer Noire. M. J. de Morgan dans sa mission au Caucase II. 84. et 148 a essayĂ© de reconstituer leur itinĂ©raire et de noter les progrĂšs de leurs migrations en Asie Mineure Ă  l’époque oĂč ils se dirigeaient de la Cappadoce vers le Caucase sous la pression d’autres peuplĂ©s. On ne sait quand ni comment ils franchirent cette haute barriĂšre et vinrent s’arrĂȘter sur la riviĂšre de Russie qui prit leur nom, la Moskowa, et sur les bords de laquelle s’éleva Moscou. Dans une autre hypothĂšse ces lieux seraient au contraire le point de dĂ©part d’essaims qui, au cours de leur pĂ©riple, furent pris dans le grand mouvement de migration qui entraina les peuples caucasiens en Lybie ou nous les retrouvons. Au Nord de l’ArmĂ©nie, ils avaient laissĂ© leur nom Ă  la chaine dite des monts Moschiens qui court au Sud de Batoum. Dans mes recherches sur les Origines caucasiennes des Touareg, j’ai attirĂ© l’attention sur leur singuliĂšre aventure en Afrique. Ils s’y sont partagĂ©s en deux lots bien distincts, l’un devenu berbĂšre, l’autre devenu nĂšgre. Les premiers sont les Mosgou ou Kel Azaoua qui font partie de la confĂ©dĂ©ration des Aouelimminden et qui habitent l’Azaoua rĂ©gion desertique peu connue situĂ©e entre le Niger et l’Air. Chudeau seul les a signalĂ©s dans son Sahara soudanais p. Quant aux seconds qu’a fait connaitre le premier Barth, ils sont encore plus curieux. Ils habitent des cases Ă©lĂ©gantes en argile de la forme d’un obus qu’ont encore vu les derniers explorateurs de la rĂ©gion du Logone Bruneau de Laborie du Cameroun au Caire p. On les appelle actuellement Massa Mosgou. Barth a notĂ© qu'ils avaient conservĂ© comme coiffure le diadĂšme de plumes que portaient autrefois certains peuples d’Asie Mineure comme les Lyciens et les Philistins et qu’ils avaient comme fĂ©tiche une Ă©pĂ©e en forme de javelot fichĂ©e en terre, comme les Scythes au dire d’HĂ©rodote. On ne dĂ©couvre aucune autre trace de leur passage en Afrique. NĂ©anmoins il parait vraisemblable que ce sont eux qui Ă  une Ă©poque reculĂ©e ont pris part Ă  un exode berbĂšre vers l’AmĂ©rique. Une fois rendus dans l’AmĂ©rique centrale ils se sont sĂ©parĂ©s en bandes qui ont tirĂ© les unes vers le Nord, les autres vers le Sud, ce que l’on ne peut que conjecturer, car contrairement Ă  bien d’autres peuples, ils ne paraissent pas avoir sĂ©journĂ© en cours de route, ni fondĂ© d’établissements intermĂ©diaires, ni laissĂ© de trainards pour perpĂ©tuer leur nom sur le chemin qu’ils ont suivi. 55 — MUTSUNES Les Mutsunes sont une tribu indienne qui habite la Californie dans la rĂ©gion de Monterey. Une de leurs fractions porte le nom de Mutsos qui parait dĂ©rivĂ© de l’ethnique primitif. J’estime qu’ils sont venus de Berberie. Une des rares tribus dont les Romains nous aient laissĂ© le nom authentique Ă©tait celle des Musunii. Ils habitaient la Tunisie actuelle entre Thelepte Medinet el Khedima et Cillium Kasserine Ă  proximitĂ© des Musulames. Une inscription trouvĂ©e Ă  Hassi Cheraga nous assure de leur nom et de leur existence. Un peu plus au Nord-Ouest on trouvait des MusonĂ©s, peut-ĂȘtre un dĂ©membrement des prĂ©cĂ©dents, que la table de Peutinger place entre Setif et Ad Oculum Marinum. L’origine de ces noms n’apparait pas ailleurs et il est probable qu’ils se soient formĂ©s sur place. Dans les nomenclatures actuelles on trouve dans le Sud tunisien au de Sfax c’est-a-dire non loin de la rĂ©gion ou vivaient les Micsunu une Aine Mezouna et un Bled Mezouna que l’on identifie avec l’ancien Ă©vĂȘchĂ© de Marazanoe Regioe. En AlgĂ©rie la petite ville indigĂšne de Mazouna de la commune mixte de Renault et la tribu qui porte ce mĂȘme nom rappellent ce mĂȘme ethnique. On peut encore en rapprocher avec quelques rĂ©serves les Msouna d’El Arrouch, les Massoume de Blida et les Masouma de Chebli. Ces noms sont peut-ĂȘtre dĂ©rivĂ©s de celui des Maces. Les MusunĂŒ de l’ancienne Byzacene ont du faire partie des Garamantes, ou des GĂ©tules, fort mĂ©langĂ©s avec les prĂ©cĂ©dents dans cette rĂ©gion, mais ils ne paraissent pas avoir laisse de traces dans l’onomastique des tribus touareg il est donc probable que leur glissement vers l’Ouest avait prĂ©cĂ©dĂ© la dispersion de ces nomades. 56 — NAPOTOAS C’est dans la rĂ©gion de l’Equateur qu’habitent les Napotoas Napotaes ou Napos qui vivent sur le Rio Napo et comptent dans le groupe des Quichua. Cet ethnique s’est rĂ©pandu vers le Nord oĂč on trouve des Napuats au Nouveau Mexique, des Napas en Californie avec une localitĂ© du mĂȘme nom au Nord de San Francisco, des Navajos chez les Apaches du Mexique et d’autre part vers le Sud Nantipas ou Antipas du PĂ©rou, Napeca nomades en Bolivie, Napunas dans le Chaco, Naparus ou Naparues dans l’Argentine. L’ethnique qui a donnĂ© naissance Ă  ces noms parait bien ĂȘtre la Nepa affluent de l’Angara, Ă©missaire du lac Baikal. Il a laissĂ© de fortes traces sur les deux rives de la MĂ©diterranĂ©e, surtout au Sud, et c’est Ă  ce titre que je n’ai pu le passer sous silence. En procĂ©dant par ordre nous trouvons dans l’Arabie PĂ©trĂ©e des Nabatoei dont le nom se retrouve peut-ĂȘtre chez les Oulad Nabet classes comme Athbedj et venus lors de l’invasion hilalienne en Afrique. Les Arabes n’ont pas manquĂ© de forger un Ă©ponyme Ncibat ou Nabit, mais ne s’entendent pas sur sa gĂ©nĂ©alogie exacte et le font descendre tantĂŽt de Sem Macoudi tantĂŽt de Kham Makrizi. Il y a aussi un Nabaroth fils d'IsraĂ«l auquel on reporte l’honneur de leur ascendance, et le nom de Nabet existe encore comme patronyme. C’est probablement un de leurs essaims qui avait fondĂ© autrefois sur le Haut Nil la ville de Napata en aval de la 4e cataracte au croisement des routes de caravanes venues de la Libye et du golfe arabique. Elle eut une grosse importance comme capitale des rois d’Ethiopie qui y introduisirent une civilisation se rapprochant de celle des Égyptiens. Il est Ă  croire que le nom des Nubiens appelĂ©s aussi autrefois Nobales, Nobades, Noubades est issu de ce mĂȘme ethnique. Plus Ă  l’Ouest une importante oasis du Djerid, Neftci appelĂ©e autrefois Nefte ou Nepta, des Ă©vĂȘchĂ©s non identifiĂ©s de la MaurĂ©tanie cĂ©sarienne, Noba et Ncibala, sont un rappel du nom de Napata et nous assurent que cet ethnique a cheminĂ© vers l’Ouest comme tous les noms et tous les peuples du Nord de l’Afrique. Quelle relation existe-t-il entre les noms de Neptune, dieu de la Mer, Nephtys dĂ©esse Ă©gyptienne des Morts et sƓur d’Osiris et notre ethnique ? Elle parait certaine, mais j’ignore quelle en est la nature
 Sur l’autre rive de la MĂ©diterranĂ©e en Italie il y a eu aussi une ville de Nepet ou Nepete devenue Nepi. MalgrĂ© l’insuffisance de ces vestiges il m’a semblĂ© nĂ©cessaire de mentionner cet ethnique, en raison du rĂŽle considĂ©rable que joue le nom de Neptune dans toutes les questions relatives a la partie ouest du Nord de l’Afrique dans l’antiquitĂ©. Bien que le nom des Napotoas ait pu venir du Nord de l’Asie, cependant sa formation le rapproche davantage de noms comme NabatĂ©ens, Napata, Neptune et il y a prĂ©somptions pour qu’il ait pu venir des rives africaines. Il convient de se rappeler que les Navajos ont une religion monothĂ©iste accompagnĂ©e de divers rites et traditions qui ressemblent tellement a ceux des SĂ©mites qu’on a voulu voir en eux une tribu perdue d’IsraĂ«l. Je pense qu’il s’agirait plutĂŽt d’un essaim des NabatĂ©ens passĂ©s Ă  une Ă©poque trĂšs ancienne par la Berberie. 57 — OBAYAS Les Obayas sont une tribu indienne du Mexique dont le nom est manifestement dĂ©rivĂ© de celui mĂȘme du fleuve Obi dont la vallĂ©e a fourni des contingents d’émigrĂ©s si considĂ©rables au Nouveau Monde. Mais est-ce bien par le Nord-Ouest qu’il est arrive dans la rĂ©gion du Mexique et n’a-t-il pas pu venir plutĂŽt des rives de la MĂ©diterranĂ©e. On sait que de trĂšs bonne heure des populations venues des bords de l’Obi sur la mer Noire y créÚrent un centre qui par suite d’une lĂ©gĂšre dĂ©formation de l’ethnique prit le nom d'Olbia. La prospĂ©ritĂ© de cette ville commerçante devint telle que son nom se rĂ©pandit dans toutes les parties du monde habitable Ă  cette Ă©poque. Outre l’Olbia de Sarmatie qui parait ĂȘtre la ville actuelle de Nikolaiew, il y avait des stations du mĂȘme nom en Lycie, en Cilicie, en Sardaigne, en Provence Eoubes ou Hyeres. En Betique il y avait une ville d’Oba. En Afrique il y a encore un sultanat d’Obbia sur la cote de la mer Rouge dans la Somalie italienne, avec une peuplade d’Obo. Dans la proconsulaire il y avait une ville d’Obba ou Orba prĂšs de Laribus et dans la MaurĂ©tanie cĂ©sarienne une ville d’Obbi. P. Mesnage 1. c. 498. Cet ethnique s’est aussi rĂ©pandu dans l’Inde mais je ne pense pas qu’il soit venu en Afrique par cette voie, car il y a subi une dĂ©formation spĂ©ciale par la suppression du B Ollya, Olliapour. On ne la retrouve pas en Afrique sous cette forme tandis qu’au contraire a l’Ouest de celle-ci, la lettre L qu'y avaient introduit les Grecs a disparu et l’ethnique a repris sa forme normale. La raison qui pourrait faire croire qu’il est venu en AmĂ©rique, par l’Est plutĂŽt que par l’Ouest, est celle-ci. La rĂ©gion de l’Obi a dĂ©versĂ© sur l’AmĂ©rique de tels flots de populations que pour se distinguer entre-elles, celles-ci ont du prendre des noms tirĂ©s de ses divers affluents ; nous avons vu un fait semblable pour les IbĂšres arrivĂ©s en Afrique. Au contraire dans le bassin mediterraneen, l’ethnique, tirĂ© du nom principal de la vallĂ©e, parait ĂȘtre arrive isolement et il a eu un succĂšs extraordinaire. Je reconnais nĂ©anmoins que cette raison n’est peut-ĂȘtre pas pĂ©remptoire, mais je ne pouvais passer sous silence ce nom puisqu’il est commun Ă  l’AmĂ©rique et Ă  l’Afrique. 58 — OUTAOUATS Comme la prĂ©cĂ©dente, cette tribu n'est mentionnĂ©e ici que pour ordre, car il parait tout Ă  fait probable qu’elle n’est pas venue d’Afrique bien que le mĂȘme ethnique y figure. C’est en effet au Canada qu’habitent les Outtaouats, les Outtoavets et les Ottawas ou Ottaways. Dans l’AmĂ©rique du Sud on trouve bien des Uatata appelĂ©s aussi Batata, Guatata, mais cette synonymie laisse quelques doutes sur leur vĂ©ritable nom. En Afrique les annales Ă©gyptiennes nous rĂ©vĂšlent l’existence d’un certain peuple d’Ouaouat ou Ouaouaitou. C’étaient des noirs qui habitaient au delĂ  de la premiĂšre cataracte et contre lesquels les Pharaons soutinrent de longues luttes. Des la douziĂšme dynastie, c’est-a-dire environ deux mille ans avant notre Ăšre, leur pays formait dĂ©jĂ  une province Ă©gyptienne et il est vraisemblable qu’ils s’alliĂšrent aux Kouchites leurs voisins et se civilisĂšrent d’assez bonne heure. Comme beaucoup d’autres peuples venus en Afrique, les Ouaouat glissĂšrent vers l’Ouest. Duveyrier a signalĂ© au Fezzan des ruines appelĂ©es Kecir el Ouatouat ce que l’on traduit par le ChĂąteau fort des Chauves-Souris ». Peut-ĂȘtre aussi que le nom des BĂ©ni Wattas que les historiens de la Berberie classaient parmi les Maghraoua, peuple Zenatien, et qui ont donnĂ© une dynastie au Maroc dĂ©rivĂ© de ce mĂȘme ethnique. Il semble toutefois que c’est surtout vers le Sud que se rĂ©pandirent les Ouaouat c’est-a-dire dans une direction qui ne favorisait pas leur participation Ă  un exode pour l’AmĂ©rique. Les Ouatouta de la rĂ©gion des grands lacs en sont sans doute une trace. On trouve aussi une ville d’Oaoua dans la province de Kano de la Nigeria, des Ouaousis Ă  l’Ouest du lac Bangouelo V. Giraud. Cet ethnique parait bien ĂȘtre venu du Nord de l'Asie. On se rappellera qu’il y a dans le bassin de l ’Obi plusieurs riviĂšres Oui, que ce mĂȘme nom est portĂ© par une province importante du Tibet et que c’est de la a mon avis que les Touareg Kel Oui l’ont apportĂ© en Afrique. Ces Kel-Oui sont voisins des Tebous du Tibesti auxquels je donnĂ© aussi une origine tibetaine. Les oasis d’Ouaou el Kebir et Ouaou el Srir situĂ©es entre le Fezzan et le Tibesti tirent sans doute aussi leur origine de la mĂȘme migration. La dĂ©formation Ouaouat serait postĂ©rieure. Tout bien pesĂ©, il semble que c’est plutĂŽt par l'Ouest que ce nom a du parvenir dans l’AmĂ©rique du Nord. 59 — PARISIS Les Parisis, Parecis ou Parexis sont une tribu d’indiens Nu-Aruak qui vivent au BrĂ©sil dans l’état de Matto Grosso. Je joins Ă  leur nom ceux qui en sont vraisemblablement dĂ©rivĂ©s des Parechis ou Parekos, Parecas ou Paravanes, Pariagotos ou Parias du Venezuela, des Pariquis du BrĂ©sil, des Parixas du PĂ©rou etc. On sait qu’en Europe il est venu en Gaule des Parmi qui se sont Ă©tablis sur la Seine. Ils ont laissĂ© leur nom a notre capitale primitivement nommĂ©e Lutecia ou plutĂŽt Loukotecia du nom de ses premiers fondateurs, les Leks venus du Caucase. D’autres Parisii allĂšrent en Angleterre peupler la rĂ©gion qui a formĂ© plus tard le comte d’York. Ces deux essaims d’un mĂȘme peuple venaient sans doute du Caucase, car on y trouve encore une localitĂ© de Barizakho chez les Khevsoures Odette Keun. Au pays de la Toison d’or p. et une autre appelĂ©e Pari dans la Souanetie libre Mourier, Guide au Caucase p. Ces Parisii Ă©taient sans doute des Kouchites venus de l’Inde. PtolĂ©mĂ©e nous signale dans ce pays le fleuve Baris qui prenait sa source dans le mont Bithigo et se jetait dans le golfe de Cambaye. Dans cette mĂȘme rĂ©gion il y avait une ville commerçante dite Barygaza Broach actuel. Les iles Nicobar s’appelaient alors Barussoe Insuloe. Ces noms ont disparu actuellement, mais sur les cartes modernes on trouvĂ© Barri a l’Est des Ghats au de Goa et d’autres villes comme Barilla, Barrihna, Bareatz, Barriconda, Paridroad ou Paridsong qui rĂ©pondent au mĂȘme ethnique. Sur la route de l’Inde au Caucase il y avait en Gedrosie la ville de et en Asie Mineure dans la rĂ©gion de Tralle une ville de Bargaza. Comme pour tous les peuples importants issus de l’Inde, des essaims avaient longĂ© les deux rives mĂ©diterranĂ©ennes. Un affluent de l’Ister s’appelait le Parisus Maros actuel. En Italie, Veretrum porta d’abord le nom de Baris et Bari celui de Barium. En Tarraconnaise il y avait aussi une Baria Vera. Il est vraisemblable que les Parisii firent partie des contingents IbĂšres. En Berberie nous trouvons dans le Hodna la ville de Barilta sur l’oued du mĂȘme nom. Elle a remplacĂ© l’évĂȘchĂ© romain appelĂ© de Baricis PĂšre Mesnage. 1. c. 405 ce qui semble indiquer l'existence d’une peuplade de ce nom. En Tunisie on trouve une autre localitĂ© de Barika chez les Amdoum de Beja. Dans le dĂ©partement de Constantine il y a une fraction de BarĂšche dans la commune mixte d’Oum el Bouaghi. Dans celle du Fondouk prĂšs d’Alger il y a aussi des Barek qn'on doit rattacher au mĂȘme ethnique. Enfin en Kabylie il y a des Ibarissen Ă  la Soummam, des IbahrizĂšne Ă  Azeffoun et Ă  Dra el Mizane et des lbarichĂšne a Tizi-Ouzou. Notons toutefois qu’on peut voir dans ces derniers le nom des IbĂšres berberisĂ©. Au Maroc on ne trouve rien. Il semble certain que cet ethnique n’est pas venu en AmĂ©rique par l’Ouest ; il n’y a de doute que pour savoir si ceux qui le portaient se sont embarquĂ©s en Europe, ou, comme je le crois en Berberie. 60 — SABAGUIS Cette tribu appartient Ă  la famille des Indiens Pimas du Nouveau-Mexique. On trouve encore au Mexique des SabaĂźbos. Il y a une ile de Saba entre la Guadeloupe et Porto-Rico mais j’ignore si c’est bien son nom primitif. Dans le continent mĂ©ridional l’ethnique Saba est reprĂ©sente par les Sabaneros du Venezuela, les Saboyas ou Saboyaes de Colombie, les Sabujas ou Sabuyas du BrĂ©sil, les Sabriles du Venezuela. Ces noms viennent de l’ExtrĂȘme Orient. PtolĂ©mĂ©e dĂ©signait sous le nom de Sahariens sinus le golfe actuel de Martaban Ă  l’Est de l’embouchure de l'Iraouaddy. Il y plaçait aussi une nation de Sabarai. Dans la mer voisine il signalait des iles habitĂ©es par les Sabadihai anthropophages, que l’on identifie avec les iles Bangka et Blitong de l’OcĂ©an Indien, mais qui sont peut-ĂȘtre plutĂŽt les iles Andaman. Il est vraisemblable que ces populations originaires de l’Inde en avaient Ă©tĂ© chassĂ©es par une cause quelconque, car dans cette mĂȘme direction une rĂ©gion de l’ile Borneo porte le nom de Saba ou Sabak, tandis qu’a l’extrĂ©mitĂ© opposĂ©e de l’Inde en Gedrosie nous trouvons un fleuve Sabarus. C’est ce dernier courant que nous allons suivre. En Arabie l’ethnique Sab prit un grand dĂ©veloppement. Les SĂ©mites avaient fait entrer dans leurs gĂ©nĂ©alogies un Saba jectanide, descendant de Sem, puis un Sabakan fils d ’Abraham et de Chetura, et enfin un Sabatha fils de Kouch et par suite Chamite. Il y avait naturellement, correspondant Ă  ces noms qui sans doute Ă©taient tires d’elles, une ville de Saba et une ville de Sabatha Sawa. Il n’est personne qui n’ait entendu parler de la cĂ©lĂšbre reine de Saba et du peuple des SabĂ©ens. Ils finirent par ĂȘtre subjuguĂ©s et absorbĂ©s par leurs voisins les Himyarites, mais la descendance de la reine de Saba gouverne l’Abyssinie jusqu'Ă  nos jours. Il y avait aussi des SabĂ©ens en Abyssinie et des Sabarat. Avant de m’engager en Afrique occidentale, je dois suivre cet ethnique vers le Nord. Au Caucase on trouve des noms comme Sabadouri, Saba-Tsmida, Saberio, preuves de son passage. Un affluent du Danube est la Save en Italie il y avait deux fleuves Sabatus avec deux villes Sabatia, une de Sabati, un lac Sabatin qui avait donnĂ© son nom a une tribu de Rome et la cĂ©lĂšbre nation des Sabins etc
 En Gaule Belgique la Sambre a portĂ© le nom de Sabis et en Angleterre la Severn celui de Sabrina. En retournant en Afrique je trouve une ancienne ville de Saba qui existait un peu au Nord du Massaoua actuel. A l’intĂ©rieur non loin du Nilvivaient des Sapoei et un peu plus bas des Sefcridoe que mentionne PtolĂ©mĂ©e. Sur la rive gauche du Nil, un peu au-dessous de Dakhe se voient encore les ruines considĂ©rables de la ville de Sabagoura. Plus bas aux environs de Louqsor se trouve une localitĂ© de Sabahiye. On se rappellera que parmi les tribus kouchites de l’Égypte Maspero a mentionne des Sabiri. En Berberie je ne sais si on peut rattacher Ă  cet ethnique la ville de Sabrata aujourd’hui Zouara qui rappelait la ville de Sabata d’Arabie. PtolĂ©mĂ©e indique aussi une ville de Saboe sur la route du Fezzan Ă  Aea Tripoli. En raison de l’homophonie de plusieurs termes de la langue arabe avec notre ethnique et de la disposition des Arabes Ă  faire des Ă  peu prĂšs toponymiques, il est devenu difficile de dĂ©celer les termes qui sont rĂ©ellement du domaine de notre ethnique. Je crois toutefois qu’on peut y comprendre des collectivitĂ©s comme les Sbeah d’Orleansville qui renferment une fraction de Sobah, les Saab de Tenes, les Seba des Beni Salah et de la Galle, les Sebaat de Teniet el Haad et de Rouiba, les Sebabat de Tiaret, le nom du fleuve Sebaou et une dizaine d’autres fractions berbĂšres du mĂȘme genre. Les traces que je viens de suivre indiquent assez nettement une marche vers l’Ouest en Berberie et il est possible que l’ethnique Saba ou Sab ait passĂ© en AmĂ©rique avec d’autres contingents BerbĂšres. Rien n’indique qu’il ait pu prendre de prĂ©fĂ©rence une autre voie, mais nĂ©anmoins on n’en a aucune certitude. 61 — SAGAGAS C’est avec toutes sortes de rĂ©serves que j’inscris en tĂȘte de ce paragraphe ce nom qui correspond a l’ethnique Sacoe Saces si connu dans l’antiquitĂ© car c’est surement en Berberie qu’il a laissĂ© le moins de traces. Les Sacacas vivent au PĂ©rou sur le Maranon et il y a plus au Sud, dans la Terre de Feu, des Sacanacas. Dans l'AmĂ©rique du Nord il y a aux États-Unis des Sacos appelĂ©s aussi Sacs, Sakis ou Sakes, des Socoas en Californie, et plus au Nord dans la rĂ©gion de Vancouver des Sokos, etc
 On sait que les Saces Ă©taient des nomades de l’Asie centrale qui parcouraient les steppes actuellement habitĂ©es par les Kirghiz qui ont sans doute conservĂ© de leur sang. Ils Ă©migrĂšrent dans des conditions restĂ©es inconnues, sans doute au dĂ©but de l’ùre chrĂ©tienne, et devinrent les Saxons actuels Grimm. Mais ils n’ont pas seulement occupĂ© la Saxe. Leurs essaims ont Ă©tĂ© beaucoup plus loin. En Grande Bretagne les comtes d’Essex, de Middlesex, de Sussex, l’ancien royaume de Wessex leur devait leur nom. On a remarquĂ© que les dĂ©signations toponymiques, dans les endroits oĂč ils Ă©taient nombreux, Ă©taient formĂ©es sur des patronymes, ce qui explique la raretĂ© relative des noms ou figure l'ethnique lui-mĂȘme de ce peuple. Cependant en France on relĂšve des noms comme Sace, Sacey, Sache, Sachy, Saccourvielle, Sacquenay, le Sacq, Sassetot, Sassogne, Sassoigne, Sissonne, Saxel, Saxon-Sion, en Espagne, des Sax, Sacavem, SacĂ©don etc., qui Ă©voquent le passage des Saces. Voir Longnon p. 539 Dauzat p, IndĂ©pendamment de l’émigration du gros de leur peuple vers l’Europe, des contingents d’émigrants durent aussi passer vers l’Est et vers le Sud. Comme la plupart des autres peuples asiatiques ils venaient de rĂ©gions plus borĂ©ales et nous trouvons une riviĂšre Saksagar dans la vallĂ©e de l’Obi, une Sakmara dans l’Oural, un Sok affluent du fleuve Volga, une Soka. Il est vraisemblable que les Sokos de Vancouver et les autres tribus de l’AmĂ©rique septentrionale sont venues directement et antĂ©rieurement au dĂ©part du reste des Saces. La transformation de la voyelle O en A qui distingue le groupe occidental se serait surtout effectuĂ© plus tard. Du cote du Sud nous avons la preuve de leur passage au Caucase ou existe une localitĂ© de Saka dans le Daghestan, au Tibet oĂč se trouve une ville de Sok. Chez les Touareg nous connaissons l’existence de tout un groupe particulier de populations appelĂ©es les Issakamaren qui portent le nom de la riviĂšre Sakamara berberisĂ©. Elles sont classĂ©es Ă  part et ne sont considĂ©rĂ©es ni comme nobles ni comme serves ; il semble qu’elles se soient agrĂ©gĂ©es tardivement aux Touareg du Hoggar et elles se distinguent frĂ©quemment par le port du litham blanc au lieu du voile noir habituel. C’est un des seuls groupements touareg que les anciens auteurs arabes aient compris dans leurs nomenclatures comme BerbĂšres ordinaires et non comme voiles. Sous le nom de BĂ©ni Saghmar ils les rattachaient aux Demmer de la branche des Darica. En Tripolitaine il existait aussi une ville de Sohna et une population d'Isoknaten imrad des nobles touareg Taitoq, dont une partie s’est refugiĂ©e au Tidikelt et s’est sĂ©dentarisĂ©e sous le nom d’Oulad Sokna. Chez les Touareg du Sud le nom de Sakaoui s’est conserve comme nom propre et tribu des Igouadaren du Niger se subdivise en deux fractions appelĂ©es d’aprĂšs leurs chefs des noms assez significatifs d’Ahl Sakaoui et Ahl Saksib. Dans la Berberie du Nord c’est peut-ĂȘtre la trace du mĂȘme ethnique que l'on retrouve dans les noms des Sakina et Sokina d’Aine Khial, des Sekarna de Saint Lucien, d’Aine Fezza et de Mekerra, des SekhaĂŻa d’Ammi Moussa, des Sekhalia de Zemmora, des Sekhara de Collo, des SekhaĂŻria de Tablat, des Sekkaka du Chelif, des Sokor d’Aine Bessem etc,... Comme je l’ai dit plus haut les Saees ont, comme les Arabes, employĂ© les appellations patronymiques ce qui diminue les chances de dĂ©couvrir les marques de leur passage. En dĂ©finitive tout en constatant que des Saces sont bien venus en Berberie, il n’y a aucune preuve dĂ©cisive qui permette de discerner si les Sacacas du PĂ©rou sont venus des cotes africaines, ou d'Europe voire mĂȘme du Nord de l’Asie. 62 — SALHIS Les Salhis sont une tribu du PĂ©rou. On trouve aussi en Californie sur la cote du Nord-Ouest des Selich ou Selish, et dans la Colombie des Salishes ou Salish qui sont sans doute les frĂšres de ces derniers. On doit en outre rattacher Ă  ces noms ceux des Salibas, Salivas ou Cabares de l’OrĂ©noque, des Salakies ou Tsalakies, tribu Cherokee des États-Unis, des Salinas de Californie, des Salineros du Mexique et des Saltenos de la RĂ©publique Argentine. L'ethnique dont dĂ©rivent tous ces noms est Ă©videmment le mĂȘme que celui de SalĂ© pĂšre d’Heber et ancĂȘtre des HĂ©breux, qui a eu comme centre de dispersion, d’aprĂšs les traditions SĂ©mites, la rĂ©gion comprise entre le Mont Ararat et la mer Caspienne. Mais on peut remonter plus loin pour dĂ©couvrir sa vraie provenance. Je ne m’arrĂȘterai pas Ă  rechercher les origines nordiques de ce nom ; il y a en SibĂ©rie une riviĂšre Seliah et un Salim dans le bassin de l’Obi ; le Syr Daria a porte primitivement le nom de Sillis ; enfin une Sela est un affluent de la Lena. Mais le peuple qui a vĂ©hiculĂ© cet ethnique parait avoir Ă©tĂ© Kouchite ou parent des Kouchites et a gagne avec eux le Sud avant de venir s’installer dans la Transcaucasie pour y prendre essor. PtolĂ©mĂ©e nous apprend que le vĂ©ritable nom de l’ile de Ceylan est SalikĂ© et que ses habitants sont appelĂ©s Salai. J’ai dit plus haut toute l’importance qu’avait eue autrefois toute cette rĂ©gion, un des plus importants foyers de dispersion de l’humanitĂ© qui ait existe. On trouve encore dans Inde moderne des noms comme Sali, Salli, Saliom, Salimpour, Selimpour, Sellee, SU ah, Silcolu, Silhet, Solo, Sollapour, Sollagur. Salyan prĂšs de l’embouchure du Koura dans la mer Caspienne marque la rĂ©gion dont partirent les HĂ©breux. On sait que les HellĂšnes primitifs s'appelaient Selloi et que c’est la chute de la premiĂšre consonne qui amena la formation du nom sous lequel on les connut plus tard. Les prĂȘtres de Jupiter au temple de Dodone avaient conserve ce nom. D'innombrables riviĂšres, villes, peuples de l’Europe tĂ©moignent de la puissance des tribus qui ont transporte cet ethnique ; mais il importe de dĂ©partager ce qui revient a l’étymologie sal sel. Je me contenterai de citer ici pour l’Europe les Francs Saliens, les Salassi des Alpes, les Salluvii, Sallyes ou Salyes voisins de Marseille et les Sallomaci de la Gironde. Les Silures de l’Angleterre venus croiton d’Espagne avaient vu leur nom modifiĂ© au passage des Balkans par le suffixe UR d’origine touranienne, qui a d’ailleurs dans les mĂȘmes conditions transforme l’ethnique Leks en Ligures, etc. Comme je l’ai indiquĂ© plus haut. En Afrique l’ethnique que j’étudie, avait Ă©tĂ© dĂ©naturĂ© par les Grecs d’une maniĂšre encore plus extraordinaire, car les cĂ©lĂšbres Psylles n’étaient autres que les Seli des Syrtes qui s’y trouvaient encore et y avaient des villes comme Msellata et Macomades Selorum Mersah Zafran Ă  l’époque romaine. Je pense que ces Seli devaient faire le fonds des Sorta ou Chorta des gĂ©nĂ©alogistes BerbĂšres, qui les classaient comme peuple Sanhadjiens. Ils avaient dans leurs nomenclatures, relevant de cet ethnique, des Seliiyen qui Ă©taient des Darica Matmata et des Siline qui Ă©taient des Ketama. Ces deux peuplades Ă©taient peut-ĂȘtre les habitants, les uns d'une rĂ©gion de Siliana ville Ă  l’Est du Kef en Tunisie, les autres de la Respublica Silentium qui Ă©tait situĂ©e entre Constantine et l'Aine Beida actuelle. C’étaient les Massyliens qui nous sont connus par les Ă©crits des auteurs romains ; Cela veut dire tout simplement les gens de Sila ou plus littĂ©ralement les maitres de Outre cette ville de Sila parfaitement identifiĂ©e avec Bordj el Ksar Ă  32 kms de Constantine, il y avait en Tunisie deux Ă©vĂȘchĂ©s dont l’emplacement n’a pas pu ĂȘtre dĂ©terminĂ© et appelĂ©s l’un Silili, l’autre Scillium P. Mesnage passim. Dans les listes actuelles de commandement figurent une fraction de Seliana Ă  La Calle, des Selib Ă  Aine Mlila, des Siliana Ă  Grarem, des Sillat Ă  l’Oued Zenati, des SilĂšne aux Beni Salah, etc. Au Maroc il y avait sur la cote atlantique une ville de Sala qui est la ville de SalĂ© actuelle ; elle Ă©tait sur une riviĂšre du mĂȘme nom le Bou Regreg dont les bords, Ă  ce que nous assure Pline, Ă©taient infestĂ©s par les troupeaux d’élĂ©phants, rĂ©cit merveilleux et qui aurait mĂ©ritĂ© d’ĂȘtre confirmĂ© par d’autres auteurs. Au-delĂ  on trouvait aussi un peuple de Selatites. Enfin les Romains donnaient le nom de Massesyliens Ă  un peuple qui se trouvait dans l’Oranie actuelle, mais je pense que ce nom rĂ©sulte de quelque grossiĂšre erreur des premiers conquĂ©rants ; ils disparurent d’ailleurs aussi subitement qu’ils Ă©taient venus, a moins que leur nom ne soit en rapport avec l’existence des Salassii ou Salamysii que PtolĂ©mĂ©e plaçait entre le Chelif et le Hodna dans la Mauretanie cesarienne. 1 Le nom de Massilia Marseille Ă©tant identique, semble avoir Ă©tĂ© formĂ© dans les mĂȘmes conditions, ce qui suppose d’abord que l’on parlait la langue punique ou lybienne a Marseille et de plus qu’avant d'ĂȘtre colonie phocĂ©enne elle avait Ă©tĂ© lybienne. En admettant mĂȘme que les deux derniers noms doivent ĂȘtre rayĂ©s de cette nomenclature il n’en reste pas moins acquis que les Seli ou Sali avaient tenu une grande place en Berberie et s’étaient avancĂ©s jusqu’a l’OcĂ©an Atlantique ou ils ont pu s’embarquer, Cette impression s’accentue si on remarque qu’ils se sont Ă©tendus en profondeur jusqu’au Soudan, Du SĂ©nĂ©gal Ă  la frontiĂšre d’Égypte les Sele, Sela, Silla, SillabĂ©, SellĂ© se succĂšdent en pays noir. Chez les Touareg du Hoggar il y a une petite oasis actuellement ruinĂ©e qui porte le nom de Silet. Une tribu de Touareg du Soudan porte le nom d’Issellen ou Dag Icelen ou Oulad Silla, mais elle parait s’ĂȘtre agrĂ©gĂ©e tardivement au peuple des voilĂ©s. La difficultĂ© pour cet ethnique est prĂ©cisĂ©ment qu’il est trop rĂ©pandu, ce qui rend incertaine la dĂ©termination du trajet qu’il a pu tenir pour gagner l’AmĂ©rique. L’Espagne renferme aussi des Silla, Silleda, Siles, une riviĂšre Sella ; en outre l’ethnique comme nous l’avons vu plus haut y a revĂȘtu un suffixe UR qui ne figure pas en AmĂ©rique. On peut hĂ©siter entre des migrations venues directement de l’Ouest puisqu’il y a des tribus de Selish sur la cote occidentale de l’AmĂ©rique du Nord, et des contingents africains, mais je suis portĂ© personnellement Ă  croire plutĂŽt Ă  une provenance africaine en raison de la grande diffusion de cet ethnique dans cette partie du monde. 63 — SAMAGOTOS Au chapitre III j’ai dĂ©jĂ  Ă©tĂ© amenĂ© Ă  rapprocher le nom des Caraibes Samagotos de celui des SamogĂštes et SamoĂŻĂšdes. Comme on trouve en Afrique et en Berberie des traces de ce mĂȘme ethnique, je suis amenĂ© Ă  l’examiner en y adjoignant celui d’autres tribus de l’AmĂ©rique du Sud PĂ©rou, Samucos Samucues ou Zamucos du Paraguay. L’ethnique Sam est fort rĂ©pandu dans le monde et il semble que par une disposition peu frĂ©quente il s’étend autant en longitude qu’en latitude. L’hydrographie sibĂ©rienne nous montre, dans le rĂ©seau entier, des riviĂšres dont le nom commence par la racine SM Semara, Sim, Sima, Soum, etc... Tout au Nord de la SibĂ©rie et de la Russie, nous trouvons le peuple des SamoĂŻĂšdes, fort dĂ©gradĂ© par suite de ses conditions d’existence dans le pays ingrat ou il s’est trouvĂ© refoulĂ©. Il est considĂ©rĂ© comme de souche finnoise et il semble qu’il est frĂšre des SamogĂštes ou Samogitiens du Samland dont il porte le nom lĂ©gĂšrement altĂ©rĂ©. Les Lapons se nomment eux-mĂȘmes Sami ou Sahmelad et appellent les Finnois Suomi. En descendant vers le Sud je note les localitĂ©s de Samozero en Russie et de Samokovo en Bulgarie et surtout la riviĂšre Samara affluent important du fleuve Volga. Il semble que ce nom est en Ă©troite relation avec celui du peuple des Sarmates de l’antiquitĂ© qui avait du se former sur ses rives et qui dans ses migrations vers l’occident l’a transportĂ© avec lui. Dans la rĂ©gion Ă©gĂ©enne nous avons encore les iles cĂ©lĂšbres de Samos et de Samothrace, une ville de SamĂ© sur la cote occidentale de l’ile de Gephalonie qui s’appelait elle-mĂȘme autrefois Same ou SamĂ©, dans le PĂ©loponnĂšse une ville de Samicum. HĂ©rodote nous dit que des Samiens appartenant Ă  la tribu Oeschrionienne, avaient Ă©migrĂ© en Afrique dans l'oasis de Jupiter Ammon Siouah en Libye. Ils durent aller plus loin car nous trouvons des Samos au Soudan. Le Lieutenant Desplagnes Plateau nigĂ©rien 663 note ce dĂ©tail qu’ils donnent un chien Ă  leur fiancĂ©e, coutume venant peut-ĂȘtre du Nord, et qu'ils s'interdisent de manger certains poissons, autre tradition particuliĂšre a l’Égypte, celle-lĂ , et qui permet de croire que ce sont bien des descendants des Samiens de Siouah. Desplagnes interprĂšte ce fait comme une preuve de leur alliance aux clans nigritiens des poissons, ce qui ne s’explique pas trĂšs bien car dans les conceptions totĂ©miques soudanaises, les clans des poissons sont dĂ©signĂ©s par la syllabe prĂ©formante MA, tandis que SA dĂ©signe les clans des serpents. Le nom des Somali des cotes de la mer Rouge dĂ©pend du mĂȘme ethnique qui s’est d’ailleurs rĂ©pandu jusqu’a l’extrĂ©mitĂ© de l’Afrique. Mais la comme dans le Nord, les peuples qui le portent ont Ă©tĂ© refoulĂ©s par les nĂšgres Bantous qui les environnent jusque dans les dĂ©serts de l’Afrique australe. Ce sont les peuplades des Boschimans qui se donnent a elles-mĂȘmes le nom de Sam ou par corruption de Sab. Elles appartiennent Ă  la race jaune et non Ă  la race noire pure. Les Hottentots qui les avoisinent sont d’ailleurs de ce mĂȘme type moins dĂ©gradĂ©, dont on retrouve aussi des spĂ©cimens dans diffĂ©rentes populations plus au Nord. A ce dĂ©veloppement en latitude opposons maintenant celui qu’a pris cet ethnique dans le sens de la longitude. Il y a en OcĂ©anie un archipel des Samoa, et dans celui des Philippines on trouve une ile Samar. Sur la cote de CorĂ©e au milieu de la baie de Samora se trouve une ville du mĂȘme nom ; sur celle du Cambodge dans le golfe du Siam une ville de Samit ; dans l’Inde des localitĂ©s comme Samulcotta, Sami Averam, Sami Issuram, sur la cote du Beloutchistan une rĂ©gion de Sami qui tirait peut-ĂȘtre son nom du fleuve Samydaces ; plus au Nord la ville cĂ©lĂšbre de Samarcande; en Palestine la rĂ©gion et la cite de Samarie ; une seconde ville du mĂȘme nom se trouvait au Nord de la JudĂ©e, etc. Du cote de l’Occident on pense que l’Europe a Ă©tĂ© peuplĂ©e de Finnois avant l’arrivĂ©e des autres peuples venant de l’Asie et l’anthropologie en trouve des preuves mĂȘme dans les populations actuelles, mais il est assez difficile d’avoir des donnĂ©es positives a ce sujet, aucun peuple n’admettant qu’il a pu avoir parmi ses ascendants des types considĂ©rĂ©s actuellement comme inferieurs. Il est d’ailleurs juste de reconnaitre que les mĂ©langes de sang ultĂ©rieurs n’en ont sans doute pas laissĂ© subsister beaucoup de spĂ©cimens purs. En tout cas des noms qui constituent une trace bien nette de leur passage subsistent encore. Citons SamsĂŽ, ile du Danemark, Samsou ville d’Autriche. En France nous avons des Samer, Sames, Samoens, Samognat, Samois, Samonac, Sambourg etc., deux riviĂšres Samara Somme et Sambre sur l’une desquelles se trouvait Samarobriva Amiens. Je noterai que la Sambre avait vu son nom de Samara converti en Sabis ce qui montre bien l’equivalence de la racine Sam avec sa variante Sab cette observation s’applique surtout a l’Afrique. En Berberie les fractions des Samara de Tablat, des Samma de Msila, des Sammoud de Bordj bou Arreridj, des Samamra de l’Edough lĂ©gitiment la prĂ©sence de cet ethnique dans notre nomenclature, mais nĂ©anmoins je ne pense pas que ce soit des cotes africaines qu'il est alle dans l’AmĂ©rique du Sud. C’est plutĂŽt de l’Europe. 64 — SERIS Les Seris dont le nom se transcrit aussi Geris ou Jeris sont des Indiens de la cote occidentale du Mexique et de l’ile Tiburon ce qui les fait appeler aussi Tiburones. Je range Ă  cote d’eux des noms de mĂȘme racine comme les Scyris ou Garas du PĂ©rou, qui auraient fonde suivant M. Gabriel Vergara Martin une dynastie d’incas Caran- Scyris, puis les SirionĂ©s de Bolivie, les Siriniris du PĂ©rou, les Siri cuines de la Guyane brĂ©silienne, les Siriminches ou Piros du PĂ©rou. Le nom des SĂ©res ou Seri Ă©tait cĂ©lĂšbre dans l’antiquitĂ© car c’était de leur pays qu’était venue la soie dite Sericum. Ils habitaient la Kachgarie et les rĂ©gions qui l’avoisinent au Nord. Ils ont contribuĂ© pour une grande part Ă  la formation de la nation chinoise et gĂ©nĂ©ralement on les confond avec ce peuple. Or les migrations asiatiques ont entrainĂ© un essaim de leurs tribus en Berberie et l'on trouve aujourd’hui dans l’Atlas une forte tribu d’AĂŻt Sert qui a conservĂ© son nom sans la moindre modification. Mais avant de m’occuper d’eux, je dois d'abord rechercher les origines de leur nom vers le Nord, comme d’habitude, et ensuite les routes qu’ils ont pu suivre. Dans le bassin de l’Obi il y a une riviĂšre Sira et en outre il subsiste encore dans la rĂ©gion de l’Oural sur les bords de l’OcĂ©an glacial une population altaĂŻque appelĂ©e les Sirieni ou Zyriene. Ils sont actuellement fort mĂ©tissĂ©s de sang russe et appartiennent au groupe des peuples Permiens, fort voisins des Finnois. Le gouvernement des Soviets en a formĂ© un district sĂ©pare en leur attribuant le nom de Kuomi, celui de Zyrienes Ă©tant parait-il, pour une raison que j’ignore, considĂ©rĂ© comme pĂ©joratif. Ce nom ainsi disqualifiĂ© parait cependant bien ĂȘtre le mĂȘme que celui des Syriens de Syrie quelque Ă©trange que puisse paraitre cette proposition au premier abord. Les deux peuples sont Ă©galement brachycĂ©phales. Les Syriens du Mont Hermon passent mĂȘme pour les plus brachoides des hommes. Il n’y a donc rien de surprenant a les rapprocher des Seri de la Chine et des Sirieni du Nord. Dans leur descente vers le Sud les Sirieni ont donnĂ© le nom de Sijr Daria au fleuve que les anciens appelaient l’Iaxarte. Outre cette route suivie Ă  peu prĂšs directement vers le Sud il y eut une migration par la voie orientale que nous indiquent d’abord les Seri du Turkestan, puis un certain nombre de noms de l’Hindoustan qui rĂ©vĂšlent leur passage dans cette rĂ©gion Sira, Sera, Serinagur, Sirinagur, Serineah, Seringham, Seringapatam, Siriagully, Sirian. PtolĂ©mĂ©e note aussi un fleuve Serus qui se jetait dans le golfe du Bengale Ă  l’Est de l’Iraouaddy actuel. C’est probablement de la que les Seri ont gagnĂ© l’Afrique. Vers l’Occident nous suivons une autre piste ; il y eut en Germanie des Sciri. Sur les deux rives de l’EgĂ©e dans le PĂ©loponnĂšse et en Asie Mineure il y avait des rĂ©gions appelĂ©es Sciritis. En Italie il existait dans le golfe de Tarente un fleuve et une ville de Siris. En France des noms comme SĂšre, SĂ©rĂ©conrt, SĂ©rez, SĂ©rignnc, SĂȘrignĂ©, SĂšrigny, se rattachent sans doute Ă  notre ethnique. Passons maintenant en Afrique. En Tunisie la tribu des Bou Seriana du Kef a pour centre une localitĂ© de ce nom. Une oasis du Zab voisine de. Biskra le porte aussi, ainsi qu’une autre localitĂ© plus au Nord devenue le village de Pasteur. Enfin dans l’Atlas marocain les Au Seri que nous avons prĂ©cĂ©demment nommĂ©s, clĂŽturent la succession des noms africains dus a cet ethnique. Il faudrait peut-ĂȘtre cependant y ajouter les SĂ©rĂ©res du SĂ©nĂ©gal dont certaines coutumes telles que les estrades funĂ©raires dĂ©cĂšlent l’origine touraniemie. Une de leurs divisions porte le nom de Sine qui est assez significatif. AprĂšs avoir constatĂ© cette diffusion de l’ethnique Seri des deux cotes de la MĂ©diterranĂ©e, on est fort empĂȘchĂ© pour discerner si c’est bien par l’Afrique ou l’Europe qu’ils sont venus. D’autre part la localisation des Seris dans l’ile de Tiburon, dans une rĂ©gion ou ont souvent abordĂ© des naufrages venus des pays jaunes permet de croire que pour ceux-ci l’arrivĂ©e se serait produite par l’Ouest. Au contraire pour les Siriones et autres noms de l’AmĂ©rique du Sud on pourrait admettre une provenance africaine, mais en somme si nous avons une certitude absolue de l’origine asiatique des populations qui ont apportĂ© cet ethnique, nous ne pouvons rien affirmer sur leur passage par la Berberie. Il me reste Ă  faire une remarque sur le synonyme de Garas porte par les Scyris du PĂ©rou. Au paragraphe Garianos j’ai constatĂ© que la ville de Kerya point de dĂ©part des Cariens et autres peuples de noms similaires Ă©tait dans le Turkestan chinois, c’est-a-dire dans le pays des anciens Seri. Cette double dĂ©nomination ne peut donc nous surprendre. 65 — SUSALES Les Indiens Susales tribu du Yucatan, avec les Suscoles et les Suisunes de Californie reprĂ©sentent l’ethnique Sous, qui est celui d’une des anciennes tribus kouchites connues dans le Sud de l’Égypte Maspero 1. c. 124. Comme les autres Kouchites, ils sont partis de l’Hindoustan, ou PtolĂ©mĂ©e indiquait une ville de Sousouara. Les cartes modernes donnent encore les noms de Suseapour et de Susan. En suivant la piste que nous connaissons, nous rencontrons l’ancienne Susiane et les ruines de SusaSuze qui fut capitale de l'Elam. Un peu plus au Nord au pied des monts Masdoranus Muzderan il existait dans l’Asie centrale une autre ville de Susici. La-MĂ©sopotamie et l’Arabie franchies, l’entrĂ©e de l’Égypte est jalonnĂ©e par la cĂ©lĂšbre ville de Suez, l’antique Soues qui a donnĂ© son nom Ă  l'isthme et au canal qui marquent la sĂ©paration de l’Asie et de l’Afrique. De la il faut gagner la cote occidentale des Syrtes en Tunisie pour trouver le port de Soussa ou Sousse, l’ancienne Uadrumete qui a changĂ© de nom a diverses reprises avant de recouvrer son appellation primitive. AprĂšs un nouveau bond nous atteignons, dans le Sud Marocain, l’Oued Sous et la rĂ©gion Ă  laquelle il a donnĂ© son nom sur la cote Atlantique. Se rattachant Ă  cet ethnique nous trouvons a l’intĂ©rieur des Souciche aux Rirha, des Sisua Ă  Collo, des Sousnane a El Miliah et des Souslah ou Soualah aux Eulma. Nous pourrions, si c’était nĂ©cessaire, nous prevaloir de cette derniĂšre synonymie pour noter, encore une dizaine d’autres fractions de Souala ou Soualah dans diverses rĂ©gions de l’AlgĂ©rie. Enfin dans l'Afrique occidentale nous trouvons une tribu de nĂšgres Mandes qui porte le nom de Soussou ou Sossi et qui habite la GuinĂ©e Française. Il y a au Cameroun des Sos qui paraissent ĂȘtre venus des bords du Tchad. Passons maintenant au Nord de la MĂ©diterranĂ©e. Au Caucase nous ne voyons pas de traces de l’ethnique Sous, mais en Palestine prĂšs du lac de Tiberiade il y a une ville de Sousiye l’ancienne Hippos de la Decapole prĂšs de Kalaat el Hossen. En Italie nous trouvons Ă  noter la ville de Suze en Piemont, une ville de Suzzara, une Suessula Cancello actuel et deux Suessa. L’une Suessa Arauca est la ville de Sessa actuelle, l’autre Suessa Pometia dont l’emplacement n’est pas dĂ©terminĂ©, fut la capitale des Volsques d’Italie. On peut se demander si ce sont ceux-ci c’est-a-dire un peuple Pelasge qui avait créé cette ville et par suite importe cet ethnique, mais il me parait vraisemblable qu’elle existait avant leur arrivĂ©e. En Gaule Belgique il y eut des Suessiones Soissons et des Sotiates Ă  Sos en Aquitaine. Il y a encore en France deux villes de Suze l’une dans la Sarthe et l’autre dans la Drome, des localitĂ©s portant les noms de Soussac, Soussans, Soussey, Sousville, Souzay, Souzy, etc
 L’Espagne eut des Suessetani ou Suessetes dont la capitale Ă©tait Suesse et dans les nomenclatures actuelles on y trouve une riviĂšre Sosa, une ville de Sueca prĂšs de Valence et une autre de Souzellas prĂšs de Coimbre. Cette derniĂšre appellation se rapproche assez du nom des Susales amĂ©ricains pour qu’on soit porte Ă  croire que c’est de la pĂ©ninsule que ce nom a Ă©tĂ© porte en AmĂ©rique. L’ethnique Sou vient de l’ExtrĂȘme Orient. Le Sou est un affluent du Fleuve bleu. Dans la vallĂ©e de l’Amour on trouve un village golde de Sousou et de nombreux fleuves commençant par la mĂȘme syllabe. Mais il semble, que le mĂȘme fait s’est produit que nous constatons pour l’Amour, et que l’émigration des peuplades qui le portaient s’est produit vers le Sud-ouest non vers l’Orient. En rĂ©sumĂ© il parait bien que c’est de l'Est que cet ethnique a Ă©tĂ© porte au Nouveau Monde, mais la mĂȘme indĂ©cision que pour plusieurs autres noms qui sont dans le mĂȘme cas, s’impose lorsqu’il s’agit de choisir entre l’Europe et l’Afrique. 66 — TAMES En Colombie on trouve des Indiens Tames des Tammez et des au Venezuela des Tamas qui habitent aussi le BrĂ©sil ; enfin dans cette derniĂšre rĂ©gion des Tamois ou Tamoyos. Notons encore des Tamiches en Patagonie et des nomades Tamudes au Venezuela. Dans l’AmĂ©rique du Nord il y a des Tamos qui paraissent ĂȘtre des Ă©migrants venus du Sud au Nouveau Mexique. Je passe sous silence beaucoup d’autres noms dĂ©rivĂ©s des prĂ©cĂ©dents. La ressemblance du nom des Tamudes avec celui des cĂ©lĂšbres ThĂ©mouditcs mentionnĂ©s par le Koran, que la colĂšre d’Allah dĂ©truisit en raison de leur impiĂ©tĂ©, est des plus intĂ©ressantes et elle parait bien procĂ©der d’une communautĂ© d’origine. J’aurais peut-ĂȘtre pu les traiter a part mais il m’a semble prĂ©fĂ©rable d’envisager a la fois tous les noms similaires. La racine TM revĂȘt une importance extraordinaire dans la toponymie des touraniens et des peuplĂ©s qui en dĂ©rivent. Il y a au Nord de la SibĂ©rie une presqu’ile, une ile, une riviĂšre et un lac de Taimir sur le littoral de l’OcĂ©an glacial entre l’IenisseĂŻ et la Lena. Dans la vallĂ©e de l’Obi, des riviĂšres Tim, Tom, Toumana, dans celle de l’IenisseĂŻ une Tourma et une l'amer, cette derniĂšre prĂšs de ses sources, en sont une preuve suffisante. Les dĂ©rivĂ©s de ces noms se rencontrent dans le monde entier. Dans l’Inde, une des grandes races indigĂšnes de la pĂ©ninsule, les Tamouls ou Tamils, encore fort nombreux et que l’on classe comme dravidiens ou Melano-indiens D. 493 mais dans lesquels je crois voir aussi des Kouchites mĂ©langĂ©s Ă  un Ă©lĂ©ment noir prĂ©existant, me paraissent porter un nom qui dĂ©rive de cet ethnique. Un essaim qu’ils envoyĂšrent en Arabie devint les ThĂ©moudites dont je parlais plus haut. Pline les connaissait sous le nom de ThĂ©moudĂ©ens, ce qui prouve qu’ils n’avaient pas complĂštement disparu a son Ă©poque, et que c’est dans les premiers siĂšcles de notre Ăšre qu’ils disparurent de l'Arabie. On leur attribue Ă  ce que dit Burckhardt Voyages en Arabie IL 240, les restes de vastes constructions grossiĂšres et ruinĂ©es qu’on trouve au Nedjed et Ă  l’Est du Hauran. Mais dĂ©jĂ  longtemps avant cette Ă©poque les ThĂ©moudites avaient essaimĂ© en Afrique, car les auteurs anciens nous signalent prĂšs de Tanger une ville de Tamouda, qui est le Tetouan moderne, sans compter d’autres localitĂ©s qui peuvent avoir la mĂȘme provenance. C’est de la que peuvent venir les Tamudes du Venezuela. Il est difficile pour ne pas dire impossible de distinguer les diffĂ©rentes invasions qui ont peuplĂ© l’Afrique; je vais donc donner en bloc les traces de notre ethnique dans ce continent. Comme peuples nous avons Ă  noter d’abord des Lybiens Tamar Maspero 1. c. 313. Ils apparaissent dans l’histoire la 5e annĂ©e du rĂšgne de Ramses III sous la XXe dynastie, mĂ©langĂ©s a d'autres BerbĂšres et Ă  des contingents des peuples de la mer. Ils Ă©taient donc installes en Afrique plus d’un millĂ©naire avant notre Ăšre. Un autre peuple berbĂšre est celui des Tetmotarak des Kel Gheress de l’Air. On reconnait dans leur nom les Tmutorokan que Niederle classe parmi les peuples slaves et qui Ă©taient venus du Caucase avec les IbĂšres et autres nations voisines. L’Eglise romaine nous a conservĂ© les noms d’un certain nombre d’anciens Ă©vĂȘchĂ©s, dont plusieurs ont Ă©tĂ© identifies, qui montrent combien cet ethnique Ă©tait rĂ©pandu en Berberie. En partant de la Byzacene dans l’Est nous trouvons Tamalluma au Nefzaoua, Turris Tamalleni entre la ville prĂ©cĂ©dente et Gabes, Tamerza que les listes chrĂ©tiennes nommĂ©nt Ad Turres, ville situĂ©e dans les montagnes au Nord-Ouest du Djerid, Tamateni, deux Thimida, Timisua Henchir Tezm'a, Temuniana, Tamallula Tocqueville, Tamascani Cerez, Timedoul dans le Bou Taleb dont le nom romain est inconnu, Thamugadi Timgad ; au Maroc Thamusida, Tamusiga, Mogador et Tamouda Tetouan prĂ©cĂ©demment nommĂ©e. Dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres on trouve Ă  rattacher a notre ethnique les Temzit et les BĂ©ni Toumert comptes parmi les Darica. Naturellement ils n’y ont pas introduit les Tamouda de Tetouan qui devaient encore exister Ă  l’arrivĂ©e des Arabes. Le prophĂšte ayant dĂ©clarĂ© dans le Koran qu’Allah les avait complĂštement extermines il aurait Ă©tĂ© fort malsĂ©ant d’en faire revivre quelques uns. Dans les nomenclatures actuelles de la Berberie, les noms ressortant a notre ethnique sont nombreux, mais doivent ĂȘtre accueillis avec quelques rĂ©serves, car le prĂ©fixe berbĂšre Ta fort frĂ©quent peut parfois donner le change. Voici nĂ©anmoins ceux qui sont acceptables en Tunisie Ksar de Tamerzu au Nord-Ouest de Nefta, ancien Ă©vĂȘchĂ© nommĂ© prĂ©cĂ©demment, Ksar de Tamezert chez les Matmata, Enchir Timezrat dans la rĂ©gion de Nabeul ; en AlgĂ©rie oasis et Ksour de Tamerna, de Temcicine et de Tamelhalt dans l’Oued Rir, de Tamentit au Touat, fractions de Tamest au Guergour, Tamessilet Ă  Takitount, Tamda du Haut Sebaou et de St Pierre et St Paul, Tamdine d’El Milia, Tanuila de Sidi Renif, Tamedda d’Attia, TamedjarĂšt et Tamedjart de Takitount, Tameklout de Taher, Tameksalet de Sebdou, les T amĂšne de Takitount et les nombreux Tamelldhat et Tamelhalt qu’on trouve en pays berbĂšre, si toutefois ce nom n’a pas une signification spĂ©ciale. On peut aussi malgrĂ© leur Ă©tiquette arabe y joindre les Oulad TamĂšne ou Tamine des Eulma et d’Aine Mlila et les Oulad Tamane des Ghomeriane de Feidj Mzala. Enfin les BĂ©ni Tamou ou Tamoun de Cavaignac et de l’Oued el Alleug viennent nous rappeler le nom spĂ©cial des ThĂ©moudites. Ghez les Touareg Hoggar je relĂšve le ksar de Tamanrasset dont le nom comme celui de plusieurs des collectivitĂ©s prĂ©cĂ©dentes rappelle celui de la pĂ©ninsule de Taman au Caucase. Enfin au Maroc on rencontre des Tomeslouth, des Tamelelt et des Tamesguelf aux Ahmar Guicli de Merrakech, Tumegroxit sur l’Oued Draa, etc
 Les peuplĂ©s porteurs de cet ethnique touranien ont en outre laissĂ© des traces a l’intĂ©rieur du continent noir oĂč on trouve notamment des Tomal forgerons des Sotnali considĂ©rĂ©s par eux comme d’une race inferieure, les Tombas ou H abbes du Humbori, les Tama nĂšgres du Ouadai, les Timenes peuple Mande voisins des Nalous et Landoumans de la basse GuinĂ©e, des Tournoie voisins et parents des Sara du Logone et du Chari. Certains de ces peuplĂ©s portent comme je l'ai dit prĂ©cĂ©demment des traces irrĂ©cusables d’une empreinte touranienne produite par une migration dirigĂ©e vers la GuinĂ©e. Je n’oublierai pas Tamatave Ă  Madagascar. Dans cet expose, j’ai nĂ©gligĂ© Ă  peu prĂšs de tenir compte des migrations qui ont pu avoir lieu a l’Ouest el a l’Est, et j’ai fait comme si elles avaient eu lieu en ligne droite des contrĂ©es touranien nĂ©s en Afrique. Voici quelques indications sur les traces qu’elles ont laissĂ©es Ă  droite et a gauche et surtout au bout de l’Europe ou j’aboutis souvent Ă  un terminus dangereux pour mes recherches et Ă  un empĂȘchement d’émettre des conclusions dĂ©finitives en ce qui concerne l’Afrique. Dans l’Inde PtolĂ©mĂ©e signalait un fleuve TĂ©moins Iraouaddy, une ville de Temala ou Tamala et un peuple de Tamalites. Les gĂ©ographes modernes y signalent des Tamane, Tamegan, Tamachabad, Timerxy, Timoorgudda, Toomry etc., en OcĂ©anie une ile de Timor, au Japon les villes de Tamasima et Tomioka dans l’ile de Nippon, de Tomiye, de Tamsoul. Sur la route centrale signalons au Caucase les villes de Taman et de Temrouk a la pointe occidentale de la chaine ; dans son milieu, le nom eponymique de la reine Tamara qui parait dĂ©river de notre ethnique a servi Ă  designer un certain nombre de lieux. En Syrie le dieu Tammouz Adonis a jouĂ© un grand rĂŽle dans les religions orientales. Le Tamyras est devenu le Nahr ed Damoar, la ville de Tamar, Tadmor ou Palmyre, suivant ses dominateurs, qui paraissent avoir fait un calembour sur son nom. Il y a une localitĂ© de Temnxn entre Damas et Baalbek. En ArmĂ©nie une ville de Tomisa et en Lydie une ville de Temnus nous sont indiquĂ©es par les gĂ©ographes anciens. De l’autre cĂŽtĂ© de la mer EgĂ©e il y avait une Taminoe en EubĂ©e, un Temenium en Argolide. A Chypre il y avait une ville de Tamassus. En Égypte notons le lac Timsah, TemĂ© village sur le Nil en aval des ruines d’Antoeopolis et dans le Delta la ville d’Horus, TimĂ© n’Hor. Sur la route occidentale je relĂšve en Finlande Tammerfors ou TemparĂ©, en Russie Tomakovka, en Pologne Tomachou et Tomaszow, en Hongrie une riviĂšre Ternes et des villes de Tamasi, Tamas, Temesvar. Un affluent du Danube s’appelait le Timacus Timok actuel et Ă  l’embouchure de Lister lui-mĂȘme il y avait une ville de Tomi Kostanza. Il n’est pas surprenant de trouver ces vocables touraniens en Hongrie, mais on est en droit de se demander s’ils datent de la derniĂšre invasion toute rĂ©cente qui a amenĂ© le peuple madgyar. On constate qu’il n’en est rien et que ces noms sont beaucoup plus anciens comme nous allons le voir. En effet en Belgique nous trouvons les villes de Tamines et de Tamise et en Angleterre la riviĂšre bien connue sous le nom de Tamise autrefois Thames, une autre riviĂšre la Tamer de Plymouth, ancien Tamarus, une ancienne ville de Tameria, une riviĂšre TamĂ© du comte de Warwick avec une ville de Tamworth. En France nous avons des noms comme Tamerville, Tamnay, Tamnies, Thaims, ThĂ©mines, Theminetle, ThĂȘmericourt, Thimory, Thomery, Thomirey, Tomino de Corse, qui rappellent les noms que nous avons vus en Orient. En Espagne nous trouvons aussi une ancienne riviĂšre Tamar ou Tamara, la Tambre actuelle et une ville de Tomino en Galice, les villes de Tamel et de Thomar en en Portugal, la riviĂšre Tameya dans la rĂ©gion de Porto, etc
 On remarquera qu’en Europe, la racine que j’étudie n’a pas donnĂ© naissance Ă  des noms de peuplĂ©s, mais seulement Ă  des appellations de fleuves ou de villes. Quel est donc le peuple qui a apportĂ© cet ethnique avec lui ? M. Philippon classe ces noms comme ibĂšres, mais ainsi que je l'ai dit prĂ©cĂ©demment je les considĂšre comme touraniens et je ne puis par suite partager son opinion. En fin de compte je crois que cet ethnique a Ă©tĂ© vĂ©hiculĂ© par les Pelasges dont le nom s’est transformĂ© en Belges dans l’Europe occidentale. Cette mĂȘme considĂ©ration, jointe Ă  ce fait que les villes BerbĂšres de Tamoucla Tetouan et Tamusiga Mogador sont des formes communes Ă  l’Afrique et Ă  l’AmĂ©rique et ne se trouvent pas en Europe, m’amĂšne Ă  croire que c’est bien de Berberie qu’est parti cet ethnique. NĂ©anmoins il est admissible qu’il ait pu en venir par l’Espagne. Enfin il y a beaucoup de chances pour que certains Ă©lĂ©ments soient arrives directement du Nord de l’Asie par l’Ouest. Dans son Manuel, Hodge signale un assez grand nombre de villages, colonies, fractions voire mĂȘme tribus dont le nom est forme sur la racine TM, surtout en Californie. Le fait n’aurait rien d’étonnant d’aprĂšs tout ce que j’ai dit prĂ©cĂ©demment. 67 — TAPANTOS Je rappelle ici pour mĂ©moire le nom des Tapantos du Venezuela, car au paragraphe Abades j’ai dĂ©jĂ  eu occasion de montrer que cette tribu correspondait aux Tapanitai lybiens signales par PtolĂ©mĂ©e, qui furent les reprĂ©sentants en Afrique des Tapanta, fraction orientale des Abazes du Caucase Ă©migrĂ©s dans le continent noir. Je n’ai rien Ă  ajouter Ă  ce que j’en ai dit. 68 — TECAMACHALCOS La mĂȘme observation que pour les Tapantos s’applique aux Tecamachalcos du Mexique, aux Tamales de Californie aux Tamalameques du Venezuela qui reprĂ©sentent le nom des Tchamalales fractions des Andis du Caucase. Mais ce n’est pas dans les auteurs anciens que nous pouvons trouver la trace de leur passage par la Berberie. C’est dans les nomenclatures actuelles que nous trouvons les fractions BerbĂšres des Chemalil de Sle Barbe du Tlelat et de Tablat, des Chemaala d’Haussonvillerset des Chemala de Duperre. Ce rapprochement et ceux que j’ai Ă©tudiĂ©s Ă  propos des Antis s’étayent mutuellement. Je n’hĂ©site donc pas Ă  le donner ici car il vient augmenter le nombre des collectivitĂ©s amĂ©ricaines qui semblent ĂȘtre passĂ©es par la Berberie. 69 — TEGUIMAS Les Teguimas sont une tribu indienne du Mexique ; ou peut leur adjoindre les Tehamas ou Tehnamas de la Californie centrale. Je rapproche leur nom des Tegama ou Tagama, touareg du Sud que Barth a signalĂ©s le premier. Il y en a deux tribus distinctes. Les premiers sont des Tetmotarak appartenant aux Kel Gheres de Tahoua ; les autres, nobles Ă©galement, sont des Iguellad de l’Ouest. On retrouve leur nom dans la GĂ©ographie de PtolĂ©mĂ©e, mais la situation qu’il leur attribuait est des plus incertaines et ne cadre pas avec celle qu’ils occupent aujourd’hui. Enfin le docteur Richer dans son livre sur les Oulimminden signale des Tiguirmat nobles appartenant au groupe des Kel Dinnik. Chez les BerbĂšres du Tell il y a des Taghamet ou Tacamet chez les ujermouna de Takitount, et des Taghalat chez les Beni Mellikecli d’Akbou. Ce nom aurait donc pu passer par la Berberie il y est arrive venant du Caucase ou il y a une localitĂ© qui s’appelle Thargama. En outre les traditions locales signalent un Thargamos, fils de Gomer suivant les uns, et suivant les, autres fils de Tharchis lils d’Araxan et en tout cas descendant de Japhet. On le considĂšre comme la souche commune des Georgiens et des ArmĂ©niens et je l'ai mentionnĂ© dans mon Ă©tude sur les Origines caucasiennes des Touareg. Mais ce que j’ai omis de dite c’est que ce nom est venu de la Haute Asie. La montagne Ă©levĂ©e qui domine la partie orientale du Pamir est cĂ©lĂšbre sons le nom de Tagharma. Ce nom est-il arrivĂ© au Mexique et en Californie par la Berberie ? C’est ce qu’on ne saurait affirmer. On trouve en effet au Japon une ville de Takamats dans l’ile de Sikok, ce qui indique que cet ethnique a pu aussi bien passer par l’Ouest que par l’Est. 70 — TXMMIMINOS Plus significatif est le cas des Timmiminos et des Tummimiois qui sont compris parmi les Tupis du BrĂ©sil. La racine d’ou leur nom dĂ©rivĂ© est manifestement le nom de la riviĂšre Tim affluent de l’Obi. Mais la dĂ©formation de ce nom parait spĂ©cifiquement berbĂšre. Nous avons en effet dans le Sud AlgĂ©rien au Gourara une ville et une oasis de Timmimoun ; une autre oasis voisine se nommĂ© Timmi, ce qui accentue bien la provenance que je viens d’indiquer. Peut-on admettre que la ressemblance des noms amĂ©ricains et BerbĂšres, soit due Ă  un simple hasard ? Un certain nombre d’autres noms ethniques BerbĂšres dans le Tell AlgĂ©rien commencent Ă©galement par Timi, mais sont trĂšs diversement suffixĂ©s de sorte que je les nĂ©gligerai et me contenterai de faire remarquer qu’ils sont des traces de cette grande invasion touranienne que j’ai signalĂ©e. On remarquera que Timmimoun et Timmi sont des oasis comprises dans ces rĂ©gions de basfonds Ă  palmiers ou la race noire seule peut rĂ©ellement rĂ©sister. Aussi les habitants sont-ils noirs, avec quelques familles de conquĂ©rants arabes ou BerbĂšres blancs rĂ©cemment venues du Maroc et qui se fondent peu Ă  peu dans l’élĂ©ment noir ambiant. Ces rĂ©gions ont Ă©tĂ© peuplĂ©es de juifs Ă©migrĂ©s a la suite de leur rĂ©volte en CyrĂ©naĂŻque au dĂ©but du IIe siĂšcle. Convertis de force Ă  l’islamisme ils ont Ă©tĂ© Ă©galement absorbĂ©s dans la population noire. Sans doute ont-ils Ă©tĂ© plus sĂ©rieusement persĂ©cutĂ©s que leurs frĂšres de Touggourt; les Mehadjeria qui malgrĂ© leur islamisation ont trouve le moyen de conserver les caractĂšres de la race blanche. Quoiqu’il en soit le cas des Timmiminos me parait assez net d’autant mieux qu’ils sont localisĂ©s dans l’AmĂ©rique du Sud. 71 — TOBA Le nom de Toba est trĂšs rĂ©pandu dans le monde entier. En AmĂ©rique il est localisĂ© dans la partie orientale du continent Sud ce qui constitue dĂ©jĂ  une prĂ©somption pour que les Toba d’AmĂ©rique soient venus par l’Afrique. Les Toba sont des Guaranis de la RĂ©publique Argentine. Le mĂȘme ethnique diversement modifie se trouve chez les Tobajares, Topayos, Topinacos du BrĂ©sil et les Tapuros du Venezuela. Je leur rattache aussi tous les Tupis du BrĂ©sil et les noms dĂ©rivĂ©s du leur ; il y en a neuf au BrĂ©sil, un en Colombie et un au Venezuela. Une Ă©tude complĂšte sur la civilisation matĂ©rielle des tribus Tupi-Guarani due Ă  M. Metraux vient de paraitre tout rĂ©cemment. L’origine de leur nom est touranienne et parait ĂȘtre en relation avec celui du fleuve Obi, dont les plaines ont vu passer tant de peuples qui se sont rĂ©pandus dans toutes les directions. Il y a un affluent de l’IenisseĂŻ qui s’appelle Touba. L'histoire nous signale un peuple Tartare de Tobas nommĂ©s aussi Wei, qui eurent longtemps le commandement, de la Chine du Nord Rene Grousset, Histoire de l’Asie II. 105. Ce sont peut-ĂȘtre les mĂȘmes que ces Tombas actuels de l’Ienissei qui suivant Deniker ont des affinitĂ©s avec les Finnois et les Samoiedes. Les Tobas sibĂ©riens avaient envoyĂ© de& migrations dans le Sud le pays du Tibet leur doit sans doute ce nom, peu connu d’ailleurs sur place. Le peuple Abaze du Caucase compte une tribu de Toubi. En Arabie une dynastie cĂ©lĂšbre du YĂ©men portait le nom de Tobba titre dĂ©rivĂ© sans doute de l’ethnique de la tribu a laquelle ils appartenaient primitivement. Il y a encore en Syrie les ruines d'un Ksar et Touba Muzil, Arabie PĂ©trĂ©e. En Berberie on en trouve aussi bien chez les BerbĂšres que chez les Arabes arrivĂ©s aprĂšs l’islamisme. Pour les premiers nous pouvons citer un Ă©vĂȘchĂ© de Toubia, que le PĂšre Mesnage identifie avec Henclur Toubia ou Tabla actuel sur l’Oued Chellal au Nord-Ouest du Chott el Hodna Afrique chrĂ©tienne 474. Il est probable que le nom de la ville ancienne de Tubunoe Tobna Ă  l’extrĂ©mitĂ© diamĂ©tralement opposĂ©e du Hodna est une dĂ©formation de ce mĂȘme nom, car on retrouve encore non loin de la des Toaba dans l’AurĂšs. Il y a encore en AlgĂ©rie des Touba dans la commune mixte de l’Edough, des Touhabet a Dellys, des Touabuia a la Meskiana, puis des quantitĂ©s de Touabet Ă  Remchi, Ă  Dellys, au Chelif, Ă  Aine Mlila, Ă  Barika et deux fractions diffĂ©rentes Ă  Zemmora. Pour ce qui est de la part des Arabes, nous avons des Oulad Toaba aux Oulad Nails Ă  Djelfa et Ă  Mesad et des Oulad Toubi Ă  la Sefia. Je ne garantirai pas que cette rĂ©partition entre Arabes et BerbĂšres soit rigoureusement exacte ; il y a mĂȘme des chances pour qu’elle ne le soit pas tant est grand l’enchevetrement des deux Ă©lĂ©ments dans la Berberie. On sait seulement qu’il y avait des Touba chez les Doreid appartenant aux Athbedj de l’invasion hilalienne et je suppose qu’une petite enquĂȘte permettrait d’élucider cette question mais elle m’écarterait de mon sujet qui est de montrer qu’il y a eu des avant l’islam des Tobas en Berberie. Au Kanem il y a eu des Toubba qui se disaient venus d’Arabie. Je rattache aussi Ă  ce nom ceux du Tibesti d’Afrique, des Tebou ses habitants et de TĂŻbati au Cameroun. Mais il n’y en a pas eu qu’en Afrique ; il y a une trainĂ©e de traces allant de la Malaisie au bout de l’OcĂ©anie lac Toba au Nord de Sumatra, Ile Obi des Moluques, archipel ToubouaĂŻ au Sud des iles de la Sonde. Ils auraient donc pu par cette voie gagner l’AmĂ©rique du Sud. Dans l’AmĂ©rique du Nord, il y a peu de noms qui se rapprochent de notre racine. Tout bien considĂ©rĂ© j’espĂšre pour l’origine berbĂšre. 72 — TULAS Les Tulas sont des Indiens de la Floride dont je prends le nom comme type de cet ethnique parce que c’est le moins dĂ©formĂ© ; on trouve aussi des Tularenos ou Tulares, des Tulomos des Tolenos, des Tolowas en Californie, des Tullanos ou Toltecas qui tiraient leur nom de la ville de Tulla et qui sont cĂ©lĂšbres dans les fastes du Mexique, des Tultecas ou ToltĂšques au Nicaragua, des Tultuscios au Yucatan, des Tolores, Tolues on Tolus avec une ville de Tolu en Colombie, des Tolores au Venezuela, des Tulianos, des Tilianos ou Tilias en Argentine. En somme les peuples qui ont conservĂ© cet ethnique sont groupĂ©s surtout au pourtour de la mer des Antilles oĂč ont pu arriver des Africains. Dans le vieux monde cet ethnique se trouve en plus grande abondance encore et y revet des formes aussi variĂ©es mais reste nĂ©anmoins assez mystĂ©rieux. Son origine orientale est fort nette. La Tola est un affluent de l’Ourga qui se jette dans le Bailtal ; un tas de noms de riviĂšres sibĂ©riennes sont plus ou moins dĂ©rivĂ©s de la. Il en est de mĂȘme en Europe, ou beaucoup de villes portent aussi des noms bĂątis sur la mĂȘme racine, mais sans qu’on sache bien exactement quelle Ă©tait la nation qui semait ces noms sur son passage, car aucune tribu connue ne le portait. Je vais commencer mon examen par l’Afrique du Nord ; mais la il est assez difficile de dĂ©pister col ethnique confondu ou masque souvent par divers termes arabes ou BerbĂšres homophones comme Tala source, Tailla mimosa, Touil long, Tleta trois qui prĂȘtent a des a peu prĂšs bien susceptible de dĂ©router celui qui les examine. Au Maroc il y a des Tonal a Outat sur la Moulouya. Pourquoi ces BerbĂšres et ceux que je vais examiner porteraient-ils cette appellation de longs qui ne peut pas servir Ă  les distinguer de leurs voisins gĂ©nĂ©ralement de mĂȘme taille qu’eux il est clair que c’est la survivance d’un nom ethnique sur lequel on a fait un jeu de mot suivant la coutume arabe. Il y a sur l’Oued Guir un ksar Toulal et des Tsoul au Nord-est de Taza. En AlgĂ©rie, je rencontre des Touila a Collo et Ă  Attia, des Tonal Ă  la Galle, des Touaoula Ă  Ammi Moussa, des Tional au Guergour, un village de Tilatou dans les gorges d’El Kantara au Nord de Biskra, des Tililit dans le Djurdjura, des Tiliouanet a l’Hillil, des Tillette et Talionine Ă  Palestro, des Teliouin Ă  la Mekerra, des Tiliouin chez les Beni Khalfoun, des Telly aux Atatba, etc.. En Tunisie on peut noter des Toulit Bernia, des Tlil, des TlaĂŻlia, etc
 A l’époque romaine il y avait un Ă©vĂȘchĂ© de Talana dans la proconsulaire et un autre de Tullia dans le voisinage d’Hippone. Il y avait aussi deux localitĂ©s appelĂ©es Tituli. Deux Enchir Touila en ruines paraissent avoir conserve leur ancien ethnique quelque peu dĂ©formĂ©. Tous ces noms que je recueille dans les listes de l’Afrique chrĂ©tienne du PĂšre Mesnage, attestent que tous les noms des nomenclatures modernes que j’ai alignĂ©s prĂ©cĂ©demment devaient ĂȘtre bien antĂ©rieurs Ă  l’invasion arabe. En remontant vers l’Est nous voyons une ville ancienne TollĂ©s prĂšs de Meroe. Il y a en Abyssinie des Touloma tribu Galla, en Arabie une ville de Tulla Niebuhr, dans le golfe persique une ile de de Tylos et dans l’Inde des localitĂ©s comme Tulali et Tulli. Nous avons donc des traces Ă  peu prĂšs continues depuis les Indes, ou l’ethnique a pu ĂȘtre apporte par des Ă©migrants touraniens, jusqu’au bord de l’Atlantique. Mais nous pouvons suivre d’autres pistes. En Russie il existe une ville de Toula au sud de Moscou, un lac Toulos et une ville de Toultchin. Est-ce par le Nord ou par le Sud que cet ethnique est venu au Caucase? Rien ne permet de le dĂ©terminer bien nettement. Je me contenterai seulement de noter la ville de Toultcha en GĂ©orgie, une autre ville de l'alla dans l’ancienne Albanie, des Taliche au Daghestan que Ton considĂ©rĂ© comme Indo-EuropĂ©ens, ainsi que des Toualiens chez les Ossetes. Cette derniĂšre indication semblerait ĂȘtre en faveur d’une origine indienne. Le nom des Touches tribu gĂ©orgienne des sources de l’Alaza parait dĂ©rivĂ© de Toultcha. Dans l’EgĂ©e il y avait une ile de Teli ou T clos non loin de Rhodes. La race sacerdotale des Telliades en Arcadie et des noms patronymiques anciens comme Tellias, Telliis, Tullius sont encore Ă  noter. Sur le Ras Danube il y avait une ville de Toultcha ou Tuloea, et en Italie une ville de Tolla. Mais c’est surtout dans l’Europe occidentale que cet ethnique a laissĂ© de nombreuses traces. En Belgique elles abondent Thulin, ThuĂŒlies, Tilly, Tilff. En Irlande encore plus. Son ancien nom de ThulĂ© parait du Ă  l’abondance des Tulla, Tullamore, Tullaghobegly, Tullyfern, Tullylish, T hurles, etc
 En France les mĂȘmes noms sont encore plus nombreux Tilly, T oui Tullum, Tullius, Tulle Tutela, plusieurs Toulon, dont notre grand port mĂ©diterranĂ©en appelĂ© autrefois Telo Martius ou Telonius, Toulenne, Toulaud, Toulouges, plusieurs Toulouse dont la Tolosa habitĂ©e par les Volsques Tolestobogi ou Tolistobogi de Toulouse. Il y avait aussi une riviĂšre Touloubre une Tille, un fleuve TĂ©lis Tet etc
 Il y avait aussi chez les Petrocoru du PĂ©rigord un dieu Telo que l’on dit Celte. Dottin Manuel de l’antiquitĂ© celtique. En Espagne il y avait encore trois Tolosa et une ville de Toletum TolĂšde. Les renseignements que nous avons en ce qui concerne le peuple qui a vĂ©hiculĂ© ces noms nous apprennent que ce sont les IbĂšres Philippon. Les IbĂšres. Les divers noms que l’on trouve au Caucase dans l'IbĂ©rie primitive viennent confirmer cette donnĂ©e. Mais la dĂ©nomination des Volsques Tolistobogi mĂ©rite quelque explication. Il semble que le suffixe bogi Ă  la valeur de conquĂ©rants ce sont les Volsques qui se sont emparĂ©s de Toulouse et en ont chassĂ© ou soumis les fondateurs IbĂšres. Le mot Volsques comme celui de Valoques me parait ĂȘtre une des principales formes sous lesquelles nous est parvenu le nom des divins Pelasges » des Grecs. Mais les Volsques sont gĂ©nĂ©ralement classes comme Celtes ce qui semble indiquer qu’à leur tour ils furent noyĂ©s sous les flots de l’invasion celte. On sait qu’ils prirent le parti de s’en aller tous ensemble chercher fortune ailleurs. Ils allĂšrent saccager Delphes, puis ensuite les Tolistobogi fondĂšrent en Thrace une petite principautĂ© dont la capitale TulĂ© rappelait leur ancien habitat, ce qui nous montre bien qu’un nom ethnique peut-ĂȘtre parfois emportĂ© par des tribus qui l’ont pris Ă  leurs premiers propriĂ©taires, ou bien qu’une fraction de ceux-ci s’était conservĂ©e intacte au milieu des conquĂ©rants. Quoiqu’il en soit, il me parait difficile dans l’état actuel de dĂ©terminer avec une certitude absolue si le nom des Indiens Tulas d’AmĂ©rique leur a Ă©tĂ© apportĂ© d’Europe ou de Berberie, les mĂȘmes altĂ©rations se montrant des deux cotĂ©s. MalgrĂ© cela je n’hĂ©site pas Ă  dire que je penche pour la seconde, la forme propre au Sud europĂ©en qui est ToIosa ne se retrouvant pas chez les Indiens d ’AmĂ©rique. Il reste d’ailleurs possible, bien que le groupement des noms des tribus examinĂ©es ne paraisse pas trĂšs favorable Ă  cette hypothĂšse, que des groupes d’émigrants venant par le Nord-Ouest aient apporte de leur cĂŽtĂ© cet ethnique. 73 — TUQUERRES Les Tuquerres ou TuquarĂšs de l’Equateur font partie des Quillacinga, nation indienne qui habitait prĂ©cĂ©demment en Colombie. Leur nom me parait reprĂ©senter en AmĂ©rique celui de la ville de Tokeira en CyrĂ©naĂŻque que mentionne HĂ©rodote comme voisine de Barca et que j’ai eu occasion de nommer Ă  propos des habitants de cette ville paragraphe Barcas. Comme eux ils venaient de l’Inde ou existe encore une localitĂ© de Tulcera au Sud de Luknow. Le Mahabharata mentionne aussi des Tokkara, habitants de la Sogdiane et de la Bactriane qui paraissent ĂȘtre la souche de ces diffĂ©rents peuples. On sait que la langue de cette nation appelĂ©e le Tokharien a Ă©tĂ© dĂ©couverte ou plutĂŽt retrouvĂ©e en 1893 et qu’on la classe comme Indo-europĂ©enne. On remarquera aussi que les Tokkaras des annales Ă©gyptiennes que l’on a essayĂ© d’assimiler aux Tencriens ou Troyens dont le nom a sans doute la mĂȘme origine, Ă©taient purement et simplement les habitants de Tolcheira qui avait peut-ĂȘtre Ă  cette Ă©poque la prĂ©pondĂ©rance dans la rĂ©gion. Il ne me parait guĂšre douteux que les Tuquerres comme les Barcas, soient venus de Barbarie. 74 — UTES Les Indiens Utes du Nouveau Mexique appartiennent au groupe important des Ghochones de l’AmĂ©rique du Nord. Ils habitent au Nouveau Mexique. Relevant du mĂȘme ethnique, il y a encore aux États-Unis des Utah, des Utianques, des Utagamis et au Canada des Utauas, des Utauai ou Mousanai. Cette localisation rend peu probable leur arrivĂ©e par l’Afrique mais comme l’ethnique Ute est la prononciation des Indiens d AmĂ©rique pour le vocable oriental Oude qui se rencontre frĂ©quemment en Berberie, je ne saurais le passer sous silence, Au Sud de la mer d’Otkhosk il y a une riviĂšre Oud et une Ouda au Sud du lac Baikal. C’est de la que s’est rĂ©pandu ce nom d’abord au Caucase, puis dans l’Inde. Des deux cĂŽtĂ©s il a Ă©migrĂ© en Afrique. Au Caucase le Kouma avant de porter ce nom qui est d’essence kouchite, comme je l’ai, dit s’appelait l’Udon d’aprĂšs les auteurs anciens. On y trouve maintenant encore des Oudiens, qui habitent le versant Sud du Caucase et qu’on rattache aux Lezghiens ou Leks, mais les localitĂ©s qui portent le mĂȘme nom qu’eux comme OuclĂ©, OudiĂ©ri, Oudjari, Oudjama se trouvent beaucoup plus Ă  l’Ouest en GĂ©orgie, oĂč a Ă©tĂ© peut-ĂȘtre leur ancien habitat. Sont-ils venus directement du Nord-est ou de l’Inde avec les IbĂšres et autres peuples parents, on ne saurait le dire quoique le dernier fait que je viens de constater soit en faveur de la seconde hypothĂšse ? C’est Ă  ces Oudiens du Caucase que j’attribue origine des Touareg Oudalen ou Oudala qui vivent sur le Niger, tandis que les autres populations portant le mĂȘme ethnique et que j’énumĂ©rerai plus loin viendraient plutĂŽt de l’Inde et seraient venues antĂ©rieurement. Du cĂŽtĂ© de l’Europe on trouve quelques traces de cet ethnique qui a du ĂȘtre emportĂ© par la migration des IbĂšres. Il y a une vallĂ©e d’Oudaya dans le bassin du Dnieper inferieur. En France on trouve des noms comme Oudalle, Oudcm, Oudeuil, Oudon, etc
 Dans l’Inde, le royaume fort ancien d'Oude ou Aoudh est cĂ©lĂšbre dans les fastes de la pĂ©ninsule. Les lĂ©gendes hindoues le reprĂ©sentent comme le berceau mĂȘme de la race Aryenne, mais il semble qu’en rĂ©alitĂ© il fut peuplĂ© par des populations venues du Nord, sans doute Kouchites qui avaient atteint un haut degrĂ© de civilisation qu’elles transmirent aux envahisseurs aryens qui vinrent se substituer Ă  elles. On trouve encore en Hindoustan des noms tels que ceux des deux Oudeypour, d’Oudyah, d’Oudighir, d'Ougein, d’Oodaponr, d’Oodavotaly etc., ou encore d ’Udassa, Ăą Udegherri, d'Udeampour, d’Udebode, etc... J’attire en particulier l’attention sur le nom d’Oudjana citĂ© par Vivien de Saint Martin dans son Ă©tude sur la GĂ©ographie du Nord-Ouest de l’Inde, parce que ce nom s’est transportĂ© intĂ©gralement en Berberie. On trouve en effet des BĂ©ni Oudjana dans les communes de l’Oued Clierf, de Khenchela, de Sedrata. Au Maroc il y a des OudaĂŻa a Rabat, Ă  Fez et Ă  Merrakech c’est-Ă -dire dans toute la rĂ©gion d’oĂč ont du partir la plus grande partie des BerbĂšres qui ont pu se rendre en AmĂ©rique. Je note aussi des BĂ©ni Ouendjel au Rif et on doit, je pense, rattacher Ă  cet ethnique tous les noms plus ou moins dĂ©formĂ©s comme Oueddan, Ouezzan qu’on rencontre en Berberie. En AlgĂ©rie on trouve encore des noms comme El Oula, El Oulia, El Ouadia fractions de Collo, les El Oaadef d’Aine Touta, les El Ouadin d’El Golea, les El Ouedia de Tahar, les El Ouida d’Attia, les El Guidait d’Ammi Moussa, les El Ouiza de Souk Arrhes, les El Ouzana de Tablai, et le Ksar d'El Outaia un peu au Nord de Biskra. Bien que la phonĂ©tique des conquĂ©rants ait ornĂ© ces noms de l’article arabe, ils sont bien au fond d’origine berbĂšre et on voit que cet ethnique a Ă©tĂ© fortement reprĂ©sentĂ© dans le Nord de l’Afrique. Ainsi que je l'ai dit au dĂ©but, seule sa localisation exclusive dans le Nord de l’AmĂ©rique m’empĂȘche de croire fermement que le nom des Utes est venu de Berberie. 75 — ZAGANES Voici un ethnique qui ne m’inspirera pas les mĂȘmes rĂ©ticences que le prĂ©cĂ©dent car j’y reconnais formellement une altĂ©ration berbĂšre ; toutefois certaines formes sont au contraire des dĂ©formations proprement europĂ©ennes et qu’il conviendra de mettre Ă  part. Les Zaganes forment une tribu indienne qui vit au Sud du Chili et dont je mets le nom en tĂȘte parce que c’est lui qui a le mieux conserve la transcription berbĂšre. J’y joins les Zoques du Venezuela et de la Colombie, les Zequis du Yucatan, les Zueches de l’AmĂ©rique centrale, les Zuaques ou Tehuecos du Mexique, les Zacatecos du mĂȘme pays, les Zocos, Zouaquos, Zoq u e s ou Zoquos de l’état de Chiapa et enfin les Secuanas de Colombie. Ces variations assez considĂ©rables dans l’adoption d’un mĂȘme ethnique se retrouvent en Afrique dans les tribus BerbĂšres dont le nom dĂ©rivĂ© des Zegguen. Ce nom est mentionnĂ© par Ibn Khaldoun comme celui d’une tribu qui composait avec les Lakhs ou Lelchs dont j’ai prĂ©cĂ©demment parlĂ© le groupe des Lemta qui faisaient partie des peuples voilĂ©s voir au paragraphe Laches. Dans mes recherches sur les Origines caucasiennes des Touareg BSGA 4c trimestre 1924 et Ie 1925, j’ai montrĂ© que ces Zeggueu Ă©taient un essaim des Circassiens du Caucase, de mĂȘme que les Lakhs venaient des Lezghiens, et que le nom de Lemta leur Ă©tait venu du port ainsi nommĂ© Leptis Magna des Romains auquel ils avaient abordĂ© et qu’ils avaient sans doute conservĂ© longtemps comme centre de ravitaillement et de rassemblement. Une localitĂ© de Zegen qu’on trouve sur les cartes au Nord-est du Fezzan leur dut sans doute son nom. C’est eux que PtolĂ©mĂ©e connaissait sous le nom de Zyges et auxquels il assignait comme habitat le Nord de la CyrĂ©naĂŻque, non loin de Paroetonium, port de la Marmarique. A cote d’eux il plaçait des Zygritoe et un port de Zygroe que l’on peut rattacher au mĂȘme ethnique. Mais ce ne devait ĂȘtre qu’un faible dĂ©membrement de ce peuple, car longtemps avant, HĂ©rodote signalait de l'autre cĂŽtĂ© des Syrtes des ZauĂšces autre dĂ©formation de son nom que nous retrouvons presque dans les Zueches de l’AmĂ©rique centrale. A cote d’eux il plaçait des Gyzantes, nom sans doute estropiĂ© par suite d’une erreur de prononciation ou de transcription et que l’on doit restituer Zygantes qui est une autre forme de notre ethnique. Cette mĂ©tathĂšse est flagrante car par la suite la rĂ©gion oĂč ils se trouvaient fut appelĂ©e Zeugilane Ă  l’époque romaine. On y trouve encore une ville et une montagne du nom de Zaghouan. Je rappellerai en passant que dans les combats c’étaient les femmes des ZauĂšces qui conduisaient les chars ou combattaient leurs maris ; c’était donc une race essentiellement guerriĂšre. A l’époque d’HĂ©rodote, les Ă©migrants caucasiens devaient depuis longtemps s’ĂȘtre partages entre la rĂ©gion tellienne et le Sahara ceux du Tell se retrouvent plus tard sous les noms de plus en plus deformes de Zouaghct ou Zouaga, de Zouara, de Zouaza et de Zouaoua dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres de l’époque arabe. Étant devenus montagnards ils ont pu conserver mieux que d’autres leur habitat primitif et on les retrouve encore dans les nomenclatures modernes de la Kabylie Ă  notre Ă©poque. On retrouve aussi le mĂȘme nom modifiĂ© en SeguĂšne dans la rĂ©gion de Batna, Segnia, Ă  Ain Mlila, Seggana a Barika. Il y avait au Sud de Cirta une ville de Sigus Bordj ben Zekri actuel qui appartient au mĂȘme ethnique. Je note encore dans cette mĂȘme province de Constantine des Zegagda, Zegagra, Zegagta, etc. qui doivent lui ĂȘtre rattaches. Dans cette mĂȘme rĂ©gion des Hauts-Plateaux Constantinois, la rĂ©gion de Ballezma doit certainement son appellation Ă  une tribu secondaire qui faisait encore partie, au siĂšcle dernier, de la confĂ©dĂ©ration des Circassiens du Caucase, celle des Belezmiens. Cette constatation contribue Ă  authentiquer mon identification. Les Zyges de l'Est de PtolĂ©mĂ©e sont sans doute ceux qui ont Ă©tĂ© formĂ© au Sud de la CyrĂ©naĂŻque, la tribu des Zeggaoua qui a eu autrefois une certaine importance et dont les dĂ©bris vivent sur la frontiĂšre anglo-française du Darfour et de l’Afrique Ă©quatoriale Française. Quant Ă  ceux des Zegguen qui Ă©taient voilĂ©s a l’époque de l’invasion musulmane, les Arabes les trouvĂšrent installĂ©s dans la rĂ©gion du Sous d’oĂč ils disparurent comme leurs frĂšres les Lakhs, une partie s'Ă©tant fondue dans les BerbĂšres de l’Atlas une autre ayant rejoint les peuples voilĂ©s dans leur circuit saharien oĂč je crois les retrouver dans la faible tribu des Izegagaten ou Izedjadjaten serfs des Touaregs Imanan et Oraren. Les Aoulimminden prĂ©tendent qu’ils descendent d’un ancĂȘtre nommĂ© Siggini. Au 14e siĂšcle, il y avait encore au Sous des Zegna, actuellement disparus. Peut ĂȘtre que les BĂ©ni bou Zeggou du Maroc Oriental et surtout les Seketana du Glaoui et les Ida ou Ziki du Mtougui en sont de faibles dĂ©bris, si toutefois leurs noms sont bien dĂ©rivĂ©s, comme je le crois, de celui des Zegguen Les Tadjakant on dit au singulier un djakani tribu bien connue du Sahara Marocain, sent les restes des Zegen des auteurs arabes dont le nom a Ă©tĂ© berberisĂ© et durci. AprĂšs cet exposĂ© de leurs avatars BerbĂšres, je vais rechercher l’origine de ce peuple des Zegguen et leurs migrations dans d’autres rĂ©gions. Le mot Zagan, dans les langues touraniennes, signifie parait-il blanc et il est applique a diverses riviĂšres et lacs de la rĂ©gion de l’Oural et du fleuve Volga. C’est donc vraisemblablement de la que ce peuple est venu au Caucase oĂč son nom Ă©tait corrompu par les auteurs anciens en ZichĂ©s, Zyckhis, Zeiches. Strabon les nommait Zygoi. Eux-mĂȘmes se qualifient d’AdighĂ©s qui signifie, disent-ils, noble, mais qui n’est peut-ĂȘtre qu’une autre altĂ©ration du mĂȘme nom. Les AdighĂ© que l’on connait surtout sous le nom de Tchei'kesses ou de Circassiens ont a peu prĂšs disparu du Caucase. Fervents musulmans et patriotes indomptables, ils ont prĂ©fĂ©rĂ© Ă©migrer en territoire turc que de rester sous la domination abhorrĂ©e des Russes. Ils parlaient une langue agglutinative, se rapprochant de celle des finnois, trĂšs dure, avec des claquements de langue et des modifications trĂšs frĂ©quentes des voyelles et des diphtongues. Leur vocabulaire et leur syntaxe Ă©taient trĂšs diffĂ©rents des autres langues. Leurs voisins les Abazes, dont j’ai parlĂ©, se servaient d’un idiome trĂšs voisin et paraissaient ĂȘtre leurs parents, quoique fort mĂ©langĂ©s du sang des kouchites qui ont passe chez eux, car un grand nombre de noms de tribus Ă©taient les mĂȘmes dans les deux populations. Sans m’attarder Ă  rechercher les jalons intermĂ©diaires qu’ils ont pu laisser dans l’Europe centrale, oĂč ils ne paraissent pas d’ailleurs s’ĂȘtre arrĂȘtĂ©s, je vais les retrouver sur la Meuse oĂč, Ă  l’époque romaine, ils portaient le nom de Segni d’ou vient le nom actuel de la ville de Signey. On remarquera cette dĂ©formation analogue Ă  celle des Segnia, d’Ain-Mlila en Berberie. Plus loin, il y avait des Sequani qui donnĂšrent leur nom Ă  une riviĂšre Sequana, la Seine. Cette fois l’homophonie est notoire avec les Secuanas de Colombie. Il y avait aussi un fleuve de Sequanos en Narbonnaise. D’autres noms de localitĂ©s francaises, comme Sagnat, Saignes, Sagonne, Signes, Signac, Signeville, Signy, Zouafques, etc., doivent sans doute leur origine a ce mĂȘme peuple. Sicanes d’Italie et de Sicile. Sigynnes des Balkans, SĂźcules en sont des dĂ©membrements. J'ai eu occasion de faire remarquer que la terminaison en ides indique un passage au milieu de populations touraniennes, accompagne sans doute de modifications ethniques. Peut-ĂȘtre faut-il encore y ajouter l’ile de Zacynthos Zante, avec sa colonie de Saguntum, en Espagne et le peuple des SegĂȘtes dans la mĂȘme rĂ©gion avec sa ville de Sega. En raison de sa duretĂ©, cet ethnique a Ă©tĂ© trĂšs maltraitĂ©. Je suppose qu’il faut encore y rapporter tous les noms europĂ©ens en Segu, Sego, comme Segodunum Rodez en Gaule, Wurtzbourg en Germanie, Segobriga, Segontium Caernavon en Bretagne Segontia, Segovia et autres villes et les peuples des Segusavii Segusii, Segovellani de Gaule, etc. Tous ces noms ne sont pas de provenance celte, ni ligure, ni ibĂšre comme on le croit. Ils sont peut-ĂȘtre arrivĂ©s avec l'invasion ibĂšre mais portes par un peuple d’une origine toute diffĂ©rente, car les AdighĂ© paraissent avoir Ă©tĂ© des Touraniens Ă  peu prĂšs purs, venant directement du Nord de l’Asie, sans ĂȘtre passĂ©s par l’Inde et sans y ĂȘtre mĂ©langĂ©s de sang noir comme les autres tribus qui vinrent de lĂ . Il semble peut-ĂȘtre que j’insiste plus qu’il n’est nĂ©cessaire sur ces infimes dĂ©tails. Mais j’ai pour cela deux bons motifs le premier est que le rĂŽle de ces Zegen parait avoir Ă©tĂ© complĂštement inconnu, bien que Klaproth et ses Ă©mules nous aient entr’ouvert depuis longtemps les arcanes du Caucase; la seconde est qu’il s’agit de bien montrer la parentĂ© Ă©troite de certains BerbĂšres avec les EuropĂ©ens. Les mĂȘmes Ă©lĂ©ments se retrouvent sur les deux rives de la MĂ©diterranĂ©e et, ce qui constitue la grosse diffĂ©rence entre eux, c’est la plus grande proportion de sang kouchite mĂ©langĂ© de dravidien au Sud, sans omettre l’action d’un climat plus chaud, d’un tĂ©rritoire moins fertile et enfin, depuis la conquĂȘte musulmane, les entrainements d’une religion plus facile, mais aussi plus exclusive et plus agressive vis-Ă -vis du prochain que ne l’étaient les polythĂ©ismes anciens. En recherchant les noms des tribus secondaires des Circassiens en AmĂ©rique, on en trouve plusieurs qui leur sont communes avec les Abazes et que j’ai, en consĂ©quence, mentionnĂ© au paragraphe Abades. Tels sont les Chapanchicos que je rapproche des Chapchiks du Caucase, les Janaes que j’assimile aux Jani. Comme il n’est pas possible de savoir si c’est en qualitĂ© d’Abazes ou de Zegen qu’ils ont passĂ© en Amerique, je n’insisterai pas sur cet ordre de preuves qui sont d’ailleurs aussi bonnes pour les uns que pour les autres. Cet examen m’a rĂ©vĂ©lĂ© un autre fait intĂ©ressant. Une tribu secondaire des Circassiens, les NatoulcaĂŻ ou Notiuatches de Circassie porte un nom que l’on peut rapprocher de celui des Nutkas appelĂ©s aussi Nutkees, Noothans, etc., Natextanos de Vancouver et de la cote Nord-Ouest de l’AmĂ©rique. Ce fait indique-t-il une Ă©migration du Caucase en AmĂ©rique ou inversement? Je ne le pense pas. C’est sans doute du bassin de l’Obi, ou il y a des vallĂ©es comme celle du Nioukos, dont le nom se rapproche un peu de ceux de ces tribus que des tribus primitives se sont Ă©panchĂ©es dans les deux directions. Mais on remarque en mĂȘme temps que le nom des Natoukai caucasiens, a donnĂ© d’autre part naissance chez leurs voisins Abazes Ă  celui des Hattoukai ou Attigoi que j’ai rapprochĂ© des Atuacas de Colombie. Il me parait rĂ©sulter de l’ensemble de ces divergences et de leur constatation une nouvelle preuve de l’arrivĂ©e de ces derniers par la voie de la Berberie; bien qu’on n’y trouve plus de traces de leur passage. Pour en revenir Ă  l’ensemble de mon sujet, qui est l’arrivĂ©e de reprĂ©sentants des Zegen BerbĂšres en AmĂ©rique, il ne semble pas qu’il puisse y avoir de doute sur le fait lui-mĂȘme. Toutefois, je reconnais que la forme Secuana permet de croire qu’il en est aussi arrivĂ© directement d’Europe, car c’est la seulement qu’elle se manifeste, Ă©tant entiĂšrement absente d’Afrique, alors qu’on reconnait au contraire dans d’autres comme Zaganes, Zuaques des formes spĂ©cifiquement BerbĂšres. 76 — ZAMORAS Les Zamoras sont des Indiens Jibaros de l’Equateur dont j’ai Ă©tabli plus haut la correspondance avec les IbĂšres d’Europe, d’Afrique et du Caucase. Cette tribu a d’ailleurs Ă©tĂ© largement rĂ©pandue en Afrique, et de la son nom est passe en Espagne. Comme les espagnols ont frĂ©quemment donnĂ© des noms de leur pays aux localitĂ©s du Nouveau-Monde, on peut se demander si ce n’est pas le cas pour les Zamoras, N’étant pas en mesure de faire les vĂ©rifications nĂ©cessaires, je dois faire comme si ce nom Ă©tait authentiquement indien. Il existe en AmĂ©rique une ville de Zamora mais elle est au Mexique. Dans les gĂ©nĂ©alogies BerbĂšres, nous apprenons que Zemmor Ă©tait fils de Maggher et petit-fils d’Aurigh et descendait par eux de Bernes fils de Ber l'ancĂȘtre gĂ©nĂ©ral des BerbĂšres. On ne s’entendait d’ailleurs pas sur sa gĂ©nĂ©alogie exacte. Outre ces Zemmor de la branche des Aurigha, il y avait aussi des BĂ©ni Zemmor qui appartenaient au contraire aux Nefouca, peuple de la descendance de Madghis el Abter autre fils de Ber ! Si nous abandonnons les divagations des auteurs arabes, nous remarquons que les anciens n’ont pas soufflĂ© mot de l’existence de cet ethnique qui est cependant largement reprĂ©sentĂ© Ă  l’époque actuelle. Les fastes de l’église chrĂ©tienne d’Afrique n’en portent pas trace. D’autre part, les Ă©tymologistes nous apprennent qu’en berbĂšre le mot Azemmor signifie olive. Je vais maintenant suivre les traces de cet ethnique en remontant de l’Ouest vers l’Est. A l’embouchure de l’Oued Oum Rebia, il y a une ville d’Azemmor. A l’Ouest de MeknĂšs est une grande tribu de Zemmour qui s’étend jusqu'Ă  l’Atlantique et est partagĂ©e entre plusieurs commandements. Ils appartiennent Ă  la confĂ©dĂ©ration des Zaiane V. Piquet. Voila pour le Maroc. En AlgĂ©rie, je note une tribu de Zemmara, Ă  Lalla-Marnia. Une autre tribu de Zemoura ou Zammora dans la commune mixte des Bibans, des fractions de Zemoura, chez les Tassougoudelt, de Dra-el-Mizan et les Oulad Driss de Soukh-Arhas, des Zemmoura chez les Beni-Meddour de Bouira, des ZemourĂšne Ă  Blida et des ZemmourĂšne chez les taeni Zid de la commune d’Attia. PrĂšs de Cherchell il y a un village d’Azemmor ou Tazemmort ou Ouazmour, et a l’Est de Relizane une ville de Zemmora, siĂšge d’une commune mixte. Le village de Courbet portait le nom indigĂšne de Zamori. Notons encore en Kabylie, Ă  l’Oued Marsa et Ă  la Soummam des fractions de Tizi ou Zemmour. En Tunisie, les noms des Zemamra, Zemamla, Zemamlia peuvent ĂȘtre des dĂ©formations de cet ethnique berbĂšre dues Ă  la phonĂ©tique arabe. En Espagne, il y a une ville et une province de Zamora. Ce nom a du y ĂȘtre portĂ©, comme je l’ai dit, par les invasions musulmanes composĂ©es de BerbĂšres et non par des Ă©migrants venus du Nord car il aurait sans doute laissĂ© sur sa route une trainĂ©e de noms semblables Ă  ceux que nous rencontrons d'habitude sur la route suivie par les migrations. D’autre part, Ă  l’époque romaine, la ville espagnole de Zamora portait le nom d'Ocelodunum et Ă©tait habitĂ©e par les Oceles que nous retrouvons, eux aussi, semble-t-il, au Nouveau-Monde sous le nom d’Ocoles, comme je l’ai indiquĂ© plus haut. En ArmĂ©nie, il existait sur le haut-Euphrate une ville de Zimara Zimmara actuelle qui pourrait se rapporter Ă  ce mĂȘme ethnique. Enfin, dans l’Inde, le souverain de Calicut portait le titre de Zamorin, souvenir probable d’un nom ethnique qu’on ne retrouve plus que vaguement dans les noms de lieux tels qu’Azimgur, Azimpour, Azimnagur, Zemowah, Zinnor. Tout cela n’est pas trĂšs probant et on peut se demander si, pour une fois, les Ă©tymologistes n’ont pas raison avec leur Olive-Azemmor. Les gĂ©nĂ©alogistes arabes trouvant ce terme appliquĂ© Ă  de nombreuses localitĂ©s ou collectivitĂ©s, ce qui est au fond assez naturel dans un pays ou l’olivier a toujours Ă©tĂ© cultivĂ©, l’auraient transformĂ© en un patronyme excellent pour leurs gĂ©nĂ©alogies. Le temps aurait consolidĂ© cette fiction. Sous la rĂ©serve que j’exprimais au dĂ©but, ce nom a pu nĂ©anmoins passer comme ethnique de Berberie en AmĂ©rique, antĂ©rieurement aux invasions musulmanes. Il ne peut ĂȘtre venu d’ailleurs. 77 — ZENDALES Au nom de ces Indiens, qui habitent le Guatemala, je joindrai ceux des Tzendales Celdales, Tzeldaicos ou Tzeldales du groupe Maya Quiche du mĂȘme pays, et ceux des Chondales ou Çhontales, Ă©galement Mayas qui habitent un peu plus au Nord, au Mexique et dans le Guatemala. Ils me reprĂ©sentent les Zentane actuels du Djebel Nefousa en Tripolitaine, sĂ©dentaires, qu'HĂ©rodote signalait sous le nom de Gindanes. Ce nom lui-mĂȘme est une des nombreuses appellations dĂ©rivĂ©es de celui du grand fleuve Sindus ou Indus qui a donnĂ© son nom Ă  toute la grande pĂ©ninsule asiatique. Le nom hindou vĂ©ritable est Sindhu le fleuve. Ce sont les Iraniens qui ont supprimĂ© la consonne initiale. Dans la partie Sud-est de l’Hindoustan, il y a une tribu de Santals qui doit aussi tirer son nom de ce fleuve. Le bas-indus fut peuplĂ©, comme je l’ai dit, de Kouchites et c’est ce peuple plus ou moins mĂ©lange de Dravidiens et d'autres races foncĂ©es que sont dues aux migrations qui ont transportĂ© partout le nom du grand fleuve. Au Caucase, les anciens signalaient un peuple de Sindes, Ă  l’Est de la CrimĂ©e, sur le littoral de la mer Noire et dans toute la partie occidentale de la rĂ©gion caucasienne. Une ville de Sandata, qui envoya un essaim chez les Touareg, les Isandoten, serfs des Kel Ghela au Hoggar, se trouve au Nord de la grande chaine sur le Jegorlyck affluent de gauche du Manytch. Il y eut aussi des Sinties dans hile de Lemnos, et des Sinties, qui passaient pour une tribu thrace, dans le Nord-Est de la MacĂ©doine. En Scythie et en Thrace on trouvait deux fleuves Sindos. Sur la rive opposĂ©e, en Asie mineure, il y avait une ville de Sinda de Pisidie, une autre appelĂ©e Isindos en Ionie et un nouveau fleuve Indus qui se jetait dans la mer EgĂ©e, vis-Ă -vis de Rhodes. Enfin, il est fort vraisemblable que les Sitonçg de Germanie, les Santones de Gaule Saintes et les IndigĂštes d’Espagne reprĂ©sentent ce mĂȘme ethnique au bout de l’Europe. Il est bien possible qu’en France, des noms comme Saintines, Sainteny, Santenay, Santeny, Sautans, Santean, SantĂ©s, Santeuil, Santigny, Sanxay, SindĂšres, et plusieurs noms commençant par le mot Saint, puissent aussi lui ĂȘtre attribuĂ©s. Mais c’est surtout vers l’Afrique, rĂ©gion plus chaude et partant plus attrayante pour des populations habituĂ©es aux rĂ©gions chaudes, que les Ă©migrants venus de l’Indus se portĂšrent en foule. Nous savons d’ailleurs que c’est elle qui reçut les plus forts contingents des populations kouchites. Toute la cote de l’Est africain Ă©tait peuplĂ©e de Zendjs qui lui avaient donnĂ© leur nom Zanguebar Voir a ce sujet Marcel Devie Le pays des Zendjs. Ce nom s’était rĂ©pandu dans l’intĂ©rieur. Les Niam-Niam, peuple anthropophage, dĂ©couvert par Schweinfurth, s’appellent, en rĂ©alitĂ©, Asandeh, ce qu’il nous en dit. Quant aux Achanus de la cote de GruinĂ©e qui se disent originaires de l'Est, ils sont sans doute issus d’eux et la vraie prononciation de leur nom est AssantĂ©. Il semble que l’adjonction au nom de ces peuples de l’article arabe El mue euphoniquement en A, indique qu'ils sont venus dans leurs habitats respectifs Ă  une date rĂ©cente, aprĂšs avoir pris contact sur la cote orientale avec les Arabes qui l’ont frĂ©quentĂ©e de temps immĂ©morial. Un affluent du Zambeze s'appelle Zangue. Il est d’ailleurs fort possible que beaucoup de populations de la rĂ©gion de l’Indus et de la cote de Malabar, habituĂ©es de longue date aux moussons de l’OcĂ©an Indien, aient pu gagner par mer, Ă  des Ă©poques trĂšs diverses le continent noir. Mais il est non moins certain que l’introduction du zebu et d’autres races d’animaux domestiques, de la poule, de certains vĂ©gĂ©taux a Ă©tĂ© effectuĂ©e par de lentes migrations terrestres. Au Sud du Congo dans le bassin du Kasai, il y a une tribu agricole de BaĂŒindou Deniker 575 dont le nom modifiĂ© Ă  la maniĂšre iranienne parait ĂȘtre arrivĂ© indĂ©pendamment des tribus qui prĂ©cĂšdent. Dans l’antiquitĂ© PtolĂ©mĂ©e connaissait des SentĂźtes au Sud des Auschitoe et des Nasamons tripolitains. Ce nom n’est plus connu ; ils ont du ĂȘtre absorbĂ©s par les populations du Tibesti, venues elles, comme je l’ai notĂ© plus haut, du Tibet dont elles ont conserve le nom. Mais les Zentane, connus depuis plus longtemps par la relation d’HĂ©rodote subsistent toujours dans leur misĂ©rable ksar du Djebel Nefousa. AprĂšs l’invasion arabe, les gĂ©nĂ©alogistes qui dressĂšrent le tableau des origines BerbĂšres, y firent une large place Ă  l’élĂ©ment indien proprement dit. On y trouvait dans leurs nomenclatures des Sont, classĂ©s parmi les Nefzaoua, branche principale des Louata voir, pour ce nom, au paragraphe Lipis, des Sindjacen ou BĂ©ni Sindjas qui Ă©taient des Zenata, la seconde branche des Darica. Je pense que ce nom de Zenata prĂ©tendus descendants de Zana, ou Carette a voulu voir le nom de la colonie Diana Veteranorum, est une simple altĂ©ration du mot Zenaga qui est lui-mĂȘme un sobriquet berbĂšre signifiant bredouilleur. De fait, ces noms n’apparaissent pas avant l’arrivĂ©e des Arabes. Toutefois, un doute plane sur le nom des Zenata et il ne semble pas impossible qu’on puisse y voir une simple altĂ©ration du nom des Sont nommĂ©s plus haut. AprĂšs cette parenthĂšse, je reprends mon Ă©numĂ©ration. On comptait chez les Maghraoua, autre branche des Zenata, des BĂ©ni Zendalc et on trouve chez les auteurs arabes des BĂ©ni Zeddjak et des BĂ©ni Zeddjal dont les noms paraissent dus simplement a des altĂ©rations de copie ou de lecture du nom prĂ©cĂ©dent. Enfin, les auteurs arabes signalent une famille des BĂ©ni Sindi, fort puissante, qui gouverna le Zab de Biskra Ă  l’époque arabe. Certaines de ces appellations ont totalement disparu des nomenclatures modernes. Mais nous retrouvons encore, outre les Zentane tripolitains, des Sendane Ă  Mecheria et des Sendjes dans les rĂ©gions de l’Ouarsenis et du Chelifi. Enfin, chez les Ghomara du Rif marocain, il y a des BĂ©ni Zedjel qui paraissent un dĂ©bris des tribus zenatiennes que je citais plus haut. Mon impression finale est que les Zendales et autres tribus de l’AmĂ©rique centrale sont bien des reprĂ©sentants des tribus africaines que je viens de nommer et qu’elles n’ont pu tirer leur nom que de la Berberie. ActualitĂ© publiĂ©e le 13/06/2022 Tous les ans nous organisions dans l'Aveyron une journĂ©e de formation " recherche au sang " , Ă  laquelle participaient en gĂ©nĂ©ral quand mĂȘme presqu'une dizaine de personnes , intĂ©ressĂ©es ... La fĂ©dĂ©ration est derriĂšre nous , le groupe de conducteurs , le GARS , groupement aveyronnais de recherche au sang créé il y a quelques annĂ©es intelligemment par les conducteurs , quelle que soit leur origine . Les luttes intestines entre forts caractĂšres de l'UNUCR comme de l'ARGGB n'ont plus lieu d'ĂȘtre , la seule chose importante est relative au fait que quand quelqu'un appelle il FAUT qu'il y ait un conducteur qui vienne , rien d'autre . C'est ce Ă  quoi nous arrivons depuis que le GARS a Ă©tĂ© créé , et c'est la seule chose vraiment importante . Cette annĂ©e il y a eu un vrai changement , un vrai "plus" parce que la journĂ©e en question , au lieu d'ĂȘtre une journĂ©e d 'information habituelle , est devenue une journĂ©e " diplĂŽmante " . Je m'explique ... Pour devenir conducteur de chiens de sang et ĂȘtre inscrit sur la liste connue Ă  la prĂ©fecture des conducteurs de chiens de sang d'un dĂ©partement , il faut 1 , avoir suivi une formation diplĂŽmante , dispensĂ©e par l'UNUCR sur deux jours , ou l'ARGGB sur une journĂ©e . 2 , avoir prĂ©sentĂ© avec succĂšs Ă  une Ă©preuve de recherche au sang un chien devant deux juges connus de la SCC , ĂȘtre arrivĂ© au bout de la piste . 3 , avoir signĂ© la charte selon laquelle le conducteur s 'engage " sur l'honneur " Ă  respecter la dĂ©ontologie adaptĂ©e Ă  la recherche au sang . Bon , en rĂ©sumĂ© , il faut la formation diplĂŽmante et la rĂ©ussite Ă  l'Ă©preuve... Cette annĂ©e nous avons fait appel aux bons services de l'ami Alain Vigouroux du Lot , dĂ©lĂ©guĂ© ARGGB de ce dĂ©partement qui organise tous les ans une ou des Ă©preuves , ET la formation diplĂŽmante en question . Il a eu la bontĂ© , l'Alain , de venir passer la journĂ©e avec nous et de rendre avec les contenus nĂ©cessaires , la formation ARGGB classique , la journĂ©e en question diplĂŽmante . Merci Ă  lui ... Seul bĂ©mol samedi d 'aprĂšs moi , le trĂšs faible effectif , je ne comprends pas pourquoi ... Sur la photo , tous ceux que vous voyez sont des conducteurs ou des intiĂ©s , seuls ceux des extrĂ©mitĂ©s , Ă  gauche de moi et Ă  droite de Jade qui avait fait 100 points l'Ă©tĂ© dernier Ă  Laguiole Ă©taient venus pour la formation . Il ne manque sur la photo que Pierre qui est en train de la prendre , merci Ă  lui aussi . Aux deux extrĂ©mitĂ©s de la banderole on reconnait notre "chef" Roland , et sous son bĂ©ret Alain le " patron " du Lot . Je suis Ă  gauche sous la casquette , fatiguĂ© par mon matin ... A 6h10 j'ai eu un coup de fil d'un chasseur qui prĂšs de Millau venait de blesser un brocard . Seul disponible j'y suis allĂ© directement , sans attendre les 3 ou 4 heures minimum parce qu'il y avait cette journĂ©e de formation , et que je sentais venir " le coup " . Brocard tirĂ© le premier de sa vie Ă  l'approche , par un chasseur habituĂ© aux battues et au petit gibier Ă  355 mĂštres en contrebas , au moment oĂč il venait de repartir , Ă  la 243 . ArrivĂ© sur les lieux avec Polka contente d'abandonner pour une fois ses chiots , j'ai Ă©tĂ© obligĂ© de passer la chienne par dessus un ursus , elle a pistĂ© sur moins de 100 mĂštres sur la gauche et le chevreuil est reparti . Je l'ai entrevu Ă  15 mĂštres puis sur 2 mĂštres Ă  fond les gamelles 10 mĂštres plus bas , pas le temps de voir des bois ni une blessure ni de l'aligner comme il faut , la chienne Ă  fond derriĂšre , elle va le choper s'il est bien blessĂ© ... Dix minutes et deux usrsus plus bas , traversĂ©e de ruisseau Ă  sec , nouvel ursus en face dans la remontĂ©e , la chienne ne l'a plus trop , je dĂ©cide comme j'ai dans le Duster le Lascar mon croisĂ© magique de remonter le chercher . Lui , il va le rattraper et le mener Ă  voix , peut ĂȘtre l'attraper s'il y arrive , c'est notre seul dernier espoir parce qu'il a l'air de faire comme il veut , ce blessĂ© pas grave ... Lascar mis sur la piste est allĂ© muet jusqu'en face , a levĂ© cent mĂštres au dessus ce brocard c'est certain , a passĂ© la montagne derriĂšre pendant que nous faisions le tour aussi vite que possible . Je l'ai rĂ©cupĂ©rĂ© au Garmin Ă  deux kilomĂštres en train de revenir dĂ©goutĂ© de ce chevreuil trop en forme . Nous avons fait au mieux , il aurait fallu que la blessure soit plus invalidante ... Avons ensuite rejoint le groupe pour finir la journĂ©e . Le Sherkan a passĂ© la sĂ©ance de formation Ă  faire la sieste , Ă  l'ombre Ă  part pour la photo , et Ă  se faire dire qu'il est bien Ă©levĂ© et magnifique , ce qui est vrai . Il passera l'Ă©preuve Ă  Laguiole cet Ă©tĂ© , je n'arrive pas Ă  trouver de place ailleurs avant ... retour C’est un fait connu, le chien est le meilleur ami de l’homme. De nos jours, ils sont principalement utilisĂ©s comme d’adorables animaux de compagnie. Mais ces lointains descendants des loups ont conservĂ© certains traits qui font d’eux de redoutables chasseurs. L’homme n’a pas mis longtemps Ă  en tirer profit pour dĂ©velopper au fil du temps des races de chien spĂ©cialement adaptĂ©es Ă  la chasse. C’est par exemple le cas des chiens de recherche au sang, communĂ©ment appelĂ©s chiens de sang. Les utilisations du chien de recherche au sang Le chien de sang est un chien de chasse qui a reçu une Ă©ducation et un dressage particulier qui le rendent aptes Ă  suivre la piste de gros gibiers blessĂ©s, mais devenus introuvables pour le chasseur. Bien Ă©videmment, le dressage ne fait pas tout. Certaines races sont plus prĂ©disposĂ©es que d’autres. Avec son flair aiguisĂ©, le chien de sang permet aux animaux blessĂ©s d’ĂȘtre vite retrouvĂ©s, ce qui leur permet d’échapper Ă  une lente agonie. De mĂȘme, il peut poursuivre leur traque de jour comme de nuit jusqu’à deux jours aprĂšs le dernier coup de fusil du chasseur. Type de chasse pratiquĂ© par les chiens de sang Les chiens de sang sont utilisĂ©s dans un type bien spĂ©cifique de chasse la recherche au sang. Elle consiste essentiellement Ă  tout mettre en Ɠuvre pour retrouver au plus vite le gibier blessĂ© sanglier, cerf
. Cette activitĂ© Ă©tait Ă  l’origine exercĂ©e en Europe de l’Est et est parvenue en France dans les annĂ©es 1980. Lors de sa traque, le chien de rouge doit ĂȘtre suivi de prĂšs par un conducteur de chien de sang. Ce dernier forme une Ă©quipe avec lui et se charge d’interprĂ©ter tous les indices que met en Ă©vidence le chien de sang. Cela lui permet de dĂ©finir l’endroit oĂč le projectile l’a atteint. Avec de telles informations, il peut alors cesser les recherches s’il juge que la blessure est non mortelle ou poursuivre pour rĂ©cupĂ©rer le gibier dans le cas contraire. Alimentation du chien de sang L’alimentation du chien de sang est dĂ©terminante dans le maintien des performances optimales lors des pĂ©riodes de traque qui peuvent ĂȘtre longues. Et pour cause, les chiens de sang sont le plus souvent des chiens de chasse et ont de ce fait des besoins particuliers. Pour leur alimentation, plusieurs options s’offrent Ă  vous. Tout d’abord, par simplicitĂ©, vous pouvez opter pour de simples croquettes. Le cas Ă©chĂ©ant, assurez-vous tout au moins de lui offrir des croquettes de qualitĂ© premium, plus riches en protĂ©ines de qualitĂ©. Les croquettes premiums renferment le plus souvent de la viande de porc, de bƓuf ou de poulet et des cĂ©rĂ©ales. En pĂ©riode d’activitĂ©s, les besoins en Ă©nergie sont plus Ă©levĂ©s et la ration doit ĂȘtre revue Ă  la hausse. Une augmentation de ration d’environ 20 % est prĂ©conisĂ©e pour couvrir les besoins supplĂ©mentaires du chien. De mĂȘme, vous pouvez opter pour un rĂ©gime alimentaire BARF. Cette solution consiste essentiellement Ă  fournir Ă  votre chien de la viande crue, des os charnus, des abats et quelques fruits et lĂ©gumes sous forme de mix vĂ©gĂ©tal. Les principales races de chiens de sang Dans la tradition, certaines races de chiens sont spĂ©cialisĂ©es dans la recherche au sang. C’est notamment le cas du chien rouge de BaviĂšre, de Hanovre ou du Basset des Alpes. D’autres chiens par contre, grĂące Ă  leur capacitĂ© reconnaissance des odeurs entre autres ou leur facilitĂ© Ă  apprendre, ont de bonnes prĂ©dispositions pour devenir des chiens de sang. C’est par exemple le cas des braques, du fox, des bergers ou du Brachet polonais. Le chien de rouge de BaviĂšre Le rouge de BaviĂšre est un chien de sang originaire d’Allemagne. Il s’agit d’un chien courant de taille moyenne et de morphologie Ă©lancĂ©e. Il n’excĂšde en effet pas 52cm au garrot pour les individus mĂąles et 48cm pour les femelles. Ses oreilles sont assez longues et tombantes et son poil ras. Le rouge de BaviĂšre est Ă©galement reconnaissable Ă  sa robe qui arbore une teinte fauve clair Ă  brun foncĂ©. De mĂȘme, ce chien possĂšde de grandes aptitudes Ă  la chasse et au pistage, mais a toujours Ă©tĂ© utilisĂ© pour la recherche de grands gibiers blessĂ©s. CĂŽtĂ© caractĂšre, le rouge de BaviĂšre est plutĂŽt calme. Il est particuliĂšrement attachĂ© Ă  son maĂźtre et se montre rĂ©servĂ© envers les inconnus. TrĂšs polyvalent, il s’adaptera facilement Ă  une vie en famille, mais ne doit pas pour autant ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un chien de compagnie. Le chien de recherche au sang du Hanovre Originaire d’Allemagne Ă  l’instar du rouge de BaviĂšre, le chien de rouge du Hanovre est plutĂŽt robuste et massif. LĂ©gĂšrement plus grand que le rouge de BaviĂšre la taille au garrot pour les sujets mĂąles est de 50 Ă  55 cm, et celle des femelles de 48 Ă  53 cm, il est aussi plus charpentĂ©. Ce chien Ă  la robe de couleur rouge cerf, plus ou moins foncĂ©e, aux babines dĂ©bordantes, possĂšde un poil ras et fourni. TrĂšs intelligent, il est Ă©galement dotĂ© d’un odorat surdĂ©veloppĂ©. Pas Ă©tonnant qu’il excelle dans le pistage et soit considĂ©rĂ© comme une race de chien de sang Ă  part entiĂšre. De plus, il est fidĂšle et trĂšs affectueux envers son maĂźtre. Mais tout comme son cousin, s’il se plait bien Ă  une vie en famille, il ne s’épanouit complĂštement que dans les grands espaces oĂč il peut exercer son flair prodigieux. Le basset des Alpes Le basset des Alpes est un chien courant originaire d’Autriche. Tout comme ses nombreux cousins de type basset, il est plutĂŽt court 34 Ă  42cm et plutĂŽt allongĂ©. Sa robe est le plus souvent fauve ou noire et feu. De constitution robuste, il possĂšde des oreilles larges et pendantes. Ce chien est principalement utilisĂ© dans la recherche au sang des ongulĂ©s. En ce qui concerne son tempĂ©rament, le basset des Alpes est Ă©veillĂ© et aimable. C’est aussi un bon chien de famille qui peut mĂȘme faire office de gardien. Il est recommandĂ© de lui apporter une Ă©ducation prĂ©coce pour un rappel Ă  l’ordre au besoin. Il s’agit en effet d’un chien indĂ©pendant et actif. Le dressage et l’éducation des chiens de sang Eduquer son chien pour la recherche au sang est une tache assez prenante, mais n’en demeure pas moins passionnante. S’il est vrai que certaines races sont spĂ©cialisĂ©es pour cette activitĂ©, quasiment tous vos compagnons canins peuvent, avec la bonne Ă©ducation, ĂȘtre utilisĂ©s Ă  cet effet. Le choix du chiot Etant donnĂ© que la plupart des races de chiens peuvent devenir de bons chiens de sang avec un entrainement appropriĂ©, il est important de choisir celui qui vous plait lors de votre passage au chenil lieu d’élevage des chiens. Cela facilitera l’installation d’un climat de confiance. Quels outils pour le dressage de votre chien de sang ? Pour faciliter le dressage de votre chien de sang, il convient de vous Ă©quiper de certains outils comme le collier de dressage, le sifflet ou un collier de repĂ©rage. Celui-ci est principalement destinĂ© Ă  assurer la sĂ©curitĂ© de votre chien. C’est notamment le cas de la centrale Alpha 100 qui possĂšde diffĂ©rents niveaux de stimulation, et que vous pouvez trouver sur des sites de vente de matĂ©riels dĂ©diĂ©s aux chiens de chasse. Cependant, il est important de respecter la rĂ©glementation relative Ă  ce type de collier lors de la chasse. Il ne vous est permis de traquer votre chien que dans le cadre d’une chasse Ă  tir et uniquement pour assurer sa sĂ©curitĂ© et Ă©viter les collisions routiĂšres. L’éducation Ă  proprement parler L’éducation de votre chien de sang doit commencer dĂšs sa plus tendre enfance 2 Ă  6 mois. Elle doit ĂȘtre progressive, mĂ©thodique, et il est essentiel de savoir prendre son temps lors de son Ă©ducation et lors de la conduite du chien. L’apprentissage commence par la crĂ©ation de pistes artificielles dans un environnement idĂ©alement dĂ©gagĂ©. Au dĂ©part, on peut y laisser des trainĂ©es de peau et s’assurer qu’il arrive Ă  suivre avec succĂšs la piste tracĂ©e. On augmente graduellement la difficultĂ© en passant au sang sur la piste artificielle. Le plus important est de ne pas mettre votre chiot dans une situation d’échec d’oĂč l’augmentation graduelle de la difficultĂ©. Au fur et Ă  mesure de son Ă©ducation, il sera en mesure de signaler les petits indices que vous posez sur la piste créée Ă  dessein. La fin de cette pĂ©riode d’apprentissage sera sanctionnĂ©e par une Ă©preuve de travail pour le chien et vous son conducteur. En conclusion En dĂ©finitive, les chiens de sang sont trĂšs utiles en saison de chasse pour retrouver les gros gibiers blessĂ©s parvenus Ă  s’échapper, tels que les sangliers, les cerfs, les chevreuils. Et c'est par l'appel des grands espaces qu'ils pourront vous montrer toutes leurs qualitĂ©s de traqueur hors paire. Ils n’en demeurent pas moins de bons animaux de compagnie pour la plupart. Mais pour qu’ils jouent convenablement leur partition, vous ne devez pas faire l’impasse sur leur Ă©ducation, et ce dĂšs le plus jeune Ăąge. Brevet d'aptitudes de Chien de Rouge GĂ©nĂ©ralitĂ©s Ce brevet est destinĂ© Ă  mettre en Ă©vidence l’aptitude des Chiens Courants d’Europe de l’Est Ă  retrouver le grand gibier blessĂ© faisant du sang ou non plusieurs heures aprĂšs la blessure. 1 Conditions d’admission Ne sont admis au Brevet d’Aptitudes de Chien de Rouge » que les chiens ĂągĂ©s de 12 mois rĂ©volus inscrit aux LOF/FCI et titulaire du carnet de travail. - Six chiens au maximum pourront ĂȘtre inscrits par Ă©preuve. - L’ordre de passage des chiens sera tirĂ© au sort en dĂ©but d’épreuve. - L’épreuve ne peut avoir lieu en temps de neige. 2 Principe de l’Epreuve. Le Brevet d’Aptitudes de Chien de Rouge » est constituĂ© de quatre exercices 1 la recherche d’indices de blessure avec la quĂȘte. 2 le travail Ă  la longe. 3 le comportement du chien devant le gibier mort. 4 La fermetĂ© au coup de feu. 3 DĂ©roulement de l’épreuve. La quĂȘte. La quĂȘte » du Chien de Rouge consiste Ă  repĂ©rer la voie d’un animal blessĂ© et Ă  montrer au conducteur les indices que cet animal a laissĂ©s derriĂšre lui. Dans le cadre de ce Brevet d’Aptitudes de Chien de Rouge, le contrĂŽle de l’aptitude Ă  la quĂȘte se dĂ©roulera de la façon suivante Seul l’emplacement du tireur sera balisĂ© N° de piste. Aucune indication sur le sens de fuite ne sera donnĂ©e. Sur ordre de son conducteur, le chien tenu Ă  la longe ou en libre devra quĂȘter le nez au sol et trouver ainsi l’emplacement du gibier au moment du tir, comprenant des indices peaux, tendons, poils, sang qui sera situĂ© Ă  30 mĂštres environ de l’emplacement du tireur. Ensuite, aprĂšs avoir trouvĂ© des indices, le conducteur engage son chien Ă  suivre la piste. Dans le tracĂ© de la piste trois reposĂ©es simulĂ©es contenant des indices seront créées et devront ĂȘtre montrĂ©es par le chien et signalĂ©es par le conducteur. Ces reposĂ©es ne seront pas placĂ©es Ă  l’endroit d’un crochet. Le travail Ă  la longe. Il constitue l’essentiel du Brevet d’Aptitudes de Chien de Rouge » et s’effectuera sur une piste tracĂ©e aux semelles traceuses Ă  quatre pieds avec 150cl de sang projetĂ© posĂ©e 20h avant l’épreuve. Cette piste aura une longueur de 1250 mĂštres et comprendra 3 crochets Ă  90° et 3 reposĂ©es. Le sang utilisĂ© proviendra uniquement du mĂȘme animal que les quatre pieds. Le travail s’effectuera obligatoirement Ă  la longe. Sur ordre de son conducteur, le chien devra suivre la piste; il ne devra pas travailler le nez haut, en cherchant Ă  Ă©venter le gibier, mais au contraire, accomplir sa tĂąche mĂ©ticuleusement, le nez au sol. Le comportement du chien devant le gibier mort. Cet exercice doit mettre en Ă©vidence que le chien n’a pas peur du gibier. Il doit montrer qu’il considĂšre le gibier comme une proie » qu’il s’est appropriĂ©. Mais le Chien de Rouge ne doit pas entamer le gibier retrouvĂ© ni essayer de s’offrir lui-mĂȘme la curĂ©e. NĂ©anmoins, le fait de piller le gibier, de le mordre par passion de la chasse, ne sera pas considĂ©rĂ© comme une faute. FermetĂ© au coup de feu. Les chiens Ă  examiner, tenus en laisse par leur conducteur, sont rĂ©unis en demi-cercle devant les juges, la laisse Ă©tant laissĂ©e longue et pendante. Il est tirĂ© 2 coups de carabine. Si certains chiens manifestent des rĂ©actions de frayeur, chacun est pris sĂ©parĂ©ment et libre. Les chiens qui s Ă©vadent ou cherchent refuge aux nouveaux coups de carabine ne peuvent recevoir le diplĂŽme du Brevet d’Aptitudes de Chien de Rouge ». 4 Hurleur Ă  la mort – Indicateur Ă  la mort. On pourra contrĂŽler l’aptitude du chien Ă  hurler » ou indiquer » Ă  la mort. Seule une des deux aptitudes pourra ĂȘtre contrĂŽlĂ©e. On ne considĂšre comme hurleur Ă  la mort » que le chien qui arrive tout seul Ă  la piĂšce de gibier. On vĂ©rifiera cependant si le chien hurle effectivement Ă  la mort ou s’il s’agit tout simplement d’aboiements de peur ou d’excitation devant le gibier mort. On ne considĂšre comme indicateur Ă  la mort » que le chien qui, une fois qu’il a retrouvĂ© le gibier mort, revient chez son maĂźtre et lui signale, par un comportement bien dĂ©terminĂ©, qu’il a retrouvĂ© l’animal. Ensuite, le chien devra conduire son maĂźtre auprĂšs du gibier retrouvĂ©, sans ĂȘtre remis en longe. Les prestations en tant qu’ hurleur » ou indicateur » Ă  la mort ne donneront pas lieu Ă  des points supplĂ©mentaires dans l’évaluation. Elles seront simplement rĂ©compensĂ©es par les sigles H » ou I » qui, sur le diplĂŽme, viendront s’ajouter Ă  la suite des notes obtenues. 5 Jury Le jury sera sollicitĂ© par l’organisateur sur la liste officielle de la SCC des Juges Multiraces de recherche au sang ». Il devra ĂȘtre constituĂ© au minimum de deux juges un juge qualifiĂ© et un juge stagiaire et un Ă©lĂšve juge en plus suivant demande. 6 Notation du travail. TrĂšs bon = 4 Bon = 3 Passable = 2 MĂ©diocre = 1 Insuffisant = 0 Pour rĂ©ussir le Brevet d’Aptitudes de Chien de Rouge » le chien devra avoir obtenu dans l’ordre des Ă©preuves les notes minimums suivantes - 1er prix 


.3/4/3/3 - 2Ăšme prix 


3/3/3/2 - 3Ăšme prix 


. 2/2/2/1 7 DurĂ©e du travail. Le temps mis par le chien pour effectuer la recherche n’intervient pas dans l’évaluation du travail. Cependant, normalement le travail ne devrait pas durer plus de 1 heure Ă  1 heure et demie. 8 Enregistrement des rĂ©sultats. Le rĂ©sultat obtenu sera aussi inscrit sur le carnet de travail du chien. Sigle de travail suivi des 4 notes. Ex 4/4/4/4 En cas de rĂ©ussite, on remettra au conducteur un diplĂŽme mentionnant le dĂ©tail des notes obtenues. La rĂ©ussite de ce brevet d’aptitudes de Chien de Rouge, donne droit Ă  l’inscription en classe travail dans les Expositions Canines de conformitĂ© au standard pour les deux races. -===&&&===- PRECISIONS APPORTEES AU REGLEMENT DEROULEMENT de L’EPREUVE du Brevet d’Aptitudes de Chien de Rouge » dans L’ORDRE des EXERCICES 1 La QuĂȘte Pour permettre une bonne apprĂ©ciation de cet exercice, l’organisateur situera l’emplacement de l’animal blessĂ© dans un milieu ouvert futaie, clairiĂšre, prĂ©. Il est laissĂ© aux juges le soin d’entreprendre cet exercice, en tenant compte des donnĂ©es transmises par l’organisateur. Les indices Ă  l’emplacement de l’animal blessĂ© au tir et dans les reposĂ©es proviendront du mĂȘme animal que le sang utilisĂ©. 2 Le travail Ă  la longe a Pose des pistes aux semelles traceuses 150 cl de sang seront posĂ© par projection conformĂ©ment aux RĂšglements officiels des Ă©preuves multiraces de la recherche du grand gibier blessĂ©. b Travail Ă  la longe. AprĂšs avoir pris connaissance des indices, le chien, sur ordre de son conducteur, doit empaumer la voie du gibier blessĂ© en longe. Lorsque le chien tombe et demeure en dĂ©faut, le chef du jury, rappellera le conducteur afin qu’il remettre son chien sur la voie. Il a droit Ă  deux rappels, le troisiĂšme Ă©tant Ă©liminatoire. Il est permis au conducteur, aprĂšs l’avoir signalĂ© aux juges - de prendre les devants - de faire les arriĂšres - de dĂ©poser momentanĂ©ment son chien - de baliser ses arriĂšres Lors de l’évaluation du travail, le temps mis pour effectuer la recherche n’est qu’un critĂšre secondaire. Cependant, si la prestation d’un chien s’avĂšre rĂ©ellement insuffisante, les juges peuvent l’éliminer Ă  tout moment. Toutefois l’élimination doit intervenir pendant le travail et non au terme de celui-ci. Les spectateurs ne seront admis Ă  suivre le travail Ă  la longe qu’avec l’accord du conducteur, et se tiendront Ă  une distance dĂ©finie par les juges. La prĂ©sence d’autres chiens durant l’exercice est interdite. 3 Le Comportement du chien devant le gibier mort AprĂšs avoir remis la brisĂ©e au conducteur, les juges demanderont Ă  celui-ci d’attacher son chien Ă  l’aide de sa longe, Ă  proximitĂ© du gibier retrouvĂ© ou de la peau. Le chien devra avoir une mobilitĂ© de deux Ă  trois mĂštres. Les juges et l’ensemble des accompagnateurs se mettront hors de vue du chien. AprĂšs quelques minutes, les juges s’approcheront naturellement et progressivement du gibier et du chien. 5 Hurleur ou Indicateur Ă  la mort. Si un conducteur prĂ©sente son Chien de Rouge dans une de ces deux spĂ©cialitĂ©s, son chien sera lĂąchĂ© 250 mĂštres avant la fin de piste. Un balisage particulier, permettra aux juges de donner l’ordre au conducteur de libĂ©rer son chien. Afin d’observer le comportement du chien dĂ©couvrant le gibier mort, un membre du jury sera cachĂ© Ă  bon vent en bout de piste. Avant l’épreuve, le conducteur devra signaler au jury, le comportement du chien en travail libre. En cas d’échec dans leur discipline hurleur ou indicateur, le chien peut-ĂȘtre remis Ă  la longe pour arriver au gibier mort. 6 Commentaire des juges. A la fin du travail Ă  la longe, le chef du jury, fera un bref commentaire du travail rĂ©alisĂ© par le Chien de Rouge Ă  l’attention du conducteur et des spectateurs. ApprouvĂ© par le ComitĂ© du Club des Chiens Courants d’Europe de l’Est Le Samedi 02 septembre 2006 Ă  NITRY 89310

liste des conducteurs de chien de sang